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Think Culture 2018 : « Soit on se transforme, soit on est voué à disparaître » (Boris Vedel)

Paris - Actualité n°127511 - Publié le 10/09/2018 à 09:00
©  Seb Lascoux
©  Seb Lascoux

« Notre approche est très darwinienne. Soit nous luttons et nous nous transformons, soit nous sommes voués à disparaître. Nous ne pouvons plus rester sur nos acquis. Il faut développer la digitalisation et les data afin d’acquérir de nouvelles compétences. Nous quittons le domaine artisanal pour entrer dans un monde industriel très proche de la sphère du divertissement », déclare Boris Vedel Directeur général @ Le Printemps de Bourges
, directeur général du Printemps de Bourges, lors de l’atelier « Les mutations des publics : quelles adaptations de la part des structures culturelles ? » organisé dans le cadre de la 3e édition de Think Culture à l’université Paris-Dauphine le 04/09/2018.

« Le contenu demeure fondamental pour attirer le public. Que nous soyons dans la création artistique privée ou publique, nous sommes tous concernés par le sens à donner aux œuvres et les émotions à procurer au public », indique pour sa part Sophie Barthelemy, directrice générale adjointe du Crazy Horse.

« L’existence d’un lieu et sa survie tiennent à la connaissance de son ADN. Il faut réinitialiser l’adresse en faisant appel au marketing, à la communication et en indiquant une ligne éditoriale des expositions », déclare Patrick de Carolis Maire @ Mairie d’Arles
, directeur du musée Marmottan Monet • Musée appartenant à l’Académie des Beaux-Arts ouvert en 1934 dans l’ancien pavillon de chasse de Christophe Edmond Kellermann, duc de Valmy. • Important fonds impressionniste, dont une vaste… et président de l’Académie des Beaux-Arts L’Académie des beaux-arts, ainsi dénommée depuis 1816, est l’une des cinq académies qui forment l’Institut de France par ailleurs constitué de l’Académie française, l’Académie des Sciences… .

News Tank rend compte des échanges.

Intervenants
  • Sophie Barthelemy, directrice générale adjointe du Crazy Horse
  • Patrick de Carolis, directeur du musée Marmottan Monet et président de l’Académie des Beaux-Arts
  • Boris Vedel, directeur général du Printemps de Bourges
  • Modération : Caroline Lozé, directrice ODIA  Office de diffusion et d’information artistique Normandie

« Pour attirer de nouveaux publics, il faut généraliser la gratuité afin de créer un ciment social » (Boris Vedel)

  • « Le Printemps de Bourges Festival de musiques actuelles se déroulant à Bouges (Cher)• Création : 1977• Fondateurs : Daniel Colling, Alain Meilland, et Maurice Frot• Racheté par C2G, filiale commune de Morgane Groupe et du… a été créé en 1977, ce sera sa 43e édition en avril 2019. C’est un format ambitieux sur six jours avec une quinzaine de scènes couvertes ou en plein air dans la ville. C’est également un projet artistique exigeant qui repose sur trois concepts : la création, la découverte et l’émergence.
    • La création : nous produisons des spectacles uniques à Bourges et en partenariat avec l’opéra de Tours.
    • La découverte : nous proposons des genres de musique multiples et des artistes incisifs.
    • L’émergence, avec le dispositif « Les Inouïs » dans lequel 350 professionnels partent à la recherche de talents dans toute la France. Nous avons détecté des artistes lauréats dans les quatre dernières années comme Christine and the Queens ou Eddy de Pretto, notamment.
  • Le Printemps de Bourges est le premier rendez-vous des professionnels. C’est l’équivalent du Festival d’Avignon en musiques actuelles. C’est là où tout commence, là où tout se découvre.
  • Outre le format et le projet, il faut également tenir compte du territoire dans lequel l’événement s’inscrit. 80 000 billets vendus dans une ville qui compte 70 000 habitants, au sein d’une agglomération de 110 000 habitants et dans un département de 300 000 personnes, cela représente un challenge à relever chaque année.
  • C’est un festival multidimensionnel dans son rayonnement, national et international, qui attire trois types de publics :
    • un public payant qui achète ses places,
    • un public gratuit qui est très important car il représente 250 000 festivaliers qui viennent pendant une semaine dans la ville,
    • un public de professionnels : 3 000 personnes qui se déplacent surtout pour les musiques actuelles.
  • Nous souhaitons élargir le festival à de nouveaux champs en produisant des créations avec l’opéra de Tours par exemple ou en créant des expositions de photographies afin d’attirer de nouveaux professionnels.
  • Tous les trois ans, nous réalisons une enquête sur nos publics mais c’est très difficile d’obtenir une radiographie homogène car le public d’une scène gratuite sera différent de celui qui assiste à une création à l’opéra ou de celui qui se rend à un concert de rock. Toutefois le public est très jeune dans l’ensemble. Nous réussissons à renouveler nos publics, l’enjeu étant de parvenir à le conserver. Le festival doit se transformer en acteur économique et social pour attirer de nouveaux publics et de nouveaux habitants.
  • Notre approche est très darwinienne. Soit on lutte, on se transforme, soit on est voué à disparaître. Les publics peuvent muter mais il faut être à l’écoute de ces mutations car la croissance est très disparate en fonction des régions. Nous ne pouvons plus rester sur nos acquis. Il faut développer la digitalisation et les data afin d’acquérir de nouvelles compétences. Nous quittons un domaine artisanal pour entrer dans un monde industriel très proche de la sphère du divertissement.
  • Créer un festival à Bourges en avril est un sacré pari. Aujourd’hui le Printemps de Bourges possède un fort potentiel et fait de notre territoire une force. Quand les étudiants hésitent entre Tours ou Bourges, le festival les fait venir. Nous devons réfléchir à de nouveaux formats pour toucher encore davantage de public. Nous organisons des soirée électro, jazz pour réunir toutes les chapelles.
  • Pour attirer de nouveaux publics, il faut généraliser la gratuité afin de créer un ciment social. Nous ne serons pas pour autant déficitaires car cette gratuité s’adresse à un public qui a les moyens financiers mais qui n’a pas reçu d’éducation artistique et qui s’exclut lui-même du festival. Dans le futur, ils deviendront des publics payants.
  • L’autre solution tient en trois lettres : EAC. Éducation artistique et culturelle C’est une mission d’État mais cela nous concerne car pour pouvoir répondre à la mutation des publics, il faut s’intéresser au public des plus jeunes afin d’enrichir les contenus et définir des gammes de prix.»

    Boris Vedel, directeur général du Printemps de Bourges

Boris Vedel


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Parcours

Le Printemps de Bourges
Directeur général
Morgane Groupe
Directeur général Morgane Events
Naïve
Label Manager
EMI Music France
Chef de projet

Fiche n° 11987, créée le 15/06/2015 à 13:27 - MàJ le 25/05/2021 à 12:04

« Les réseaux sociaux sont un outil précieux pour raconter le spectacle et donner envie au public de venir » (Sophie Barthelemy)

  • « J’interviens au titre de la fédération Scènes Fédération de la création artistique privéeRegroupe théâtres, cabarets, producteurs, diffuseurs et lieux de spectacles• Création : juin 2016 par le Camulc et le SNDTP• Missions : - améliorer le… qui rassemble la création artistique des théâtres privés et des cabarets français, ce qui représente 9 millions de spectateurs pour un chiffre d’affaire de 500 millions d’euros.
  • Le public du Crazy Horse est composé à moitié de touristes et de Français. Dans le public français, la moitié est parisienne, l’autre provinciale. Ce sont des couples mais aussi des jeunes ou des groupes qui viennent grâce à leur CE Comité d’entreprise . La numérisation est un vrai enjeu pour attirer les jeunes via les réseaux sociaux.
  • Comment faire cohabiter ces différents publics avec ces nouveaux modes d’informations culturels ?
  • Le contenu demeure fondamental pour attirer le public. Que nous soyons dans la création artistique privée ou publique, nous sommes tous concernés par le sens à donner aux œuvres et les émotions à procurer au public. Le Crazy Horse ouvre également ses portes à la création pluridisciplinaire : défilés de mode, chanteurs ou au travers d’une “Crazy expérience” qui raconte les coulisses du lieu. Nous participons également aux Journées du Patrimoine pour la seconde fois, ce qui nous permet d’entretenir une relation avec le public en les invitant par mail.
  • Le cœur du sujet repose sur cette question : “Avez-vous envie de mettre le prix et de donner votre temps pour aller voir un spectacle ou aller au musée ?” Les réseaux sociaux sont un outil précieux pour raconter le spectacle et donner envie au public de venir. Nous “utilisons” les artistes dans le bon sens du terme. Les danseuses du Crazy Horse vont elles-même générer du contenu en donnant leur interprétation du lieu sur Instagram ou Facebook. Elles véhiculent une image d’artiste, de sportive et de femme libre pour donner envie de venir nous voir à ceux qui ne sauraient pas ce qu’on propose. Le cabaret “Madame Arthur” au Divan du Monde attire aussi un public plus jeune en étant dans un autre lieu avec une tarification adaptée.
  • La digitalisation est très importante pour communiquer. Des initiatives comme “Showtime in Paris” nous aident à nous fédérer et attirer les touristes étrangers en proposant des tarifs spéciaux plusieurs fois par an avec le soutien de la Mairie de Paris. • Maire de Paris : Anne Hidalgo• Premier adjoint : Patrick Bloche (depuis le 08/07/2024) • Adjointe en charge de la culture et de la ville du quart d’heure : Carine Rolland (depuis…
  • Elle favorise également une meilleure connaissance de nos publics pour capter leur satisfaction et nous permet d’actualiser nos spectacles en améliorant l’accueil ou l’ambiance.
  • Nous devons apprendre à nous professionnaliser dans la commercialisation directe de nos billets tout en faisant appel à des revendeurs internationaux pour toucher les touristes via l’application néerlandaise Paylogic notamment qui vend davantage de billets que la FNAC Distributeur de biens culturels, de loisirs, de produits techniques et d’électroménager• Rachat du réseau Darty par la FNAC, validé par l’Autorité de la concurrence le 18/07/2016• Organisateur du… . Nous devons paramétrer nos produits pour répondre à ces nouveaux outils et nous adapter pour attirer ces publics. »

    Sophie Barthelemy, directrice générale adjointe du Crazy Horse

Sophie Barthélémy


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Parcours

Crazy Horse
Directrice générale adjointe, en charge du développement commercial et de la marque
Club Med
Directrice marques, études, communication et produit
Groupe Smart&Co
Directrice marketing international
eBay
Responsable communication senior offline et digital
Fromageries Bel
Chef de groupe marketing
Colgate Palmolive
Chef de produit

Établissement & diplôme

Dauphine - PSL
Certificat e-commerce
Edhec Business School (Ecole des hautes études commerciales du Nord)
Master en économie

Fiche n° 31536, créée le 26/06/2018 à 12:18 - MàJ le 18/12/2018 à 10:19

« Il faut se méfier de la force de l’écran à proximité d’une œuvre. Je pense qu’il y a vrai un danger » (Patrick de Carolis)

  • Le musée Marmottan Monet, créé en 1934, abrite les deux premiers fonds mondiaux de Claude Monet, composé de 105 tableaux, et de Berthe Morisot réunissant 30 œuvres. La collection des œuvres de Claude Monet commence au début de sa carrière de caricaturiste jusqu’à la réalisation des « Nymphéas ».
  • Le musée possède une spécificité rare pour la France car il est totalement auto-financé. Il appartient à l'Académie des Beaux-Arts qui ne dépense que ce qu’elle gagne. Le budget est de 7 millions d’euros par an. Les recettes sont réalisées grâce à la billetterie, la boutique, la privatisation du musée et les expositions à l’étranger qui permettent de porter la marque Marmottan à l’international.
  • Quand j’ai pris la direction du musée Marmottan Monet en 2012, il attirait 240 000 visiteurs en moyenne. En 2017, nous avons accueilli 363 000 personnes, soit une progression en cinq ans de 40 % environ.
  • Cela a été rendu possible grâce à notre connaissance du lieu. Le public sait qu’il ne verra pas du théâtre de boulevard à Odéon ni du Racine au théâtre Antoine. Il faut se replonger dans l’instinct d’origine, dans la réactivité du lieu pour offrir au public quelque chose de spécifique, de singulier, donc de remarquable puisqu’inédit.
  • L’existence d’un lieu et sa survie tiennent à la connaissance de son ADN. Il faut réinitialiser l’adresse en faisant appel au marketing, à la communication et en indiquant une ligne éditoriale des expositions.
  • La collection du musée comprend des œuvres de l’époque Empire, des enluminures et un ensemble impressionniste. Le public est à 72 % féminin et 70 % du public a plus de 50 ans. Toutefois les plus jeunes sont de plus en plus nombreux grâce à une politique pédagogique : 6 000 jeunes entre 4 et 12 ans ont participé à des ateliers pratiques dans lesquels ils apprennent à peindre après avoir visité le musée.
  • Le musée assume une double mission : celle de donner du sens et de transmettre de l’émotion pour véhiculer cette culture et connaissance. Nous devons aboutir à un équilibre entre ces deux aspects.
  • Que les publics changent, cela est une évidence en raison de l’attractivité de l’image et du digital. Sans forcément s’en rendre compte, le public demande autre chose mais il faut évoluer sans trahir nos missions et ne pas devenir une salle de spectacle.
  • Par exemple, nous avons organisé une exposition à Rome sur Claude Monet avec la société italienne Artemisia, en octobre 2017. Ils avaient souhaité ajouter de la vidéo dans cette exposition. Venant moi-même de la télévision, je ne m’y suis pas opposé mais j’étais très prudent car il faut se méfier de la force de l’écran à proximité d’une œuvre. Je pense qu’il y a un danger. Nous avons imaginé un sas pour faire entrer le public et l’immerger dans le jardin des nymphéas à Giverny mais ensuite place aux œuvres.
  • Le musée doit procurer un moment de solitude et de plénitude avec l’œuvre. Il ne doit pas proposer un spectacle mais simplement offrir quelque chose qui va permettre à l’individu de grandir et de se fabriquer. Si vous faites l’expérience de placer un tableau de Gustav Klimt ou de Pablo Picasso à côté d’un écran, les gens regarderont l’écran car l’attractivité est énorme. On peut placer des vidéos en amont ou de façon complémentaire dans l’exposition mais sans que ça mette en danger les œuvres qui sont l’objet pour lesquels les gens se déplacent au musée.
  • Il y a une forte initiative de Culturespaces • SA, filiale du consortium formé par l’IDI et le Groupe Chevrillon• Création : 1990• Activités : gérer et valoriser des monuments historiques et musées ; donner accès à la culture aux enfants qui… dans ce domaine. Après les « Carrières de Lumières » aux Baux-de-Provence, ils ont ouvert l'« Atelier des lumières » rue Saint-Maur (Paris 11e) dans lequel ils projettent des œuvres. C’est époustouflant et très dangereux pour nous.
  • Quand vous voyez des détails d’une œuvre de Gustav Klimt sur des murs de 10 mètres de haut et que vous entrez dans un musée pour voir une œuvre d'1m10, vous risquez de tuer le rendez-vous avec l’œuvre. Nous ne pouvons pas lutter contre le développement du numérique mais il va falloir le maîtriser pour ne pas mettre en danger l’objet même de la création car l’artiste n’a pas réalisé une sculpture ou une toile pour être projetée sur des murs immenses.
  • Dans un musée comme celui de Marmottan Monet, nous devons être modernes tout en protégeant cette relation intime que l’artiste a souhaité créer avec le spectateur.»

    Patrick de Carolis, directeur du musée Marmottan Monet et président de l’Académie des Beaux-Arts

Patrick de Carolis


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Parcours

France Télévisions
Président du groupe
France Télévisions
Créateur et animateur du magazine « Des racines et des ailes »
Festival « Les Éclectiques de Rocamadour »
Fondateur

Fiche n° 17586, créée le 17/05/2016 à 12:40 - MàJ le 07/10/2020 à 18:05

News Tank Culture (NTC)

• Média d’information indépendant et innovant, spécialisé dans l’actualité de la musique, du spectacle vivant, des musées, monuments et du patrimoine et, depuis 2023, des nouvelles images.
• Création : septembre 2012
• Proposant à la fois un fil d’actualités, des dossiers de fonds, des interviews et de grands entretiens, des data et un annuaire des professionnels et des organisations, News Tank Culture s’adresse aux dirigeants et acteurs de la culture. Il organise également chaque année Think Culture, une journée d’échange et de débat autour de l’innovation dans le pilotage de la culture, avec la volonté de décloisonner les secteurs culturels.

• Direction :
- Bertrand Dicale, directeur général
- Anne-Florence Duliscouët, directrice de la rédaction
- Jacques Renard, directeur délégué Think Culture
- Alexis Bouhelier, directeur du développement

• News Tank Culture est une filiale de News Tank Network, créée par Marc Guiraud et Frédéric Commandeur, qui a également développé :
- News Tank Sport,
- News Tank Éducation et Recherche,
- News Tank RH Management,
- News Tank Cities,
- News Tank Mobilités,
- News Tank Énergies,
- News Tank Agro.

Le groupe emploie une centaine de collaborateurs.


Catégorie : Média
Maison mère : News Tank (NTN)


Adresse du siège

48 rue de la Bienfaisance
75008 Paris France


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Fiche n° 6882, créée le 03/04/2018 à 03:02 - MàJ le 17/09/2024 à 17:06


© News Tank Culture - 2024 - Code de la propriété intellectuelle : « La contrefaçon (...) est punie de trois ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende. Est (...) un délit de contrefaçon toute reproduction, représentation ou diffusion, par quelque moyen que ce soit, d'une oeuvre de l'esprit en violation des droits de l'auteur. »

©  Seb Lascoux
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