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Think Culture 2018 : « Nous sommes en désir de transformation » (Marie-José Malis, Syndeac)

Paris - Actualité n°128057 - Publié le 07/09/2018 à 15:20
©  Seb Lascoux
©  Seb Lascoux

« Les politiques culturelles publiques devraient être énoncées et pensées par leurs acteurs eux-mêmes - c’est-à-dire les artistes - et cela fait très longtemps que ce n’est pas arrivé, que nous ne sommes plus à l’origine d’une énergie inaugurale. Nous sommes des héritiers et maintenant s’éveille le désir de refonder, articulé à la conviction que les artistes sont acteurs de transformation sociale, que l’on fait de l’art parce qu’on veut changer le monde. (…) Plutôt que d’accuser l’institution de tous les maux, il faut entendre qu’il y a une génération de directeurs d’établissements décidés à embrasser les contradictions et à les traiter. Nous avons une dignité, une vitalité et un courage intellectuel et artistique qui font que nous voulons encore être en capacité de rendre plus juste cette institution pour qu’elle soit à la hauteur de sa mission. (…) Nous sommes prêts, nous voulons être entendus, nous avons des hypothèses très construites, nous ne cessons de rédiger des programmes. Nous sommes en désir de transformation »,  déclare Marie-José Malis
• Metteure en scène. • A été artiste en résidence ou associée au Forum de Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), Centquatre (Paris), à la Comédie de Genève, a connu un long compagnonnage avec le…
, présidente du Syndeac Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles , durant le débat « Émergence, nouvelles générations, publics éloignés… : le modèle institutionnel est-il dépassé ? » lors la 3e édition de Think Culture, organisée par News Tank Culture à l’université Paris-Dauphine le 04/09/2018.

« Pendant des années, on a rêvé au Graal qui est d’être à la tête d’une institution, d’y avoir un confort de travail pour mener à bien un projet clair. Aujourd’hui, on n’est plus du tout dans ce genre de réalité et c’est fort dommage parce qu’il ne faudrait pas grand-chose pour réenchanter le modèle et que l’ensemble puisse se déployer en prenant des chemins de traverse », déclare quant à elle Emmanuelle Vo-Dinh Fondatrice et directrice @ Compagnie Sui Generis
• 2018 : création de « Cocagne » à la Scène nationale de Dieppe • 2017 : crée « Simon Says » • 2016 : crée « Belles et Bois » (spectacle jeune…
, directrice du Phare, CCN Centre chorégraphique national du Havre-Normandie.

Aurore Bergé, députée la République en Marche, Michel Larive, député France Insoumise, Vincent Carry, directeur d’Arty Farty, et Philippe Chapelon, délégué général du SNES, participaient également au débat modéré par Bertrand Dicale, directeur général de News Tank Culture.

Les intervenants
  • Marie-José Malis, présidente du Syndeac et directrice du CDN de la Commune (Aubervilliers)
  • Aurore Bergé, députée la République en Marche
  • Michel Larive, député France Insoumise
  • Vincent Carry, directeur d’Arty Farty
  • Philippe Chapelon, délégué général du SNES
  • Emmanuelle Vo-Dinh, directrice du Phare, CCN du Havre-Normandie

« Les politiques culturelles publiques devraient être énoncées et pensées par leurs acteurs eux-mêmes » (Marie-José Malis)

  • Marie-José Malis - ©  Seb Lascoux
    « C’est une manie française de toujours penser que la modernisation devrait se faire en contournant l’institution. Et c’est une manie étrange parce que nous sommes le pays qui a l’institution la plus construite, la plus présente et en un sens la plus efficace au plan culturel.
  • Je suis venue à la présidence du Syndeac pour tenter le pari de dire que la modernisation, si elle est nécessaire, peut procéder du cœur de l’institution. J’ai un modèle théorique et idéologique qui est l’invention de la psychothérapie institutionnelle. On ne peut pas dire que ses promoteurs étaient particulièrement conservateurs mais ils ont inventé une manière radicalement novatrice de traiter la folie et ont revendiqué le terme d’institutionnel, car l’institution doit instituer ; elle ne doit pas seulement conserver mais régénérer en permanence son dynamisme.
  • En l’occurrence, ce que je dis est simple : pourquoi contourner ce qui est un trésor national et pourquoi ne pas envisager que nous aurions plus de courage et de dignité intellectuelle à réformer ce qui existe et à le mettre à la hauteur du présent ? Les adhérents du Syndeac ont fait le choix d’un conseil national et d’une présidence disant quelque chose de simple : les politiques culturelles publiques devraient être énoncées et pensées par leurs acteurs eux-mêmes - c’est-à-dire les artistes - et cela fait très longtemps que ce n’est pas arrivé, que nous ne sommes plus à l’origine d’une énergie inaugurale.
  • Nous sommes des héritiers et maintenant s’éveille le désir de refonder, articulé à la conviction que les artistes sont acteurs de transformation sociale, que l’on fait de l’art parce qu’on veut changer le monde - modifier les injustices et les choses insupportables générées par le système social. Il faut que l’on entende la possibilité de s’appuyer sur la capacité des gens eux-mêmes à sortir d’une tradition de culture descendante et paternaliste.
  • Au Syndeac, nous sommes prêts à ouvrir nos institutions à cette transformation colossale, à sortir des modalités paternalistes pour une transformation amicale, fraternelle et surtout extraordinairement confiante dans ce que nous avons à faire les uns avec les autres.
  • Dans l’art comme dans la politique, il y a une crise de la représentation. Pourquoi représenterions-nous les autres ? Est-ce qu’il ne faudrait pas plutôt chercher ensemble ce que nous avons à dire ? »

    Marie-José Malis, présidente du Syndeac et directrice du CDN Centre dramatique national de la Commune (Aubervilliers)

Marie-José Malis


• Metteure en scène.

• A été artiste en résidence ou associée au Forum de Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), Centquatre (Paris), à la Comédie de Genève, a connu un long compagnonnage avec le Théâtre Garonne (Toulouse), les Bernardines (Marseille) et le Théâtre de la Vignette- Université Paul Valéry (Montpellier).

• Créations :

- Je voudrais vous parler du théâtre quand il se soulève vers lui-même (titre provisoire) (2022)

- The End Of Reality de Richard Maxwell (2019)

- Dom Juan de Molière (2018)

- Vêtir ceux qui sont nus de Luigi Pirandello (2017)

- La Vraie vie (2016)

- Hypérion (2014)


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Parcours

Compagnie La Llevantina
Directrice
Association départementale pour le développement de la musique et de la danse de Pyrénées-Orientales
Chargée de mission théâtre
Essonne et Hauts-de-Seine
Professeur de français
Compagnie La Llevantina
Co-fondatrice

Fiche n° 4794, créée le 19/06/2014 à 10:53 - MàJ le 08/01/2024 à 14:42

« On a dénombré 86 bassins de vie dans lesquels il y a moins d’un équipement culturel pour 10 000 habitants » (Aurore Bergé)

  • Aurore Bergé - ©  Seb Lascoux
    « Je me retrouve dans certains termes de ce que vient de dire Marie-José Malis. Est-ce que l’on a besoin d’une politique culturelle publique ? Oui évidemment, et personne ne saurait le remettre en question. Est-ce que l’on mériterait de rénover certains éléments du système institutionnel ? Oui, je le pense sincèrement.
  • Nous avons un modèle qui est en effet unique et très puissant, qui a été progressivement décentralisé mais qui - il me semble - n’a pas été au bout de cette décentralisation. Le modèle des DRAC Direction régionale des affaires culturelles est pertinent et utile mais l’on doit constater qu’à côté des zones blanches de la téléphonie et des déserts médicaux, il existe des zones blanches de la culture : on a dénombré 86 bassins de vie dans lesquels il y a moins d’un équipement culturel pour 10 000 habitants.
  • Souvent, ces bassins de vie cumulent l’inégalité dans l’accès aux services publics et à la culture. De même que l’on peut avoir des actions innovantes sur la ruralité et le périurbain en ce qui concerne le médical et le scolaire, il n’y a aucune raison pour que l’on n’arrive pas à en mettre aussi en place pour la culture.
  • Comment cela doit-il se construire ? Aller plus loin dans le modèle institutionnel, faire plus confiance aux acteurs de proximité que sont les élus locaux, les articulations entre le privé et le public - et l’État a sa part de responsabilité dans les déséquilibres entre ces secteurs.
  • Ce qui a été fait dans le cadre du plan “La Culture près de chez vous” ou dans la circulation des œuvres, ce n’est pas du paternalisme. L’on n’a pas encore pleinement réussi à assurer l’accès à la culture pour l’ensemble du public. Et c’est cette nouvelle décentralisation, que l’on doit réussir, et articuler avec de meilleures relations entre le public et le privé. »

    Aurore Bergé, députée la République en Marche

Aurore Bergé


• Porte-parole du groupe LREM à l’Assemblée Nationale
• Rapporteure de la mission d’information sur une nouvelle régulation de l’audiovisuel à l’ère numérique

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Parcours

Gouvernement
Ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations
Magny-les-Hameaux
Conseillère municipale
Communauté d’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines (SQY)
Conseillère communautaire
Ministère des Solidarités et des Familles
Ministre des Solidarités et des Familles
Assemblé nationale
Présidente du groupe parlementaire Renaissance
Assemblée nationale (AN)
Députée Renaissance, Yvelines (10e circonscription)
Assemblée nationale (AN)
Députée LREM de la 10ème circonscription des Yvelines
Assemblée nationale (AN)
Membre de la commission des affaires culturelles et de l'éducation
Assemblée nationale - Commission des affaires culturelles et de l'éducation
Rapporteure du projet de loi portant diverses dispositions d’adaptation au droit de l’Union européenne en matière économique et financière
Assemblée nationale - Commission des Affaires culturelles
Rapporteure du projet de loi relatif à la régulation et à la protection de l’accès aux œuvres culturelles à l'ère numérique
Assemblée nationale - Commission des affaires culturelles et de l'éducation
Coordinatrice du groupe culture sur les conséquences de la crise du coronovirus-Covid-19 
Assemblée nationale - Commission des affaires culturelles et de l'éducation
Rapporteure générale du projet de loi relatif à la communication audiovisuelle et à la souveraineté culturelle à l’ère numérique
Assemblée nationale (AN)
Chargée d’une mission sur l'émancipation et l’inclusion culturelle
Hopscotch
Directrice conseil
Spintank
Directrice de clientèle
Publicis Groupe
Directrice de projet
Commune de La Garenne-Colombes
Conseillère communication et presse de Philippe Juvin, député européen et Maire de La Garenne Colombes

Établissement & diplôme

Sciences Po Paris (IEP Paris)
Master Affaires Publiques

Fiche n° 30180, créée le 23/04/2018 à 15:58 - MàJ le 11/01/2024 à 12:37

« J’ai peur de l’indépendance des conseils d’administration et des exigences de certains grands mécènes » (Michel Larive)

  • Michel Larive - ©  Seb Lascoux
    « Ce modèle a été mis en danger parce qu’il a souffert d’un manque de moyens chronique. Il y a de la culture au-delà du périphérique parisien mais hélas il n’y a pas d’infrastructure dans beaucoup d’endroits : je suis député de la 2e circonscription de l’Ariège et n’ai pas de théâtre dans mon département.
  • Il y a une Scène nationale en Ariège mais l’action culturelle est faite par une sphère privée non marchande, à 98 % par le monde associatif. Celui-ci reposait sur les moyens des collectivités territoriales et sur l’État au moyen des emplois aidés et des dotations financières aux collectivités. La baisse drastique des dotations et la fin des emplois aidés font que les budgets de la culture sont la variable d’ajustement des collectivités territoriales. Je suis d’autant plus inquiet que nous pourrions avoir les moyens pour cette politique.
  • Le 1 % culture pourrait être réactivé et étendu au privé. Je vous annonce aussi que je vais déposer une proposition de loi sur la création d’un domaine public commun pour financer la création - une caisse commune dédiée aux artistes.
  • Le programme de la France insoumise alerte sur l’irruption du privé dans les services publics et le domaine le plus attaqué actuellement est celui de la culture. J’ai peur de l’indépendance des conseils d’administration et des exigences de certains grands mécènes.
  • En outre, faire passer les DRAC sous l’autorité des Régions aura pour conséquence de transformer les budgets de la culture en variables d’ajustement connectées à une action régionale fléchée vers une recentralisation - la métropolisation inscrite dans la loi NOTRe loi portant sur la Nouvelle Organisation Territoriale de la République .  
  • Il y a deux visions de la culture : en faire un objet de consommation, c’est-à-dire un temps de cerveau disponible. Ou prendre la culture comme nous le pensons, comme un vecteur d’émancipation et un vecteur de liberté, d’ouverture, de connaissance des droits et des devoirs des citoyens - c’est la voie que nous avons choisie, c’est-à-dire la culture comme émancipation et comme antidote à tous les obscurantismes politiques ou religieux. »

    Michel Larive, député France Insoumise

Michel Larive


• Président du groupe de travail sur les conditions de travail à l’Assemblée Nationale et le statut des collaborateurs
• Vice-Président des groupes d’amitiés France/Russie, France/États-Unis, France/Canada et France/Equateur
• Membre de l’Union Interparlementaire

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Parcours

Assemblée nationale (AN)
Député La France Insoumise de la 2ème circonscription de l’Ariège
Assemblée nationale (AN)
Membre de la commission des affaires culturelles et de l'éducation
Association les Amis du Festival, organisatrice du festival « Théâtrales en Couserans »
Président
À domicile
Enseignant
Conseil du développement du syndicat mixte du Pays Couserans (Ariège)
Président du collège culture

Fiche n° 30181, créée le 23/04/2018 à 16:01 - MàJ le 19/06/2022 à 23:32

« Le modèle que nous essayons de développer aujourd’hui est le fruit de notre histoire : faire ailleurs, autrement, à côté, différemment » (Vincent Carry)

  • Vincent Carry - ©  Seb Lascoux
    « Il y a en France une politique culturelle enviée notamment pour les moyens dont elle dispose. La question posée est plutôt de savoir si, depuis 25 ans, l’on a fait au mieux avec les moyens dont on disposait.
  • La réponse est un petit peu difficile parce qu’il n’y a pas eu beaucoup d’évaluations des politiques publiques de la culture depuis quelques décennies. On est resté dans une sorte de consensus ou de jeu d’obligations réciproques sans trop soulever les tapis.
  • Je rejoins le point de vue de tous les intervenants précédents sur certains points. D’abord le fait que si cette politique culturelle depuis 25 ans avait produit l’essentiel de sa mission, si elle avait apporté tout le sens qu’elle devait apporter, notre société n’en serait peut-être pas là aujourd’hui. Et si l’on regarde les choses droit dans les yeux, il y a du mal de fait à beaucoup d’endroits.
  • De notre point de vue, cette politique culturelle a entériné un certain nombre de fractures ; des fractures territoriales multiples : le rapport entre Paris et l’Île-de-France étant aberrant du point de vue de l’égalité républicaine, fractures à l’intérieur des territoires entre zones urbaines, périurbaines et rurales ; fractures sociales ; et une fracture générationnelle liée au fait que depuis 25 ans, quand les moyens mis en œuvre pour les politiques publiques de la culture ont été entièrement affectés, la marge de manœuvre des ministres ou des élus locaux à la culture est passée en dessous des 5 % et il n’a plus été possible d’accueillir de nouveaux entrants.
  • Les portes étaient fermées pour Arty Farty mais nous avons eu de la chance : une collectivité locale riche - Lyon -, une région qui a pu suppléer un moment l’absence de dialogue avec le ministère de la Culture - Rhône-Alpes. Ainsi, nous avons pu amorcer et monter des projets avec une partie d’aide publique, souvent très relative mais utile.
  • Le modèle que nous essayons de développer aujourd’hui est le fruit de cette histoire : faire ailleurs, autrement, à côté, différemment. Notre objectif est extrêmement simple : notre indépendance.
  • Le système institutionnel semble dans une forme de dépression et je suis très loin de m’en réjouir parce que je pense que l’institution culturelle doit être un des outils de la recomposition des politiques publiques. Il ne faut pas supprimer ce système mais le réformer. Il faut ré-institutionnaliser.
  • Je pense que le tiers secteur, le secteur des indépendants, le secteur des tiers lieux, l’entrepreneuriat culturel, les nouveaux médias doivent se réapproprier l’espace institutionnel et travailler à sa redéfinition.
  • De l’autre côté, l’entreprenariat capitalistique global de l’entertainment est extrêmement agressif et vient suppléer les défaillances du dispositif public. Il ne se passe pas un jour ou une semaine, dans les dépêches de News Tank Culture, sans que l’on parle de festivals ou de DSP Délégation de service public repris par des grands groupes. La raison en est simple : le système est affaibli. Les grandes institutions tiennent le coup mais les petits équipements souffrent terriblement.
  • Entre ces deux pôles - une institution en perte de sens qui a le désir de se réinventer pour peu qu’il y ait un désir politique et un secteur capitalistique extrêmement véhément - il y a ce petit tiers secteur affaibli mais animé par le souci de l’intérêt général, garant d’une certaine diversité, capable d’en comprendre les enjeux, de porter des projets innovants et de créer des emplois. Nous avons créé 85 emplois, tous en CDI Contrat à durée indéterminée , et nous en sommes extrêmement fiers. Et il me paraît essentiel de ne pas oublier ce tiers secteur en redéfinissant les politiques de la culture. »

    Vincent Carry, directeur d’Arty Farty

Vincent Carry


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Parcours

Gaîté Lyrique
Président du conseil de surveillance
Arty Farty
Directeur général
Nuits sonores
Directeur
Europe Créative
Pilotage de « We Are Europe »
Gaîté Lyrique
Conseiller artistique
Ville de Lyon
Coordination de la candidature au titre de Capitale Européenne de la Culture 2013

Fiche n° 241, créée le 22/10/2013 à 15:00 - MàJ le 06/10/2023 à 09:41

« Le secteur privé est, en emplois, équivalent au poids de l’institution » (Philippe Chapelon)

  • Philippe Chapelon - ©  Seb Lascoux
    « Le SNES a la singularité de représenter dans la transversalité le théâtre, la musique et d’autres disciplines du spectacle. Pour nous, le modèle institutionnel n’est absolument pas dépassé. 
  • Par contre, il faut garder à l’esprit qu’il y a aujourd’hui un équilibre économique entre le poids du secteur privé et le poids du secteur public. Cet équilibre s’est construit depuis les années 80 et le doublement du budget de la Culture, qui a eu pour effet de créer un désir de culture - non pas seulement de la consommer mais aussi de la faire.
  • Juste un exemple : 1 500 spectacles au Off d’Avignon cette année. Il faut se réjouir que de plus en plus de personnes aient envie de mener une carrière artistique. Souvent, on entend dire qu’il y a trop de spectacles à Avignon, ce n’est pas le bon angle : il faut trouver comment aider ce foisonnement en laissant à l’institution son rôle et sa recherche d’excellence - et c’est pourquoi le secteur privé se tourne de plus en plus vers le secteur public pour faire circuler ses œuvres et pour construire des partenariats.
  • Aujourd’hui, l’argent manque dans la culture même si l’on constate une progression de l’activité que les pouvoirs publics doivent avoir en considération. Je suis président de la caisse des Congés spectacles et nous y constatons tous les ans une augmentation des cotisations, signe d’un accroissement continu de l’activité. Le secteur privé a pris une importance considérable et, en emplois, il est équivalent au poids de l’institution.
  • Et c’est pourquoi la récente décision prise par le ministère de la Culture en faveur des petites salles va tout à fait dans le bon sens en aidant à la fois le public et le privé. Il est important que tout le monde ait le sentiment d’être reconnu par les pouvoirs publics dans son action.
  • Nous avons encore des idées pour soutenir l’emploi, pour qu’artistes et techniciens travaillent plus, pour que les œuvres circulent plus et mieux. Il y a quelques années, le ministère précédent avait institué le crédit d’impôt pour les spectacles musicaux : nous demandons qu’il soit étendu au théâtre, ce qui permettrait à l’ensemble de l’émergence d’être soutenue.
  • Nous faisons une nouvelle demande qui est une aide à la mobilité. On ne se rend pas bien compte des difficultés et des coûts incompressibles de transport à la charge des équipements qui accueillent les spectacles et des producteurs. Or des aides ont été développées notamment pour l’audiovisuel et le cinéma par les Régions soutenant les tournages. Cette aide à la mobilité permettrait d’irriguer les territoires sans aider plus directement le privé ou le public.
  • En quelques années, une nouvelle génération est arrivée dans le spectacle. Nous avons au SNES 70 adhérents qui sont des associations et qui travaillent au côté des SARL Société à responsabilité limitée . Le problème n’est plus dans la structure mais dans l’envie de produire et diffuser du spectacle.
  • Il faut perfectionner et respecter le secteur public et que le privé puisse mieux travailler avec lui. »

    Philippe Chapelon, délégué général du SNES

Philippe Chapelon


• Maîtrise de Droit de l’Université Paris-Nanterre


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Parcours

La Scène indépendante
Délégué Général
Les Congés Spectacles
Président du conseil d’administration

Fiche n° 478, créée le 25/10/2013 à 22:20 - MàJ le 13/07/2023 à 19:13

  • « Je voudrais juste rebondir parce que l’on sait que l’on a une bagarre à mener au moment du projet de loi de finances sur les crédits d’impôt de la culture - les crédits d’impôt du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant… Nous avons besoin d’être tous mobilisés pour soutenir ceux qui créent, ceux qui diffusent, et parce que l’on oublie trop souvent que l’industrie culturelle est créatrice d’emploi autant que porteuse de valeurs.
  • Je suis d’accord avec vous sur une aide à la mobilité. Nous avons aussi travaillé à la sécurisation des spectacles, ce qui est très onéreux et est un sujet sensible depuis les attentats.
  • Les crédits d’impôt ont prouvé leur efficacité et il y a là-dessus des données éloquentes. Je vous invite collectivement à la mobilisation, dans un mois environ, pour que nous puissions gagner dans l’opinion publique et dans les différents arbitrages à l’Assemblée et au Sénat.
  • Je souscris à l’idée qui vient d’être exprimée qu’une politique culturelle ne se mesure pas seulement à son action auprès des structures publiques ou des structures privées, mais de manière globale pour savoir quels sont les publics que l’on veut servir prioritairement.
  • Les budgets sont la transcription des politiques publiques et l’ensemble des politiques culturelles en Île-de-France est de 140 euros par habitant, contre environ 15 euros en moyenne pour les autres territoires. C’est absolument sidérant. Évidemment le musée d’Orsay et le Centre Pompidou participent au rayonnement international de la France mais cet écart n’est pas raisonnable. Et c’est cela que l’on doit résoudre, en pensant à tous les publics, en poursuivant la décentralisation, en travaillant avec l’ensemble des acteurs culturels pour casser cette logique qui a, notamment, renforcé parfois des antagonismes qui n’étaient pas nécessaires entre public et privé. Les crédits d’impôt sont à cet égard l’exemple d’une politique efficace, évaluée, en faveur des territoires, des publics et du rayonnement de la France. »

    Aurore Bergé, députée la République en Marche
     

« Je dirige un CCN depuis 2012 et nous avons été en permanence en situation instable » (Emmanuelle Vo-Dinh)

  • « J’entends dire que nous sommes déprimés, en crise… Je suis présidente du Syndeac et je peux vous assurer que nous sommes plein de vitalité, d’allant et de désir, et que nous sommes tellement enviables que tout le monde veut prendre notre place. »

    Marie-José Malis, présidente du Syndeac et directrice du CDN de la Commune (Aubervilliers)

 

  • Emmanuelle Vo-Dinh - ©  Seb Lascoux
    « Je rejoins Marie-José Malis pour dire que nous sommes très heureux de diriger des institutions comme les nôtres. Je ne pense pas qu’elles soient dépassées. Il n’est pas besoin de les rénover, mais peut-être de les faire évoluer.
  • Le choix terminologique de demander si l’institution est dépassée est un peu rude pour nous qui dirigeons ces structures. Je dirige ce CCN depuis 2012 et, depuis, quatre ministres de la Culture se sont succédés, nous avons vécu la transformation des grandes régions et la fusion des DRAC, nous avons été en permanence en situation instable et avons dû recommencer en permanence ce que nous avions commencé à poser avec mon équipe en 2012 et qui s’est défait en 2013, en 2014, en 2015…
  • Nous avons le sentiment que chaque fois que l’on entreprend quelque chose, le terrain tremble et il faut recommencer, essayer de reconvaincre, passer beaucoup d’énergie à comprendre ce que veulent les uns et les autres - et notamment une politique de l’État incarnée par quatre ministres différents et des politiques territoriales dans lesquelles la notion de temps est absolument fondamentale. J’ai le sentiment qu’une véritable politique culturelle a besoin de durée et malheureusement nous sommes dans une société où la communication prime.
  • Quant à l’institution, chacun des 19 CCN fait avec sa propre histoire, son propre territoire. Je dirige un des plus petits CCN. Depuis une dizaine d’années, nous avons été extrêmement vertueux. Beaucoup de directeurs ont changé après que des chorégraphes qui ont dirigé des maisons pendant vingt ou trente ans sont partis. De nouveaux artistes sont arrivés avec l’envie de faire, qui se confrontent à ces politiques culturelles difficiles à appréhender, ces injonctions dont j’ai l’impression qu’elles n’ont jamais été aussi complexes et difficiles, dépensent une énergie phénoménale pour entrer dans des appels à projet correspondant à des critères chaque fois nouveaux, pour rendre des comptes sur des cahiers des charges taillés au millimètre… Tout cela mériterait des actions simples que l’on demande depuis des années comme la globalisation de l’enveloppe 224 qui permettrait aux petites équipes d’aller de l’avant.
  • L’institution est-elle dépassée ? Non. Mais des choses simples rendraient les situations beaucoup plus faciles. Il faudrait aussi se mettre autour de la table, peut-être sous la forme de grandes assises au cours desquelles les artistes seraient entendus.
  • On peut parler de zones blanches mais qui se les cogne, les zones blanches ? Ce sont les artistes. Qui va dans les classes, dans les territoires ruraux ? Les artistes. On nous dit ce qu’il faut faire mais nous ne sommes pas consultés. On peut montrer la Joconde à quelqu’un qui n’a jamais entendu parler du musée du Louvre, cela ne lui fera ni chaud ni froid. Or il arrive que nous soyons face à des collectivités qui n’ont parfois aucune conscience de notre travail.
  • On nous dit qu’il faut aider moins de gens et aider mieux. Mais je sais maintenant que si on augmente ma subvention de 20 000 euros, ce sera 20 000 euros qui n’iront pas à la compagnie qui tisse quelque chose de fort avec les citoyens. Il y a vraiment un problème dans cette opposition entre les institutions et les compagnies qui finissent par se décourager. »

    Emmanuelle Vo Dinh, directrice du Phare, CCN du Havre-Normandie

Emmanuelle Vo-Dinh


• 2018 : création de « Cocagne » à la Scène nationale de Dieppe
• 2017 : crée « Simon Says »
• 2016 : crée « Belles et Bois » (spectacle jeune public)
• 2015 : crée « Tombouctou déjà-vu » au 69e Festival d’Avignon
• 2013 : crée « -insight- » et « Sprint »
• 2012 : crée « Revolve »


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Parcours

Compagnie Sui Generis
Fondatrice et directrice
Compagnie de François Raffinot
Danseuse interprète

Fiche n° 1324, créée le 14/01/2014 à 22:26 - MàJ le 05/09/2022 à 12:42

« La réalité culturelle aujourd’hui ne passe pas en permanence par la verticalité du schéma institutionnel » (Vincent Carry)

  •  « Je ne suis pas là pour démonter l’institution mais laisser la critique de l’institution aux ennemis de la culture est extrêmement dangereux. Il vaut mieux que l’on s’approprie cette critique nous-mêmes et  soyons en capacité de réforme.
  • J’entends quelques discours qui disent que tout va bien et que l’orchestre peut continuer à jouer sur le pont du Titanic, mais je ne pense pas que le diagnostic soit aussi enthousiasmant, notamment en termes de publics. Je vois des pans entiers de la jeunesse qui ont totalement démissionné du lien avec la culture et qui ne mettent pas les pieds dans les institutions. Je vois des pans entiers de l’offre culturelle qui sont absents des territoires et ce n’est pas la responsabilité individuelle des directeurs d’institution. Je vois enfin une politique culturelle qui a globalement passé dans un trou noir pendant vingt ans les bouleversements dans la façon de créer les œuvres, dans la transition numérique, dans la mondialisation, dans le cosmopolitisme culturel. On est dans une vision très franco-française dans laquelle le débat européen - pour parler d’un sujet brûlant qui arrive dans environ six mois - est totalement absent.
  • Et je ne crois pas que cette politique soit adaptée au monde dans lequel on est, ni aux vingt prochaines années, parce que l’ensemble de cette histoire s’est un peu laissé vivre - et je me mets dans le même bateau, acteur indépendant qui a profité par moments de subventions publiques - autour d’un consensus sympathique dans lequel tout le monde a l’impression de faire son travail. Et en effet énormément de gens de qualité font bien leur travail mais tout ne va pas bien, loin de là. »

    Vincent Carry, directeur d’Arty Farty
  • « Plutôt que d’accuser l’institution de tous les maux, il faut entendre qu’il y a une génération de directeurs d’établissements décidés à embrasser les contradictions et à les traiter. Nous avons une dignité, une vitalité et un courage intellectuel et artistique qui font que nous voulons encore être en capacité de rendre plus juste cette institution pour qu’elle soit à la hauteur de sa mission.
  • J’entends dire par tout le monde ici que la décentralisation n’est pas achevée, que partout il y des manques, que partout des besoins se font jour. Donc nous avons besoin d’être soutenus mais pas sur le mode conservateur du “donnez-nous plus d’argent pour que nous continuions à faire la même chose”. Nous vous disons que nous sommes venus pour annoncer la fin du vieux modèle parce qu’il sera donné à notre génération, sur le plan historique, d’essayer de rénover tout cela, de donner une nouvelle jeunesse à tout cela. Entendez qu’il y a un certain mérite à ne pas chanter les louanges d’un changement trop facile. Car le discours dominant ne consiste pas dire que l’institution est géniale ; être du bon côté du manche, aujourd’hui, c’est dénoncer l’institution au profit de l’entreprenariat.
  • Nous sommes prêts, nous voulons être entendus, nous avons des hypothèses très construites, nous ne cessons de rédiger des programmes. Nous sommes en désir de transformation.
  • Il ne faut pas minimiser le besoin financier. Mais ce que nous disons tous ici est émouvant : la population a besoin d’art.
  • Ce que l’on demande au ministère - et cela demande de la stabilité -, c’est qu’il donne quelques années pour livrer les nouveaux visages de la politique culturelle à venir. Une politique culturelle aujourd’hui, ce n’est pas un catalogue de petites recettes, c’est prendre historiquement acte du fait que tous ensemble nous devons travailler à livrer de nouveaux modèles - ce qu’au Syndeac nous appelons des prototypes. Que l’on fasse confiance à notre expertise, à notre désir et qu’au terme d’un quinquennat, on vienne voir ce que chacun propose, ce qui constituera le socle d’une nouvelle politique publique.
  • C’est à cela que j’appelle, régénérer les cadres de la politique publique par l’expérimentation. Cela demande audace et confiance. »

    Marie-José Malis, présidente du Syndeac et directrice du CDN de la Commune (Aubervilliers)

 

  • « Je pense qu’une définition de politique culturelle ne doit pas passer uniquement par un schéma d’équipements totémiques que tel ou tel élu va ajouter à un dispositif, avec parfois des investissements démesurés par rapport aux moyens de la vie culturelle au quotidien.
  • La réalité culturelle aujourd’hui est plus complexe, organique, tramée, et ne passe pas en permanence par la verticalité du schéma institutionnel. »

    Vincent Carry, directeur d’Arty Farty

  

  • « On a organisé non seulement la concurrence entre privé et public mais aussi à l’intérieur du secteur public, avec une concurrence entre hyperstructures publiques et associations sur les territoires. Le ministère organise cette « sélection naturelle » qui fait disparaître les entités culturelles sur les territoires.
  • Pour finir je dirai que la liberté de consommer n’est pas la liberté d’être. » 

    Michel Larive, député France Insoumise

 

  • « La question de liberté du geste artistique et du projet de création qu’ils pourraient amener n’est peut-être plus réalisable pour beaucoup de directeurs d’institutions aujourd’hui.
  • Pendant des années, on a rêvé au Graal qui est d’être à la tête d’une institution, d’y avoir un confort de travail pour mener à bien un projet clair. Aujourd’hui, on n’est plus du tout dans ce genre de réalité et c’est fort dommage parce qu’il ne faudrait pas grand-chose pour réenchanter le modèle et que l’ensemble puisse se déployer en prenant des chemins de traverse. »

    Emmanuelle Vo Dinh, directrice du Phare, CCN du Havre-Normandie

 

 


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©  Seb Lascoux
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