Si l’influence culturelle de la France demeure réelle (attractivité de son patrimoine, rayonnement de ses créateurs, capacité d’accueil d’autres cultures), est-elle cependant en déclin ou à tout le moins relativisée, face à un monde ultra-compétitif modelé par les mouvements de globalisation nord-américains ou asiatiques, la prégnance d’autres langues que le français, le rôle croissant d’Internet et des réseaux sociaux ? Ou bien passe-t-elle à présent par de nouvelles thématiques ou de nouveaux modes action, tels que la rencontre et la co-construction avec les partenaires locaux plutôt que la seule diffusion, notamment en Afrique, le soutien à l’international des industries culturelles et créatives, la défense de valeurs (liberté de création, droit d’auteur…) ?

Les conflits géopolitiques, en Europe, au Moyen Orient, en Afrique pèsent sur les échanges culturels, et tendent à limiter, quelquefois à interdire, la circulation internationale des artistes et des œuvres. Quelles en sont les conséquences sur les festivals, les expositions, les productions et accueils de spectacles étrangers ? Quelles peuvent être les réactions des professionnels et des pouvoirs publics pour continuer à promouvoir la diversité culturelle et le dialogue des cultures ?

L’Europe de la culture ? Fantasme eu égard à la diversité des cultures nationales, ou avenir à construire ? Par-delà le rôle actuel de l’Union Européenne, réel (en matière de réglementation sur les médias et les réseaux sociaux, les droits d’auteur et droits voisins, ou encore l’intelligence artificielle), mais limité (principe de subsidiarité dans le soutien aux activités culturelles), quelle peut être la place du continent dans le concert culturel planétaire ? Une Europe forteresse, qui se replierait sur elle-même, ou une Europe passoire qui se livrerait sans entraves aux puissances économiques et culturelles venues d’ailleurs, ou plutôt une Europe fer de lance de la diversité culturelle, ouverte mais réactive, combinant aspiration à l’universel et respect des identités ? Bref, l’Europe peut-elle offrir un modèle culturel au monde ?

La restitution des biens culturels fait l’objet d’une prise de conscience croissante, au niveau national et international. La traduction en France en a été les rapports Sarr-Savoy (2018) et Martinez (2023), la loi de 2020 concernant le Bénin et le Sénégal, les 2 lois de 2023 sur les biens spoliés par les nazis et sur les restes humains, tandis que la loi sur les biens issus des périodes coloniales est encore en préparation. Le sujet est complexe (dérogation au principe d’inaliénabilité des collections publiques, recherche de la provenance des œuvres…) et controversé (crainte d’appel d’air vidant les collections publiques et privées ou défense du principe d’universalité des musées d’un côté, droit inextinguible à la réappropriation du patrimoine et constat de la faiblesse des restitutions effectives de l’autre). Expositions, prêts et dépôts d’œuvres, distinction transfert de propriété et retour physique des œuvres, expertise et collaboration scientifiques, restitution numérique …, des solutions pratiques existent pour un « partage » des collections : est-ce la voie vers un véritable partenariat ?