Si la mobilité des œuvres, des artistes et de leurs équipes est, après celle des visiteur/spectateurs, le facteur principal de la hausse de l’empreinte carbone dans le domaine culturel, le sujet prend une importance toute particulière lorsqu’il s’agit de mobilité internationale. Comment concilie-t-on dialogue et échanges interculturels et impératif écologique ? Y-a-t-il contradiction intrinsèque entre la mondialisation culturelle, qui induit franchissement des frontières, accélération de l’ouverture aux vents du monde, et l’éco-responsabilité, qui induit relocalisation, ralentissement ?

Alors le train et pas l’avion, les résidences et pas les one shot, la durée plus que le nombre des spectacles, le choix d’œuvres géographiquement proches pour les expositions plutôt que celles très éloignées…, les professionnels culturels se sont emparés de ces thématiques, et de nombreuses réflexions et initiatives ont vu le jour. Pour autant des interrogations majeures demeurent.

Le « productivisme » du développement culturel est souvent dénoncé : expositions blockbusters dans les musées ou les centres d’art, tournées des artistes internationaux dans l’industrie musicale du live, intensification de la diffusion dans le théâtre, la danse, la musique classique, et ce sur fond de concurrence internationale accrue entre producteurs, entre institutions, entre pays. Et, puisque tout pousse à la course ou au gigantisme, faut-il remettre en cause les modèles, culturels comme économiques ?

Quelles en seraient les conséquences sur la viabilité des entreprises et des institutions, et comment réagiraient les publics ? Une telle remise en cause, pour être supportable, n’implique-t-elle pas une coopération au niveau international, au moins au niveau européen ? Des solutions diversifiées selon les secteurs artistiques et selon la nature, publique ou privée, des activités ?