Demandez votre abonnement gratuit d'un mois !

Think Culture 2019 : « On n’innove jamais mieux qu’en respectant son identité » (Laurence Engel, BnF)

Paris - Actualité n°155638 - Publié le 10/09/2019 à 15:10
©  Seb Lascoux
Laurence Engel - ©  Seb Lascoux

« La BNF est perçue comme l’hypercentre de la tradition du patrimoine, alors même qu’elle est devenue, depuis 20 ans, un acteur important du monde digital. Elle a simplement compris que le monde digital, qui est le monde de l’indexation, de l’organisation des savoirs et de la production de données, en réalité est son monde, qu’elle y est à l’aise. J’en tire cette conclusion : on n’innove jamais mieux qu’en respectant son identité, et en agissant dans son cœur de métier », déclare Laurence Engel Présidente @ Bibliothèque nationale de France
, présidente de la BnF, en introduction de la 4e édition de Think Culture, organisée par News Tank Culture à l’Université Paris-Dauphine le 10/09/2019.

« Nous essayons de nous transformer en laboratoire de toutes les innovations en matière de financement, de toutes les interrogations, sur le mécénat, le travail d’optimisation, la question de la tarification des services, l’hypothèse du partenariat public/privé… Nous explorons tout cela, sans pour autant avoir trouvé de solution miracle. On ne peut pas s’arrêter à un seul mode de financement, et nous ne pouvons espérer trouver une solution transposable à tous les secteurs », ajoute Laurence Engel.

« Nous avons coutume de dire que la BnF est innovante depuis 1537 »

  • « Je voulais en premier lieu aborder la définition actuelle de l’innovation. L’innovation relève quasiment du poncif aujourd’hui, tant ce terme est utilisé à tous propos et tant nous sommes confrontés à un devoir d’innovation. Je le dis sans provocation puisque moi-même je me plie à l’exercice et affirme que la BnF participe à ce mouvement. Nous avons recours à peu près à toutes les formes d’innovation, à des degrés plus ou moins importants, pour améliorer la relation au public, renouveler les services rendus et produits, et aussi transformer notre mode de fonctionnement. Nous disposons d’une mission innovation. Nous avons un dispositif d’identification et d’accompagnement des projets innovants proposés par les agents…
  • Le secteur de la culture est souvent associé à l’ancien monde alors qu’il est souvent du côté de l’innovation »

    Ce faisant, et c’est vital, nous cherchons en réalité à réaliser nos missions le plus efficacement possible. On peut donc se demander ce qu’il y a d’innovant dans le fait d’être innovants. L’innovation pourrait n'être que le nouveau nom donné au principe très ancien d’adaptation ? Pour durer, il faut s’adapter, et donc innover.

  • L’articulation entre innovation et identité me semble un deuxième aspect important. Le secteur de la culture est souvent associé à l’ancien monde alors qu’il est souvent du côté de l’innovation, ne serait-ce que parce que dans ce secteur des nouvelles formes ne cessent d’être inventées. Au sein de la culture, le monde du patrimoine subit ce paradoxe avec une intensité particulière, parce qu’on l’enferme le plus souvent dans une sorte de permanence, confondant la permanence de ses missions avec la manière dont on les réalise, manière qui est, elle, toujours renouvelée. La BnF est perçue comme l’hypercentre de la tradition du patrimoine, alors même qu’elle est aussi devenue, depuis 20 ans, un acteur important du monde digital. Elle a simplement compris que le monde digital, qui est le monde de l’indexation, de l’organisation des savoirs, la production de données, en réalité est son monde, qu’elle y est à l’aise. J’en tire cette conclusion : on n’innove jamais mieux qu’en respectant son identité, et en agissant dans son cœur de métier. Dans ce cadre, il faut absolument revendiquer sa capacité à être innovant, sans crainte de recourir aux formules markéting. Nous avons coutume de dire que la BnF est innovante depuis 1537.  
  • Comment appliquer ces principes dans le domaine du financement ? Le modèle économique de la BnF repose à 90 % sur les financements publics. Ce modèle, qui est celui de la BnF et des bibliothèques nationales en général, est très loin de ce qu’on peut considérer comme de nouveaux modèles économiques. L’enjeu attaché à la conservation de la mémoire collective relève de la notion de bien public au sens strict. Il n’y a pas de rentabilité ni de monétisation à en attendre, et nous peinons donc à trouver un modèle économique qui nous dispense de ces financements publics.
  • Il faut appréhender l’innovation comme un facteur d’élargissement de notre champ de vision »

    Dès lors, y a-t-il toujours matière à innover ? Nous essayons de nous transformer en laboratoire de toutes les innovations en matière de financement, de toutes les interrogations, sur le mécénat, le travail d’optimisation, la question de la tarification des services, l’hypothèse du partenariat public/privé… Nous explorons tout cela, sans pour autant avoir trouvé de solution miracle parce qu’il n’y en a pas. On ne peut pas s’arrêter à un seul mode de financement, mais nous ne pouvons espérer trouver une solution transposable à tous les secteurs. Et nous concernant, la diversité des modes de financement, sur certains segments d’activité, ne conduira pas à modifier radicalement l’équilibre général de notre modèle. Plus qu’aux modalités de financement, je trouve en fait intéressant de s’intéresser à la méthode. De ce point de vue, deux facultés sont déterminantes : être souples et libres dans la manière d’aborder la question des financements, et raisonner en termes de modèles économiques, pour chacun des segments de nos activités.

  • Il faut appréhender l’innovation comme un facteur d’élargissement de notre champ de vision, toujours partir des missions, en les confrontant au monde tel qu’il évolue, ce qui veut dire regarder ailleurs, s’inspirer. Et ne pas avoir peur de perdre notre âme en parlant modèles économiques. Notre âme, c’est nos missions.
  • Enfin, il me paraît fondamental de définir nos propres missions en tenant en compte du regard que les autres portent sur elles. À la BnF, les collections sont notre premier patrimoine, mais nous devons aussi revendiquer le fait que la BnF n’est pas seulement un conservatoire de collections mais aussi un producteur de données. » 

Laurence Engel


Consulter la fiche dans l‘annuaire

Parcours

Cour des comptes
Médiateur du Livre
Ministère de la Culture
Directrice de Cabinet
Ville de Paris
Directrice des Affaires culturelles
Cour des comptes
Conseiller maître
Ville de Paris
Conseillère pour la culture auprès de Bertrand Delanoë
Ministère de la Culture
Conseillère en charge de l’audiovisuel et du cinéma
Arte France
Directrice du Cabinet de Jérôme Clément, président d’Arte France et de la Cinquième

Fiche n° 114, créée le 02/10/2013 à 15:07 - MàJ le 15/03/2024 à 14:34

Bibliothèque nationale de France

Établissement public sous tutelle du ministère de la Culture

• Organigramme :
5 directions :
- direction des collections
- direction des services et des réseaux
- direction de l’administration et du personnel
- direction du développement culturel et du musée
- direction des publics

• 7 sites dont 3 hors région Île-de-France

- Le site Richelieu a rouvert au grand public le 17/09/2022

• Collections patrimoniales : 40 millions de documents de toute nature, communiqués aux publics
- 35 salles de lecture
- 5 salles d’expositions
- 2 auditoriums

Emploi : 2 168,3 agents en ETPT (équivalent temps plein travaillé) en 2021

• Budget 2022 : 224 M€

Présidence : Laurence Engel jusqu’au 06/04/2024, puis Gilles Pécout à partir du 18/04/2024

Direction générale : Kevin Riffault depuis le 15/11/2021

• Contact  : Élodie Vincent, cheffe du service de presse et des partenariats médias

• Tél : 01 53 79 41 18


Catégorie : Etat


Adresse du siège

Quai François Mauriac
75013 Paris France


Consulter la fiche dans l‘annuaire

Fiche n° 9, créée le 27/09/2013 à 13:23 - MàJ le 20/03/2024 à 17:44

©  Seb Lascoux
Laurence Engel - ©  Seb Lascoux