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Think Culture 2019 : « Nous avons créé à Nantes un socle culturel fort et visible » (Jean Blaise, VAN)

Paris - Actualité n°155637 - Publié le 10/09/2019 à 11:52
©  Seb Lascoux
Jean Blaise - ©  Seb Lascoux

« Dans mon parcours, l’action culturelle a toujours été une action politique. Il fallait rendre la culture accessible au plus grand nombre et, pour cela, trouver un moyen d’accéder à ce plus grand nombre, ce qui n’était pas possible à l’intérieur de nos “maisons de la culture” », déclare Jean Blaise en introduction de la 4e édition de Think Culture, organisée par News Tank Culture à l’Université Paris-Dauphine le 10/09/2019.

« Quand les actions culturelles touchent les habitants, il n’y a pas de difficultés majeures à trouver des financements. Quand nous inventons “Estuaire”, il ne s’agit plus d’une logique d’artistes qui viennent et s’exposent, mais d’une logique d’interprétation d’un territoire par des artistes, ce qui est gratifiant pour les habitants », ajoute le directeur du Voyage à Nantes.

« Quand les actions culturelles touchent les habitants, il n’y a pas de difficultés majeures à trouver des financements »

  • « Dans mon parcours, l’action culturelle a toujours été une action politique. Il fallait rendre la culture accessible au plus grand nombre et, pour cela, trouver un moyen d’accéder à ce plus grand nombre, ce qui n’était pas possible à l’intérieur de nos “maisons de la culture”.
  • La culture apparaît toujours quand on évoque l’attractivité d’une ville »

    À mes débuts, en 1989, avec Jean-Marc Ayrault, nouvellement nommé maire de Nantes, la culture relève du politique. La ville vient de perdre son économie et d’une certaine façon son identité, en perdant les chantiers navals, qui sont alors l’ADN de la ville, mais aussi l’usine LU, qui était sa mémoire affective. Jean-Marc Ayrault voulait montrer qu’il menait des actions pour changer cette ville, monter une dynamique. Pour cela, il choisit la culture, qui apparaît toujours quand on évoque l’attractivité. Il me demande d’inventer un événement qui soit le contraire de ce que subit cette ville, c’est-à-dire un événement dynamique, tourné vers l’international, d’avant-garde, qui fasse sortir les jeunes dans la ville… Nous créons Les Allumées, qui aura lieu de 1990 à 1995. Des artistes de grandes villes du monde (Barcelone, Saint-Pétersbourg…) se produisent dans tous les lieux de la ville pendant six nuits. Ce sera son premier acte : montrer, par le biais des artistes, que cette ville a du talent.

  • Le Lieu unique est d’abord un lieu ouvert sur la ville et sur la vie en permanence. C’est un lieu refuge, et non un théâtre fermé »

    Ensuite nous réfléchissons à nous installer dans un lieu, parce que la culture est toujours liée à un lieu. Nous savons que ces espaces culturels sont en général fermés, lents, et nous tentons d’innover avec le Lieu Unique, ouvert en 2000. Nous nous installons dans un bâtiment existant, qui a un passé, une couleur - l’usine LU. C’est d’abord un lieu ouvert sur la ville et sur la vie en permanence, avec un bar, une librairie, avec un accès immédiat aux expositions. C’est un lieu refuge, très politique, et non un théâtre fermé, à côté de la ville.

  • À partir du moment où ces actes touchent les habitants, nous n’avons pas de difficultés majeures à trouver des financements. Il ne s’agit pas seulement de financer nos activités pour nos spectateurs et abonnés.
  • Ensuite, nous allons plus loin en créant Estuaire en 2007, à la suite d’une demande politique de Joël Batteux, maire de Saint-Nazaire, et de Jean-Marc Ayrault, qui sont en train de construire la métropole Nantes-Saint-Nazaire, qui rassemble près de 700 000 habitants. Ils ont besoin de montrer qu’il y a un ensemble culturel, une pensée commune. Avec mon équipe, nous constatons immédiatement que l’estuaire de la Loire relie les deux villes, et nous décidons d’intervenir sur ce territoire. C’est un projet de territoire, qui nous amène à aller sur le terrain, discuter avec les habitants et les usagers du territoire. Nous invitons de grands artistes internationaux, dont Daniel Buren ou Tadashi Kawamata, à créer des œuvres in situ. Il ne s’agit alors plus d’une logique d’artistes qui viennent et s’exposent, mais d’une logique d’interprétation d’un territoire par des artistes, ce qui est gratifiant pour les habitants. Pour un politique, c’est inestimable, et nous avons obtenu les financements de la Région Pays-de-la-Loire, du ministère de la Culture, du Département de Loire-Atlantique, des deux villes, mais aussi des industries présentes sur l’Estuaire, comme EDF ou Total.
  • Pour finir, nous avons créé à Nantes un socle culturel fort et visible. En parallèle d’Estuaire, nous avions créé le site des Machines de Royal de Luxe, rouvert le Château des Ducs de Bretagne qui était en restauration depuis de longues années. Sont alors arrivés à Nantes des touristes nouveaux, amenant une nouvelle économie. En 2009, Jean-Marc Ayrault commence à penser une nouvelle structure pour développer le tourisme culturel à Nantes. En 2010, nous créons le Voyage à Nantes, en réunissant les grands sites culturels de la ville, le tourisme et la collection Estuaire, réalisée pendant six ans.
  • Au bout de 10 ans, les retombées économiques sont très importantes. Aujourd’hui, le tissu économique de la Ville nous accueille très bien, ce qui n’était pas toujours le cas au début.
  • Cette énergie culturelle, qui est en même temps ancrée sur le territoire, a fait l’identité de la ville »

    Voilà comment des interventions très politiques, mais au beau sens du mot, agissent sur la forme de la culture. Nantes possède aussi ses musées, d’art, d’histoire, d’histoire naturelle, mais ce qui a fait l’image de notre ville ces dernières années, c’est cette énergie culturelle, qui est en même temps ancrée sur le territoire.

  • Pourquoi parler d’innovation ? Quand nous allions sur les territoires, nous devions répondre à une équation, qui n’était jamais la même. Il fallait trouver des formes nouvelles, rencontrer les décideurs pour obtenir les autorisations… Il s’agissait d’une adaptation au territoire, y compris pour l’artiste. Il y a une certaine auto-censure, qui n’existe dans les sanctuaires que sont les lieux culturels. Il faut avoir cette force d’aller à la rencontre des gens. »

Jean Blaise


Créateur de différentes manifestations culturelles :
• Le festival des Allumées
• Le Festival de Hué au Vietnam
• Nuit blanche parisienne (2002 et 2005)
• La biennale Estuaire d’art contemporain (2007)


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Parcours

Le Voyage à Nantes
Directeur général
Un Été au Havre
Directeur artistique
MNACEP - Mission nationale d’art et de culture dans l’espace public
Président
Centre de Recherche pour le Développement Culturel- Le Lieu Unique
Directeur
Estuaire 2007
Organisateur
Nuit Blanche
Directeur artistique
Festival Fin de Siècle
Directeur
Festival des Allumées
Directeur
Maison des Cultures de Nantes
Fondateur et directeur
Centre d’Action Culturelle de Chelles
Directeur
Centre Culture de Saint-Médard-en-Jalles
Directeur

Fiche n° 45, créée le 30/09/2013 à 14:32 - MàJ le 14/06/2023 à 12:02

©  Seb Lascoux
Jean Blaise - ©  Seb Lascoux