Think Culture 2019 : « S’il y a les talents, les financements existent » (Denis Ladegaillerie, Believe)
« Aujourd’hui, la capacité à trouver des financements, c’est la capacité à construire un modèle qui s’autofinance à un certain horizon : avec notre expérience, nous pouvons montrer une profitabilité à 5 ou 10 ans, ce qui permet des tours de table jusqu’à 100 millions d’euros. Cependant, la clé la plus importante aujourd’hui dans la musique enregistrée est de trouver des talents, d’être capable de trouver des gens qui comprennent le nouveau monde, qui développent des technologies ou des métiers pour adapter notre métier. S’il y a les talents, les financements existent », déclare Denis Ladegaillerie
PDG et fondateur @ Believe
, président de Believe
Distributeur de musique numérique et société de services aux artistes et labels indépendants• Création : 2005• Activités :- Service de distribution de musique- Accompagnement d’artistes et…
, en introduction de la 4e édition de Think Culture, organisée par News Tank Culture à l’Université Paris-Dauphine le 10/09/2019.
« Chaque écosystème a des clés complètement différentes. Dans l’ancien monde, la clé est de convaincre TF1, RTL ou NRJ pour amorcer les ventes de CD dans les Fnac et les hypermarchés. Cela induit un certain formatage du contenu. Dans le monde digital, la clé est de convaincre l’algorithme de YouTube de propager la musique auprès des audiences les plus larges », ajoute Denis Ladegaillerie.
- « Believe a été créé à deux en 2005. Aujourd’hui, nous sommes 1 500 personnes dans 44 pays. Deux éléments ont fait notre capacité à nous développer : l’innovation - et notamment l’innovation technologique - et le financement. Les deux sont très liés : depuis la création de la société, 300 millions d’euros ont été levés pour devenir le leader mondial de la distribution numérique d’artistes.
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Depuis la création de la société, 300 M€ ont été levés pour devenir le leader mondial de la distribution numérique d’artistes »
Aujourd’hui, Believe distribue le tiers du volume de musique distribué sur Spotify, Apple et les autres services comparables. Pour y parvenir, l’adaptation à l’innovation technologique a été fondamentale. Et, dans la musique enregistrée, deux innovations ont tout révolutionné :
- l’invention du format MP3 au milieu années 90, qui a amené une révolution des usages, pour la consommation bien sûr, mais aussi dans la distribution de la musique ;
- la place centrale prise par les algorithmes dans la distribution des contenus.
- Si l’on regarde le processus du développement d’un artiste, plusieurs étapes seront impactées par ces innovations : le processus de créatif lui-même, qui consiste à créer une œuvre de musique, et sa distribution, qui permet de la faire connaître.
- Fondamentalement, les deux innovations technologiques ont changé la manière dont tout l’écosystème est organisé. Une grande partie de ces 35 % de la musique que nous distribuons est créée par des artistes chez eux, les studios étant des ordinateurs équipés de logiciels très simples. Aujourd’hui, dans la musique la plus consommée au monde, le hip hop et la musique électronique, la plus grande partie du processus créatif est digitale, ce qui est un paysage nouveau.
- Dans la distribution, Believe est l’exemple de la disruption technologique. Au départ, notre conviction est que digitaliser la musique permet de l’envoyer directement à Apple, y compris pour des artistes en tout début de développement, ce qui n’est pas possible dans le monde du CD, où la capacité des artistes à toucher leur audience est beaucoup plus chère. Réaliser un CD, le presser, le stocker, l’amener dans tous les lieux de vente, cela coûte cher et ne peut se faire que pour des artistes qui ont un certain potentiel, et cela limite la capacité des artistes à toucher leur audience. En fait, nous avons commencé par offrir des services à des artistes qui n’étaient pas “intéressants” pour des maisons de disques traditionnelles. La technologie a permis de créer un nouveau marché.
- Aujourd’hui, nous proposons le service Tunecore qui permet aux artistes, pour 10 € par an, de distribuer un titre sur tous les services de distribution à travers le monde. Cela a permis à des artistes de se faire connaître, l’exemple le plus fort dans les temps récents étant Petit Biscuit, un lycéen qui produit un titre dans sa chambre et qui est entré dans le Top 50 des titres les plus téléchargés dans le monde.
- Sur les algorithmes, si je caricature, je dirais qu’il y a deux marchés de la musique. L’an dernier en France, la moitié du marché était lié aux ventes de disques - un vieil artiste qui a une vieille audience qui regarde la télé, écoute la radio et achète des CD chez Carrefour. C’est Johnny Hallyday, dont la quasi-totalité des ventes était physique. Et il y a un autre marché, avec de jeunes artistes avec un jeune public qui va sur YouTube, Instagram, Facebook. C’est par exemple Jul qui est depuis quatre ans l’artiste le plus streamé en France. Chaque écosystème a des clés complètement différentes. Dans l’ancien monde, la clé est de convaincre TF1, RTL ou NRJ pour amorcer les ventes de CD dans les Fnac et les hypermarchés. Cela induit un certain formatage du contenu.
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Dans le monde digital, la clé est de convaincre l’algorithme de YouTube de propager la musique auprès des audiences les plus larges »
Dans le monde digital, la clé est de convaincre l’algorithme de YouTube de propager la musique auprès des audiences les plus larges. Il faut produire du contenu avec une certaine fréquence et une certaine typologie pour qu’il soit diffusé de la manière la plus large. Pourquoi un tel succès de Jul ? Il a parfaitement compris comment fonctionne le nouveau monde : il sort 4 albums par an, donc 100 titres par an, donc deux titres par semaine. Il est en interaction constante avec ce qu’il appelle sa team, c’est-à-dire les gens qui sont fortement engagés avec lui.
- Son approche est totalement différente de celle qui était adaptée au monde d’avant, et donc est totalement adaptée aux nouveaux outils. Et, dans le monde de la musique, l’innovation est tirée par ces aspects technologiques : comment on crée, comment on distribue, comment on fait connaître la musique, tout cela est conditionné par l’innovation technologique.
- Pour en venir au financement, la musique enregistrée est à financement 100 % privé dans la plupart des pays du monde. En France, le financement public, principalement par le crédit d’impôt, a été important dans la transition d’un monde à l’autre. Mais, dans la plupart des pays, c’est le marché qui crée les financements nécessaires.
- Aujourd’hui, la capacité à trouver des financements, c’est la capacité à construire un modèle qui s’autofinance à un certain horizon : avec notre expérience, nous pouvons montrer une profitabilité à 5 ou 10 ans, ce qui permet des tours de table jusqu’à 100 millions d’euros.
- Cependant, la clé aujourd’hui la plus importante dans la musique enregistrée est de trouver des talents, d’être capable de trouver des gens qui comprennent le nouveau monde, qui développent des technologies ou des métiers pour adapter notre métier. S’il y a les talents, les financements existent. »
Parcours
PDG et fondateur
Directeur financier
Établissement & diplôme
Master of Laws
MBA
Master de Droit
Fiche n° 4891, créée le 24/06/2014 à 13:05 - MàJ le 22/07/2021 à 11:00
Believe
Distributeur de musique numérique et société de services aux artistes et labels indépendants
• Création : 2005
• Activités :
- Service de distribution de musique
- Accompagnement d’artistes et producteurs pour des contenus vidéo, de la distribution à la monétisation
- Label
• Juin 2024 : acquisition 19 619 422 actions Believe par les fonds TCV et EQT X et Denis Ladegaillerie, lors d’une OPA simplifiée. Ce consortium, dénommé « Upbeat Bidco », détient ainsi 96,02 % du capital de la société.
• Rachats et prises de participation :
- Rachat du distributeur numérique américain dédié aux artistes autoproduits Tunecore en avril 2015
- Rachat du distributeur physique français Musicast en novembre 2015
- Reprise des activés de production et d’édition musicale de Naïve le 24/08/2016
- Rachat de 49 % du groupe Tôt ou Tard à Wagram, en septembre 2018
- Prise de participation majoritaire dans le label Nuclear Blast, en octobre 2018
- Rachat du distributeur allemand Groove Attack GmbH, en octobre 2018
- Acquisition de 49 % du label Six et Sept, en octobre 2019
- Acquisition de 25 % du label Play Two, en novembre 2021
- Acquisition de 51 % du label Jo&Co. en janvier 2022
- Acquisition de la plateforme d’édition musicale Sentric, en mars 2023
• Bureaux en France, Royaume-Uni, Italie, Allemagne, Canada, Amérique Latine, Asie, Europe de l’est, Moyen-Orient et Afrique.
• Nombre de salariés dans le monde : 1 919
• Chiffre d’affaires consolidé :
- 2023 : 880,3 M€
- 2022 : 760,8 M€
- 2021 : 577,2 M€
- 2020 : 441 M€
• EBITDA :
- 2023 : 50,3 M€
- 2022 : 34,7 M€
- 2021 : 23,3 M€
- 2020 : 7,7 M€
• Introduction en Bourse (Euronext Paris) le 10/06/2021
• Artistes distribués et/ou développés : Jul, Vianney, PNL, Arthur H, Gaël Faye, Naps, Heuss L’Enfoiré, Alela Diane…
• Labels distribués : Bomayé Musik, Kitsuné, Listenable Records, Chinese Man Records, Roy Music, Roche Musique…
• P-DG et fondateur : Denis Ladegaillerie
• Président Europe et responsable Musique Global : Romain Vivien
• Directeur général France : Henri Jamet
• Contact : Virginie Sautter, directrice marketing et communication
• Tél. : 01 53 09 34 00
Catégorie : Label / Production
Entité(s) affiliée(s) :
Live Affair
Adresse du siège
24 rue Toulouse-Lautrec75017 Paris France
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Fiche n° 8, créée le 27/09/2013 à 13:23 - MàJ le 05/11/2024 à 14:17