Think Culture 2019 : « Les TPE sont de plus en plus réceptives au mécénat culturel » (S. Parriaux)
« La culture représente aujourd’hui 25 % du budget total de mécénat. Ce secteur a toujours fait partie du trio de tête des domaines d’intervention des entreprises, même si le premier reste le mécénat social. Dans notre dernier baromètre, paru en 2018, on voit que le budget dédié à la culture a nettement progressé, passant de 15 % en 2015 à 25 % en 2017. Par ailleurs, la plus forte progression du nombre d’entreprises mécènes est parmi les TPE
Très petites entreprises
, ce qui signifie qu’elles sont de plus en plus réceptives au mécénat culturel. […] Nous constatons un engagement de la part des entreprises pour sensibiliser leurs collaborateurs à la culture. Un autre point fort est que l’attractivité du territoire est la motivation principale des entreprises pour devenir mécènes. L’apport en termes de communication est une motivation moins forte aujourd’hui », déclare Sylvaine Parriaux, durant la table ronde « Le mécénat de proximité : quelles perspectives ? », lors de la 4e édition de Think Culture, organisée par News Tank Culture à l’université Paris-Dauphine le 10/09/2019.
« On pense toujours au mécénat financier, mais les PME
Petites et moyennes entreprises
n’ont pas forcément de stratégies de mécénat structurées ou d’importantes sommes à apporter. Au Musée d’Aquitaine, nous avons donc aussi exploré la piste du mécénat de compétence ou en nature, qui sont une manière d’approcher des entreprises sans les effrayer. […] Je pense qu’il est important d’insister sur des aspects concrets, d’aider les entreprises à se retrouver au sein du musée », déclare Marion Blanchet, responsable de la communication, du mécénat et des partenariats au Musée d’Aquitaine, à Bordeaux (Gironde).
Martine Legrand, directrice de la Scène nationale d’Albi (Tarn), et Arnaud Burgot, directeur général de la plateforme de financement participatif Ulule, participaient également à cette table ronde, modérée par Anne Poursin, consultante.
« L’attractivité du territoire est la motivation principale des entreprises pour devenir mécènes » (Sylvaine Parriaux)
- « La place du mécénat culturel est très importante en France. Depuis 40 ans, Admical Association pour le développement de la pratique du mécénat d’entreprise observe le mécénat, quels que soient le domaine d’intervention, la façon dont il est opéré (financier, en compétences ou en nature) et la forme juridique.
- Notre rôle est de développer le mécénat d’entreprise en France. Nous avons deux actions prioritaires : la première est de défendre le dispositif contre le projet de rabotage de la loi sur le mécénat, qui vise directement les grandes entreprises, et la seconde est de développer le mécénat dans les territoires. Aujourd’hui, seules 9 % des entreprises en France sont mécènes. Sans grande surprise, les grosses entreprises sont mécènes à 81 %, les ETI Entreprise de taille intermédiaire à 44 %, tandis que les TPE Très petites entreprises le sont seulement à 3 % et les PME Petites et moyennes entreprises à 20 %. Voilà pour le panorama global.
- La culture représente aujourd’hui 25 % du budget total de mécénat. Ce secteur a toujours fait partie du trio de tête des domaines d’intervention des entreprises, même si le premier reste le mécénat social. Dans notre dernier baromètre, paru en 2018, on voit que le budget dédié à la culture a nettement progressé, passant de 15 % en 2015 à 25 % en 2017. Par ailleurs, la plus forte progression du nombre d’entreprises mécènes est parmi les TPE, ce qui signifie qu’elles sont de plus en plus réceptives au mécénat culturel.
- Des perspectives se dégagent, à la fois par les données issues du baromètre et les ressentis que nous pouvons avoir en interrogeant des entreprises. Dans les sous-domaines de la culture, la création est toujours le parent pauvre. En revanche, une tendance notable est que de plus en plus d’actions visent à donner accès à la culture, en mêlant le social et la culture. Et ce, tant en interne qu’en externe. Nous constatons un engagement de la part des entreprises pour sensibiliser leurs collaborateurs à la culture. Un autre point fort est que l’attractivité du territoire est la motivation principale des entreprises pour devenir mécènes. L’apport en termes de communication est une motivation moins forte aujourd’hui.
- Par ailleurs, les chefs et cheffes d’entreprises témoignent d’une recherche d’échange direct avec l’artiste, de proximité avec le processus de création culturelle, à la fois pour eux et pour leurs collaborateurs.
- Nous observons également une structuration de plus en plus présente à l’échelle des territoires, avec la création de pôles régionaux du mécénat, de missions mécénat par les collectivités territoriales, ou encore de clubs de mécènes.
- Selon notre baromètre, le don moyen d’une TPE est de 1 670 € et celui d’une PME de 11 781 €. L’article de loi adopté en décembre 2018 comporte une obligation de reporting. Les entreprises qui effectuent plus de 10 000 € de dons annuels au titre du mécénat doivent déclarer les noms des bénéficiaires, avec montants et dates. Cela nous semble juste. En revanche, nous sommes contre l’obligation faite aux bénéficiaires de lister les contreparties, matérielles et immatérielles, et de les valoriser, car cela complexifie beaucoup la relation et risque d’être un frein au développement du mécénat territorial. Les contreparties comptent particulièrement pour les petites entreprises.
- Nous travaillons sur un code de déontologie du mécénat. Même s’il n’y a pas beaucoup d’abus, nous voulons faire en sorte de les réguler, et éviter les confusions avec le sponsoring. Il faut faire beaucoup de pédagogie auprès des entreprises. »
Sylvaine Parriaux, déléguée générale d’Admical
« Les mécènes sont toujours surpris de découvrir qu’un théâtre est aussi une entreprise » (Martine Legrand)
- « Le projet de mécénat s’est développé avec la construction de l’établissement culturel dont la Scène nationale d’Albi a l’usage, et qui a été inauguré en 2014. La mise en place a été assez simple parce que ce nouveau bâtiment, construit par Dominique Perrault, était très fort et visible, et donc très attractif pour le territoire. Nous avons fait appel à une personne extérieure, qui avait pour mission dédiée de travailler avec des PME, parce que nous sommes sur un territoire rural, où le mécénat va historiquement majoritairement au rugby.
- Je confirme que l’attractivité du territoire et la solidarité, l’appartenance à ce territoire, sont les principales motivations des mécènes. La seconde est de donner la possibilité à leurs collaborateurs, aux salariés de l’entreprise, d’avoir accès à une salle de spectacle et à des moments privilégiés pour suivre le processus de création.
- Ils sont toujours très surpris de découvrir qu’un théâtre est aussi une entreprise, un outil technique performant engageant différents corps de métiers. On a toujours l’impression de quémander quelque chose, mais il est possible de construire une relation, avec du dialogue et du respect mutuel. Après cinq ans, nous avons quarante entreprises mécènes, qui apportent des contributions allant de 5 000 à 30 000€ (15 000€ en moyenne). Cela représente 8 % de nos recettes. »
Martine Legrand, directrice de la Scène nationale d’Albi
« Les mécénats de compétence ou en nature sont aussi une manière d’approcher des entreprises » (Marion Blanchet)
- « Je suis arrivée au Musée d’Aquitaine il y a deux ans. À la différence de votre démarche au théâtre d’Albi, j’ai été intégrée à l’équipe du musée, pour y développer une stratégie de mécénat pérenne. Il y en avait déjà eu de manière ponctuelle, notamment une opération de mécénat participatif en 2016 lancée par le musée pour la restauration d’une de ses œuvres emblématiques qui avait très bien fonctionné et a été un déclencheur dans la volonté de se lancer dans cette démarche.
- J’avais besoin d’intégrer l’équipe, notamment auprès des conservateurs et du service de médiation, à la fois pour connaître leurs besoins, mais aussi leur faire comprendre que le mécénat ne consiste justement pas à quémander de l’argent mais à intéresser et inclure les entreprises à notre projet pour qu’elles nous accompagnent.
- On pense toujours au mécénat financier, mais les PME n’ont pas forcément de stratégies de mécénat structurées ou d’importantes sommes à apporter. Nous avons donc aussi exploré la piste du mécénat de compétence ou en nature, qui sont une manière d’approcher des entreprises sans les effrayer. Elles apportent des choses dont nous avons besoin (des fournitures pour les ateliers, de la peinture pour les scénographies…). Certaines entreprises abordées par ce biais transforment aujourd’hui leur contribution en mécénat financier.
- Nous avons aussi travaillé sur l’image que nous allions donner au mécénat, et nous avons créé un cercle des mécènes. Ce n’est pas très original, mais cette structure symbolique rassemble les entreprises, donne une visibilité à la démarche, et crée un esprit fédérateur.
- Je me suis attachée à travailler par projet pour apporter des éléments très concrets aux entreprises. Nous sommes un musée d’histoire, et nous avons réouvert en début d’année la dernière partie du parcours permanent, consacrée à l’histoire contemporaine de Bordeaux et de l’Aquitaine. Ça a été une formidable opportunité pour aller démarcher tous les acteurs économiques de la région parce que ce parcours est aussi leur histoire. Je pense qu’il est important d’insister sur des aspects concrets, d’aider les entreprises à se retrouver au sein du musée.
- La mise à disposition d’espaces, pour des soirées privées par exemple, plaît bien aux entreprises. Mais nous proposions ces mêmes espaces à la location, et nous nous avons été confrontés à un paradoxe, car les entreprises payaient moins cher en louant directement les espaces. Aujourd’hui nous les réservons en priorité aux mécènes, mais nous devons faire du cas par cas, car la location d’espaces est un complément de ressources qui n’est pas négligeable.
- La question d’un montant minimum pour le mécénat s’est posée, parce qu’il n’est pas évident de trouver des contreparties aux petits montants, et que cela représente tout de même un travail important. Mais nous ne voulions pas fermer la porte aux entreprises qui voudraient démarrer avec un petit montant, alors nous avons fixé l’adhésion au cercle des mécènes à 2 500 €. »
Marion Blanchet, responsable de la communication, du mécénat et des partenariats au Musée d’Aquitaine, Bordeaux
« Aujourd’hui, on décide de soutenir un projet parce qu’on a une relation très directe avec la personne qui en est l’initiatrice » (Arnaud Burgot)
- « Ulule existe depuis 2010. Aujourd’hui, nous nous définissons comme un incubateur participatif. Au-delà d’être une plateforme sur laquelle des personnes présentent des projets pour être financés par le grand public, nous sommes aussi une équipe d’accompagnement, qui aide le porteur de projet à bien utiliser la mécanique du financement participatif. Nous avons aussi développé, depuis 5 ans, des partenariats avec des entreprises, qui apportent du co-financement ou de la visibilité aux projets, ou encore des mises à disposition de moyens et de compétences.
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Cette année, 30 M€ environ ont été collectés sur Ulule, avec environ 50 % de projets culturels, 25 % relevant de la solidarité et 25 % de l’entrepreneuriat. La moitié des projets sont portés par des individus, 25 % par des associations et 25 % par des structures (essentiellement petites et moyennes). L’équipe compte 40 personnes, et il y a 2,5 millions de personnes inscrites sur Ulule.
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Quand il s’agit de financement par des particuliers, l’enjeu premier est de communiquer auprès du grand public sur un projet. La première chose déterminante qui amène une personne à soutenir un projet est la proximité relationnelle. Nous avons tous pris l’habitude de pouvoir contacter n’importe qui en direct, et ça a influencé la manière de donner. Auparavant, le don était fondé sur la relation avec des organisations de confiance (Croix-Rouge…). Aujourd’hui, on décide de soutenir un projet parce qu’on a une relation très directe avec la personne qui en est l’initiatrice.
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Concernant les structures qui présentent des projets, nous constatons que cela fonctionne mieux pour celles qui sont les plus nouvelles, et n’ont pas de systèmes de communication de “l’ancien monde”, hiérarchisés et où le moindre message doit être validé par la hiérarchie. Si quelqu’un pose une question sur la plateforme ou sur les réseaux, il faut pouvoir répondre le plus rapidement possible. Ça nécessite un certain lâcher-prise en termes de communication et d’interaction. Ce fonctionnement peut faire peur aux plus grosses structures, parce qu’il change les façons de faire et les habitudes. Il nécessite une habitude du contact numérique. »
Arnaud Burgot, directeur général, Ulule
Marion Blanchet
Responsable de la communication, du mécénat et des partenariats @ Musée d’Aquitaine
Chargée de cours sur le mécénat culturel @ Sciences Po Bordeaux (IEP Bordeaux)
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Parcours
Responsable de la communication, du mécénat et des partenariats
Chargée de cours sur le mécénat culturel
Responsable communication
Responsable des partenariats
Établissement & diplôme
Diplômée en marketing et communication - Programme Grande Ecole
Fiche n° 35331, créée le 20/05/2019 à 15:22 - MàJ le 05/06/2019 à 09:57
Arnaud Burgot
Directeur général @ Ulule
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Parcours
Fiche n° 35122, créée le 30/04/2019 à 09:50 - MàJ le 30/04/2019 à 10:05
Parcours
Directrice
Directrice
Directrice
Fiche n° 9793, créée le 21/03/2015 à 12:26 - MàJ le 18/09/2020 à 10:26
Sylvaine Parriaux
• Diplômée d’un master 2 en management de la RSE
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Parcours
Déléguée générale
Déléguée générale adjointe
Directrice du développement des adhésions
Directrice de clientèle fundraising
Chargée de mission fidélisation
Directrice de clientèle en marketing relationnel
Chef de publicité senior
Chef de publicité junior
Assistante chef de publicité
Fiche n° 11391, créée le 19/05/2015 à 12:55 - MàJ le 19/01/2021 à 12:56