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Think 2022 : « Montrer que la culture est capable d’offrir des solutions » (A.-C. Gourbier, ASTP)

Paris - Actualité n°262891 - Publié le 09/09/2022 à 10:20
©  Seb Lascoux
Denis Gravouil, Anne-Claire Gourbier, Bertrand Dicale - ©  Seb Lascoux

« Nous avons bien vu avec le Covid qu’un risque existait de faire entendre que la culture et le spectacle ne sont pas essentiels. Je crains de façon générale une politique malthusienne sur la culture. On pourrait nous dire que pour des raisons de facture énergétique, on ne fermera pas les écoles mais on fermera les théâtres. Globalement, cela peut être un sujet sur l’emploi des permanents mais aussi des intermittents du spectacle », déclare Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT-Spectacle Confédération générale des travailleurs du spectacle (Fédération Nationale des Syndicats du Spectacle, du Cinéma, de l’Audiovisuel et de l’Action Culturelle) , lors du module en duo « L’État accompagnateur : quelle co-construction avec les acteurs culturels ? » dans le cadre du Thème « L’action publique : quelle peut/doit être une politique culturelle écologique ? » organisé lors de la 7e édition de Think Culture Événement dédié à l’innovation dans le pilotage de la culture, organisé par News Tank Culture  le 06/09/2022 au Centre Pompidou • Établissement public culturel pluridisciplinaire ouvert en 1977.• Réunit le MNAM (Musée national d’art moderne), le CCI (Centre de création industrielle), le DCC (Département culture et création)…  (Paris 4e) .

« Il faut recréer du désir pour nos métiers. Cette question du sens doit rejaillir sur l’intérêt que l’on porte à nos métiers pour comprendre qu’ils sont essentiels. Nous avons le même poids économique que le secteur de l’automobile et à ce compte-là, ce serait très injuste de fermer un équipement culturel parce qu’il revient trop cher. Je pense qu’il faut montrer que nous sommes capables d’assumer nos responsabilités, en offrant des solutions  », indique pour sa part Anne-Claire Gourbier, déléguée générale de l’Association pour le soutien du Théâtre privé • Association de droit privé et organisme d’intérêt général de la filière du spectacle vivant privé théâtral créée en 1964.• Assume une mission de structuration de la filière, de promotion de la… .

News Tank rend compte des échanges.

« En tant qu’organisme d’intérêt général, nous faisons la jonction entre le besoin du professionnel et une potentielle régulation » (Anne-Claire Gourbier)

  • Depuis le début de la crise sanitaire, nous avons été amenés à gérer, à la demande de l’État, l’intégralité des fonds d’urgence de compensation dédiés au spectacle privé théâtral, ainsi qu’aujourd’hui, ceux liés au plan de relance. Cela a d’autant plus ancré l’association dans une dimension d’intérêt général.
  • Contrairement au CNM Centre national de la musique , la question de la responsabilité écologique, de la transition écologique, n’est pas du tout inscrite dans nos statuts puisqu’ils datent de 1964. L’ASTP se doit cependant de s’engager sur cette voie de la transition écologique. C’est dans notre feuille de route et il y a un consensus pour agir.
  • Dans le détail, aujourd’hui, nous avons un dispositif conçu à l’origine pour accompagner les théâtres privés producteurs à maintenir leur niveau d’investissement. Nous avons un support de convention avec l’État et la Ville de Paris, qui sont nos deux tutelles, et qui nous permet de financer un certain nombre d’investissements.
  • Dans le cadre de cette convention, nous sommes amenés à favoriser les dépenses de performance énergétique. Tout ce qui peut concerner l’amélioration du diagnostic énergétique, du thermique, les changements de chaudière, etc, peut être soutenu dans le cadre de cette convention jusqu’à un plafond de 50 % des dépenses. Les prestations liées à la transition écologique représentent 20 % des investissements en 2022.
  • La phase d’après est d’être dans une action beaucoup plus implicante pour notre filière. Nous saisissons régulièrement nos adhérents pour connaître leurs besoins et essayer d’y répondre en fonction des grilles fixées par l’État et la Ville de Paris. En tant qu’organisme d’intérêt général, nous faisons la jonction entre le besoin du professionnel et une potentielle régulation. Nous essayons d’offrir des outils et des dispositifs qui permettent à nos professionnels de se mettre aux normes.
  • Ce qui est à l’œuvre - au-delà de l’urgence à agir et de trouver des solutions concrètes à former - est vraiment de recréer de l’imaginaire, de recréer du désir pour nos métiers. Cette question du sens irradie les professionnels du secteur et doit rejaillir sur l’intérêt que l’on porte à nos métiers pour comprendre qu’ils sont essentiels. Nous avons le même poids économique que le secteur de l’automobile, mais nous polluons peut-être un peu moins. À ce compte-là, ce serait très injuste de fermer un équipement culturel parce qu’il revient trop cher. Je pense qu’il nous faut montrer que nous sommes capables d’assumer nos responsabilités, en offrant des solutions. 
    Anne-Claire Gourbier - ©  Seb Lascoux
  • L’idée est que toutes les normes ou régulations futures permettent de promulguer des bonnes pratiques, et c’est notre rôle de le faire. La circularité des décors fait partie des champs sur lesquels nous devons réfléchir aujourd’hui. Je n’ai pas d’action ou de bilan concret à proposer sur ce type de réflexion, mais pour des raisons économiques, je sais qu’il est assez fréquent qu’un même décor soit réutilisé. Il y a une réutilisation parce que nous sommes dans une notion de cycle d’amortissement et cela contribue à une forme de durabilité de l’exploitation.
  • Ensuite, le sujet des ressourceries, des recycleries excède la question du champ du privé ou du public. Elle fait aussi sens sur un territoire. L’enjeu est de servir le plus grand nombre de bénéficiaires sur une surface ou un territoire donné. Nous devons avoir cette réflexion en tant qu’acteur du secteur privé, mais probablement avec les acteurs du secteur public.
  • La nécessité de faire évoluer les pratiques existe aussi. Le secteur privé est peut-être plus à flux tendu que le secteur public. Il y a donc probablement une redéfinition des pratiques à effectuer pour que les acteurs du privé puissent travailler sur cette notion de ressourcerie, pour être dans le temps long plutôt qu’en flux tendu. Mais là encore, les ateliers de décor dans le privé sont très dépendants des demandes de leurs clients.

    Anne-Claire Gourbier

« Il faut changer de modèle de société, avec les travailleurs précaires » (Denis Gravouil)

  • Nous parlons de la question de l’État mais la question du dialogue social se pose également dans les conventions collectives. Nous n’avons toujours pas de comité hygiène et sécurité pour notre branche. S’il existait, nous pourrions lui confier une compétence environnementale parce qu’il existe des liens entre santé au travail par exemple et santé environnementale. Des questions d’organisation du travail se posent aussi : je suis favorable à ce qu’on se déplace plutôt en train. Pour les intermittents du spectacle, cela signifie modifier les contrats, les rallonger pour qu’ils tiennent compte des temps de trajet. Il est logique que ce soit inclus dans les contrats de travail.
  • Il va falloir regarder la question de planification écologique, par exemple la construction des décors. Bon nombre de décorateurs disent que si on veut pouvoir planifier la gestion des décors, cela veut dire du temps pour la conception, du temps pour le réemploi. Or, nous avons des structures éphémères, des salariés qui, pour moitié, sont des salariés intermittents du spectacle aux contrats très courts.
  • Les festivals annulés pour cause d’incendie ou d’inondation sont un vrai risque pour l’emploi. Il y a des outils à mettre en place et cela fait quelques années que nous y réfléchissons. Il y a besoin de discuter dans les conventions collectives, dans les branches, dans les entreprises de l’organisation du travail mais aussi avec l’État. 
    Denis Gravouil - ©  Seb Lascoux
  • Une structure, le Conseil national des professionnels du spectacle, gère les sujets compliqués comme le régime des intermittents et les crises politiques que cela peut engendrer. C’est dans ce cadre-là que nous pouvons poser des questions sur la transition écologique et l’organisation du travail, et comment l’État ou les collectivités peuvent l’accompagner. Il y a une multitude d’acteurs publics qui peuvent intervenir. Dans le cadre du CNPS Conseil national des professions du spectacle. Le CNPS est divisé entre le bureau, le collège des employeurs et le collège des salariés. Le CNPS, créé par un décret du 29/03/1993, peut être consult… , un groupe de travail doit se mettre en place, cela a été décidé juste avant l’été, sur ces questions. Il faut aussi donner la parole à tous ceux qui sont concernés.
  • Le décret Son est un exemple d’une situation où les décisionnaires n’étaient pas les professionnels impliqués. Des normes ont été mises en place sur des principes de santé publique et de lutte contre la surdité. Cependant, cela a été fait d’une telle façon que si le décret était vraiment appliqué, plus aucun festival et concert de musique amplifiée ne pourrait se tenir. Il faut donc échanger et concilier différents impératifs. Nous avons bien vu avec le Covid qu’un risque existait de faire entendre que la culture et le spectacle ne sont pas essentiels. 
  • Je crains de façon générale une politique malthusienne sur la culture. On pourrait nous dire que pour des raisons de facture énergétique, on ne fermera pas les écoles mais on fermera les théâtres. Globalement, cela peut être un sujet sur l’emploi des permanents mais aussi des intermittents du spectacle. Il y a déjà eu une paupérisation de nos métiers.
  • De manière plus positive, l’Afdas Assurance formation des activités du spectacle - OPCO (Opérateur de compétences agréé par l’État) des secteurs de la culture, des industries créatives, des médias, de la communication, des… a déjà mis en place des financements pour des formations sur ces sujets-là. Nous pouvons aussi imaginer d’autres choses en pensant à l’organisation du travail.
  • Si nous rallongeons les contrats, il y a un coût à prendre en compte. Mais il est nécessaire. Nous ne pouvons plus nous permettre de ne pas prendre en compte l’organisation du travail sur ces questions de planification écologique.
  • De nouveaux métiers vont peut-être se mettre en place et cela peut être intégré dans les cursus de formation initiale et tout au long de la vie.
  • Nous sommes, pour une grosse partie des professionnels, intermittents du spectacle. Nous n’avons pas beaucoup d’espaces pour discuter de sujets comme la circularité des décors ou les moyens de transport écologiques. Il faut changer de modèle de société, avec les travailleurs précaires.

    Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT-Spectacle Confédération générale des travailleurs du spectacle (Fédération Nationale des Syndicats du Spectacle, du Cinéma, de l’Audiovisuel et de l’Action Culturelle)

Anne-Claire Gourbier


Diplômée de l’IEP de Paris et de l’ESSEC.

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Parcours

Centre national de la chanson, des variétés et du jazz (CNV)
Directrice déléguée
Direction générale des médias et des industries culturelles (DGMIC MCC)
Cheffe du bureau du financement des industries culturelles
Direction Générale de la Création Artistique (DGCA)
Cheffe du pôle des établissements publics et des labels musique
Direction Générale de la Création Artistique (DGCA)
Chargée des grands établissements lyriques et musicaux
TNS Sofres
Group Manager
LCL
Project Manager

Fiche n° 15843, créée le 06/02/2016 à 19:08 - MàJ le 17/09/2024 à 15:32

Denis Gravouil


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Parcours

Confédération générale du travail (CGT)
En charge des questions emploi, retraites et chômage au bureau confédéral
Unédic
Assesseur du Bureau

Fiche n° 11471, créée le 21/05/2015 à 18:43 - MàJ le 12/12/2023 à 17:05

News Tank Culture (NTC)

• Média d’information indépendant et innovant, spécialisé dans l’actualité de la musique, du spectacle vivant, des musées, monuments et du patrimoine et, depuis 2023, des nouvelles images.
• Création : septembre 2012
• Proposant à la fois un fil d’actualités, des dossiers de fonds, des interviews et de grands entretiens, des data et un annuaire des professionnels et des organisations, News Tank Culture s’adresse aux dirigeants et acteurs de la culture. Il organise également chaque année Think Culture, une journée d’échange et de débat autour de l’innovation dans le pilotage de la culture, avec la volonté de décloisonner les secteurs culturels.

• Direction :
- Bertrand Dicale, directeur général
- Anne-Florence Duliscouët, directrice de la rédaction
- Jacques Renard, directeur délégué Think Culture
- Alexis Bouhelier, directeur du développement

• News Tank Culture est une filiale de News Tank Network, créée par Marc Guiraud et Frédéric Commandeur, qui a également développé :
- News Tank Sport,
- News Tank Éducation et Recherche,
- News Tank RH Management,
- News Tank Cities,
- News Tank Mobilités,
- News Tank Énergies,
- News Tank Agro.

Le groupe emploie une centaine de collaborateurs.


Catégorie : Média
Maison mère : News Tank (NTN)


Adresse du siège

48 rue de la Bienfaisance
75008 Paris France


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Fiche n° 6882, créée le 03/04/2018 à 03:02 - MàJ le 17/09/2024 à 17:06

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Denis Gravouil, Anne-Claire Gourbier, Bertrand Dicale - ©  Seb Lascoux