Think Culture 2017 : « Mettre tous nos efforts pour prendre le virage du numérique » (S. Lissner)
« L’innovation a un impact sur le public et touche le spectacle vivant comme les musées. C’est fondamental, car cela modifie totalement les relations entre les institutions et le public. Nous sommes au début d’une vraie mutation et toute la chaîne de la relation avec le spectateur doit être repensée. Nous devons être présents sur les espaces digitaux fréquentés par le public (réseaux sociaux, sites Internet, publicité), et sur cela, nous avons rattrapé le retard que nous avions par rapport aux Anglo-saxons », déclare Stéphane Lissner
Surintendant et directeur artistique @ Teatro San Carlo de Naples (Italie)
• Né en 1953
• Enseigne la gestion des institutions culturelles à Paris-Dauphine (1984-1985)
en introduction de la 2e édition de Think Culture, organisée par News Tank Culture à l’Université Paris-Dauphine le 05/09/2017.
« Le digital change nos métiers, les enrichit, sans que nous n’ayons le choix. Nous devons mettre absolument tous nos efforts pour prendre le virage du numérique. Ce n’est pas facile et cela demande un travail de réflexion et de formation. Il faut investir massivement. Cela coûte cher en formation, recrutement et veille technologique. Cela suppose donc des choix puisque nous souhaitons tous investir le maximum dans la création et non dans le fonctionnement », ajoute le directeur général de l’Opéra national de Paris.
« Toute la chaîne de la relation avec le spectateur doit être repensée » (Stéphane Lissner)
- « La France a toujours été en Europe un pays innovateur et beaucoup de propositions innovatrices ont été faites. Il est difficile aujourd’hui de parler d’innovation sans parler du digital. Dans tous nos métiers, le digital a pris une place déterminante, et a changé fondamentalement notre environnement. Nous avons été obligés de prendre le virage numérique, et avons mis en place un site qui permet aujourd’hui de vendre 70 % de nos billets.
- L’innovation digitale concerne aussi les artistes, puisqu’il est devenu rare qu’un metteur en scène n’utilise pas de la vidéo, de l’image anecdotique aux caméras en direct. Cela exige de nos équipes un très haut niveau technologique et des coûts très importants, ce qui a provoqué un changement dans notre modèle économique de production. Pour les musiciens, les partitions digitales se développent, et même si sur le sujet l’Opéra de Paris est un peu en retard, cela offre une potentialité exceptionnelle, pour les corrections ou les indications sur tous les pupitres et donc un gain de temps. Pour les équipes techniques, le digital est de plus en plus présent, et si l’on ne fabrique pas tous les décors avec une imprimante 3D, c’est une vraie piste pour certains éléments comme les accessoires ou les costumes.
- L’innovation a un impact sur le public et touche le spectacle vivant comme les musées. C’est fondamental, car cela modifie totalement les relations entre les institutions et le public. Nous sommes au début d’une vraie mutation et toute la chaîne de la relation avec le spectateur devra être repensée. Nous devons être présents sur les espaces digitaux fréquentés par le public (réseaux sociaux, sites Internet, publicité), et sur cela, nous avons rattrapé le retard que nous avions par rapport aux Anglo-saxons. Il faut faire ce travail sur les réseaux sociaux avec une information et d’autres propositions comme la préparation du spectacle. L’expérience du spectateur change. À l’entracte d’une représentation, il n’hésite pas à échanger sur Twitter avec d’autres spectateurs. Le lendemain d’un spectacle est tout aussi important avec le numérique, et notre travail est de continuer à le faire vivre. Le monde du sport est très en avance sur le monde du spectacle, mais nous pouvons nous en inspirer.
- Le numérique est aussi là pour nourrir le besoin de musique et de danse. Sur les réseaux sociaux, nous avons fait l’expérience des Facebook Live où nous réunissons jusqu’à 40 000 personnes. Proposer de voir une partie du spectacle depuis les coulisses ou une répétition en direct donne envie aux gens d’acheter un billet.
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Notre devoir est de défendre la qualité et l’exigence, pour que les gens qui viennent sentent qu’on leur propose quelque chose de qualité »
Le pilotage est fondamental, c’est notre obligation que d’être très exigeants par rapport à nos propositions. C’est ce qui donnera envie aux gens de venir. Notre devoir avant tout est de défendre la qualité et l’exigence, pour que les gens qui viennent sentent qu’on leur propose quelque chose de qualité.
- Nous avons créé Troisième Scène pour proposer une scène numérique, avec pour vocation de commander des créations originales et de proposer un regard inédit sur l’opéra, la danse, le chant ainsi que sur les métiers de l’Opéra national. L’objectif est de s’ouvrir à de nouveaux spectateurs avec des expériences artistiques différentes et de faire la promotion de l’opéra comme un art vivant, en invitant des comédiens, des écrivains ou encore des cinéastes, des personnes qui s’adressent à une génération qui n’a pas vocation à aller à l’opéra. Cette plateforme gratuite permet de générer de l’achat de billets.
- Le digital change nos métiers, les enrichit, sans que nous ayons le choix. Nous devons consacrer absolument tous nos efforts à prendre le virage du numérique. Ce n’est pas facile et cela demande un travail de réflexion et de formation. Il faut investir massivement. Cela coûte cher en formation, recrutement et veille technologique. Cela suppose donc des choix puisque nous souhaitons tous investir le maximum dans la création et non dans le fonctionnement. »
Stéphane Lissner, directeur général de l’Opéra national de Paris
Retour en vidéo sur la Keynote de Stéphane Lissner :
Stéphane Lissner
Surintendant et directeur artistique @ Teatro San Carlo de Naples (Italie)
• Né en 1953
• Enseigne la gestion des institutions culturelles à Paris-Dauphine (1984-1985)
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Fiche n° 56, créée le 30/09/2013 à 17:16 - MàJ le 29/02/2024 à 09:12