
« Le Prix Marcel Duchamp vise à soutenir des artistes tournés vers l’international » (Claude Bonnin, Adiaf)
« Le Prix Marcel Duchamp n’est pas destiné à récompenser des artistes émergents. Sa vocation est de soutenir des artistes qui ont des ambitions à l’international en s’adressant à des artistes de moins de 50 ans français ou étrangers qui travaillent en France », déclare Claude Bonnin
Président @ Association pour la Diffusion Internationale de l’Art Français (ADIAF)
Ingénieur de formation, Claude Bonnin a réalisé la majeure partie de sa carrière dans le groupe Saint Gobain…
, président de l’Adiaf
Association pour la diffusion internationale de l’art français
, dans un entretien à News Tank le 15/10/2025, à l’occasion de la 25e édition du Prix Marcel Duchamp.
D’ordinaire organisée au Centre Pompidou, la remise du Prix se tiendra pour la première fois au Musée d’art moderne de Paris
• Créé en 1937 par la Ville de Paris, en scindant les collections du Petit Palais• Installé dans le Palais de Tokyo en 1961• Membre de l’Établissement Public Paris Musées• Collection : « plus de…
(16e) le 23/10/2025, le Centre Pompidou étant fermé pour rénovation. « L’espace du Musée d’art moderne est très différent de celui du Centre Pompidou qui offrait une salle équivalente à chacun des artistes. Ici ce n’est pas le cas et chaque artiste a dû s’approprier l’espace. Toutefois, bien que les quatre artistes soient très différents, cette exposition reflète une harmonie d’ensemble », indique le président de l’Adiaf.
« Par ailleurs, notre intérêt est de faire connaître les artistes de la scène française à l’étranger en y organisant des expositions d’artistes nommés ou lauréats. Nous avons par exemple réalisé en 2025 une exposition à Budapest qui réunissait une douzaine d’artistes du Prix, avec l’Institut français
• Opérateur du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et du ministère de la Culture pour l’action culturelle extérieure de la France.• Il agit avec l’ensemble du réseau des établissements…
. Depuis la création du Prix nous avons organisé près de 25 expositions à l’étranger, dont une très importante en Chine au Red Brick Art Museum de Pékin en 2019, qui a reçu plus de 200 000 visiteurs », ajoute Claude Bonnin.
Vocation du Prix Marcel Duchamp, évolution du Prix à l’occasion de son organisation au Musée d’Art moderne, modalités de sélection des artistes, place des artistes de la scène française à l’international et actions de l’Adiaf, Claude Bonnin répond à News Tank.
Le Prix Marcel Duchamp a été fondé en 2000 afin de soutenir les artistes contemporains de la scène française. En quoi consiste cet accompagnement ?
Le Prix Marcel Duchamp, qui a 25 ans, a été créé par Gilles Fuchs, président de l’Adiaf (1994-2021), une association de collectionneurs dont l’objectif est de soutenir et de faire rayonner la scène française d’art contemporain, en particulier à l’international. Ce Prix a été créé en collaboration avec le Centre Pompidou et offrait l’opportunité au lauréat ou à la lauréate d’exposer au sein du musée. Depuis 2016, les quatre artistes nommés bénéficient d’une exposition au Centre Pompidou pendant trois mois, dans un espace conséquent, puisque chaque artiste occupe un espace de 100 m2.
Le Prix récompense les quatre nommés et s’élève au total à 90 000 € »Le Prix récompense les quatre nommés. Le lauréat reçoit 35 000 € et chaque artiste nommé bénéficie, avec sa galerie, de 10 000 € pour la production d’une œuvre, en plus de bénéficier de la visibilité offerte par l’exposition au Centre Pompidou. En outre, le Prix finance à hauteur de 15 000 € des résidences d’artistes internationales dans le but d’accueillir l’un des artistes nommés de chaque édition à la Villa Albertine aux États-Unis et à Sèvres Manufacture et Musées nationaux (Hauts-de-Seine). La dotation du Prix s’élève donc à 90 000 €, au total.
Pour cette 25e édition, et jusqu’en 2029, le lauréat sera désigné au Musée d’art moderne de Paris (16e) et non au Centre Pompidou, celui-ci fermant fin 2025 pour rénovation. Je remercie d’ailleurs la Ville de Paris et Fabrice Hergott, directeur du musée, pour leur accueil.
Le Musée d’art moderne accueillera le Prix Marcel Duchamp à partir de 2025. Comment se traduit ce changement de lieu dans l’organisation du Prix ?
Le Prix bénéficie désormais d’une action tripartite, le Centre Pompidou continuant de nous soutenir »Le Prix bénéficie désormais d’une action tripartite, le Centre Pompidou continuant de nous soutenir en offrant une contribution financière et en mettant à disposition les ressources des techniciens. Par ailleurs, deux conservateurs, l’un du Centre Pompidou représenté par Jean-Pierre Criqui, et Julia Garimorth pour le Musée d’art moderne, ont conçu cette édition.
L’espace du Musée d’art moderne est très différent de celui du Centre Pompidou qui offrait une salle équivalente à chacun des artistes. Ici ce n’est pas le cas et chaque artiste a dû s’approprier l’espace. Toutefois, bien que les quatre artistes soient très différents, cette exposition reflète une harmonie d’ensemble et s’ouvre sur un hall réunissant une œuvre de chaque artiste. Enfin, l’entrée de l’exposition est gratuite car notre objectif est de faire connaître le Prix à un grand nombre de visiteurs.
Comment sont sélectionnés les artistes du Prix ?
Au sein de l’Adiaf, un comité artistique se charge d’observer ce qui se passe sur la scène française. Nous définissons ainsi une liste qui comprend entre 60 et 70 artistes qui est transmise à tous les membres de l’Adiaf pour qu’ils votent. Les collectionneurs choisissent quatre artistes puis nous conservons une quarantaine d’artistes. Cette liste est ensuite transmise au comité de sélection. Composé de collectionneurs, et incluant deux membres permanents, moi-même et Akemi Shihara qui représente l’association du Prix Marcel Duchamp, ce comité vote pour sélectionner une vingtaine d’artistes. Parmi cette sélection, le comité choisira enfin de nommer quatre artistes, deux hommes et deux femmes. Ensuite un jury international désigne le lauréat.
Notre jury est composé de dix personnes, dont deux artistes de la scène française et internationale »Notre jury est composé de dix personnes, dont deux artistes de la scène française et internationale, femme et homme. Otobong Nkanga (née à Kano au Nigeria en 1974), qui expose au Musée d’art moderne du 10/10/2025 au 22/02/2026, et Thomas Hirschhorn (né à Berne en Suisse, en 1957) étaient membres du jury l’année dernière.
Bianca Bondi
- Née en 1986, à Johannesburg (Afrique du Sud)
- Vit et travaille à Paris.
- Représentée par la galerie Mor Charpentier (Paris).
- « La pratique multidisciplinaire de Bianca Bondi implique l’activation ou l’élévation d’objets banals par le recours à l’eau salée et à des réactions chimiques en chaîne. Les matériaux avec lesquels elle travaille sont choisis pour leur potentiel de mutation ou leurs propriétés intrinsèques et symboliques. Passionnée par l’écologie et les sciences occultes, Bianca Bondi combine les deux domaines dans des œuvres de nature transformative où l’aura des objets est un élément clé. »
- Son travail a été notamment présenté à la 15e Biennale de Gwangju (Corée du Sud) (2024) ; au Castello di Rivoli à Turin (Italie) (2024) ; au MO.CO., Montpellier (2024) ; au Museum Frieder Burda à Baden-Baden (Allemagne) (2024) ; au Forest Festival of the Arts d’Okayama (Japon) (2024) ; à Dallas Contemporary (Texas) (2023) ; à Lafayette Anticipations (Paris) (2023) ; au MAMAC à Nice (2022).
Eva Nielsen
- Née en 1983, aux Lilas (Seine-Saint-Denis)
- Vit et travaille à Paris
- Représentée par la Galerie Peter Kilchmann (Paris / Zurich) et par la galerie The Pill (Paris / Istanbul)
- « Ses peintures hybrides, qui vont chercher dans le latex, le cuir, la soie et la sérigraphie offrent une dimension complexe et imprévue à des compositions picturales uniques. Eva Nielsen permet au regardeur d’explorer, selon des strates successives et immersives, les paysages qu’elle arpente. La peintre-photographe-plasticienne superpose ces étapes pour semer le doute sur la fabrique de l’œuvre. »
- Ses œuvres ont notamment été exposées au Kunsthaus Baselland (Suisse) ; au MAC VAL (Vitry-sur-Seine) ; à LACE à Los Angeles (Californie) ; à Plataforma Revolver au Portugal ; au BNKR à Munich (Allemagne) ; au Perm Museum en Russie et au Kunsthal Charlottenborg au Danemark.
Lionel Sabatté
- Né en 1975 à Toulouse
- Vit et travaille à Paris et à Los Angeles
- Représenté par la galerie Ceysson & Bénétière (Paris, New York, Tokyo, Koerich, Lyon, Genève, Saint-Etienne, Pannery).
- « Pratiquant à la fois la peinture, le dessin et la sculpture, Lionel Sabatté tâche de faire dialoguer l’ensemble de ses œuvres dans une interconnexion permanente. L’artiste entame depuis plusieurs années un processus de récolte de matériaux qui portent en eux la trace d’un vécu : poussière, cendre, charbon, peaux mortes, souches d’arbres… Ces éléments sont combinés de manière inattendue et les œuvres ainsi créées portent en elles à la fois une délicatesse mais aussi une “inquiétante étrangeté”, donnant vie à un bestiaire hybride. »
- Son travail est notamment présent dans plusieurs collections tels que le Musée d’Art Moderne et Contemporain de Saint-Étienne Métropole, le CNAP ou le CAFA Art Museum à Beijing (Chine).
Xie Lei
- Né en 1983 en Chine
- Vit et travaille à Paris depuis 2006
- Représenté par la galerie Semiose (Paris)
- « La pratique de l’artiste-peintre Xie Lei ouvre la voie d’un langage traduisant son univers sensible et un terrain d’expérimentation pour creuser la spécificité de ce médium dans la contemporanéité. Sa pratique part du réel mais s’en échappe pour explorer des mondes équivoques, incertains, que son imaginaire transforme. La plupart de ses tableaux renvoient à des souvenirs littéraires et cinématographiques, ou bien puisées au creuset profond des sentiments. »
- Ses œuvres ont notamment été exposées dans plusieurs institutions : Fondation Louis Vuitton ; MO.CO, Montpellier ; CAPC de Bordeaux ; Villa Noailles à Hyères ; Collection Lambert à Avignon ; MAC VAL ; Langen Foundation à Neuss (Allemagne) ; Musée national de l’histoire de l’immigration à Paris ; Fondation d’entreprise Ricard.
Jury de l’édition 2025
• Xavier Rey,
Directeur du musée national d’art moderne @ Centre Pompidou
directeur du Musée national d’art moderne, Centre Pompidou, président du Jury
• Claude Bonnin, collectionneur, président de l’Adiaf
• Akemi Shiraha, représentante de l’association Marcel Duchamp
• Laurent Dumas
Président du conseil d’administration @ Beaux-Arts de Paris (ENSBA) • Président du conseil de surveillance @ Emerige
• Prix Montblanc de la Culture 2015
• Chevalier de l’Ordre des Arts et des…
, président du conseil d’administration de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris
• Fabrice Hergott
Directeur @ Musée d’art moderne de Paris
, directeur du Musée d’Art Moderne de Paris
• Ann Veronica Janssens, artiste (Belgique/Royaume-Uni)
• Yan Pei-Ming, artiste (Chine/France)
• Patrizia Sangretto Re Rebaudengo, collectionneuse (Italie)
• Manuel Segade, directeur du Musée national centre d’art Reina Sofia (Espagne)
• Aurélie Voltz
Directrice @ Musée d‘art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole (MAMC+)
, directrice du Musée d’art contemporain de Saint-Étienne Métropole.
La vocation du Prix est-elle de faire rayonner des artistes de la scène française déjà bien identifiés à l’international ?
L’objet du Prix est double. Il n’est pas destiné à récompenser des artistes émergents. Sa vocation est de soutenir des artistes qui ont des ambitions à l’international en s’adressant à des artistes de moins de 50 ans français ou étrangers qui travaillent en France.
Par ailleurs, notre intérêt est de faire connaître les artistes de la scène française à l’étranger, en y organisant des expositions d’artistes nommés ou lauréats. Nous avons par exemple réalisé en 2025 une exposition à Budapest qui réunissait une douzaine d’artistes du Prix, avec l’Institut français. Depuis la création du Prix nous avons organisé près de 25 expositions à l’étranger, dont une très importante en Chine au Red Brick Art Museum de Pékin en 2019, qui a reçu plus de 200 000 visiteurs.
En outre, nous sommes partenaires d’Artprice
• Création en 1997 par Thierry Ehrmann• Artmarket.com est l’acteur global du marché de l’art avec entre autres son département Artprice, leader mondial des banques de données sur la cotation et les…
, mécène de l’association, qui diffuse des informations sur les artistes dans une centaine de pays dans 11 langues et contribue ainsi à faire connaître le Prix à l’international.
Les jeunes artistes remettent de plus en plus en question l’aspect concurrentiel des Prix pour leur préférer une récompense collective. Avez-vous songé à redéfinir les modalités d’obtention du Prix Marcel Duchamp ?
Les Prix existent dans de nombreux domaines, en littérature, dans le cinéma ou dans le sport et sont très appréciés. Le Prix Marcel Duchamp doit rester un Prix même si nous récompensons les quatre artistes nommés.
Le marché de l’art mondial connaît une baisse de 33 % du produit des ventes pour se situer à 9,9 Md$ (9,1 Md€) en 2024, selon le rapport Artprice. Cela a-t-il un impact sur la scène française contemporaine ?
La scène française sur le plan mercantile est en souffrance en raison de la situation financière mondiale. Mais les États-Unis également puisque de nombreuses galeries ferment.
Comment est financée l’Adiaf ?
L’Adiaf, qui réunit 300 membres collectionneurs, est financée par des mécènes, telles que des banques et des fondations, et par les cotisations de nos membres qui se situent entre 310 € et 6 000 €.
Quelles sont les autres actions de l’Adiaf pour soutenir les artistes contemporains ?
L’Adiaf soutient également l’émergence en attribuant une bourse aux jeunes artistes. Cela nous permet d’identifier de potentiels futurs artistes du Prix Marcel Duchamp et d’observer l’évolution de la scène contemporaine. Les sujets sociétaux ont notamment pris une place beaucoup plus importante dans la création des artistes qu’il y a 20 ans.
Nous organisons aussi une triennale qui réunit les œuvres acquises par les collectionneurs de l’Adiaf »Nous organisons aussi une triennale « De leur temps ». La 8e édition qui aura lieu au Musée d’art contemporain à Marseille en avril 2026 réunira les œuvres acquises par les collectionneurs de l’Adiaf sur les trois dernières années. L’exposition est conçue par le conservateur du musée et réunit 120 œuvres que nous avons sélectionnées sur plus de 700 pièces, autour d’une thématique.
Le souhait de l’Adiaf serait de réaliser davantage d’expositions à l’étranger et de soutenir encore davantage l’émergence mais pour cela, nous avons besoin de moyens financiers et de créer des liens avec des collectionneurs étrangers.
Claude Bonnin
Président @ Association pour la Diffusion Internationale de l’Art Français (ADIAF)
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Parcours
Vice-président exécutif de l’Adiaf
Secrétaire général
Fiche n° 55110, créée le 15/10/2025 à 11:00 - MàJ le 15/10/2025 à 11:06
Association pour la Diffusion Internationale de l’Art Français (ADIAF)
• Fondée en 1994
• Regroupe 300 collectionneurs d’art contemporain
• Missions :
- contribuer au rayonnement international de la scène artistique française
- sensibiliser un large public à la vitalité et l’importance de la création contemporaine
• Actions :
- création en 2000 du Prix Marcel Duchamp distinguant un artiste résidant en France
- création de l’exposition triennale « De leur temps » en 2004
- création des Bourses Emergence Adiaf-Catawik en 2022.
• Président : Claude Bonnin (depuis 2021)
• Contact : Alain Lombard, délégué général depuis le 01/07/2024
• Tél. : 01 40 54 93 81
Catégorie : Divers Public
Adresse du siège
23, quai Voltaire75007 Paris France
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Fiche n° 650, créée le 14/10/2013 à 11:58 - MàJ le 24/10/2025 à 10:53
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