Salle Gaveau : rachat de la marque et du fonds de commerce par Jean-Marc Dumontet

Pourquoi vous-êtes vous intéressé à la salle Gaveau ?

C’est un lieu qui ne demandait qu’une chose : disposer d’un nouveau souffle. J’ai la grande chance de reprendre cette salle auprès de ces propriétaires qui se sont battus pendant 50 ans de manière tout à fait remarquable. Mais au bout d’un moment, il y a besoin de nouvelles idées, et un œil neuf permet de les apporter. J’arrive dans un lieu d’excellence, au potentiel extraordinaire, que je vais essayer d’ouvrir modestement, pour élargir son audience. Je souhaite l’ouvrir sur de nouvelles disciplines, tout en en conservant évidemment sa colonne vertébrale.

Quelle proportion comptez-vous donner au classique, par rapport aux autres répertoires ?

La musique classique, et par extension la musique, est la colonne vertébrale de Gaveau. Au cours de la prochaine année - et c’est ce que je fais chaque fois que je rachète une salle -, je vais multiplier les rencontres pour voir comment les artistes réagissent à la salle, comment ils l’envisagent. À partir de là, je pourrai déterminer les choses. Il est encore trop tôt pour donner la coloration future de la salle ; je ne la connais pas encore. Les cessions d’entreprise vont assez rapidement, et à partir de là vous jaugez un potentiel, vous regardez les forces que vous avez en main pour pouvoir imaginer des projets artistiques, et ensuite vous allez apprendre en étant aux manettes de la salle. Je reprends cette salle avec prudence et modestie. La Salle Gaveau va m’apprendre beaucoup de choses et je vais trouver des évidences que je n’ai pas aujourd’hui.

Si la programmation n’est pas encore déterminée, en revanche vous avez déjà acté l’ouverture d’un restaurant. De quel constat êtes-vous parti ?

C’est parti d’un constat très simple : il y a déjà un restaurant mais qui était fermé. On le voit au Théâtre du Rond-Point, les restaurants sont un lieu d’animation extraordinaire pour un théâtre. Gaveau a besoin d’être vivifié et je pense qu’un restaurant peut lui apporter cela, en ce que ça vient créer un lieu de vie.

Et puis, Gaveau est située dans un quartier où il y a beaucoup de bureaux et finalement peu d’offres de restauration. Donc ce restaurant peut être un supplément, mais surtout il va faire vivre le lieu. Car un théâtre est un lieu qui doit vivre tout le temps, pas simplement le soir.

Vous procédez à ce rachat dans un contexte économique délicat où, par ailleurs, les pratiques des publics évoluent.

Le contexte n’est pas délicat, ce n’est pas vrai. Les théâtres publics sont dans des difficultés et des contraintes budgétaires importantes, mais je ne parle pas d’eux. Dans les théâtres privés, la fréquentation est au rendez-vous.

Il y a des spectacles qui marchent très bien, d’autres moins. Notre métier, c’est de savoir susciter du désir, à partir des spectacles. Ça n’est pas simple, on se trompe souvent, on réussit parfois. Nous faisons un métier d’artisan, il n’y a aucune martingale, mais nous avons les cartes en main. C’est à nous de travailler suffisamment pour réussir à trouver les plus beaux projets, c’est à nous d’être exigeants et bienveillants avec les artistes que nous accompagnons.

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