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Think Culture 2022 : « Création et RSE sont au cœur du projet de la Sacem 3.0 » (Cécile Rap-Veber)

News Tank Culture - Paris - Actualité n°262958 - Publié le 06/09/2022 à 12:30
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©  Seb Lascoux
Cécile Rap-Veber - ©  Seb Lascoux

« Création, innovation, responsabilité sociétale des entreprises et écologie, je suis certaine que de prime à bord, ces thèmes peuvent sembler disparates, hétérogènes. Et pourtant tous ces sujets sont au cœur du projet de la Sacem • Organisme privé, la Sacem est une société à but non lucratif gérée par les créateurs et les éditeurs de musique qui composent son Conseil d’administration.• Création : 11/02/1850• Missions :… 3.0 lancé cette année, dont l’objet est la transformation interne de notre société drivée par l’innovation. Cela forme un tout complémentaire qui va nous aider à conserver notre leadership. Nous y parviendrons par une utilisation intelligente de l’innovation et ce sens du service et de l’humain qui nous caractérise en France », déclare Cécile Rap-Veber Directrice générale-gérante @ Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem)
, directrice générale-gérante de la Sacem, lors d’une keynote de la 7e édition de Think Culture au Centre Pompidou (Paris 4e), organisée par News Tank Culture,  le 06/09/2022.

« Nous sommes un modèle pour de nombreuses sociétés. Nous devons le rester et même devenir beaucoup plus vertueux. Nous devons apporter plus de services aux créateurs et aux éditeurs, être plus transparent, inventer les modèles économiques de demain, protéger nos membres et nos collaborateurs, participer à la révolution environnementale du digital pour que, plus que jamais, les artistes puissent créer et que la Sacem fasse vivre ceux qui nous font rêver. »


« Imposer des modèles contractuels innovants » (Cécile Rap-Veber, Sacem)

  • Création, innovation, responsabilité sociétale des entreprises et écologie, je suis certaine que de prime à bord, ces thèmes peuvent sembler disparates, hétérogènes. Et pourtant tous ces sujets sont au cœur du projet de la Sacem 3.0 lancé cette année dont l’objet est la transformation interne de notre société drivée par l’innovation.
  • Alors déjà qu’est-ce que la Sacem ? La Sacem, société des auteurs, des compositeurs et éditeurs de musique, est une société de gestion collective créée en 1851, la première au monde pour la musique, qui appartient à ses seuls membres, et qui n’a cessé de se réinventer depuis 170 ans au fur et à mesure de ce que l’on a appelé et qu’on appelle toujours “les nouveaux usages dans la consommation de la musique”. L’apparition du phonogramme après qu’on ait d’abord connu les concerts, puis la radiodiffusion, le vinyle, la télévision, le CD, le téléchargement, le streaming, sont des révolutions qui ont contraint la Sacem à s’adapter pour aller collecter des droits d’auteurs auprès de chaque diffuseur.
  • Les transformations technologiques ont entraîné ces dernières années de profonds bouleversements des modes de consommations des contenus culturels, et cette tendance s’accélère aujourd’hui tant dans le domaine musical qu’audiovisuel. En effet si la culture anglo-américaine a toujours su s’exporter, les diffuseurs restaient très locaux, nationaux, que ce soit par les chaînes de distribution des supports (Fnac, Carrefour), la radio ou la télédiffusion. Or le téléchargement d’abord, mais surtout le streaming ont permis à des acteurs mondiaux d’être les opérateurs uniques sur tous les territoires.
  • Si l’activité de négociation et de collecte de la Sacem est ainsi longtemps restée locale, en France principalement, l’émergence de ces acteurs mondiaux comme Apple, Google, Spotify, a amené la Sacem depuis 2013 à collecter directement, dans plus de 200 territoires dans le monde, les droits attachés au streaming, pour les répartir à plus de 300 000 créateurs membres de la Sacem ou représentés par elle via des mandats conclus avec les plus grands éditeurs ou sociétés de gestion collective au monde.
Une obsession : extraire la juste valeur sur chaque exploitation »
  • C’est ainsi qu’aujourd’hui nous allons chercher les droits d’auteurs de DJ Snake, Clara Luciani, Orelsan, mais aussi ceux de Taylor Swift, BTS, Coldplay dans le monde entier. Et avec une obsession : extraire la juste valeur sur chaque exploitation, auprès de chaque nouvel acteur, pour défendre les intérêts des créateurs et éditeur de musique, dans l’esprit de la gestion collective.
  • L’esprit de la gestion collective c’est quoi ? Réunis tous ensemble dans un même catalogue, nous négocions alors un taux unique applicable à tous nos ayants-droit, et ce y compris le jeune créateur qui vient de rejoindre la Sacem et qui bénéficie donc du taux des stars susvisées.
  • Pour attirer ces stars et les grands répertoires, et les conserver, la Sacem se doit bien évidemment d’être la meilleure dans la négociation des contrats de licences. Et cette bataille est importante car il y a encore une rémunération insuffisante sur une partie des streams. L’innovation a en effet permis l’explosion des usages numériques notamment gratuits sur YouTube, Facebook, Instagram, Tik Tok… accompagnés de l’absence de réel modèle rémunérateur. Et on voit aussi de démultiplier les nouveaux usages et nouvelles formes d’exploitation que sont la SVOD service de vidéo à la demande par abonnement , TV délinéarisée, les podcasts là aussi sans réelle rémunération.
Nous avons imaginé la plateforme URights, coconstruite avec IBM »
  • Il faut donc imposer des modèles contractuels innovants permettant d’aller chercher de la valeur dans ces usages. Cependant la négociation des contrats ne suffit pas. Il faut désormais aussi exceller dans la gestion des data. Car pour facturer les droits d’auteurs, la Sacem reçoit des plateformes, mois par mois, chaque stream effectué sur les 200 territoires évoqués. Il nous a donc fallu relever le défi de l’innovation. C’est ainsi que nous avons imaginé la plateforme URights qui a été coconstruite avec IBM, unique plateforme à apporter autant de transparence et de rapidité dans le traitement de la donnée et la gestion des droits. Et qui a traité l’année dernière plus de 170 000 milliards de streams et facturé plus de 350 millions d’euros de droits numériques.
  • Mais il faut déjà penser à demain car de nouveaux bouleversements technologiques sont déjà là : les NFT (Token non-fongible) Jeton numérique stocké sur une blockchain possédant des caractéristiques qui lui sont propres. Il est par nature unique et ne peut pas être remplacé par un autre. , l’intelligence artificielle, le métavers. Et si l’innovation passe par la tech, elle passe aussi par le développement juridique. L’Europe, et plus particulièrement la France, peut s’enorgueillir d’avoir le meilleur cadre légal et réglementaire de droit d’auteur. Avec les dernières directives, la réglementation européenne assure une protection des œuvres bien plus forte que dans le reste du monde, mais il faut continuer à défendre ces droits. Il nous faut donc continuer à travailler sur l’environnement réglementaire pour s’atteler à définir quels sont les droits des créateurs et éditeurs de musique dans ces nouveaux environnements.
  • C’est ainsi que nous parviendrons à obtenir des taux de rémunération équitables sur les services existants, mais aussi à développer des modèles de monétisation sur les nouveaux modes d’exploitation des œuvres. C’est le pilier fondamental qui nous permet aussi d’attirer, dans le répertoire de la Sacem, des répertoires étrangers bien moins protégés comme aux États-Unis, en Afrique ou en Asie.
  • Depuis 9 ans, nous sommes ainsi parvenus à être la première société de gestion collective de droits, devant les sociétés anglaises et américaines en matière de collectes. Nos œuvres et nos créateurs s’écoutent dans le monde entier faisant du répertoire de la Sacem, le deuxième plus exporté au monde après l’anglo-saxon.
  • L’attractivité de la culture française n’est plus à démontrer et le droit d’auteur à la française constitue un attribut exceptionnel, qu’il faut continuer à défendre pour que la culture française soit aussi considérée un “soft power” et un élément de souveraineté à l’instar du luxe et de la gastronomie.
S’adapter dans un domaine en pleine mutation mais pour lequel nous sommes leaders »
  • Tout l’enjeu aujourd’hui, dans un monde globalisé où la concurrence s’organise de plus en plus, réside à savoir s’adapter dans un domaine en pleine mutation mais pour lequel nous sommes leaders. Or si notre société a toujours su s’adapter l’accélération de la transformation nous impose aujourd’hui aussi de nous transformer plus vite, en nous appuyant sur l’innovation, tout en préservant la maîtrise de notre savoir et nos compétences.
  • C’est tout l’objet de la transformation interne et de la Sacem 3.0. Préserver des fondamentaux, tout en s’alliant avec des sociétés importantes de tech ou des start-ups pour bénéficier de leur connaissance et d’une plus grande agilité. Cette innovation s’inscrit dans tous les organes de la société avec la mise en place par le Conseil d’administration d’un Conseil pour la Stratégie et l’innovation et la constitution de deux nouveaux départements « Sacem Lab » d’une part et « Développement » d’autre part au niveau de l’administration, ces trois entités interagissant entre elles et avec l’ensemble des Directions.
  • C’est ainsi que notre département Sacem Lab. a noué des accords avec la Plaine Image, Station F, Wallifornia et d’autres pour travailler ensemble sur les NFT, le Métaverse, bref toutes nouvelles exploitations qui permettraient de créer de la valeur pour nos créateurs et éditeurs de musique. Et il ne faut bien évidemment pas oublier l’innovation au service de la création à travers les nouveaux modes de composition ou d’enregistrement comme le son immersif ou l’utilisation de l’intelligence artificielle et aussi l’enregistrement des millions d’œuvres chaque année dans nos bases et qui regroupe désormais parfois jusqu’à 30 ayants-droit chacune. Et si l’ouverture de la Sacem vers l’univers de la music tech doit s’accompagner de nouveaux revenus pour ses membres et de meilleurs services, l’innovation doit aussi participer à ce que nous soyons plus vertueux en termes de consommation d’énergie.
Nous travaillons à l’étude d’implantation de dalles photovoltaïques »
  • Les 170 000 milliards de streams de 2021 vont devenir 500 000 milliards, le web3 va démultiplier les transactions, le cloud va consommer et surconsommer. La Sacem a déjà fait des choix plus vertueux, notamment dans sa nouvelle application d’horodatage d’œuvres musicales dénommée “Music Start” en retenant une blockchain green moins énergivore.
  • Nous travaillons aussi à l’étude d’implantation de dalles photovoltaïques qui pourraient nous permettre d’être plus autonomes et plus respectueux de l’environnement. Nous réfléchissons aussi à transformer la flotte automobile de nos agents dans toute la France avec le passage à du 100 % électrique.
  • L’ensemble de ces actions fait partie du plan RSE lancé cette année par la Sacem 3.0. Car être innovant c’est aussi travailler à une meilleure responsabilité sociétale de l’entreprise. Au-delà des aspects technologiques, il y a aussi une ambition humaine qui se traduit par une politique RH innovante pour améliorer l’égalité femmes-hommes, mettre en œuvre une meilleure prise en charge du handicap tant pour nos sociétaires que pour nos salariés, et faire que nos collaborateurs ressemblent plus à nos membres pour aider à construire la proximité indispensable à la relation créateurs-éditeurs avec leur société de gestion de droits. L’inclusion et la diversité doivent ainsi aussi être mises en avant. Cette prise de conscience doit permettre à la Sacem d’être une société incarnant le 21e siècle.
  • En conclusion, comme je vous le disais en introduction, la création, l’innovation, la responsabilité sociétale des entreprises et l’écologie forment un tout complémentaire qui va nous aider à conserver notre leadership. Nous y parviendrons par une utilisation intelligente de l’innovation et ce sens du service et de l’humain qui nous caractérise en France. Nous sommes un modèle pour de nombreuses sociétés. Nous devons le rester et même devenir beaucoup plus vertueux. Apporter plus de services aux créateurs et aux éditeurs, être plus transparent, inventer les modèles économiques de demain, protéger nos membres et nos collaborateurs, participer à la révolution environnementale du digital pour que, plus que jamais, les artistes puissent créer et que la Sacem fasse vivre ceux qui nous font rêver.

    Cécile Rap-Veber, directrice générale-gérante de la Sacem, au Centre Pompidou le 06/09/2022

Cécile Rap-Veber


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Parcours

Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem)
Directrice du développement, de l’international et des opérations
Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem)
Directrice des Licences, de l’International et des Opérations
Universal Music France
Directrice d’Universal Music Consulting & Content
Universal Music France
Directrice des affaires juridiques et commerciales
Cabinet Sylvain Jaraud
Avocate

Fiche n° 11784, créée le 03/06/2015 à 17:51 - MàJ le 27/06/2024 à 14:56

Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem)

• Organisme privé, la Sacem est une société à but non lucratif gérée par les créateurs et les éditeurs de musique qui composent son Conseil d’administration.

• Création : 11/02/1850

• Missions :
-
représenter et défendre les intérêts de ses membres en vue de promouvoir la création musicale sous toutes ses formes (de la musique contemporaine au jazz, rap, hip-hop, chanson française, musique de films, musique à l’image…) mais également d’autres répertoires (humour, poésie, doublage-sous titrage, auteur-réalisateur de programmes musicaux…)
- collecter les droits d’auteur et les répartir aux créateurs et éditeurs dont les œuvres ont été diffusées ou reproduites.
• Collectes 2023 : 1,487 Md€ , soit +5 % comparé à 2022 (1,413 Md€)
• Répartitions 2023 : 1,233 Md€, soit +17 % par rapport à 2022 (1,056 Md€)
224 470 membres, dont 13 870 nouveaux sociétaires en 2023
• Droits répartis à 458 000 auteurs, compositeurs et éditeurs en 2023

• Président du conseil d’administration : Patrick Sigwalt (depuis le 19/06/2024)
• Directrice générale-gérante : Cécile Rap-Veber
• Directeur général adjoint : David El Sayegh
• Contact : Mathilde Gaschet, directrice du service de presse et des relations médias
• Tél. : 06 87 74 23 04


Catégorie : SPRD


Adresse du siège

225 Av. Charles de Gaulle
92200 Neuilly-sur-Seine France


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Fiche n° 79, créée le 27/09/2013 à 13:23 - MàJ le 14/11/2024 à 16:40

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