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Think 2022 : « Le réemploi oblige à penser au-delà des besoins immédiats » (Thibault Sinay, UDS)

News Tank Culture - Paris - Actualité n°262858 - Publié le 07/09/2022 à 18:40
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©  Seb Lascoux
Jacques Renard, Thibault Sinay, Julien Bernard et Patrick Comoy - ©  Seb Lascoux

« Les notions d’éco-conception et de réemploi obligent à penser au-delà des besoins immédiats que demande la production d’un spectacle ou d’une exposition. Nous devons produire en réfléchissant à l’usage d’un élément, à son cycle de vie et à ce qu’il va devenir demain. Comment le stocker ? Comment le réemployer ? Comment le démanteler ? », indique Thibault Sinay, président de l’Union des Scénographes, lors du débat « L’éco-responsabilité et ses conséquences financières : la baisse des coûts, vraiment ? » dans le cadre de la 7e édition de Think Culture Événement dédié à l’innovation dans le pilotage de la culture, organisé par News Tank Culture au Centre Pompidou • Établissement public culturel pluridisciplinaire ouvert en 1977.• Réunit le MNAM (Musée national d’art moderne), le CCI (Centre de création industrielle), le DCC (Département culture et création)… (Paris 4e), organisée par News Tank Culture, le 06/09/2022.

« Très souvent, les enjeux de responsabilité écologique visent à améliorer l’empreinte carbone, à moins consommer au sens large et donc à moins dépenser. La conséquence est que ces mesures coûtent plus cher en investissement, nécessitent une réflexion stratégique, des coûts d’ingénierie (…) Les contraintes économiques des institutions faisaient qu’elles avaient tendance, historiquement, à privilégier une vision à très court terme. Aujourd’hui, les mentalités évoluent », déclare Julien Bernard, président de Nova Consulting • Cabinet de conseil en stratégie, spécialisé dans l’analyse de la performance et l’optimisation de la rentabilité des investissements (culture, sport, tourisme et marques) • Création … .

« Avant même d’entrer dans l’ajustement et l’orientation des financements, figurent des choses incontournables comme le fait de pouvoir mesurer, de savoir ce que telle activité ou telle action a comme impact. Ce n’est pas encore fait pour tous les secteurs et toutes les activités. Nous devons nous assurer que ce type de processus devienne plus simple, que des outils soient rendus disponibles, partagés, parfois labellisés. Il nous faut aussi nous assurer que ces outils sont de bons outils et que chacun puisse s’en saisir, notamment en les rendant disponibles en open source Méthode d’ingénierie logicielle qui consiste à développer un logiciel, ou des composants logiciels, et de les laisser en libre accès . La deuxième chose incontournable est la possibilité pour les acteurs des filières culturelles de se former », ajoute Patrick Comoy, chargé de la transition écologique auprès du secrétaire général du ministère de la Culture • Création : 1959 • Missions : - rendre accessibles au plus grand nombre les œuvres capitales de l’humanité et d’abord de la France, - conduire la politique de sauvegarde, de protection et de… .

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« Produire en pensant à l’usage d’un élément, à son cycle de vie et à ce qu’il va devenir demain » (Thibault Sinay)

  • « Nous vivons une crise, avec une inflation du prix des matières premières, de l’énergie et des matériaux. La scénographie est une grande consommatrice de bois, dont le prix a connu une inflation de 18 %, et de métal (+20 %). Nous travaillons surtout avec des matériaux légers et résistants, comme l’aluminium, qui connaît également une pénurie. Nous sommes donc confrontés à des problématiques de coûts de matériaux, avant même de pouvoir ouvrir une quelconque réflexion.
  • Les notions d’éco-conception et de réemploi obligent à penser au-delà des besoins immédiats que demande la production d’un spectacle ou d’une exposition. Nous devons produire en réfléchissant à l’usage d’un élément, à son cycle de vie et à ce qu’il va devenir demain. Comment le stocker ? Comment le réemployer ? Comment le démanteler ? Il existe trois grands principes pour les scénographes. Tout d’abord, éco-concevoir : par exemple, réfléchir à une standardisation des formats pour réduire les déchets et les découpes inutiles. Ensuite, l’éco-construction : chercher de nouveaux matériaux, utiliser des peintures recyclées, bannir le polystyrène, réfléchir à des assemblages… Enfin, il y a l’éco-destruction qui invite à penser au stockage, au réemploi et au désassemblage.
  • Le stockage est une problématique pour les lieux de spectacle, tout comme les musées. Beaucoup nous disent “nous n’avons pas de lieu où stocker les cimaises pour pouvoir les réemployer” ou “nous voulons les donner à un autre musée, mais il nous manque une zone tampon pour les stocker, du temps pour que le musée puisse venir les récupérer, une personne pour tout organiser”. Pendant la crise du Covid, le ministère de la Culture a permis la production de beaucoup de spectacles, même s’ils n’étaient pas diffusés. La plupart des théâtres ont donc stocké et sont aujourd’hui en saturation. Beaucoup n’ont pas de zone de stockage propre, ce qui les oblige à stocker dans des containers. Or, ce ne sont pas des bonnes conditions. Si on récupère un décor qui a été mal stocké, on est obligé de le jeter ou de le reconstruire.
  • La question de la mutualisation commence à émerger. La région de Lyon a par exemple lancé un grand projet de mutualisation entre les acteurs culturels du spectacle vivant, de l’opéra et des musées et a créé une recyclerie à l’échelle régionale.
  • Il faut investir dans une nouvelle façon de penser le réemploi. Dès le départ, nous investissons dans des matériaux durables, pour pouvoir facilement les réutiliser ou les adapter. Je pense par exemple au châssis, l’armature de nos décors. Nous partons sur un squelette standard sur lequel on pose une peau interchangeable, que nous pouvons modifier ou adapter à chaque occasion. Ce sont des principes classiques qui existaient déjà au XVIIIe siècle. Un autre exemple anodin : sur la porte des loges, il y a un papier où est inscrit le nom de l’artiste et qui est changé tous les jours. Nous pouvons dire que nous nous adaptons si nous mettons un papier recyclé et que nous imprimons avec une encre écologique. Mais si nous voulons vraiment changer nos pratiques, nous devons oublier cet usage et investir dans une ardoise et des craies. 
    Thibault Sinay - ©  Seb Lascoux
  • Les réglementations ignifuges sont un frein au réemploi, puisque aujourd’hui les scénographies répondent aux normes des établissements recevant du public, qui obligent l’ignifugation de tous les éléments. Sorti de son décor d’origine, un élément unique perd son homologation. Il est donc difficile de le réemployer sans avoir à le ré-ignifuger ou le rectifier. C’est un vrai combat : nous voulons que les pouvoirs publics comprennent notre difficulté. De plus, les produits ignifuges sont pour la plupart des produits cancérigènes et polluants, que nous devons rajouter à des décors pourtant conçus avec des peintures ou des bois produits de façon écologique.
  • Nous travaillons avec différents collectifs pour sensibiliser à la notion de réemploi des décors et pour encourager les initiatives qui émergent. Il y a un manque de formation des scénographes et directeurs techniques, ainsi qu’un manque de compréhension des directeurs artistiques qui nous font travailler dans des temps qui empêchent d’avoir toute réflexion et tout travail en amont. Les scénographes ont tous envie de faire changer les choses, mais ils sont confrontés aux réalités du métier, moi le premier. Par exemple, je travaille sur une création à l’Opéra de Montpellier et je suis confronté aux contraintes de temps nécessaire et de coût budgétaire, en particulier avec l’inflation du prix des matériaux. Le texte de cet opéra, qui traite du développement durable, impose 24 lieux différents, demandant d’importants changements de décors. Les auteurs sont donc aussi responsables.
  • Je n’invite pas à faire une mise à jour de nos pratiques ou à nous adapter, mais à changer de logiciel. C’est le vrai défi de demain, qui demande du temps. Un temps de réflexion, de recherche des matériaux, de conception, de formation, d’innovation. Le coût premier est celui du temps, un coût que personne n’a envie d’assumer. »

    Thibault Sinay

« Développer des outils transversaux pour contribuer collectivement à ces questions » (Julien Bernard)

  • « Aujourd’hui, les musées ayant des travaux à faire, qu’il s’agisse de travaux de rénovation ou de la réalisation de nouvelles infrastructures, se posent tous des questions en lien avec l’éco-responsabilité. Cela ne date pas de la crise sanitaire, mais remonte à quatre ou cinq ans. Nous intégrons également systématiquement cette question dans nos réflexions. Très souvent, ces enjeux de responsabilité écologique visent à améliorer l’empreinte carbone, à moins consommer au sens large et donc à moins dépenser. La conséquence est que ces mesures coûtent plus cher en investissement, nécessitent une réflexion stratégique, des coûts d’ingénierie. Il y a presque une dizaine d’années, nous travaillions déjà sur les questions d’isolation. À la suite de sa rénovation, Le Musée des Beaux-Arts de Dijon • Situé dans l’ancien palais des ducs de Bourgogne devenu palais des États • Ouvert en 1799 • Collection : 130 000 pièces de l’Antiquité à l’art contemporain • Direction : David Liot, directeur… , par exemple, est en mesure d’économiser plus de 15 % d’énergie. Les contraintes économiques des institutions faisaient qu’elles avaient tendance, historiquement, à privilégier une vision à très court terme. Aujourd’hui, les mentalités évoluent.
  • Depuis deux-trois ans, la dimension écologique au sens large figure, de manière systématique, comme une priorité dans l’évaluation de la politique et des investissements culturels des collectivités. Cela nécessite des métriques, des indicateurs de mesure. Dans tous les appels d’offres que nous accompagnons figure un critère de décision lié à l’écologie. Il va falloir objectiver cette dimension qui est vitale, car il est possible de faire évoluer les mentalités que ce soit par la puissance publique, l’État ou les financeurs. Les collectivités elles-mêmes veulent mesurer la question de l’empreinte carbone au niveau du territoire. Depuis une quinzaine d’années, nous avons développé des études sur les retombées économiques, nous en produisons aujourd’hui sur les retombées écologiques.
  • 50 % de nos projets sont faits pour des opérateurs privés, qu’il s’agisse d’exploitants privés ou de financeurs, constructeurs, exploitants. L’ensemble des acteurs savent que ces enjeux constituent leur priorité sur les cinq prochaines années, en raison de la crise liée aux coûts, que ce soit sur l’énergie, l’exploitation ou la construction. Malgré les mesures protectrices de l’État, cette crise implique, pour les patrons d’entreprise, de trouver des solutions. Les entreprises ont créé des outils de mesure. Notre métier consiste à développer des outils transversaux pour contribuer collectivement à ces questions. Or, nous en manquons énormément. L’empreinte carbone peut être adaptée, le Shift Project a d’ailleurs travaillé sur le sujet, mais l’enjeu clé pour nos clients est de pouvoir évaluer de manière indépendante et transversale ce qu’est l’empreinte écologique au sens large et de s’entendre sur la métrique adaptée. 
    Julien Bernard - ©  Seb Lascoux
  • Aujourd’hui, lorsqu’on s’inscrit dans une logique de spectacle vivant, l’un des éléments fondamentaux est la tournée d’un spectacle. Par définition, cette logique n’est pas écologique. Les tourneurs quels qu’ils soient avaient historiquement une logique artistique, stratégique, économique souvent, mais ne fixaient pas les transports à partir de l’empreinte écologique des tournées. Il est extrêmement compliqué de changer les pratiques en peu de temps, mais nous pouvons travailler à minimiser les temps de transports de l’ensemble des acteurs. Nous avons créé un indicateur, à savoir la somme des kilomètres d’une équipe travaillant sur une production. Si un artiste a besoin de se rendre partout, est-il forcément nécessaire de faire voyager l’ensemble des éléments du spectacle dans le monde entier ? De la même manière, pour les visiteurs ou les spectateurs, une réflexion stratégique des collectivités et des institutions doit être menée. Nous mesurons de manière très directe la quantité de CO2 générée par un spectacle que nous pouvons modéliser.
  • L’éco-responsabilité peut coûter plus cher dans le bâtiment (isolation, construction), mais ce n’est pas vrai sur l’exploitation. L’éco-responsabilité peut faire gagner de l’argent à la fois en dépensant moins et en gagnant plus. Depuis trois ans, nous intégrons dans tous les cahiers des charges des concessions de restauration des institutions avec lesquelles nous travaillon le fait qu’il n’y ait plus, ou un minimum, de packaging non-nécessaire. Cet indicateur fait du bien à la planète et implique des coûts de production moindres. Cela génère aussi moins de déchets et donc de frais d’exploitation pour les évacuer, ce qui est positif pour les exploitants et les institutions. Il s’agit d’un exemple très concret d’économie qui peut être réalisée.
  • Cette question ne doit pas être abordée que de manière défensive. Le meilleur exemple étant le local, que nous intégrons à l’ensemble des consultations que nous accompagnons. Cela a d’abord un avantage citoyen, puisqu’en privilégiant les producteurs, les agriculteurs locaux, on favorise le commerce. Le deuxième avantage est que les gens s’y retrouvent, cela permet d’augmenter le taux de captation, le parc d’estomacs. Les gens restent dans les lieux culturels plutôt que d’aller au McDonald’s d’en face. La nourriture cuisinée par un chef étoilé locavore, à base de produits locaux, étant plus attractive. Le meilleur exemple est celui de Thierry Marx pour la Tour Eiffel qui a créé une guilde des fournisseurs parisiens. Des producteurs basés en Île-de-France sont à l’origine de 100 % des produits vendus sur la Tour Eiffel, alors que 80 % de la carte de l’ancien exploitant était étrangère (paninis, hot-dogs, cookies). Le taux de captation a augmenté de près de 30 % puisque lorsqu’on va à la tour Eiffel, on a plutôt envie de retrouver des producteurs locaux, ce qui permet d’optimiser l’économie positivement.
  • Nous avons une étude en cours sur la mutualisation de nos chiffres et de ceux de nos clients quant à l’économie écologique concrète et l’économie en exploitation versus le surcoût en investissement. Sur la partie infrastructures, nous avons des bases de données, des outils publiés chaque année qui nous permettent de donner des chiffres-clés sur ces questions. Des choses existent et nous travaillons ensemble à les généraliser.  »


    Julien Bernard

« Personne ne va de gaieté de cœur sur le terrain de l’éco-conditionnalité » (Patrick Comoy)

  • « Il n’existe pas vraiment de base documentaire sur la question des coûts. En revanche, il existe un certain nombre de bases documentaires sur la question des impacts, même si l’un des grands enjeux est que tous les impacts environnementaux ne sont pas couverts pour tous les types de structures, toutes les filières culturelles, toutes les échelles. Tout le monde a bien en tête les impacts en termes de pollution et de biodiversité. Je ne suis pas sûr que nous ayons des outils généralisés et aussi robustes sur le carbone. Il faut des outils prêts à l’emploi par opposition à des outils très macroéconomiques.
  • Le Shift Project se place du point de vue des institutions culturelles elles-mêmes. Certaines mesures représentent ainsi un coût zéro pour l’institution. Or, par exemple, le fait de changer les modalités de transports du public, à défaut d’engendrer un coût pour l’institution, en aura un pour les collectivités territoriales. Même dans les mesures les plus simples, l’augmentation des coûts se trouve quelque part et le ministère de la Culture ne peut ignorer cette question.
  • Les grands établissements ont déjà commencé à faire des changements, à repérer les économies faciles, les investissements qui rapportent ensuite. On peut notamment évoquer le relamping, le rétroéclairage, à savoir le remplacement par des LED diode électroluminescente . Cela implique un investissement qui induit un coût instantané, mais qui permet des économies en matière d’électricité sur le long terme. Notre rôle est d’identifier ces mesures et de partager l’information, les questions de normes.
  • Le gouvernement souhaite formuler une planification écologique pour l’ensemble des départements ministériels, dont le ministère de la Culture. Nous prenons déjà en compte cet enjeu, notamment à travers le fonds pour la transition écologique de la presse. Un programme de financement, dont l’appel à projets se terminait en fin d’année dernière, a également été lancé avec la Banque des territoires dans le cadre de France 2030 sur les alternatives vertes. Nous avons donc déjà mis en place des outils.
  • Derrière cette question, réside, par ailleurs, celle de l’éco-conditionnalité. Personne ne va de gaieté de cœur sur ce terrain, que ce soit le ministère ou le secteur culturel. L’enjeu de l’offre culturelle est tout simplement un enjeu démocratique, un droit des citoyens. Lorsque nous réfléchissons aux politiques publiques, à la manière de faire bouger les choses, cette donnée reste intangible. La manière dont les œuvres sont conçues et leur impact écologique impliquent de mûrir une réflexion, or la liberté de création est elle aussi intangible. 
    Patrick Comoy - ©  Seb Lascoux
  • Avant même d’entrer dans l’ajustement et l’orientation des financements, figurent des choses incontournables comme le fait de pouvoir mesurer, savoir ce que telle activité ou telle action a comme impact. Ce n’est pas encore fait pour tous les secteurs et toutes les activités. Nous devons nous assurer, que ce type de processus devienne plus simple, que des outils soient rendus disponibles, partagés, parfois labellisés. Il nous faut aussi nous assurer que ces outils sont de bons outils et que chacun puisse s’en saisir, notamment en les rendant disponibles en open source Méthode d’ingénierie logicielle qui consiste à développer un logiciel, ou des composants logiciels, et de les laisser en libre accès . La deuxième chose incontournable est la possibilité pour les acteurs des filières culturelles de se former. L’écoresponsabilité reste un sujet d’experts résidant plutôt dans les questions de bâtiment, d’éclairage. Or, il ne doit plus y avoir une personne unique en charge de l’écologie. Il doit s’agir d’un enjeu pour tous et que chacun admette qu’il doit apprendre sur ce sujet. »

    Patrick Comoy

« La question de la transmission se pose » (Thibault Sinay)

  • « Le ministère de la Culture ne fait pas forcément le lien avec les autres ministères sur ces sujets. Outre la question des coûts, se pose celle des subventions publiques. Le ministère de la Culture a beau dire qu’il préserve le budget, les subventions des collectivités locales et territoriales tendent à baisser drastiquement, les mécénats ont également diminué ou disparu pendant la crise, tandis que le public est de plus en plus absent ce qui implique une baisse générale des recettes dans la culture, malgré une augmentation du coût des matières premières et de l’énergie. Pour que le ministère s’investisse, il faut qu’il comprenne notre métier, ce qui n’est toujours pas le cas pour l’instant. Nous sommes, par ailleurs, confronté à quatre interlocuteurs différents au MC Ministère de la Culture . Lorsqu’il est question d’opéra, je dois parler au délégué musique, pour le théâtre à la déléguée théâtre, etc.
  • Il faut avoir le temps et les moyens de mettre en œuvre ces questions, mais se pose aussi la question du coût humain avec une pénurie administrative considérable. Le ministère de la Culture, en sortie de crise, n’a pas pris de mesure en ce sens. Que ce soit dans le spectacle vivant ou dans les musées, nous manquons d’une main-d’œuvre technique basique essentielle à tous les rouages. Même dans les industries culturelles et créatives, nos fournisseurs manquent de main-d’œuvre technique. L’humain constitue un sujet capital.
  • La nouvelle génération est souvent beaucoup plus sensible que nous, les professionnels. La question de la transmission se pose. Nous voyons dans nos propres pratiques que la mise en œuvre est très complexe. Nous sommes pleins de bonnes intentions, or il existe de nombreux endroits de blocage et un déficit de formation. Acquérir de nouvelles compétences, chercher de nouveaux matériaux, rencontrer les industriels demande du temps. Or, ce processus n’est pas valorisé. Aujourd’hui, les scénographes ne constituent même pas 5 % de la clientèle des ressourceries parce que le processus de création du spectacle vivant ne permet pas d’y travailler en raison des flux tendus, d’où la tendance à aller chercher des matières premières directement chez l’industriel. »

    Thibault Sinay
  • « Sur l’année 2022, l’économie de la culture se trouve dans une situation nettement meilleure qu’en 2019 à la fois en termes de visitorat, de dépense moyenne, d’engagement. L’inflation, la crise, va certainement y porter un coup. Or, aujourd’hui, en mettant de côté le cinéma et certaines formes de spectacle vivant, l’été que nous venons de vivre est synonyme, à hauteur de 75 %, d’une meilleure capacité d’autofinancement qu’auparavant. L’écologie devient le moyen de mieux vendre. Pour ce qui est des boutiques, nous arrêtons de faire produire en Chine pour travailler avec des PME Petites et moyennes entreprises locales, ce qui augmente les dépenses des visiteurs. Le mécénat n’a malheureusement jamais autant souffert que pendant le Covid. Or, en 2022, les indicateurs sont en rebond par rapport à 2019, notamment sur le mécénat individuel, à condition de travailler sur les bonnes thématiques. C’est aussi au secteur de la culture d’évoluer et de poursuivre des pistes économiquement rentables.
  • Au-delà de la formation, l’accompagnement est important surtout sur des sujets innovants et complexes, avec des normes qui changent tous les jours. C’est un sujet synonyme de savoir-faire qui implique la mise en place de formation, l’ingénierie, mais aussi l’accompagnement. Il nous faut avoir le temps, le budget et structurer cet accompagnement. »

    Julien Bernard
  • « Nous avons besoin d’avoir une compréhension transversale, de réaliser une mise en commun, de faire du partage entre filières. Au ministère de la Culture, nous sommes dans l’obligation d’effectuer ce travail, car il ne faut pas que le rythme auquel nous avançons diverge selon les délégations. Il est toutefois vrai qu’un ministère, surtout comme le nôtre, n’œuvre pas spontanément dans une logique transversale.
  • Il y a un travail important à faire d’une part dans la formation initiale, dans les écoles et dans les organismes de formation professionnelle, mais le ministère ne peut pas décider seul. Il va falloir aller au-devant de ce qui émerge des corps professoraux, des attentes des élèves, du secteur, des entreprises culturelles, etc. Il s’agit d’un préalable sans lequel nous n’arriverons à rien. La question du temps est compliquée, car elle ne peut pas être que du côté du ministère de la Culture. Faire des tournées qui prennent plus de temps implique moins d’artistes, or ce n’est pas un choix que nous pouvons imprimer seuls, il n’est pas de notre ressort de dire qu’il y a trop d’activité ou quel est le bon temps nécessaire pour produire un spectacle ou monter une exposition. Nous sommes dans une recherche de coopération, de contribution. »

    Patrick Comoy

Thibault Sinay


• Scénographe

• Parmi ses réalisations :

• Scénographe du « Roi Pausole » (Opéra de Montpellier, 2021)

• Scénographe et créateur costumes de « XV de C(h)oeur » (Opéra de Montpellier, 2021)

• Scénographe et créateur lumière de « Don Quichotte » (Théâtre Jean Vilar de Louvain, Belgique, 2020)

Publications

Jules Adler Quelques frissons d’humanité, préfacé par Jean-Noël Jeanneney, éditions du Sekoya, 2019


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Parcours

XPO - Fédération des concepteurs d’expositions
Membre fondateur
Centre National du Costume de Scène et de la Scénographie (CNCS)
Conseiller scientifique pour l’extension du département scénographie
Odéon-Théâtre de l’Europe
Administrateur des rencontres européennes de la scénographie
Musée des beaux-arts de Dole
Conseiller scientifique de la rétrospective du peintre Jules Adler peintre sous la IIIe république

Fiche n° 46058, créée le 16/05/2022 à 10:03 - MàJ le 21/06/2022 à 09:19

Julien Bernard


• Diplôme : Master 2 recherche Marketing et Stratégie de l’Université Paris-Daupine
• Thèse de doctorat sur l’impact du parrainage sur une marque à l’Université Paris-Dauphine.

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Parcours

Nova Consulting
President
Essec Business School (Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales)
Fondateur et Secretaire General de la Chaire Européenne de Marketing Sportif
Havas Sport et Entertainment
Directeur du développement, des Etudes et du Conseil Stratégique
The Boston Consulting Group
Consultant
L’Oreal
Chef de produit

Établissement & diplôme

Essec Business School (Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales)
ESSEC MBA

Fiche n° 24821, créée le 23/08/2017 à 09:56 - MàJ le 30/08/2018 à 10:56

Parcours

Ministère de la Culture
Haut fonctionnaire au développement durable et à la transition écologique
Ministère de la Culture
Chargé de la transition écologique auprès du secrétaire général
Ministère de la Culture
Conseiller pour le volet politique de la présidence française de l’Union européenne
Institut français de Grèce (IFA)
Directeur
Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères____
Sous-directeur adjoint de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Direction de la culture, de l’enseignement, de la recherche et du réseau
Ministère de la Culture
Chef du bureau du régime économique de la presse
Ministère de la Culture
Adjoint du chef du bureau du régime économique de la presse
Institut national du service public (INSP)
Élève
Ambassade de France aux Pays-Bas
Premier secrétaire

Fiche n° 47040, créée le 29/08/2022 à 16:02 - MàJ le 26/06/2023 à 00:40

©  Seb Lascoux
Jacques Renard, Thibault Sinay, Julien Bernard et Patrick Comoy - ©  Seb Lascoux