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Think 2021 : « Élaborer une politique culturelle à l’échelle des territoires avec l’État » (N. Perrin)

News Tank Culture - Paris - Actualité n°227542 - Publié le 08/09/2021 à 18:30
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©  Seb Lascoux
©  Seb Lascoux

« Avant de réclamer plus de moyens et de compétences en tant que collectivité, il faudrait améliorer le pilotage commun avec l’État (…) Il faudrait mettre en œuvre une déconcentration de la pensée politique en élaborant une politique culturelle à l’échelle des territoires en articulation forte avec l’État », indique Nathalie Perrin-Gilbert, adjointe à la Culture de la Ville de Lyon, lors de la table ronde « Décentralisation culturelle : pour un nouveau transfert des compétences /moyens ? » organisée dans le cadre de Think Culture au Centre Pompidou (Paris 4e) le 07/09/2021.

« Le terme de “différenciation” dans la loi 3D Décentralisation, différenciation et déconcentration indique que les Régions ne sont pas identiques et que des adaptions sont nécessaires dans le discours de l’État. La vraie question est celle du pilotage des politiques publiques. Des initiatives existent comme en Région Bretagne avec l’instauration du 3CB Conseil des Collectivités pour la Culture en Bretagne qui est un bel exemple de co-pilotage et de délégation de compétences », déclare pour sa part Michel Roussel, DRAC Directeur/directrice régional(e) des affaires culturelles Occitanie.

« En tant que directrice de la Halle aux grains, je constate un bon équilibre financier entre l’État et les collectivités mais je sens une évolution dans le contrat d’objectifs ; comme si l’État et les collectivités devaient chacun défendre leur point de vue. L’État peut être très attentif aux esthétiques contemporaines et aux relations avec le public, tandis qu’une collectivité peut privilégier le divertissement ou la diffusion sur le territoire. Cela peut susciter des injonctions contradictoires. Il devient alors difficile de trouver un équilibre », indique pour sa part Catherine Bizouarn, directrice de la Halle Aux Grains - Scène nationale de Blois • Ouverture en 1985• 1993 : labellisation Scène nationale • Statut : association loi 1901• Salles et espaces :- La Halle aux grains (350 places en frontal, 620 places en hémicycle) - Théâtre… (Loir-et-Cher).

News Tank rend compte des échanges.


Intervenants
  • Catherine Bizouarn, directrice de la Halle Aux Grains, Scène nationale de Blois
  • Philippe Laurent, maire de Sceaux
  • Nathalie Perrin-Gilbert, adjointe à la Culture de la Ville de Lyon
  • Michel Roussel, directeur régional des actions culturelles de la région Occitanie

« Le couple décentralisation-déconcentration est inhérent au champ culturel » (Michel Roussel)

  • « Étant donné mon parcours en Régions (Michel Roussel, actuel DRAC Occitanie, a notamment occupé les fonctions de DRAC Bourgogne-Franche-Comté, Hauts-de-France et Bretagne), je suis très attaché au dialogue de l’État avec les collectivités locales. Lorsqu’André Malraux a lancé les Maisons de la culture, rien n’aurait été possible sans les Villes du Havre, de Grenoble ou de Bourges. De même aujourd’hui la plupart des musées appartiennent aux collectivités. Les conservatoires sont aussi largement financés par les collectivités.  
  • 1977 correspond à la création des DRAC et aux prémices du mouvement de décentralisation avec une première vague en 1983. Le couple décentralisation-déconcentration est inhérent au champ culturel. Je suis attaché à un dialogue au sein de l’État sur la déconcentration car nous sommes un pays très centralisé. Depuis 2020, un certain nombre de procédures ont été déconcentrées au sein des DRAC comme l’attribution des labels “Villes et pays d’art et d’histoire” ou le contrôle des conservatoires…

Michel Roussel - ©  Seb Lascoux

  • Le terme de “différenciation” dans la loi 3D indique que les Régions ne sont pas identiques et que des adaptions sont nécessaires dans le discours de l’État. La vraie question est celle du pilotage des politiques publiques. Des initiatives existent comme en Région Bretagne avec l’instauration du 3CB  qui est un bel exemple de co-pilotage et de délégation de compétences. Les conventions des établissements comme les Scènes nationales sont copilotées par l’État et les collectivités.
  • Le CPER Contrats de plan État-Régions est un autre outil de dialogue extraordinaire avec les collectivités pour dessiner le paysage d’investissement des établissements dans le patrimoine ou les Scènes nationales. Il faut renforcer la déconcentration pour que les DRAC soient au plus proche des territoires tout en améliorant les outils de co-pilotage de la culture sur les territoires.
  • Il faudrait également évoquer le rôle des collectivités entre elles. La thématique de la journée aurait pu s’intituler “Le rôle de l’État et des collectivités : quel avenir dans la culture ?”. Un dialogue est nécessaire entre les départements, les régions, les intercommunalités. Nous devrions parler de transversalité entre toutes les collectivités dont l’État ».

    Michel Roussel

« Les contrats d’objectifs de l’État et des collectivités peuvent susciter des injonctions contradictoires  » (Catherine Bizouarn)

  • « En tant que directrice de la Halle aux grains - Scène nationale de Blois mais aussi en tant qu’ ancienne administratrice de compagnie et directrice d’un théâtre conventionné, j’ai toujours eu des relations privilégiées avec le service de l’État et des DRAC. Nous nous sentons assez protégés sur nos prises de risque sur la création contemporaine. Mais s’il y a un retrait de l’État dans l’attribution des labels, cela peut nous inquiéter. Au-delà des questions de budget, il s’agit d’un positionnement sur ce que nous défendons.

Catherine Bizouarn - ©  Seb Lascoux

  • Concernant la Halle aux grains, je constate un bon équilibre financier entre l’État et les collectivités mais je sens une évolution dans le contrat d’objectifs ; comme si l’État et les collectivités devaient chacun défendre leur point de vue. L’État peut être très attentif aux esthétiques contemporaines et aux relations avec le public, tandis qu’une collectivité peut privilégier le divertissement ou la diffusion sur le territoire. Cela peut susciter des injonctions contradictoires. Il devient alors difficile de trouver un équilibre.
  • Je suis très attachée aux financements croisés car une Scène nationale est implantée dans une ville et s’adresse au public de cette ville. Mais il est de plus en plus difficile de trouver de la cohérence avec la montée en puissance des services culturels. Les dispositifs s’empilent dans les différents services. Une bureaucratie s’est installée qui demande un travail administratif très important qui ne sera pas mis au service de l’artistique ou de la relation avec le public. Il faudrait davantage simplifier ces procédures ».

Catherine Bizouarn

« Ce qui va m’intéresser, en tant qu’élue locale, c’est une meilleure articulation entre l’État, et sa représentation territoriale, et la collectivité » (Nathalie Perrin-Gilbert)

  • « Aujourd’hui encore en tant qu’élue locale, je ressens un État hypercéphale, dont le pouvoir et les moyens se trouvent à Paris. Nous l’avons constaté avec la pandémie Covid-19 et le plan de relance qui a été distribué en fonction des équipements parisiens et des régions. Pour autant je ne vais pas plaider pour plus de transferts de compétences en matière de culture aux collectivités territoriales. Ce qui va m’intéresser, en tant qu’élue locale, c’est une meilleure articulation entre l’État, et sa représentation territoriale, et la collectivité.
  • Les collectivités entre elles essaient de s’organiser. Avec la nouvelle métropole de Lyon et le vice-président à la culture Cédric Van Styvendael Vice-président à la Culture @ Métropole de Lyon • Maire @ Ville de Villeurbanne
    , également maire de Villeurbanne, nous avons essayé de trouver le bon positionnement de chacune des collectivités. La Ville de Lyon soutient les lieux, les équipes artistiques, les artistes alors que la métropole de Lyon soutient et structure les filières professionnelles de la culture. Nous avons trouvé une articulation avec des temps de pilotage commun.
  • Cela est plus compliqué avec la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Je ne sais pas si cela est structurel ou politique. La Ville de Lyon n’est pas associée à la Région concernant le CPER. Or je suis très attachée à ce dialogue État-Collectivité avec un État présent comme garde-fou. C’est le cas par exemple avec le dispositif des “Scènes découvertes” que la Ville de Lyon a contractualisé avec l’État et dans une moindre mesure la Région afin de soutenir les scènes émergentes.

Nathalie Perrin-Gilbert - ©  Seb Lascoux

  • L’enjeu pour nous en tant que collectivité locale est d’avoir une meilleure appréhension de l’organisation de l’État. Il n’est pas toujours évident de comprendre l’articulation entre la DRAC, le CNM Centre national de la musique par exemple, et d’identifier nos interlocuteurs. Nous aurions besoin d’une clarification de cet État déconcentré. Nous observons également des querelles entre ministères de l’Éducation nationale et de la Culture sur l'EAC, Éducation artistique et culturelle qui est un sujet qui nous préoccupe.
  • Avant de réclamer plus de moyens et de compétences en tant que collectivité, il faudrait améliorer ce pilotage commun État et collectivité. Lorsqu’on évoque la déconcentration, il est trop souvent question de transférer les compétences sans les moyens comme c’est le cas pour le conservatoire et l’école des Beaux-arts de Lyon qui sont financés majoritairement par la Ville de Lyon.
  • Nous avons besoin d’une pérennité d’une politique publique. Il faudrait mettre en œuvre une déconcentration de la pensée politique et de l’élaboration d’une politique culturelle à l’échelle des territoires en articulation forte avec l’État. Nous sommes élus pour mettre en place une politique publique. Nous réfléchissons peut-être trop aux moyens avant de penser à ce que nous allons faire ».

Nathalie Perrin-Gilbert

« Il faut que les ministères fassent davantage confiance aux élus mais aussi à l’administration déconcentrée » (Philippe Laurent)

  • « Les relations entre l’État et les collectivités sont relativement équilibrées. J’ai été président de la FNCC Fédération nationale des collectivités territoriales pour la culture entre 2011 et 2014 au moment de la discussion de la loi Maptam Modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles et d’une clarification des compétences. La politique culturelle doit relever d’une adhésion d’une compétence partagée entre l’État et les collectivités. Certaines collectivités avaient émis le souhait que les Régions récupèrent les DRAC. Les association d’élus locaux, des villes, des départements et la FNCC, nous sommes opposés à cela. Nous avons besoin d’un équilibre avec l’État labellisateur, ce qui n’aurait pas été possible avec le transfert des compétences aux Régions.
  • Il me semble qu’aujourd’hui l’équilibre n’est pas si mauvais. La FNCC a toujours soutenu cette idée de déconcentration des DRAC qui doivent être capables de contractualiser avec les collectivités territoriales dans un cadre général. Mais pour que ce système fonctionne à plein, il faut que les ministères fassent davantage confiance aux élus mais aussi à l’administration déconcentrée
    Philippe Laurent - ©  Seb Lascoux
  • La création des CTAP  Conférences territoriales de l’action publique est issue de la loi Maptam. Cette idée est née d’une expérience informelle dans la région Bretagne où les principales villes et agglomérations se réunissaient pour échanger. Cependant la création des CTAP n’a pas eu beaucoup d’effet car lorsque les choses sont créées de façon institutionnelle, cela ne fonctionne pas. Il faut que les décisions naissent d’une volonté politique, pour que cela fonctionne. Les DRAC doivent être très attentives aux caractéristiques du territoire.
  • On observe aujourd’hui une dérive dans la multiplication des appels à projets. Pour pérenniser le niveau des équipements culturels créés 30 ou 40 ans auparavant, qui sont la traduction de la décentralisation culturelle, il est nécessaire de financer les structures. Nous avons trop tendance à financer l’événement ».

Philippe Laurent

Parcours

TU-Nantes
Directrice
Anima productions (SARL)
Directrice de production
Compagnies
Administratrice de compagnies

Fiche n° 1286, créée le 12/01/2014 à 13:10 - MàJ le 13/07/2021 à 16:10

Philippe Laurent


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Parcours

Fédération des élus des entreprises publiques locales (FedEpl)
Président
Centre-Ville en Mouvement
Président
Mairie de Sceaux
Maire
Métropole du Grand Paris (MGP)
Conseiller métropolitain
Région Île-de-France (Conseil régional d’Île-de-France)
Conseiller régional et président de la commission des transports et des mobilités
Conseil supérieur de la fonction publique territoriale (CSFPT)
Président
Association des villes universitaires de France (AVUF)
Président par interim
Centre-Ville en Mouvement
Président délégué
Centre-Ville en Mouvement
Président délégué
Syndicat mixte d’études Paris Métropole
Président

Établissement & diplôme

Institut d’études politiques de Paris
Diplômé IEP

Fiche n° 102, créée le 01/10/2013 à 17:50 - MàJ le 12/11/2020 à 18:53

Michel Roussel


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Parcours

DRAC Occitanie
Directeur
Conseil national des œuvres dans l’espace public dans le domaine des arts plastiques
Membre
DRAC Bretagne
Directeur
DRAC Hauts-de-France
Directeur adjoint
Ville de Grenoble
Directeur des Affaires culturelles
DRAC Auvergne - Rhône-Alpes
Conseiller pour le théâtre
DRAC Normandie
Conseiller pour le théâtre
Conseil départemental de la Moselle (CD 57)
Directeur des Affaires culturelles
Théâtre des Quartiers d’Ivry - Compagnie Catherine Dasté
Administrateur
Imagerie Pellerin d’Épinal
Chargé de mission
Compagnie Dominique Houdart - Théâtre d’Épinal
Chargé des relations publiques

Fiche n° 5781, créée le 05/09/2014 à 11:24 - MàJ le 18/05/2021 à 12:57

Nathalie Perrin-Gilbert


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Parcours

Métropole de Lyon
Conseillère métropolitaine
Mairie de Lyon
Adjointe à la culture
Mairie du 1er arrondissement de Lyon
Maire

Établissement & diplôme

Université Jean Moulin Lyon 3
Master 1 philo
Université Jean Moulin Lyon 3
Maitrise d’Information-Communication
Université Lumière - Lyon 2
DEUG d’Histoire

Fiche n° 39917, créée le 06/07/2020 à 20:30 - MàJ le 14/05/2024 à 11:26


© News Tank Culture - 2024 - Code de la propriété intellectuelle : « La contrefaçon (...) est punie de trois ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende. Est (...) un délit de contrefaçon toute reproduction, représentation ou diffusion, par quelque moyen que ce soit, d'une oeuvre de l'esprit en violation des droits de l'auteur. »

©  Seb Lascoux
©  Seb Lascoux