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Think Culture 2021 : « La politique culturelle doit réellement devenir interministérielle » (N. Corbin)

News Tank Culture - Paris - Actualité n°227594 - Publié le 08/09/2021 à 09:00
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©  Seb Lascoux
Noël Corbin - ©  Seb Lascoux

« Si la démocratisation culturelle part des objets culturels pour les rendre accessibles, la démocratie culturelle, elle, part des habitants, de leur parcours de vie, du lieu où ils se trouvent, de l’âge qu’ils ont, pour travailler sur des mises en résonance. Elle est donc symétrique du “décret Malraux”. C’est là tout l’enjeu des droits culturels, qu’il nous faut désormais traduire en acte, et c’est la mission de la nouvelle délégation générale à la transmission, aux territoires et à la démocratie culturelle du ministère de la Culture », déclare Noël Corbin Délégué général à la transmission, aux territoires et à la démocratie culturelle @ Ministère de la Culture
2003 : diplômé de l’ENA (École nationale d’administration), promotion René Cassin
, délégué général à la transmission, aux territoires et à la démocratie culturelle du MC Ministère de la Culture , lors des keynotes introductives sur l’innovation, dans le cadre de la 6e édition de Think Culture au Centre Pompidou (Paris 4e), organisée par News Tank Culture, le 07/09/2021.

« La politique culturelle peut gagner beaucoup à s’ouvrir à d’autres secteurs publics, à l’exemple du sport. Il faut également amplifier les liens avec les secteurs de la santé, du médico-social, de la lutte contre la grande exclusion. Il faut en faire une réelle politique interministérielle en partant de ses atouts : l’épanouissement individuel, l’inclusion, la réinsertion, la place dans l’économie ou encore l’attractivité », ajoute-t-il.


« Les mots ont un impact : il n’existe pas de “personnes éloignées de la culture” mais uniquement des personnes “éloignées de l’offre culturelle” »

  • « Encore aujourd’hui, “Ce n’est pas pour moi” est une des premières réponses que donnent les “personnes éloignées de la culture” lorsqu’on leur propose une offre. Nous sommes pourtant 60 ans après le décret Malraux visant à démocratiser la culture, nous avons créé des centaines de structures labellisées mais, malgré tous ces efforts, la réponse reste identique.  
  • Les dernières données du DEPS-MC Département des études, de la prospective et des statistiques du ministère de la Culture sur les pratiques culturelles des Français confirment que les barrières symboliques demeurent pour une partie de la population. En 10 ans, le pourcentage de Français de plus de 15 ans qui a assisté à un spectacle dans l’année a augmenté seulement de 42 % à 43 %. Et le pourcentage de ceux qui ont visité un musée entre 1981 et 2018 (29 %) n’a quant à lui pas bougé. C’est à l’aune de ces chiffres qu’il faut s’interroger sur le rôle de l’État dans la culture et la limite de la démocratisation culturelle.
  • Dans un premier temps, il faut peut-être s’interroger sur les mots. Le concept de “personnes éloignées de la culture” éloigne d’autant plus les concernés. L’expression est paradoxale quand on prend la culture dans une approche anthropologique, telle qu’elle est formalisée dans la déclaration de Fribourg de 2007 : “Le terme culture recouvre les valeurs, les croyances, les convictions, les langues, les savoirs et les arts, les institutions et modes de vie par lesquels une personne exprime son humanité et les significations qu’elle donne à son existence et à son développement”.  
  • En partant de cette approche, il n’existe plus de “personnes éloignées de la culture”, puisque chaque être humain est un être de culture. Il n’existe que des personnes “éloignées de l’offre culturelle”.
  • Si la démocratisation culturelle part des objets culturels pour les rendre accessibles, la démocratie culturelle, elle, part des habitants, de leur parcours de vie, du lieu où ils se trouvent, de l’âge qu’ils ont, pour travailler sur des mises en résonance. Elle est donc symétrique du “décret Malraux”.
  • Nous avons cette autre mission : faire en sorte que chaque habitant, tout au long de sa vie et sur l’ensemble du territoire, puisse avoir accès et participer à l’offre culturelle. Il s’agit de présenter la culture comme un droit humain, comme un “droit de l’humain”. C’est là tout l’enjeu des droits culturels qu’il nous faut désormais traduire en acte et c’est la mission de la nouvelle délégation générale à la transmission, aux territoires et à la démocratie culturelle que la ministre de la Culture a créée au début de l’année 2021.  
  • Beaucoup de chemin a déjà été parcouru pour l’éducation artistique et culturelle puisque nous tendons vers un 100 % d’EAC Éducation artistique et culturelle à la fin du quinquennat dans le cadre périscolaire, et il faut maintenant s’intéresser aux autres temps de la vie :
    • mettre en place un plan sur l’éveil culturel du nourrisson, car notre rapport à la culture se joue dès les premiers jours de notre vie,
    • se questionner sur la façon dont les pratiques culturelles peuvent trouver une place chez les personnes âgées dépendantes qui ont souffert de l’isolement et de la crise sanitaire,
    • penser les pratiques culturelles durant le temps de la vie professionnelle.
  • Pour la sortie de l’adolescence, nous avons mis en place le Pass Culture : 300  € offerts à chaque jeune à ses 18 ans pour l’accompagner dans la vie culturelle, avec une offre géolocalisée qui lui permet de voir tout ce qui est autour de lui. Près de 10 000 acteurs culturels ont rejoint l’aventure. Ces offres doivent désormais être éditorialisées pour inciter les jeunes à “trouver ce qu’ils ne cherchent pas”.
  • 550 000 personnes ont rejoint le Pass Culture depuis sa généralisation, il y a trois mois. En comptant ceux qui étaient dans l’expérimentation, nous comptabilisons aujourd’hui 700 000 jeunes touchés. Cela a créé une attente qu’il ne faut pas décevoir. Le Pass Culture permet l’accès aux livres, aux spectacles, aux musées, aux instruments de musique et aux cours de pratique artistique. Ce nouvel outil ne doit pas être un choc d’offres, mais un moyen pour articuler, susciter une demande, une mission à laquelle va s’atteler Sébastien Cavalier Président @ Pass Culture
    , nouveau président de la SAS Société par actions simplifiée Pass Culture.
  • La politique culturelle peut gagner beaucoup à s’ouvrir à d’autres secteurs publics, à l’exemple du sport. J’entendais ce week-end une interview dans laquelle Marguerite Duras (1914-1996) interviewait Michel Platini (en décembre 1987 pour Libération), à cette occasion beaucoup de personnes ont découvert qui était Marguerite Duras. Faire dialoguer artistes et sportifs est un bon moyen de faire découvrir l’art aux jeunes qui aiment le sport et vice versa. Les Jeux Olympiques de 2024 nous offrent un boulevard pour réaliser cette entreprise. 
  • Il faut également amplifier les liens avec les secteurs de la santé, du médico-social, de la lutte contre la grande exclusion. Il faut faire de la politique culturelle une réelle politique interministérielle, au lieu de l’aborder de façon subsidiaire à l’occasion de plans pour le handicap ou les Petites villes de demain. Il s’agit de l’aborder comme une politique fédératrice en partant de ses atouts : l’épanouissement individuel, l’inclusion, la réinsertion, la place dans l’économie ou encore l’attractivité. C’est ainsi qu’a été créée la Capitale française de la culture, dont la première lauréate est la ville de Villeurbanne (Rhône) en 2022.
  • La politique culturelle n’est pas pensée uniquement à Paris. Elle est pensée notamment à Paris, mais elle doit être pensée et élaborée sur l’ensemble du territoire, en partant des habitants et de leurs localisations. Il faut partir de cette grande proximité et travailler auprès d’eux par le biais des services déconcentrés, qui sont les premiers acteurs de la politique culturelle et les vigies qui prennent la température et travaillent avec les réseaux territoriaux.
  • Il faut construire des liens plus ténus avec les fédérations d’action populaire. Partir des territoires c’est aussi travailler main dans la main avec les collectivités territoriales. Sans elles, l’État ne peut rien. La moitié de l’effort public pour la culture vient des collectivités territoriales. Roselyne Bachelot Présidente @ Fédération des Ensembles Vocaux et Instrumentaux Spécialisés (FEVIS)
    • Pharmacienne de formation • Animatrice de « 100 % Bachelot » sur RMC (2016-2017) et co-animatrice de « Le Grand…
    , la ministre de la Culture, s’y attache. Elle a revivifié le Conseil des territoires pour la culture qui réunit l’ensemble des fédérations d’élus locaux. Dans ce cadre, nous avons notamment travaillé sur la question des festivals. Elle a également créé dans chaque région des Conseils locaux des territoires pour la culture, où les maires peuvent côtoyer les présidents de région, les présidents d’intercommunalité, etc. 
  • Enfin, nous développons un partenariat avec l’Agence nationale pour la cohésion des territoires dans l’objectif que la culture ait une place première dans l’ensemble des projets qui fondent l’aménagement des territoires (agenda rural, Petites villes de demain, Action cœur de ville, tiers-lieux, etc.). »

Noël Corbin


2003 : diplômé de l’ENA (École nationale d’administration), promotion René Cassin


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Parcours

Ministère de la Culture
Délégué général à la transmission, aux territoires et à la démocratie culturelle
Ministère de la Culture
Préfigurateur de la délégation Transmission des savoirs et démocratisation de la culture
Ministère de la Culture
Inspecteur général des affaires culturelles
Ville de Paris
Directeur des Affaires Culturelles
Ministère de la Culture
Secrétaire général adjoint
Ville de Paris
Sous-directeur de la création artistique à la direction des Affaires culturelles
Musée du Louvre
Directeur juridique et financier

Fiche n° 1405, créée le 21/01/2014 à 16:53 - MàJ le 20/01/2021 à 17:46

News Tank Culture (NTC)

• Média d’information indépendant et innovant, spécialisé dans l’actualité de la musique, du spectacle vivant, des musées, monuments et du patrimoine et, depuis 2023, des nouvelles images.
• Création : septembre 2012
• Proposant à la fois un fil d’actualités, des dossiers de fonds, des interviews et de grands entretiens, des data et un annuaire des professionnels et des organisations, News Tank Culture s’adresse aux dirigeants et acteurs de la culture. Il organise également chaque année Think Culture, une journée d’échange et de débat autour de l’innovation dans le pilotage de la culture, avec la volonté de décloisonner les secteurs culturels.

• Direction :
- Bertrand Dicale, directeur général
- Anne-Florence Duliscouët, directrice de la rédaction
- Jacques Renard, directeur délégué Think Culture
- Alexis Bouhelier, directeur du développement

• News Tank Culture est une filiale de News Tank Network, créée par Marc Guiraud et Frédéric Commandeur, qui a également développé :
- News Tank Sport,
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- News Tank RH Management,
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Le groupe emploie une centaine de collaborateurs.


Catégorie : Média
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Fiche n° 6882, créée le 03/04/2018 à 03:02 - MàJ le 17/09/2024 à 17:06

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