Orientations 2018 du Centre Pompidou : « L’établissement doit devenir un hyper-lieu » (Serge Lasvignes)
« Nous assistons en ce moment à Paris à une profusion de propositions dans le domaine de l’art contemporain, notamment du côté des fondations privées (Vuitton, Pinault, Galeries Lafayette). Nous pourrions en avoir peur mais je crois, au contraire, que la multiplicité de l’offre renforce la demande et nos récents chiffres de fréquentation confirment cette hypothèse. Le seul risque que j’identifie est la dissolution voire la disparition de la personnalité des lieux. Il faut renforcer notre identité en allant vers ce que le géographe français Michel Lussault a défini comme des hyper-lieux
lieux où sont rassemblées des activités multiples qui communiquent entre elles, où l’on vit des expériences partagées et où le public devient composante de ces expériences
, notamment en réunissant à nouveau nos trois entités - MNAM
Musée National d’Art Moderne - Centre Pompidou
, BPI
Bibliothèque publique d’information
et Ircam
Institut de recherche et coordination acoustique/musique
- et en étant présent sur l’ensemble des thématiques de la vie intellectuelle », déclare Serge Lasvignes
Président du CA @ Ateliers Médicis • Conseiller d’État @ Conseil d’État
• Né le 06/03/1954 à Toulouse
, président du Centre Pompidou, lors de la présentation du bilan de milieu de son mandat et des perspectives de l’institution pour l’année 2018, à Paris le 12/09/2017.
« Parmi nos projets-phares à l’international figure le Centre Pompidou Shanghai (Chine) qui, après plusieurs années de négociations, va enfin voir le jour en 2019 dans un bâtiment conçu par l’architecte britannique David Chipperfield. Nous ne serons pas exploitant mais nous allons fournir les expositions, les œuvres et l’animation culturelle. Notre objectif est double : faire connaître l’art occidental en Asie et découvrir des artistes chinois contemporains pour renforcer nos acquisitions », indique Serge Lasvignes.
« Le parti pris d’organiser un anniversaire décentralisé avec 50 expositions temporaires et 25 spectacles dans toute la France nous a réussi, tant du point de vue du retentissement médiatique que de la fréquentation puisqu’au total 650 000 personnes ont visité au moins une de ces expositions. Il faut capitaliser sur ce succès pour développer davantage nos relations avec les institutions culturelles sur l’ensemble du territoire français. Dans cette optique, deux premiers partenariats vont être mis en place avec la Réunion des musées métropolitains de Rouen Normandie (Seine-Maritime) et le Musée des beaux-arts de Libourne (Gironde) », précise le président du Centre Pompidou.
Bilan des manifestations organisées pour le 40e anniversaire du Centre et futures actions territoriales, création de l’École du Centre Pompidou, actions à l’international et renforcement de l’identité du lieu, Serge Lasvignes présente ses orientations stratégiques.
Bilan du 40e anniversaire et futures actions territoriales :
- « Le parti pris d’organiser un anniversaire décentralisé avec 50 expositions temporaires et 25 spectacles dans toute la France nous a réussi, tant du point de vue du retentissement médiatique que de la fréquentation : 87 496 visiteurs lors du week-end d’inauguration au Centre Pompidou à Paris, des records à Grenoble - 115 336 visiteurs pour l’exposition Kandinsky - Les années parisiennes (1933-1944) -, au François (Martinique) - plus de 45 000 visiteurs pour Le geste et la matière - ou encore à Roubaix - 47 750 visiteurs pour Éloge de la couleur à La Piscine. Au total, 650 000 personnes ont fréquenté une de ces 50 manifestations et le cycle n’est pas encore terminé.
- Il faut capitaliser sur ce succès pour développer davantage nos relations avec les institutions culturelles sur l’ensemble du territoire français. Notre politique de prêt doit être plus généreuse et stratégique. Deux partenariats vont d’ores et déjà être mis en place avant la fin de l’année 2017 :
- un avec la Réunion des musées métropolitains de Rouen Normandie (Seine-Maritime) : la signature d’une convention-cadre aura lieu le 22/11/2017. Elle contiendra, outre les engagements de prêts, des collaborations relatives à la médiation, à la recherche et à l’organisation de colloques et d’expositions. Est notamment prévue une manifestation autour de Marcel Duchamp (1887-1968), à l’occasion de l’anniversaire de sa mort.
- l’autre avec le Musée des beaux-arts de Libourne (Gironde).
- Mais l’action territoriale ne consiste pas uniquement à s’ouvrir, il faut également sortir de ses murs. Le Centre Pompidou mobile était trop coûteux, l’idée est dorénavant de développer les “microprojets” : faire sortir une œuvre pour l’exposer dans un centre commercial, une prison ou un hôpital avec des outils de médiation adaptés ou encore investir les nouveaux lieux de sociabilité que sont les gares et les centres commerciaux en mutation - nous réfléchissons notamment à un partenariat avec l’Espace Candide à Ferney-Voltaire (Ain).
- Enfin pour lutter contre “les zones blanches” de la culture, nous avons imaginé un dispositif avec Matali Crasset : un manège mobile autour duquel se créerait la rencontre entre enseignants, publics et amateurs bénévoles. Quatre Régions sont déjà intéressées par ce “kit territorial culturel”, notamment l'IDF Île-de-France . »
L’École du Centre Pompidou :
- « Elle se divisera en deux départements :
- une école pour le grand public : constituée d’un MOOC Massive open online course et de cours physiques au Centre Pompidou avec des artistes. Le MOOC, dont la première session débutera le 16/10/2017, ne va pas partir de l’histoire de l’art mais des actes de la création, par exemple des verbes “assembler” ou “réduire”. Il croisera les discours d’artistes contemporains, de commissaires, mais aussi de cuisiniers ou de musiciens. La deuxième session - adaptée selon les premiers retours de satisfaction - aura lieu en mars 2018. Nous sommes en partenariat avec la Fondation Orange pour la conception de ces cours d’un nouveau genre.
- une école à destination des professionnels : nous rejoignons ici les racines du Centre Pompidou dont la vocation première était de faire basculer, par le biais de l’art, la France dans la modernité. Actuellement, les entreprises redécouvrent les vertus de l’affectivité, nous ne sommes plus dans une stratégie du produit, mais une stratégie de l’expérience. On le voit bien dans l’émergence des centres commerciaux alliant boutiques et activités culturelles mais aussi dans le management des grandes entreprises qui veulent pousser leurs employés à être plus créatifs. Nos premiers clients se situent plutôt dans l’industrie du luxe et nous avons aussi organisé des sessions pour la Ville de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Je pense que cette école va monter en puissance dans les prochaines années. »
L’action à l’international :
- « Nous avons trois projets-phares :
- le Centre Pompidou Málaga (Espagne) : ce qui n’était au départ qu’un galop d’essai, s’est transformé en véritable réussite puisque près de 500 000 personnes ont franchi ses portes depuis son ouverture le 28/03/2015. La présence du Centre provisoire a également profité à la fréquentation du Museo Picasso Málaga.
- le Centre Pompidou Shanghai (Chine) : après plusieurs années de négociations, nous venons enfin de signer avec la société d’aménagement publique de Shanghai une convention-cadre. Nous ne serons pas exploitant mais nous allons fournir les expositions, les œuvres et l’animation culturelle. Le bâtiment, conçu par l’architecte britannique David Chipperfield, prendra place dans un nouveau quartier culturel accueillant notamment un opéra. Notre objectif est ici de faire connaître l’art occidental en Asie et de découvrir des artistes chinois pour renforcer nos acquisitions dans cette zone géographique. Le West Bund Art Museum devrait ouvrir en 2019.
- le pôle culturel de l’ancien garage Citroën à Bruxelles (Belgique) : il sera divisé en deux secteurs, l’un consacré à l’architecture géré par un ou des opérateurs bruxellois, l’autre dédié aux arts plastiques et géré par le Centre Pompidou. Nous devons encore régler les modalités de coopération avec la Région de Bruxelles-Capitale. Dans l’attente, une action de préfiguration aura lieu entre mars 2018 et mars 2019 et le concours international d’architecture a été lancé. Nous sommes dans la même logique que le Louvre avec Abu Dhabi (Émirats arabes unis) : dans un premier temps, un prêt d’œuvres à long terme, puis la constitution d’une collection propre par la Région de Bruxelles-Capitale. Le projet doit aboutir entre 2020 et 2021. »
Faire du Centre Pompidou un hyper-lieu :
- « Nous assistons en ce moment à Paris à une profusion de propositions dans le domaine de l’art contemporain, notamment du côté des fondations privées (Vuitton, Pinault, Galeries Lafayette). Nous pourrions en avoir peur mais je crois, au contraire, que la multiplicité de l’offre renforce la demande et nos récents chiffres de fréquentation confirment cette hypothèse.
- Le seul risque que j’identifie est la dissolution voire la disparition de la personnalité des lieux. Il faut renforcer notre identité en allant vers ce que le géographe français Michel Lussault a défini comme des hyper-lieux. Ce sont des endroits, à l’image de Times Square à New York (États-Unis), où sont rassemblées des activité multiples qui communiquent entre elles, où l’on vit des expériences partagées et où le public devient une composante de ces expériences.
- Le Centre Pompidou a été conçu comme un hyper-lieu, mais il a perdu au fil des ans la notion de croisement en séparant trop ses trois entités : le MNAM Musée National d’Art Moderne - Centre Pompidou , la BPI Bibliothèque publique d’information et l'Ircam Institut de recherche et coordination acoustique/musique . Je veux y remédier et j’ai déjà commencé en créant une porte entre la BPI et le MNAM et en offrant 1 500 places gratuites aux étudiants de la bibliothèque qui n’avaient jamais mis les pieds dans le musée.
- Il faut également être présent sur l’ensemble des thématiques de la vie intellectuelle : création du prix littéraire Bernard Heidsieck, remis lors du festival “Extra !” le 06/09/2017, réflexion autour du djihadisme avec l’artiste Éric Baudelaire du 06 au 18/09/2017, ou prochainement l’organisation d’un débat sur un thème qui agite beaucoup le milieu de l’art en ce moment : “Pour parler d’une communauté faut-il appartenir à cette communauté ?”. »
Serge Lasvignes
Président du CA @ Ateliers Médicis
Conseiller d’État @ Conseil d’État
• Né le 06/03/1954 à Toulouse
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Parcours
Président du CA
Conseiller d’État
Président
Secrétaire général du Gouvernement
Secrétaire général adjoint du Gouvernement
Directeur des affaires juridiques
Établissement & diplôme
Diplômé (promotion Liberté-Égalité-Fraternité)
Fiche n° 9347, créée le 03/03/2015 à 09:38 - MàJ le 14/04/2023 à 16:12
Centre Pompidou
• Établissement public culturel pluridisciplinaire ouvert en 1977.
• Réunit le MNAM (Musée national d’art moderne), le CCI (Centre de création industrielle), le DCC (Département culture et création), la BPI (Bibliothèque publique d’information) et l’Ircam (Institut de recherche et de coordination acoustique/musique).
• Collections : 120 000 œuvres au MNAM (plus grande collection d’art moderne et contemporain en Europe)
• Fréquentation :
- 2 621 696 visiteurs en 2023 (-13 %)
- 3 009 570 visiteurs en 2022
- 1 501 040 visiteurs en 2021
- 912 803 visiteurs en 2020
- 3 273 867 visiteurs en 2019
- 3 551 544 visiteurs en 2018
- 3 370 872 visiteurs en 2017
- 3 335 509 visiteurs en 2016
• Record de fréquentation en 1979 avec 840 662 visiteurs pour l’exposition « Dali ». La deuxième exposition la plus fréquentée est aussi consacrée à « Dali » du 21/11/2012 au 25/03/2013 (790 090 visiteurs).
• Président : Laurent Le Bon (depuis le 19/07/2021)
• Directrice générale : Julie Narbey
• Directeur du Musée national d’art moderne : Xavier Rey (depuis le 01/10/2021)
• Directeur du Département culture et création : Mathieu Potte-Bonneville
• Contact : 01 44 78 12 87
Catégorie : Musée
Adresse du siège
Place Georges Pompidou
75004 Paris France
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Fiche n° 12, créée le 27/09/2013 à 13:23 - MàJ le 16/09/2024 à 16:21
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