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Think 2022 : « Pour transformer les subjectivités, il faut miser sur la jeunesse » (E. Tibloux, Ensad)

Paris - Actualité n°262896 - Publié le 09/09/2022 à 13:40
©  Seb Lascoux
Le débat « Professionnels et écologie : quelles formation, mobilisation, organisation ? » - ©  Seb Lascoux

« Il faut que l’École se redonne les moyens de capter les énergies de la jeunesse et de transformer les citoyens. Historiquement, l’École a été mise au service de la création d’une subjectivité républicaine. Aujourd’hui, il faut la mettre au service d’une subjectivité écologique (…) Pour transformer les subjectivités, il faut s’en remettre à la jeunesse. (…) La jeunesse d’aujourd’hui est en droit de nous demander des comptes sur la façon dont on altère les conditions d’habitabilité de nos milieux de vie. Il faut résolument miser sur l’autorité de l’avenir telle qu’elle s’incarne dans la jeunesse en faisant en sorte de concilier ce qui est, dans cette génération, de l’ordre de la lucidité et ce qui est de l’ordre de la colère », déclare Emmanuel Tibloux Directeur @ École des Arts Décoratifs - PSL
, directeur de l’École nationale supérieure des Arts décoratifs de Paris, lors du débat « Professionnels et écologie : quelles formation, mobilisation, organisation ? » dans le cadre de la 7e édition de Think Culture, dédiée à l’écologie, le 06/09/2022 au Centre Pompidou • Établissement public culturel pluridisciplinaire ouvert en 1977.• Réunit le MNAM (Musée national d’art moderne), le CCI (Centre de création industrielle), le DCC (Département culture et création)… .

« L’offre de l’Afdas Assurance formation des activités du spectacle - OPCO (Opérateur de compétences agréé par l’État) des secteurs de la culture, des industries créatives, des médias, de la communication, des… repose sur des auto-diagnostics, notamment pour les TPE-PME Très petites entreprises - Petites et moyennes entreprises afin de leur permettre de voir où elles en sont en matière d’éco-responsabilité, sur de l’appui-conseil RSE Responsabilité sociétale des entreprises qui inclut la mobilisation de consultants (financés par l’Afdas • OPCO : opérateur de compétences des secteurs de la culture, des industries créatives, des médias, de la communication, des télécommunications, du sport, du tourisme, des loisirs et du… ) dans les entreprises, et sur une offre de formation continue en la matière, dont je dois dire qu’elle ne rencontre pas un franc succès. (…) Peut-être que nous n’avons pour l’instant pas trouvé les arguments qui portent, ni même les bons prescripteurs. Je me demande aussi si les professionnels ont du temps disponible pour se former à cela », poursuit Thierry Teboul Directeur général @ Afdas
, directeur général de l’Afdas.

« Depuis trois ans, on constate un processus de mobilisation des acteurs culturels qui porte sur les contenus culturels eux-mêmes, dans lesquels est de plus en plus introduite la problématique de la transition écologique ; la manière dont on produit et diffuse ces contenus auprès des publics ; la façon dont les financeurs et les tutelles ont une demande vis-à-vis des acteurs et se positionnent, non plus en tant que financeurs mais en tant qu’animateurs d’“écosytèmes socio-écolo-politiques” », indique pour sa part Lucie Marinier Professeure, titulaire de la chaire ingénierie des activités culturelles et créatives @ Conservatoire national des arts et métiers (Cnam)
, titulaire de la chaire ingénierie de la culture et de la création au CNAM Conservatoire national des arts et métiers .

News Tank rend compte des échanges.

« La bascule se fait à partir du moment où la profession le décide » (Lucie Marinier)

  • « Les secteurs culturels où la question de l’écologie a été prise en compte plus tôt -il y a une dizaine d’années- ont été les musées de société, les musées de sciences et ce qu’on appelait les éco-musées. Cela s’explique simplement parce que, le fond et la forme se rencontrant, le contenu scientifique de ces établissements les a poussés à penser plus rapidement la façon dont ils présentaient les choses.
  • Depuis trois ans, on constate un processus de mobilisation des acteurs culturels, que l’on commence à étudier en termes universitaires en France et à l’étranger. Cette mobilisation porte sur :
    • les contenus culturels. L’introduction de la problématique de la transition écologique, de la prise de conscience de l’époque anthropocène terme proposé pour caractériser l’ère géologique actuelle qui se caractérise par des signes visibles de l’influence de l’être humain sur son environnement ou de la question de l’activisme dans les contenus artistiques eux-mêmes est quelque chose de nouveau ;
    • la manière dont on produit et diffuse ces contenus auprès des publics ;
    • la façon dont les financeurs et les tutelles ont une demande par rapport aux acteurs et se positionnent, non plus en tant que financeurs mais en tant qu’animateurs d’“écosytèmes socio-écolo-politiques”.
  • Ces trois formes de mobilisation modifient l’ingénierie de la culture et de la création. Les ingénieurs culturels (qui sont à la fois les programmateurs, les directeurs techniques, les responsables de publics ou les administrateurs) ont une particularité : ils sont, au sens de Michel Crozier, des “marginaux sécants”. Ils ont une double légitimité au niveau des contenus et de leur production et de leur diffusion. Mais dans le même temps, ils sont soumis à des injonctions contradictoires vis-à-vis de leurs financeurs, reposant sur le fait que la culture est essentielle mais pas vitale. 
    Lucie Marinier - ©  Seb Lascoux
  • Les ingénieurs culturels se retrouvent aujourd’hui au cœur d’un changement de référentiel global. Le point de bascule se situe à l’intersection entre les contenus et la façon dont ils vont être produits. En revanche, plusieurs questions sont posées. D’une part, la question de la mesure : le bilan carbone constitue-t-il la seule mesure possible, nécessaire et pertinente ? Cette question reste ouverte, y compris en termes de formation et d’outils. D’autre part, la question des enjeux de définition : parle-t-on d’éco-responsabilité, de développement durable, de transition, de low tech basses technologies  ? Et le secteur culturel doit absolument se positionner sur les définitions. C’est là où en est aujourd’hui la mobilisation du secteur culturel, une mobilisation de fond et pas une mobilisation de procédure.
  • La difficulté réside dans le fait que l’ensemble du secteur culturel aimerait pouvoir parler de développement durable au sens où l’entend l’ONU Organisation des Nations Unies dans ses 17 objectifs de développement durable, qui concernent, outre l’empreinte écologique, l’éducation, l’égalité femmes-hommes ou encore la diversité. Or ce terme de développement durable a été approprié dans une logique d’écologie non punitive et d’illusion que l’on va pouvoir continuer à croître quelle que soit la finitude de la ressource. C’est compliqué car il faut réussir à prendre tout ce qu’on met dans les 17 objectifs de développement durable et utiliser d’autres moyens pour les réaliser.
  • Dans le secteur culturel, notamment les musées, on emploie de plus en plus le terme d’éco-responsabilité, qui renvoie à l’idée de la façon dont on fait les choses, comment on les conçoit ou on les crée. L’autre terme employé est celui de transition socio-écologique de la culture, qui n’inclut pas que l’empreinte écologique.
  • L’ICOM • Organisation créée en 1946 par des professionnels des musées • Réseau de « plus de 53 000 professionnels » dans « plus de 129 pays » et incarnant la communauté muséale mondiale • Statut… a beaucoup œuvré -et cela a fait beaucoup de remous- au changement de la définition du musée Publié le 25/08/2022 à 09:00
    “Un musée est une institution permanente, à but non lucratif et au service de la société, qui se consacre à la recherche, la collecte, la conservation, l’interprétation et l’exposition du patrimoine…
    qui intègre désormais l’ensemble des problématiques liées au développement durable. Dans le secteur culturel, les réseaux sont très puissants (au bon sens du terme). Ainsi, tous les régisseurs d’œuvres d’art se donnent des règles, tous les directeurs techniques de théâtre se donnent des règles, etc. Ils ont une confiance dans ces règles et les appliquent. Quand l’Afroa Association française des régisseurs d’œuvres d’art a décidé de faire du développement durable un point très important dans les règles incombant à la profession, certains régisseurs, qui jusqu’alors étaient réfractaires à ce que pouvaient essayer de mettre en place des administrateurs d’équipements en matière de développement durable, ont été les instruments de la bascule. Dans la culture, la bascule se fait à partir du moment où la profession le décide. »

    Lucie Marinier

« Faire de la pédagogie auprès des musiciens, des personnels administratifs et des partenaires pour lever les réticences » (Marc Feldman)

  • « L’Orchestre national de Bretagne a lancé le projet “Ponant”, qui consiste à construire une programmation pluriannuelle de concerts en écho à la mer pour sensibiliser le public aux problématiques environnementales. Nous pensons en effet que c’est par l’art que l’ONB Orchestre national de Bretagne peut prendre sa part. Nous réalisons ce projet en invitant, entre autres, des scientifiques, des photographes. Car je crois au décloisonnement. Il y a d’autres métiers, notamment dans les sciences et dans les sciences humaines, qui ont beaucoup de choses à nous apprendre, et qui réussissent parfois à convaincre des gens réfractaires en matière de développement durable. 
  • Avec le projet “Ponant”, les équipes de l’ONB ont pu toucher aux questions liées à l’écologie. Mais il faut les former, leur expliquer que leur façon de travailler -au même titre que leur vie- va changer dans les prochaines années au regard du contexte écologique.
  • Il faut aussi faire de la pédagogie pour lever les réticences, à la fois auprès des musiciens, des personnels administratifs et des partenaires. En effet, les musiciens peuvent se demander si leur rôle n’est pas plutôt de jouer du Beethoven que de sensibiliser les publics aux enjeux écologiques. Des réticences se jouent aussi au niveau administratif puisque des projets comme “Ponant” rajoutent des coûts alors même que nos budgets sont déjà très serrés. 
    Marc Feldman - ©  Seb Lascoux
  • De la même manière, nous aimerions privilégier les résidences longues en région. Rennes est par exemple à 2h30 de Quimper. Nous voudrions à l’avenir nous y rendre pour une semaine, rester sur place et proposer des actions dirigées vers les publics dans l’agglomération quimpéroise, plutôt que d’y aller trois fois par saison pour une représentation à chaque fois. Nous sommes en discussion avec la Mairie de Quimper à ce sujet. Mais ce choix de résidences longues implique des coûts en termes de prise en charge de l’hôtel, de la nourriture, etc. Et il n’est pas toujours facile de faire comprendre aux lieux les exigences qui sont les nôtres. 
  • Les subventions ne sont aujourd’hui pas assez ciblées sur l’accompagnement des tournées ou le développement des projets tels que “Ponant”. Elles le sont davantage sur des projets de rénovation ou de réhabilitation du bâti. Le projet “Ponant” a pu se faire principalement grâce au soutien de la Fondation Carasso • Créée en 2010, sous l’égide de la Fondation de France, en mémoire de Daniel Carasso, fondateur de Danone, et de son épouse, Nina • Fondation familiale indépendante du groupe… et de la Fondation Grand Ouest (Banque Populaire). Ce sont les mécènes qui permettent aujourd’hui de tels projets. »

    Marc Feldman

« Mettre l’École au service d’une subjectivité écologique » (Emmanuel Tibloux)

  • « L’École est un endroit décisif sur la question écologique. Il ne faut pas se raconter d’histoires. La grande transformation, qu’on doit appeler de nos vœux et à laquelle on doit travailler, est une transformation subjective. Je suis convaincu que le vocabulaire de la “transition” -qui étymologiquement renvoie à l’idée de “traverser”-, n’est aujourd’hui plus tenable. Il faut transformer les subjectivités, transformer les institutions, dans une conception très étendue de l’écologie.
  • Il faut que l’École se redonne les moyens de capter les énergies de la jeunesse et de transformer les citoyens. Historiquement, l’École a été mise au service de la création d’une subjectivité républicaine. Aujourd’hui, il faut la mettre au service d’une subjectivité écologique.
  • Pour transformer les subjectivités, il faut s’en remettre à la jeunesse. Pendant longtemps, l’imaginaire lié au progrès nous a dispensé de penser et de nous soucier de l’avenir, le progrès étant considéré comme quelque chose qui ne pouvait que rendre meilleur l’avenir. Aujourd’hui, nous prenons conscience que nous, humains, altérons les conditions de l’existence sur terre. Ce souci de l’avenir produit une rupture -dont il est difficile de prendre la mesure intellectuellement- qui est que l’autorité dont on avait tendance à considérer qu’elle était une autorité du passé est aujourd’hui une autorité de l’avenir. Ainsi, la jeunesse d’aujourd’hui est en droit de nous demander des comptes sur la façon dont on altère les conditions d’habitabilité de nos milieux de vie. Il faut résolument miser sur l’autorité de l’avenir telle qu’elle s’incarne dans la jeunesse en faisant en sorte de concilier ce qui est de l’ordre de la lucidité et ce qui est de l’ordre de la colère dans cette génération.
  • Tout le travail que l’École a vocation à mener consiste à concilier l’énergie, la colère, la lucidité, le discernement, les multiples appels de la jeunesse. Et il y a là un point commun entre l’école et la culture : leur caractère intergénérationnel. Toutes les écoles, quels que soient le niveau ou les disciplines, doivent aujourd’hui prendre la mesure de cette dimension intergénérationnelle et considérer qu’en leur sein, qui que vous soyez (élèves, professeurs, agents administratifs, directeurs, etc), vous vous exposez à être transformés par la jeunesse. Il faut le faire de façon extrêmement exigeante, sans faire le procès du vieux mâle occidental blanc, et sans non plus verser dans une espèce de démagogie qui consisterait à donner les clés de l’école aux élèves.
  • De même que l’École est la seule institution qui se définit par l’intergénérationnalité du milieu qu’elle propose, de même la culture est un endroit où l’on peut organiser des communautés temporelles. Ainsi on est contemporain de Racine quand on va à la Comédie-Française • Fondée par lettre de cachet de Louis XIV le 21/10/1680 pour fusionner les deux seules troupes parisiennes de l’époque, la troupe de l’Hôtel Guénégaud et celle de l’Hôtel de Bourgogne. … , tout comme on est contemporain de Léonard de Vinci quand on va au Louvre • Ancien palais des rois• Création en 1793 • Fréquentation 2023 : 8,9 millions de visiteurs (+14 %)• Fréquentation 2022 : 7,8 millions de visiteurs• Fréquentation 2021 : 2,8 millions de visiteurs… . C’est un enjeu majeur aujourd’hui que de faire en sorte d’organiser des communautés temporelles, dans lesquelles les générations actuelles sont contemporaines des générations passées et des générations futures, et de décider de prendre en main l’urgence écologique. »

    Emmanuel Tibloux

« En matière de formation au développement durable, il est plus efficace de travailler sur une démarche de progrès plutôt que sur une évaluation clinique » (Thierry Teboul)

  • « L’offre de l’Afdas Assurance formation des activités du spectacle - OPCO (Opérateur de compétences agréé par l’État) des secteurs de la culture, des industries créatives, des médias, de la communication, des… en matière de développement durable n’est pas qu’un programme de formation. Elle consiste également en des outils qui permettent à chacun de se positionner par rapport à là où il en est déjà dans sa démarche personnelle. Ce n’est pas tout à fait inutile d’être dans cette diversité car quand on parle des conditions d’évaluation, soit on mesure ce qui a été atteint, soit on mesure la progression. Or il me semble qu’il est plus efficace de travailler sur une démarche de progrès plutôt que sur une évaluation clinique, reposant en quelque sorte sur la sanction. 
  • C’est pourquoi, nous avons d’abord construit des auto-diagnostics, notamment pour les TPE-PME Très petites entreprises - Petites et moyennes entreprises afin de leur permettre de voir où elles en sont en matière d’éco-responsabilité. Car avant de parler de formation, il faut d’abord se positionner par rapport à ce que l’on fait déjà ou non. Or aujourd’hui trop d’offres de formation sont lancées sans que ne soit posée la question de savoir d’où l’on part.
  • La deuxième brique de notre offre en matière de développement durable est l’appui-conseil RSE Responsabilité sociétale des entreprises qui inclut la mobilisation de consultants (financés par l’Afdas) dans les entreprises.
  • Enfin, sur le volet formation, je suis convaincu que la formation initiale seule ne peut suffire sur ces sujets. Ne miser que sur la jeunesse ne peut suffire, d’autant qu’on peut voir qu’elle n’est pas si homogène que cela sur le sujet. Cela nous oblige donc à réfléchir à la formation continue. Nous avons construit une offre de formation continue en la matière, dont je dois dire qu’elle ne rencontre pas un franc succès. L’Afdas communique pourtant sur ses réseaux, ses newsletters. Mais force est de constater que c’est un sujet qui frémit mais qui ne prend pas encore dans la formation continue. Peut-être que nous n’avons pour l’instant pas trouvé les arguments qui portent, ni même les bons prescripteurs. Je me demande aussi si les professionnels ont du temps disponible pour se former à cela. Enfin, on parlait précédemment des écoles dont les jeunes regrettent parfois qu’elles n’aient pas forcément de volet transition écologique. Mais il faut savoir que construire des maquettes pédagogiques est compliqué. Or si vous ne réussissez pas à trouver le biais pour introduire ce sujet dans toutes les matières, vous vous mettez à fabriquer des modules dont on va dire qu’ils sont insuffisants, déconnectés du contexte. 
    Thierry Teboul - ©  Seb Lascoux
  • Il y a à la fois une urgence à opérer une transformation mais, dans le même temps, on est face à une grande “immaturité” sur le sujet, on ne sait pas comment le prendre ni l’aborder. C’est la raison pour laquelle, les actions d’auto-diagnostics ou d’appui conseil ont plus de succès que la formation continue. C’est embêtant car c’est pourtant celle qui permet de passer à l’action.
  • Pour réussir, il faut vraiment assurer un continuum entre formation initiale et formation continue. D’autant que la question écologique ne se décrète pas, elle doit être institutionnalisée dans les entreprises par un dialogue entre les anciennes et les nouvelles générations. »

    Thierry Teboul
  • « On cherche tous ensemble les bons formats pédagogiques. À l’endroit du CNAM, nous avons justement déposé un projet d’investissement sur l’innovation pédagogique en matière de transition. 
  • Nous n’avons pas encore trouvé les bons formats tout simplement parce qu’il n’y a pas encore d’expert dans ce domaine. Beaucoup de gens font de l’éco-responsabilité à leur échelle, dans les entreprises où elles évoluent. L’enjeu est de réussir à construire en même temps une expertise qui ne soit pas que descendante et qui repose sur la notion de “communs”. Chaque expérience mérite d’être étudiée et partagée. Or cela n’entre pas du tout dans la façon dont on construit les maquettes de l’enseignement supérieur. Ces maquettes sont construites à un instant T et figées pour plusieurs années. Il faut aussi être dans l'“empowerment” des acteurs. La formation, ce sont eux qui vont la faire. C’est dans l’analyse du lien entre le projet artistique et la façon dont le produit et on le diffuse que réside la solution. »

    Lucie Marinier
  • « Je ne crois pas qu’on puisse dire qu’il est compliqué de changer les maquettes pédagogiques. À un moment donné, il faut être un tout petit peu voyou et ingénieux, et même radical. Il faut faire attention à ne pas verser dans une espèce de technicité pour mettre en œuvre des maquettes pédagogiques. Il faut prendre le taureau par les cornes et pour cela, encore une fois, il faut concilier les forces de la jeunesse.
  • De même, on ne peut pas dire qu’il n’y a pas d’expert sur le sujet. Depuis 2018-2019, il y a tout un courant de pensée autour de l’éducation en anthropocène, à la croisée, d’une part, des sciences et des philosophies de l’environnement et, d’autre part, des sciences et des philosophies de l’éducation.
  • On sait très bien comment il faut transformer l’École, à quels endroits tout se joue : les savoirs, la valorisation de l’immersion, la valorisation des approches de convivialité, des approches sensibles. Sur ces points, des expériences -certes minoritaires- sont menées, en particulier en milieu rural, comme le Campus de la Transition  (lieu d’enseignement, de recherche et d’expérimentation, situé en Seine-et-Marne, créé en 2018 par un collectif d’enseignants-chercheurs, d’entrepreneurs et d’étudiants réunis par la volonté de promouvoir une transition écologique, économique et humaniste, à l’échelle des enjeux qui bouleversent notre siècle).
  • Les milieux ruraux sont particulièrement intéressants parce qu’ils donnent accès à des savoir-faire, à la possibilité de faire de l’immersion, à la petite échelle. Et on sait très bien que la petite échelle est l’échelle pertinente si on veut engager des transformations au plan écologique. »

    Emmanuel Tibloux

« Accompagner financièrement des programmes initiés par les acteurs culturels eux-mêmes » (Frédéric Olivennes)

  • « Il y a toujours eu chez Audiens des personnes qui ont poussé pour que le groupe s’engage sur la question écologique. Des choses ont été faites depuis assez longtemps en interne pour diminuer notre empreinte carbone et limiter les impacts négatifs de notre fonctionnement sur l’environnement : réalisation d’un bilan carbone il y a près de huit ans (un autre est actuellement en cours), prise en compte des enjeux écologiques dans la construction du bâtiment à Vanves, etc. Ces actions sont aujourd’hui insuffisantes au regard de l’urgence écologique, et nous allons nous engager dans une nouvelle trajectoire, mettre les choses à plat et essayer de construire de nouvelles règles en interne pour s’inscrire dans le cadre de ce qui est demandé au niveau de la COP26, notamment. Nous avons aussi choisi de dédier une personne au sujet, Marina Ezdiari, qui accompagne à la fois l’entreprise, mais aussi nos clients qui peuvent avoir besoin de conseil et d’expertise.
  • Le deuxième axe de notre action concerne le financement de programmes initiés par des acteurs culturels eux-mêmes. C’est particulièrement le cas dans la production audiovisuelle à travers la mise en œuvre du label Ecoprod, dont l’objectif est de réduire l’impact environnemental sur les tournages. 
  • Le troisième axe, et sans doute celui sur lequel nous avons un levier d’action le plus important, concerne la collecte des cotisations. Pour certaines cotisations, de type prévoyance, nous les conservons et les plaçons sur des durées assez longues, à la différence des cotisations santé par exemple. Quand on place de l’argent sur une certaine durée, on en tire des produits, lesquels sont importants dans notre modèle économique. En effet, chaque euro que nous générons grâce à cet argent placé est un euro que l’on ne demande pas à nos assurés. 
    Frédéric Olivennes - ©  Seb Lascoux
  • À une époque, lorsqu’on allait vers des placements plus vertueux, les rendements étaient moins importants. Aujourd’hui, 80 % de toutes les sommes placées par Audiens le sont dans des entreprises qui donnent des garanties du point de vue de leurs engagements environnementaux. Nous devons continuer pour atteindre 100 % mais on ne peut pas faire les choses trop vite car il y a des placements qui ne sont intéressants que lorsqu’on les conserve longtemps. Si on devait les arrêter, on pourrait se retrouver avec une moins-value, laquelle pourrait alors être préjudiciable à la philosophie d’Audiens qui a toujours été d’avoir la tarification la plus basse possible pour ses assurés. »

    Frédéric Olivennes

« Revoir la gouvernance des lieux pour qu’elle soit participative » (Emmanuel Tibloux)

  • « Il faut revoir la gouvernance des lieux pour qu’elle soit participative. Cela passe par la mise en œuvre d’ateliers sur des thématiques, par de la co-construction. Ainsi, c’est l’occasion, pour les personnes qui sont très engagées dans leur vie personnelle, de partager leurs savoirs et leurs expériences au service de l’institution. 
    Emmanuel Tibloux - ©  Seb Lascoux
  • Cela veut aussi dire réinterroger le fonctionnement de l’autorité, au bénéfice d’une autorité partagée. Les choses changent. On le voit par exemple à travers la nouvelle présidence au Palais de Tokyo • Créé en 2002• Dédié à la création contemporaine en Europe• Superficie : 22 000 m²• Présidente du CA : Anne Wachsmann Guigon• Présidence : Guillaume Désanges• Directrice générale  : Marianne… (Guillaume Désanges Président @ Palais de Tokyo
    , nommé en janvier 2022) qui, pour autant que je puisse en juger, semble aller dans le bon sens en ce qui concerne les modalités participatives.
  • Quand je suis arrivé à la direction de l'Ensad École nationale supérieure des arts décoratifs en 2018, j’ai constaté que dans les instances de gouvernance (conseil d’administration, conseil des études et de la recherche) il y avait une faible représentation des étudiants. Or on ne peut pas construire une école si on ne la construit pas avec la jeunesse, avec les étudiants. Tout comme en design on ne peut pas construire une institution ou un service dans lesquels il y a une faible représentation des usages. Nous avons donc créé une nouvelle instance, le conseil des études et de la vie étudiante, dans lequel il y a une représentation paritaire entre les étudiants et les enseignants.
  • On s’est par ailleurs doté d’un plan de transition écologique autour de trois volets : vie du campus, contenu d’enseignement et de recherche, projection de l’école à l’extérieur (rayonnement de l’école et question des voyages, etc). Ce plan va aujourd’hui être transformé car je ne crois plus au terme “transition”.
  • La question que l’on se pose en cette rentrée -et c’est le message que je souhaite adresser aux étudiants-, c’est comment on transforme l’école et toutes nos pratiques. »

    Emmanuel Tibloux
  • « Comme on l’a fait en matière de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, je pense qu’il faut plusieurs offres de formation sur l’éco-responsabilité, et que celles-ci soient séquencées par type de métiers, voire par type de fonctions occupées dans l’entreprise.
  • L’éducation et la formation ont un rôle majeur à jouer pour passer d’une pratique domestique à une pratique professionnelle, celui de l’émancipation. Pour s’émanciper, il ne faut pas seulement attendre la prescription de son employeur pour se former. Il faut réussir à trouver des canaux pour formuler une demande d’émancipation par rapport à une prescription d’un employeur. Pour moi, cela a à voir avec une question d’appétence et de renouvellement d’expériences, c’est-à-dire que plus on se forme, plus on a envie de se former. »

    Thierry Teboul

Lucie Marinier


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Parcours

Conservatoire national des arts et métiers (Cnam)
Professeure, titulaire de la chaire ingénierie des activités culturelles et créatives
Ville de Paris
En charge de la prospective, de l’innovation et de l’art dans l’espace public au sein de la direction des affaires culturelles
Musée d’art moderne de Paris
Secrétaire générale
Ville de Paris
Conseillière culture cabinet de Bertrand Delanoë

Établissement & diplôme

Université Lumière - Lyon 2
Master en direction de projets et institutions culturelles
Sciences Po Lyon (IEP Lyon)
Diplômée

Fiche n° 663, créée le 06/11/2013 à 17:28 - MàJ le 02/05/2022 à 19:36

Marc Feldman


• Né à New York

• A été musicien d’orchestre (Lyon, Lisbonne, États-Unis…) pendant 20 ans.


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Parcours

Orchestre national de Bretagne
Administrateur général
Orchestra Management Fellowship
Membre
Sacramento Philharmonic Orchestra (Californie, États-Unis)
Directeur exécutif
Orchestre pour la Paix (France)
Administrateur

Fiche n° 7560, créée le 19/11/2014 à 17:09 - MàJ le 26/06/2023 à 18:50

Emmanuel Tibloux


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Parcours

École supérieure d’art et design de Saint-Étienne
Directeur
École régionale des beaux-arts de Valence
Directeur
Institut français de Bilbao
Directeur
Université Rennes 2
Enseignant-chercheur

Établissement & diplôme

ENS de Fontenay-Saint-Cloud
Diplômé

Fiche n° 5980, créée le 15/09/2014 à 20:26 - MàJ le 04/07/2018 à 17:03

Thierry Teboul


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Parcours

Afdas
Directeur général
Groupe IGS Paris
Délégué régional Île-de-France
Apprentissage-Alternance (Groupe IGS)
Directeur
Groupe IGS
Directeur des études post-bac+2
Groupe Igensia Education
Activités pédagogiques
RG Consultants associés
Directeur des études socio-économiques
Association Créatique
Conseil en création d’entreprises

Établissement & diplôme

Université Paris Nanterre
DEA en Sciences politiques
Université Paris Nanterre
Maîtrise d’économie mention internationale

Fiche n° 701, créée le 08/11/2013 à 18:08 - MàJ le 12/09/2024 à 11:44

Frédéric Olivennes


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Parcours

Audiens
Directeur Général
Audiens
Directeur général adjoint
IAB France (association en faveur de la structuration du marché de la communication sur Internet)
Président
Weborama
Directeur général France
Weborama
Directeur de la communication et des affaires institutionnelles
francetv distribution
Directeur général délégué à la stratégie commerciale
France Télévisions
Directeur de la Communication externe et du marketing image
Greenwich Consulting
Senior Advisor
Radio Nostalgie
Directeur de l’antenne
Radio Classique
Directeur général
Télérama
Directeur du développement du site Internet
Arte France
Directeur du développement
France 5
Directeur du développement
M6
Directeur du développement

Fiche n° 12854, créée le 01/09/2015 à 09:00 - MàJ le 09/10/2020 à 14:56


©  Seb Lascoux
Le débat « Professionnels et écologie : quelles formation, mobilisation, organisation ? » - ©  Seb Lascoux