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« La 1re édition des Capitales françaises de la culture aura lieu en 2021 » (Bernard Faivre d’Arcier)

Paris - Interview n°125185 - Publié le 18/07/2018 à 11:00
©  Seb Lascoux
©  Seb Lascoux

« Les Capitales françaises de la culture ont pour objet de mettre en valeur une ville en région suffisamment dynamique pour initier et porter des projets culturels pérennes. Les villes doivent répondre à sept critères, parmi lesquels une dimension d’éducation artistique et culturelle, une inscription dans le territoire, etc. », déclare Bernard Faivre d’Arcier, chargé par la ministre de la Culture Françoise Nyssen d’une mission de lancement des Capitales françaises de la culture, à News Tank le 18/07/2018. Le projet est porté par le ministère de la Culture en partenariat avec France urbaine.

« Le modèle s’inspire des Capitales européennes de la culture mais en évite les inconvénients. (…) Les Capitales françaises de la culture auront lieu tous les trois ans et la première édition est prévue en 2021, soit un après les élections municipales. L’objectif est de valoriser la vitalité culturelle d’une ville à travers ses projets. On ne cherche pas, contrairement aux CEC Capitale européenne de la Culture , à couvrir tous les champs de la culture », précise-t-il.

« Pour la première édition, nous allons cibler en priorité les villes entre 100 000 et 300 000 habitants. Le fait est que les grandes capitales régionales sont plutôt candidates au titre de Capitale européenne de la culture. Elles peuvent postuler mais nous allons d’abord viser les villes méconnues avec des projets artistiques forts afin de les mettre en valeur », indique encore l’ancien directeur du Festival d’Avignon.

Objectifs de ces CFC Capitale Française de la Culture , critères et jury de sélection, calendrier de mise en œuvre, dimension internationale et soutien des pouvoirs publics, Bernard Faivre d’Arcier répond aux questions de News Tank.

En quoi consistent les Capitales françaises de la culture pour la mise en place desquelles une mission vous est confiée par Françoise Nyssen ?

Les Capitales françaises de la culture ont pour objet de mettre en valeur une ville en région suffisamment dynamique pour initier et porter des projets culturels pérennes. Les villes doivent répondre à sept critères, parmi lesquels une dimension d’éducation artistique et culturelle, une inscription dans le territoire, etc.

• L’innovation artistique

• L’éducation artistique et culturelle

• Le rayonnement et coopération internationale

• Le tourisme culturel

• La durabilité

• La capacité de mise en œuvre

• La participation citoyenne.

Si les projets émanent des villes, quel sera l’apport de l’État qui lance ce programme ?

Il s’agit de faire en sorte que l’État et les Régions viennent en aide pour permettre à ces villes de réaliser leurs projets. Le soutien sera d’ordre financier mais aussi promotionnel. Le modèle s’inspire des Capitales européennes de la culture mais en évite les inconvénients. J’ai beaucoup étudié les CEC Capitale européenne de la Culture et les Capitales françaises de la culture n’en sont pas une réduction en petit. Les CEC peuvent avoir lieu dans un même pays une fois tous les 15 ans, soit, pour la France, pas avant 2018. Les CFC Capitale Française de la Culture auront lieu tous les trois ans et la première édition est prévue en 2021, soit un après les élections municipales. L’objectif est de valoriser la vitalité culturelle d’une ville à travers ses projets. On ne cherche pas, contrairement aux CEC, à couvrir tous les champs de la culture. 

L’objectif est de valoriser la vitalité culturelle d’une ville à travers ses projets »

Le « label » distinguera une ville qui a deux ou trois projets artistiques forts, internationaux, pérennes, innovants aussi bien en matière artistique qu’en matière de médiation ou de coopération des territoires.

Les projets pourront être portés par les villes ou par des acteurs culturels soutenus par la ville. Les villes candidates seront départagées par un jury de sélection.

Comment sera constitué ce jury ?

Il sera paritaire entre hommes et femmes. Il comprendra en gros deux tiers de Français et un tiers d’étrangers. Je propose aussi qu’il soit exclusivement constitué de professionnels qui ont déjà pu montrer leur capacité à faire naître ce genre de projets. Il ne comprendra pas de membres de l’administration, de politiques, d’anciens parlementaires, de sociologues ou économistes de la culture, mais seulement des professionnels reconnus comme par exemple Jean Blaise Directeur général @ Le Voyage à Nantes
Créateur de différentes manifestations culturelles : • Le festival des Allumées • Le Festival de Hué au Vietnam • Nuit blanche parisienne…
, Didier Fusillier Président @ GrandPalaisRmn (RMNGP) • Directeur artistique @ Les Berges de Seine à Paris
, José Manuel Gonçalvès Directeur artistique et culturel du Grand Paris Express @ Société des grands projets (SGP) • Directeur @ Centquatre-Paris
• Directeur artistique des Nuits Blanches 2014 et 2015.
ou la directrice du Théâtre du Châtelet, Ruth Mackenzie Directrice artistique @ Festival d’Adélaïde (Australie)
, qui est anglaise et a précédemment piloté la programmation culturelle des JO Jeux Olympiques de Londres. 

Réunir des professionnels capables de juger les projets et de parler d’artistique »

Il faut réunir des professionnels capables de juger les projets et de parler d’artistique. Le classement sera ensuite proposé au ministère de la Culture.

Quel est le calendrier de mise en œuvre de ce dispositif ?

J’ai reçu une lettre de mission de Françoise Nyssen pour l’établissement de cette procédure de concours ouvert aux villes. Je dois lui remettre un plan complet dans les mois qui viennent afin que la compétition puisse être ouverte à l’automne 2018. Les villes auront quelques mois pour déposer leurs projets. La ville lauréate sera désignée deux ans avant pour préparer l’événement. La procédure est donc bien plus rapide, plus simple et plus légère que celle des Capitales européennes de la culture. Les budgets concernés sont également moindres. Les budgets des CEC sont considérables, 95 M€ par exemple pour Marseille-Provence 2013, hors investissements. Nous voulons éviter une surenchère financière entre les villes. Le budget sera limité à 15-20 M€. Le financement, l’expérience le prouve, devrait être réparti ainsi : 35 % par l’agglomération, 25 % par la Région, 15 % de mécénat, 15 % de recettes propres et 10 % par l’État. 

La participation de l’État sera coordonnée par le ministère de la Culture mais n’intéresse pas que lui »

La participation de l’État sera coordonnée par le ministère de la Culture mais n’intéresse pas que lui. L’Éducation nationale, le ministère de la Cohésion des Territoires et le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères seront également concernés.

La ville lauréate fera l’objet d’une promotion internationale, avec Atout France et les réseaux culturels à l’étranger avec le relais des Instituts français et des Alliances françaises.

Une autre aide de l’État consistera à la capacité de mobilisation de grands établissements publics nationaux. Si une ville dépose un projet de la compétence d’un établissement tel que le Centre Pompidou ou la Cité de l’Immigration par exemple, et qu’elle est désignée par le jury, l’établissement public national pourrait soutenir ou parrainer le projet sur sollicitation du MC Ministère de la Culture .

Je me suis aussi inspiré du modèle britannique de « UK City of Culture ». La prochaine sera Coventry en 2021. Elles ont lieu tous les quatre ans. Le principe de capitale culturelle existe aussi en Italie où il y en a une chaque année. Ces programmes méritent un temps de préparation et il ne faut pas brader le label. C’est pourquoi nous sommes partis sur un rythme triennal.

Il existe une forte attente, je sais que 12 à 15 villes sont déjà très intéressées.

Le territoire est divers et hétérogène. Comment allez-vous vous y prendre pour permettre à des villes plus modestes d’avoir leur chance face à des villes plus vastes, plus équipées, plus riches ou plus installées culturellement parlant ?

Pour la première édition, nous allons cibler en priorité les villes entre 100 000 et 300 000 habitants. Le fait est que les grandes capitales régionales sont plutôt candidates au titre de Capitale européenne de la culture. Elles peuvent postuler mais nous allons d’abord viser les villes méconnues avec des projets artistiques forts afin de les mettre en valeur. 

Des tandems ou des groupements de villes proches seront aussi éligibles »

Des tandems de villes proches qui décident de coopérer, du type Nancy-Metz par exemple, ou des groupements comme le Sillon lorrain (Nancy, Metz, Épinal et Thionville), seront aussi éligibles, ce qui n’est pas le cas pour les CEC où les dossiers de candidature doivent être portées par une ville unique.

Ce modèle est très adapté à la France. Les critères de sélection répondent à la politique actuelle du Gouvernement. L’EAC Éducation artistique et culturelle , la coopération culturelle, la transmission, le tourisme sont autant d’axes qui devront être pris en compte dans les candidatures.

Pourquoi les projets doivent-ils comporter une dimension internationale ?

Ils peuvent comporter une dimension nationale ou internationale. Et, pour un ou deux d’entre eux, il faut une dimension internationale en effet. Il ne s’agit pas de se limiter à l’Europe d’ailleurs. Des projets avec l’Afrique, l’Asie ou les Amériques sont tout à fait recevables. La dimension internationale est importante. L’expérience montre que beaucoup de projets artistiques forts sont issus de professionnels ambitieux pour leur territoire. Si on prend l’exemple de villes comme Avignon, avec son festival de théâtre, d’Arles avec ses Rencontres de la photographie, d’Angoulême avec son festival de la BD ou de Marciac avec son festival de jazz, on voit bien que rien ne les prédestinait a priori à prendre cette place. Ces manifestations emblématiques sont nées de projets, non d’études de marché ou de plans gouvernementaux, et de la volonté de quelqu’un au sein d’une ville de créer cela. L’enjeu est de donner une spécificité, une image à la ville. Beaucoup de choses sont concentrées sur Paris mais beaucoup d’autres se font en province dans des villes que l’on ne soupçonne pas. L’idée est justement de mettre ces initiatives en valeur.

Bernard Faivre d‘Arcier


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Fiche n° 73, créée le 01/10/2013 à 10:40 - MàJ le 13/10/2022 à 14:53

©  Seb Lascoux
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