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Sunny Side : « Europe Créative va davantage financer l’innovation trans-sectorielle » (G. Bertolli)

Paris - Actualité n°123395 - Publié le 26/06/2018 à 18:40
©  Aurélie Romanacce
La table-ronde « Culture et Patrimoine : audace, innovation et opportunités » présentée par News Tank - ©  Aurélie Romanacce

« Le programme Europe Créative va davantage financer l’innovation trans-sectorielle, comme les contenus documentaires du secteur culturel. Nous allons injecter plus de flexibilité dans nos actions afin de soutenir des initiatives associant les secteurs de la culture et du numérique », déclare Gabriele Bertolli, team leader, Programme Creative Europe Media de la Commission européenne, lors de la table-ronde « Culture et Patrimoine : audace, innovation et opportunités » présentée par News Tank Culture au festival Sunny Side of the Doc, à La Rochelle (Charente-Maritime) le 25/06/2018.

Au cours de cette table-ronde analysant comment « les musées, sites patrimoniaux, festivals ou lieux de spectacle commandent, produisent, coproduisent ou inventent des formes documentaires nouvelles, toujours plus immersives », Laure Pressac, responsable de la mission stratégie, prospective et numérique du CMN Centre des monuments nationaux , déclare que « pour [eux], le numérique permet de connecter le passé et le futur. »

News Tank rend compte des échanges.

« Le numérique permet de connecter le passé et le futur » (Laure Pressac, CMN)

  • « Lorsque nous avions produit et réalisé l’exposition spectaculaire ”Mémoires d’Egypte. Hommage de l’Europe à Champollion” en 1990, avec des décors de théâtre, des objets en pierre et des films retraçant la vie de Jean-François Champollion, on avait crié au scandale à l’époque.
  • Pourtant l’exposition a connu un grand succès en accueillant chaque fois 300 000 visiteurs à Strasbourg, à Paris et à Berlin.
  • Au fil des ans, les choses ont petit à petit évolué et au début des années 2000, l’injonction a été faite aux musées de se tourner vers le numérique. »

    Muriel Meyer-Chemenska, Métapraxis
  • « Grâce au projet MuseumLab expérimenté par le musée du Louvre en 2006-2007, le Louvre-Lens a pu utiliser le numérique comme un outil parmi d’autres pour faire découvrir aux visiteurs la ”Galerie du temps” ».

    Guilaine Legeay, Louvre-Lens

  • « Le Centre des Monuments Nationaux existe depuis plus de cent ans et possède une centaine de monuments dans toute la France. Avec 9,5 millions de visiteurs par an, nous sommes le premier opérateur touristique et nous disposons d’une réelle capacité à innover.
  • Pour nous, le numérique permet de connecter le passé et le futur. Dans les années 2000, nous avons mis en place le premier projet de réalité augmentée à l’abbaye de Cluny. Le lieu étant à moitié détruit, le numérique nous est venu en aide pour faire comprendre aux visiteurs à quoi ressemblait le monument.
  • Ce fut la même chose concernant la Conciergerie. L’HistoPad nous a permis de recréer la chambre de Marie-Antoinette. » 


    Laure Pressac, Centre des monuments nationaux.

« Nous souhaitons injecter de la flexibilité entre l’audiovisuel et les autres secteurs culturels » (Gabriele Bertolli, Creative Europe Media)

  • « La Commission européenne souhaite renouveler son programme Europe Créative en 2021-2027 autour des deux volets media et culture. Mais nous souhaitons injecter de la flexibilité entre l’audiovisuel et les autres secteurs culturels en finançant davantage l’innovation trans-sectorielle, comme les contenus documentaires du secteur culturel.
  • Nous allons injecter plus de flexibilité dans nos actions afin de soutenir des initiatives associant les secteurs de la culture et du numérique 
  • Par exemple, l’idée d’associer un spectacle de ballet avec la réalité virtuelle serait un projet très intéressant à financer. A partir de 2021, le Parlement européen et le Conseil des États membres, s’ils valident notre programme de financement, pourraient permettre de soutenir ce genre de proposition.
  • Le programme 2021-2027, dispose d’une enveloppe pour financer des outils technologiques qui n’existent pas encore ! En effet, comme la durée du programme s’étend sur sept ans, nous souhaitons injecter la plus grande flexibilité possible au financement de ces futurs projets en apportant des solutions concrètes et fortes dès qu’apparaissent de nouvelles opportunités.

  • Le budget consacré aux media et à la culture pourrait s’élever à 510 M€ par an pour toute l’Europe. Cela correspondrait à une augmentation de 30 % des financements des médias et de la culture. Dans le contexte actuel qui est très difficile, on espère que cela va aboutir. »

    Gabriele Bertolli, Creative Europe Media

  • « Dans le domaine des musées, nous travaillons selon le système des marchés publics. Les donneurs d’ordre sont soit l’État, soit les collectivités territoriales en charge du musée. C’est un fonctionnement très différent de la production audiovisuelle. La maîtrise d’ouvrage répond à un appel d’offre public, elle recrute un maître d’œuvre qui lui-même embauche des équipes pour réaliser les travaux et la phase d’étude. »

    Muriel Meyer-Chemenska, Métapraxis

  • « Les enjeux varient en fonction du public et tiennent compte des attentes des commissaires d’exposition. Par exemple, pour ”Des animaux et des pharaons” présentée en 2015, les visiteurs pouvaient manipuler des momies animales en 3D et en découvrir l’intérieur, grâce à des images réalisées au scanner médical. Pour l’exposition ”Musique ! Échos de l’Antiquité”, nous avons choisi de diffuser un programme de très courts documentaires d’historiens, d’archéologues, mais aussi d’ethnomusicologues, d’acousticiens et de professionnels de l'Ircam Institut de recherche et coordination acoustique/musique sur la conception d’un son à l’Antiquité.
  • Les approches sont différentes en fonction des expositions. »

    Guilaine Legeay, Louvre-Lens

  • « Les visiteurs sont notre premier enjeu. Chaque projet prend en compte le contexte très spécifique du lieu parmi la centaine de monuments gérée par le CMN Centre des monuments nationaux . À la Conciergerie, le public étant international, le projet doit être traduit en une dizaine de langues. Ce n’est pas la même énergie qui est mise en œuvre.
  • En revanche, concernant la maison de Georges Clemenceau à Saint-Vincent-sur-Jard, nous avons travaillé avec l’application de réalité superposée Skyboy pour faire revivre l’intimité de l’Homme d’État.
  • Le choix a été très différent pour le château de Ferney-Voltaire et le Monastère royal de Brou dans lequel on a fait revivre Marguerite d’Autriche grâce à un hologramme. Chaque fois le prototype répond à un sujet, un contexte et un public spécifiques. »

    Laure Pressac, CMN

« Différentes temporalités sont mises en œuvre lors d’un projet numérique au musée » (Muriel Meyer-Chemenska, Métapraxis)

  • « Un projet muséal est par nature global et sollicite plusieurs équipes. Certaines travaillent avec les commissaires d’exposition, d’autres avec la maîtrise d’ouvrage, et tout cela doit participer d’une même dynamique.
  • Or il n’y a pas toujours d’interaction entre les équipes et tous ces intervenants. Parfois un projet qui devait durer deux ans se prolongera pendant cinq ans en raison de travaux qui n’étaient pas prévus. Des temporalités différentes sont mises en œuvre tout au long du projet qui peuvent parfois entamer la dynamique et l’enthousiasme des équipes. »

    Muriel Meyer-Chemenska, Métapraxis

  • « Nos expériences se rejoignent. Les différences de temporalité entre la conception, la production et la narration d’une exposition posent parfois problème. J’ai pu m’en apercevoir récemment en tant que commissaire d’exposition d'“Histoire(s) de graffiti” organisée par le CMN.
  • En étant en lien avec les équipes du numérique et de la scénographie, je me suis rendue compte que les temporalités ne sont pas toujours les mêmes entre les équipes et que les expositions temporaires et les parcours de visite permanents requièrent d’autres durées. »

    Laure Pressac, CMN

  • « Il faut quand même rester positif, nous y parvenons malgré les difficultés. Celles-ci sont dues à la nouveauté du métier, mais nous sommes malgré tout satisfaits de ce que nous accomplissons. Par ailleurs, cela nous donne l’occasion de requestionner les dispositifs sur les expositions permanentes.
  • Il y a une énergie, une intelligence à démontrer qui nécessitent du temps mais cela est en train de se mettre en place. »

    Guilaine Legeay, Louvre-Lens

« Que veut-on faire vivre au spectateur comme expérience ? » (Guilaine Legeay, Louvre-Lens)

  • « La fondation Orange nous accompagne depuis 2011 en tant que mécène. Grâce à cela nous avons pu tester plusieurs dispositifs avec un retour d’expérience. Le choix des technologies découle de ce qu’on veut transmettre au public et doit être approprié au contexte. »

    Guilaine Legeay, Louvre-Lens

  • « Nous voulons faire vivre au spectateur une expérience avec la technologie la moins invasive possible. Nous préférons les tablettes aux casques de réalité virtuelle car nous souhaitons en priorité établir un dialogue entre le visiteur et le monument tout en favorisant un dialogue entre les spectateurs. Nous sommes très intéressés par les dispositifs sonores qui permettent ce genre d’expérience.
  • Par ailleurs, l’utilisation de la haute technologie n’a de sens que si elle s’applique à un parcours complet dans l’ensemble du musée. On y réfléchit pour l’ouverture de l’hôtel de la Marine en 2020 qui offrirait une expérience de bout en bout et apporterait de nouvelles connaissances après la visite. »

    Laure Pressac, CMN

  • «  Je constate une évolution des musées et de leur mission. Ils n’ont plus pour vocation de remplacer l’école. J’espère que cela va continuer et que nous allons cesser de submerger les visiteurs de contenus.
  • Le visiteur n’est pas qu’un esprit flottant, il a parfois mal aux jambes, il a besoin d’un siège pour regarder confortablement une vidéo ou un film. Nous souhaitons lui proposer des expériences sensorielles diverses qui sollicitent le toucher ou l’odorat afin de lui faire comprendre autrement l’exposition. Pour cela, nous menons à bien un travail d’analyse d’expérience des visiteurs dans les musées en collaboration avec des centres de recherche et des laboratoires.
  • L’enjeu est d’analyser ce que les visiteurs ont retenu en termes de contenu et de mesurer le gain pédagogique du dispositif numérique ».

    Muriel Meyer-Chemenska, Métapraxis

  • « Nous nous réjouissons de constater qu’il y a de plus en plus de respect pour l’audience. Les musées veulent davantage convaincre que se comporter en maître d’école. À la Commission européenne, nous souhaitons placer le public au cœur des projets culturels et redonner une image positive du numérique, qui a souffert d’une mauvaise réputation avec les soupçons de désinformation et de propagation de discours de haine.
  • Nous souhaitons que le public soit partie prenante des projets et contribue aux initiatives numériques comme l’initiative Digital Culture ou la promotion en ligne des œuvres européennes. Nous souhaitons que la culture et le numérique contribuent à rendre l’Europe plus forte et que tous les pays européens se saisissent de ce ”soft power” comme le fait si bien la France. »

    Gabriele Bertolli, Creative Europe Media

« L’un des prochains enjeux portera sur l’équilibre économique des dispositifs numériques » (Laure Pressac, CMN)

  • « Comment exploiter les projets numériques une fois l’exposition finie ? C’est l’un des enjeux sur lesquels tout le monde va être amené à réfléchir pour trouver un équilibre économique à ces dispositifs.
  • Par exemple, le jeu vidéo en ligne “Mission Graffiti”, qui était à l’origine conçu comme un outil de médiation, pourrait-il devenir un levier économique ? Le premier épisode est gratuit mais pour accéder à tous les niveaux, il faut payer un tarif raisonnable aligné sur les prix du marché. Nous constatons un taux de transformation très élevé et ce phénomène participe d’un nouveau modèle économique à trouver.
  • De même, nous avons lancé il y a une semaine l’Incubateur CMN, afin d’accueillir sept start-up. À cette occasion, la ministre de la Culture a prononcé les mots ”innovation et audace” comme l’intitulé de cette table-ronde ! »

    Laure Pressac, CMN

  • « Pour l’instant, nous n’avons pas encore réfléchi au-delà des projets d’expositions. Il y a des progrès à faire mais cela demande plus de temps de penser à des projets transversaux. En revanche, nous avons eu l’occasion de montrer des films lors de projets hors les murs comme dernièrement dans un centre commercial Auchan pour toucher un autre public.
  • Par ailleurs, l’économie propre aux prototypes offre la possibilité d’ouvrir l’esprit en proposant de tester des dispositifs étonnants »

    Guilaine Legeay, Louvre-Lens

  • « Une exposition, c’est un écosystème. Il est très difficile d’extraire les outils numériques hors du contexte pour lesquels ils ont été créés. Aujourd’hui, nous cherchons à créer des dispositifs pour présenter les choses de façon innovante et inédite mais à l’avenir le numérique fera partie du paysage. »

    Muriel Meyer-Chemenska, Métapraxis

Sunny Side of the Doc

• Organisateur de marchés internationaux dédiés aux films documentaires et programmes factuels dans le but de promouvoir la coproduction et faciliter les relations commerciales entre les sociétés de production et les diffuseurs.

• Sunny Side organise les marchés internationaux du film documentaire Asian Side of the Doc et Sunny Side of the Doc
Gérant de Doc Services, société organisatrice de Sunny Side of the Doc et d’Asian Side of the Doc : Roman Jeanneau
Directeur du Développement et de la Stratégie : Mathieu Béjot
Coordonatrice générale : Josée Brossard
Directrice de la communication : Aurélie Reman


Catégorie : Festival / Salon


Adresse du siège


4 Place Bernard Moitessier
17000 La Rochelle France


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Fiche n° 6125, créée le 07/12/2017 à 16:22 - MàJ le 14/01/2020 à 14:48

©  Aurélie Romanacce
La table-ronde « Culture et Patrimoine : audace, innovation et opportunités » présentée par News Tank - ©  Aurélie Romanacce