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7e FHA : « Se désintoxiquer de cette drogue dure que sont les expositions temporaires » (Sylvain Amic)

Paris - Actualité n°95050 - Publié le 06/06/2017 à 12:00
©  Léa Lootgieter
Sylvain Amic, Olivia Voisin, Didier Rykner et Vincent Éblé - ©  Léa Lootgieter

« L’attractivité des musées parisiens est très forte mais il est important de connaître également la réalité des établissements territoriaux qui sont aujourd’hui en difficulté : absence de données globales sur les institutions, manque de cohérence entre les musées et budgets amputés. Les dotations pour les acquisitions n’augmentent que dans le cadre d’un programme de rénovation. Certains musées comme le Palais des beaux-arts de Lille (Nord) ou le musée Toulouse-Lautrec à Albi (Tarn) n’ont même pas une ligne de crédits dédiée. Il s’agit d’une erreur. Il n’y a certes rien d’incontournable dans la culture mais de multiples liens possibles avec la quasi-totalité des politiques publiques. Le musée peut participer hors des ses propres murs à des dynamiques de territoire avec à la clef un double enjeu : l’attractivité externe et la cohésion de la population », déclare Vincent Éblé Rapporteur spécial de la mission Culture à la Commission des finances @ Sénat • Conseiller départemental du canton de Champs-sur-Marne @ Département de Seine-et-Marne (CG 77) • Sénateur (SER) de la… , sénateur de la Seine-et-Marne (SR Socialiste et républicain ), lors de la table ronde « Musées et collectivités : enjeux et avenir », organisée dans le cadre du 7eFHA Festival de l’histoire de l’art de Fontainebleau au château de Fontainebleau, le 02/06/2017.

« Les musées territoriaux ont certes des difficultés financières mais il faut voir ça comme une opportunité de repenser les compétences, de développer une politique territoriale globale qui s’appuie sur la solidarité entre les équipements. C’est le cas de la Métropole de Rouen Normandie qui regroupe depuis janvier 2016, huit musées municipaux et départementaux et qui a voté une enveloppe totale de 30 M€ sur dix ans pour les faire vivre. Nous sommes arrivés au bout de la course aux expositions temporaires. La manifestation “Icônes de l’art moderne. La collection Chtchoukine”, présentée à la Fondation Louis Vuitton à Paris du 22/10/2016 au 05/03/2017, est le monstre que nous avons fabriqué et qu’aucun musée public ne pourra plus dépasser. Il faut se désintoxiquer de cette drogue dure que sont les expositions temporaires et remettre les collections permanentes au cœur des politiques publiques », précise Sylvain Amic Président @ Établissement public du musée d’Orsay et du musée de l’Orangerie-Valéry Giscard d’Estaing
, directeur de la Réunion des musées métropolitains de Rouen Normandie (Seine-Maritime), le 02/06/2017.

Olivia Voisin Directrice des Musées d’Orléans @ Mairie d’Orléans
, directrice des musées d’Orléans (Loiret) participait également à la table ronde, modérée par Didier Rykner, directeur de la rédaction de La Tribune de l’art.

« Face à une absence de vision globale, les élus en sont réduits à jauger les questions muséales en fonction de leur interprétation individuelle » (Vincent Éblé)

  • L’attractivité des musées parisiens est très forte mais il est important de connaître également la réalité des établissements territoriaux si on ne veut pas risquer de voir uniquement l’arbre qui cache la forêt.
  • Le territoire de la Seine-et-Marne est particulier puisqu’il est à cheval entre la province et l’Île-de-France. Il est plus difficile d’exister aux portes de Paris que dans un département plus éloigné, même avec une offre de cinq musées. 

• Musée de la Seine-et-Marne (Saint-Cyr-sur-Morin)

• Musée Stéphane-Mallarmé (Vulaines-sur-Seine)

• Musée de Préhistoire d’Île-de-France (Nemours)

• Musée des peintres de Barbizon (Barbizon)

• Jardin-musée Bourdelle (Égreville)

  • Une autre difficulté est l’absence d’instance pour assurer une cohérence entre les musées territoriaux. Bien que regroupés sous le label « Musées de France », ces derniers ne font pas l’objet de statistiques et synthèses régulières de la part du ministère de la Culture. 
  • Ce manque de données empêche d’avoir une vision globale de la situation. Les élus en sont donc réduits à jauger les choses en fonction de leur interprétation individuelle, non d’une politique territoriale. 
  • Les départements doivent aujourd’hui faire face à des difficultés financières importantes dues à l’augmentation de leurs dépenses sociales obligatoires (RSA Revenu de solidarité active , AAH Allocation aux adultes handicapés , etc.) face au désengagement de l’État. Il y a donc de moins en moins de budget pour les politiques volontaires telles que le sport ou la culture. 
  • Et quand les élus mettent en balance le sport et la culture, ils choisissent trop souvent d’amputer le budget culturel. Une piscine, un stade soit on les ouvre, soit on les ferme complètement. Dans le secteur des musées, on peut toujours faire un peu moins, en supprimant le budget d’acquisition ou celui des expositions temporaires, tout en maintenant le lieu ouvert.
  • En 2004, le Département a acheté pour le Musée des peintres de Barbizon, une œuvre emblématique de Camille Corot (1796-1875), Détail de tronc d’arbre en forêt (1822), pour une enveloppe de 150 000 €. Aujourd’hui ce ne serait plus possible.
  • Les dotations pour les acquisitions n’augmentent que dans le cadre d’un programme de rénovation comme ce fut le cas pour le Musée des beaux-arts de Quimper (Finistère) ou la Cité internationale de la tapisserie à Aubusson (Creuse). Certains établissements comme le Palais des beaux-arts de Lille (Nord) ou le musée Toulouse-Lautrec à Albi (Tarn) n’ont même pas une ligne de crédits dédiée. 
  • Il y a une tendance qui tend à mesurer le musée à l’aune exclusif de la fréquentation. Il ne doit pas s’agir du seul critère. Le musée peut participer hors des ses propres murs à des dynamiques de territoire, avec à la clef un double enjeu : l’attractivité externe et la cohésion de la population.    
  • Il n’y a rien d’incontournable dans la culture mais de multiples liens possibles avec la quasi-totalité des politiques publiques. Si on prend l’exemple de la Seine-et-Marne, le musée départemental Stéphane-Mallarmé peut jouer un rôle considérable dans l’action éducative, dans l’art d’écrire ; et le Jardin-musée départemental Bourdelle (Égreville) fait écho aux questions environnementales.

Vincent Éblé, sénateur de la Seine-et-Marne (SR Socialiste et républicain ) et conseiller départemental du canton de Champs-sur-Marne

« Il faut s’appuyer sur la solidarité entre les équipements pour inventer de nouvelles politiques muséales » (Sylvain Amic)

  • Les quatre musées municipaux de Rouen ont été réunis sous la tutelle de la Métropole de Rouen Normandie avec quatre autres établissements départementaux ou issus de la communauté de l’agglomération rouennaise en janvier 2016. 
  • Il s’agit d’une décision vertueuse car Rouen est une petite ville dans une grande agglomération. Les charges du Musée des beaux-arts municipal étaient énormes par rapport aux impôts que la Ville percevait. Et l’existence même des établissements à faible fréquentation - de 8 000 à 20 000 visiteurs annuels -, comme le musée Le Secq des Tournelles ou le Musée des antiquités, était menacée. 

• Le Musée des beaux-arts de Rouen

• Le Musée de la céramique (Rouen)

• Le musée Le Secq des Tournelles (Rouen)

• Le muséum d’Histoire naturelle (Rouen)

• Le Musée des antiquités (Rouen)

• Le musée de la Corderie Vallois (Notre-Dame-de-Bondeville)

• La Fabrique des savoirs (Elbeuf)

• Le musée Pierre-Corneille (Petit-Couronne)

  • Les musées territoriaux ont certes des difficultés financières mais il faut voir ça comme une opportunité de repenser les compétences, de regrouper certains services (administratif, des publics) et de développer une politique territoriale globale.
  • La Métropole de Rouen Normandie a d’ailleurs voté une enveloppe totale de 30 millions d’euros sur 10 ans pour ses huit musées, ce qui règle déjà le problème de l’investissement. Les collections permanentes sont désormais gratuites et un quartier des musées sera créé dans le cadre de la rénovation du centre-ville de Rouen. Il s’agit d’une volonté politique nouvelle qui s’appuie sur la solidarité entre les équipements.
  • Il ne faut pas oublier que nous sommes un service public, les professionnels des musées doivent entendre les demandes de leur tutelle et s’y inscrire. Il faut gagner la confiance des élus sur la maîtrise de la gestion des projets. Engager un bras de fer ou se placer dans une situation de complète autonomie est suicidaire. 
  • Nous sommes arrivés au bout de la course aux expositions temporaires. La manifestation Icônes de l’art moderne. La collection Chtchoukine, présentée à la Fondation Louis Vuitton à Paris du 22/10/2016 au 05/03/2017, est le monstre que nous avons fabriqué et qu’aucun musée public ne pourra plus dépasser. De même, le nombre d’œuvres transitant en caisses dans les avions est effrayant. 
  • Nous devons nous désintoxiquer de cette drogue dure que sont les expositions temporaires. Notre force est que nous avons des collections permanentes contrairement à ces lieux privés qui sont des espaces d’exposition et non des musées. Nous devons donc remettre les collections au cœur des politiques publiques.
  • C’est dans cette optique que nous avons créé « Le temps des collections » : le principe est d’ouvrir, à partir de notre fonds, plusieurs expositions-dossiers en même temps au Musée des beaux-arts de Rouen et de les marketer de façon à créer un événement temporaire. 
  • Nous avons 100 000 € de budget d’acquisition ce qui est relativement faible mais suffisant. La politique d’acquisition boulimique n’est pas une bonne chose, les conservateurs ne doivent pas collectionner par procuration en achetant des œuvres dont les prix explosent sur le marché de l’art. 
  • Quand nous avons une opportunité d’achat hors de notre budget, comme dernièrement pour un Service à thé  de la Manufacture royale de Sèvres à 375 000 €, nous élaborons des montages financiers avec l’aide de l’État via le FRAM Fonds régional d’acquisition des musées  et la mise en place d’une souscription publique.

Sylvain Amic, directeur de la Réunion des musées métropolitains de Rouen Normandie (Seine-Maritime)

« Aller défendre son projet devant les élus n’est pas une contrainte mais une façon de les sensibiliser » (Olivia Voisin)

  • Contrairement aux musées municipaux de Rouen, les musées de la Ville d’Orléans ne sont pas encore passés sous la compétence de la Métropole. Les cinq établissements ont été longtemps délaissés. En effet, Orléans a été durement touchée lors de la Seconde guerre mondiale et la priorité du maire sortant, Serge Grouard (2011-2015, LR Les Républicains ), était notamment de mener de grands travaux patrimoniaux et urbains.
  • L’arrivée du nouveau maire Olivier Carré (LR Les Républicains ) a changé la donne car il a décidé de replacer Orléans parmi les grandes villes de France en s’appuyant sur l’art et la culture. Nous sommes une des rares villes qui a vu son budget culturel multiplié, presque de manière indécente. 
  • L’une des premières actions a été de mutualiser les cinq établissements qui vivotaient séparément et avaient du mal à tirer leur épingle du jeu notamment la Maison de Jeanne d’Arc fréquentée par les étrangers mais méconnue des Orléanais. 

• Le Musée des beaux-arts d’Orléans

• Le Musée historique et archéologique

• Le centre Charles Péguy

• La maison de Jeanne d’Arc

• Le muséum des Sciences naturelles

  • Notre travail a ensuite consisté à donner une véritable identité à chaque musée en évitant les doublons de collection. Nous travaillons au cas par cas avec les élus. Aller défendre son projet n’est pas forcément une contrainte car c’est un moyen plus fiable de sensibiliser les politiques, de les ancrer dans les problématiques du quotidien.

Olivia Voisin, directrice des musées d’Orléans (Loiret)

Vincent Éblé


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Parcours

Sénat
Rapporteur spécial de la mission Culture à la Commission des finances
Département de Seine-et-Marne (CG 77)
Conseiller départemental du canton de Champs-sur-Marne
Sénat
Sénateur (SER) de la Seine-et-Marne
Sénat
Président de la Commission des finances
Commission supérieure des monuments historiques 4e section
Membre

Fiche n° 13724, créée le 15/10/2015 à 11:14 - MàJ le 17/10/2024 à 10:50

Sylvain Amic


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Parcours

Ministère de la Culture
Conseiller en charge des musées, des métiers d’arts, du design et de la mode au cabinet de Rima Abdul Malak
Réunion des musées métropolitains de Rouen Normandie
Directeur
Musées de la Ville de Rouen
Directeur
Musée Fabre
Conservateur en chef, XIXe, moderne et contemporain

Fiche n° 58, créée le 30/09/2013 à 17:33 - MàJ le 19/04/2024 à 09:04

Olivia Voisin


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Parcours

Mairie d’Orléans
Directrice des Musées d’Orléans
Musée de Picardie
Conservateur du département Beaux-Arts
Institut national du patrimoine (Inp)
Conservateur du patrimoine stagiaire
Bibliothèque nationale de France
Chercheuse associée - Département des Arts du spectacle
Archives Charles Camoin
Chercheuse documentaliste
Bibliothèque-Musée de la Comédie-Française
Attachée de conservation
Duval Guillaume France
Chargée de clientèle
Musé du Louvre
Stagiaire - exposition Ingres

Fiche n° 13114, créée le 13/09/2015 à 19:59 - MàJ le 18/04/2023 à 12:51

Festival de l’histoire de l’art de Fontainebleau

• Manifestation gratuite organisée chaque année à Fontainebleau (Seine-et-Marne) par le ministère de la Culture, l’INHA (Institut national d’histoire de l’art) et le Château de Fontainebleau.

• Création : 2011
• 13e édition : du 31/05 au 02/06/2024 sur le thème du sport avec le Mexique comme pays invité

Fréquentation :
-
40 000 entrées lors de la 12e édition du 02 au 04/06/2023
- 40 000 entrées lors de la 11e édition du 03 au 05/06/2022
- 20 000 entrées lors de la 10e édition 04 au 06/06/2021
- 36 500 entrées lors de la 9e édition du 07 au 09/06/2019
- 40 000 entrées lors de la 8e édition du 01 au 03/06/2018
- 45 000 entrées lors de la 7e édition du 02 au 04/06/2017
- 27 000 entrées lors de la 6e édition du 03 au 05/06/2016
- 32 000 entrées lors de la 5e édition, du 29/05 au 31/05/2015

• Présidente du comité scientifique : Laurence Bertrand Dorléac

• Directrice scientifique : Veerle Thielemans

• Contact : Anne-Gaëlle Plumejeau, chargée de communication et des relations presse à l’Institut national d’histoire de l’art

Tél. : 01 40 15 87 56


Catégorie : Divers Public


Adresse du siège

182 rue Saint-Honoré
75001 Paris France


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Fiche n° 126, créée le 27/09/2013 à 13:23 - MàJ le 11/04/2024 à 09:23


© News Tank Culture - 2024 - Code de la propriété intellectuelle : « La contrefaçon (...) est punie de trois ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende. Est (...) un délit de contrefaçon toute reproduction, représentation ou diffusion, par quelque moyen que ce soit, d'une oeuvre de l'esprit en violation des droits de l'auteur. »

©  Léa Lootgieter
Sylvain Amic, Olivia Voisin, Didier Rykner et Vincent Éblé - ©  Léa Lootgieter