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Think Culture 2017 : « Protéger notre diversité, quitte à passer par la réglementation » (P. Barbizet)

Paris - Actualité n°100770 - Publié le 05/09/2017 à 13:00
©  Seb Lascoux
©  Seb Lascoux

« Piloter la culture, c’est aussi préserver la diversité de l’offre culturelle. Cet élément est encore plus important avec le développement de nouvelles technologies et la mainmise progressive de grands intervenants sur les industries créatives. Il existe un réel risque de marchandisation et de standardisation de la culture, pour aller vers du mainstream, du formaté et de la facilité. Il faut protéger et développer notre diversité, quitte à passer par de la réglementation. Cet effort pour la diversité est essentiel », déclare Patricia Barbizet en introduction de la 2e édition de Think Culture, organisée par News Tank Culture à l’Université Paris-Dauphine le 05/09/2017.

« Avec les changements dans les modes de diffusion, dans l’accès et l’ouverture à toutes les formes de contenus, il y a un risque que le consommateur se retrouve au centre et que l’on glisse vers une consommation de facilité. Il est très important d’insister sur le travail d’éditorialisation et la préconisation en matière de culture. Le rôle des critiques, des prescripteurs et des programmateurs est très important pour favoriser un savoir. Il ne faut pas donner au consommateur l’impression qu’il peut zapper et trouver uniquement des choses faciles. Nous devons favoriser la prise de risque et surtout la découverte de la culture puisque c’est uniquement en la consommant qu’on peut la connaître », ajoute-t-elle.

« Piloter la culture, c’est aussi préserver la diversité de l’offre culturelle » (Patricia Barbizet)

  • « Dans la culture comme dans beaucoup de domaines, le numérique a tout changé, dans les contenus, la création, la façon d’aborder les œuvres et de les conserver. Notre mission en tant que pilote de la culture n’a pas changé : favoriser la création, la diffusion des œuvres et le développement de la transmission et de la pédagogie. L’innovation concerne les moyens utilisés. Ces nouveaux outils permettent d’élargir sans cesse le champ des possibles, de proposer aux artistes des nouvelles façons de travailler, d’ouvrir de nouveaux lieux et surtout de favoriser le dialogue entre les disciplines et l’hybridation des formes, l’ouverture d’esprit et la prise de risque.
  • Piloter la culture, c’est aussi préserver la diversité de l’offre culturelle. Cet élément est encore plus important avec le développement de nouvelles technologies et la mainmise progressive de grands intervenants sur les industries créatives. Il existe un réel risque de marchandisation et de standardisation de la culture, pour aller vers du mainstream, du formaté et de la facilité. Il faut protéger et développer notre diversité, quitte à passer par de la réglementation. Cet effort pour la diversité est essentiel.
  • Pour favoriser la création, nous devons également nous assurer que la valeur économique est préservée et équilibrée. Le piratage et le tout gratuit en illimité ont fragilisé le modèle des créateurs. Nous devons adapter nos systèmes et donner des règles claires.
  • Sur la diffusion, les nouvelles technologies ont entraîné des changements, notamment dans la communication entre les institutions et le public, avec un accroissement des newsletters, le développement des réseaux sociaux, des alertes personnalisées, etc. Nous avons des publics qui accèdent à la culture par des moyens divers, à nous, institutions, de savoir leur parler, de les informer et de les accompagner dans leurs parcours pour qu’ils élargissent leur demande et leur accès à la culture.
  • Il y a un risque que le consommateur se retrouve au centre et que l’on glisse vers une consommation de facilité »

    Avec les changements dans les modes de diffusion, dans l’accès et l’ouverture à toutes les formes de contenus, il y a un risque que le consommateur se retrouve au centre et que l’on glisse vers une consommation de facilité. Il est très important d’insister sur le travail d’éditorialisation et la préconisation en matière de culture. Le rôle des critiques, des prescripteurs et des programmateurs est très important pour favoriser un savoir. Il ne faut pas donner au consommateur l’impression qu’il peut zapper et trouver uniquement des choses faciles. Nous devons favoriser la prise de risque et surtout la découverte de la culture puisque c’est uniquement en la consommant qu’on peut la connaître.

  • Beaucoup d’institutions ont des équipes pédagogiques très intégrées et mixtes, qui permettent d’accompagner et de communiquer en même temps. La Philarmonie est un bon exemple avec une programmation éclectique et exigeante, ainsi qu’une offre pédagogique très large pour attirer des nouveaux publics, surtout des familles. Sur 1,14 million de visiteurs en 2016, 200 000 sont venus dans le cadre d’activités éducatives. L’éducation est un levier majeur pour attirer le public.
  • La question du mécénat est devenue cruciale, surtout avec la raréfaction des ressources publiques et l’augmentation du nombre de lieux. Il prend des formes différentes : mécénat traditionnel, crowdfunding, partenariat public-privé, fonds européens, fondations, coproductions, etc. Le mécénat est un moyen de favoriser la culture, la création, la diffusion et la rencontre avec le public, mais il ne signifie pas une privatisation de la culture. Il reflète l’engagement de chacun dans la culture, et en plus des grandes entreprises, nous assistons aujourd’hui à un mécénat individuel. En revanche, chacun doit avoir son rôle et les mécènes doivent rester dans le leur.
  • Ainsi, nous devons avoir de l’innovation dans la culture. Nous avons un devoir de prise de risque pour faciliter l’accès à la culture, dans les moyens que l’on apporte aux créateurs, à la diffusion, à la préservation de la diversité et à la possibilité de faire accéder chacun à une offre culturelle qui lui convient et qu’il peut approfondir s’il le souhaite. La culture n’est pas un choix, mais une nécessité. C’est l’ouverture, la confrontation à la nouveauté, l’émotion, l’inattendu. C’est notre mission de pilotes de la culture. »

    Patricia Barbizet, directrice générale d’Artemis

Retour en vidéo sur la keynote de Patricia Barbizet :

Patricia Barbizet


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Fiche n° 705, créée le 10/11/2013 à 22:04 - MàJ le 03/04/2024 à 16:36


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©  Seb Lascoux
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