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Think Culture : « Prendre la réforme des régions comme une chance » (Bernard de Montferrand, Platform)

Paris - Actualité n°75651 - Publié le 06/09/2016 à 13:00
©  Seb Lascoux
©  Seb Lascoux

« Avant, nous connaissions parfaitement notre région, et nous pensions que ce que l’on mettait en place avait une forme d’exemplarité. Aujourd’hui, on se rend compte que, dans certains cas, les régions voisines faisaient cela de façon plus intéressante. Très vite, nous avons vu qu’il y avait une opportunité formidable à disposer d’un nouveau périmètre. Cela permet la diffusion, le croisement d’artistes, la mise en réseau plus effective de nos opéras… », déclare Anne Mistler Adjointe des arts et cultures @ Ville de Strasbourg
, à l’occasion de l’atelier « Nouvelle organisation territoriale : quels changements concrets ? », organisé par News Tank Culture dans le cadre de Think Culture à l’Université Paris-Dauphine le 06/09/2016.

« Nous avons décidé de prendre cette réforme comme une chance, une occasion de nouveau départ, pour donner un nouvel élan à nos missions. Nous essayons de réfléchir à la façon de réagir à cette réforme, pour que la nouvelle géographie soit une opportunité supplémentaire. Il ne faut pas recentraliser au niveau des grandes régions ce qui commence à être un vrai écosystème de création », ajoute Bernard de Montferrand Conseiller @ Cabinet de conseil Roland Berger • Président @ Platform • Président @ FRAC Nouvelle-Aquitaine MÉCA
.

« Il faut sortir d’une logique pure d’aménagement culturel du territoire. Sur les 28 communes de la métropole bordelaise, on compte 28 salles de spectacle mais beaucoup de jours où elles sont vides. Il faut être moins dans une logique de murs que de publics. Les collectivités ont besoin d’un État garant, qui organise le débat à l’échelle nationale, et qui porte des logiques verticales et horizontales », indique pour sa part Fabien Robert
.

Cette rencontre, modérée par Anne-Florence Duliscouët, rédactrice à News Tank, réunissait Anne Mistler, Bernard de Montferrand et Fabien Robert.

« Très vite, nous avons vu qu’il y avait une opportunité formidable à disposer d’un nouveau périmètre » (Anne Mistler)

  • Anne Mistler - ©  Seb Lascoux
    « Avec le redécoupage des régions, un certain nombre de DRAC Direction régionale des affaires culturelles  ont fusionné. Nous sommes sur une nouvelle organisation, et nous avons dû innover d’un point de vue administratif et technique.
  • Sur notre région, nous avons mis en place une organisation multi-site, pour ne pas déstabiliser les équipes des anciennes DRAC, et pour maintenir un lien de proximité, qu’il s’agisse de la connaissance du territoire, de la qualité des partenariats, ou de la connaissance du milieu artistique.
  • Notre siège est à Strasbourg et pilote la mise en œuvre de la politique sur le territoire. Les sites des anciennes DRAC Lorraine et Champagne-Ardennes, respectivement basées à Metz et Châlons-en-Champagne, sont maintenus.
  • Il était difficile, en quelques mois, de construire un mode de fonctionnement qui permette d’assurer une continuité.
  • Chaque site est tête de pont sur une compétence spécifique et l’objectif n’est pas de créer des “DRAC miroir”. Châlons-en-Champagne a la responsabilité du pôle patrimoine, architecture, Metz du pôle démocratisation culturelle et industries culturelles et Strasbourg du pôle création, en plus de la direction et du secrétariat général. Nous avons désormais trois directeurs spécialisés, à la tête des trois pôles.
  • Les effectifs restent en place, les interlocuteurs n’ont pas bougé, sauf s’ils l’ont souhaité pour profiter des nouvelles opportunités offertes par ces changements internes.
  • Avant, nous connaissions parfaitement notre région, et nous pensions que ce que l’on mettait en place avait une forme d’exemplarité. Aujourd’hui, on se rend compte que, dans certains cas, les régions voisines faisaient cela de façon plus intéressante.
  • Très vite, nous avons vu qu’il y avait une opportunité formidable à disposer d’un nouveau périmètre. Cela permet la diffusion, le croisement d’artistes, la mise en réseau plus effective de nos opéras… »

    Anne Mistler, directrice de la DRAC Grand Est

« Nous avons décidé de prendre cette réforme comme une chance, pour donner un nouvel élan à nos missions » (Bernard de Montferrand)

  • Bernard de Montferrand - ©  Seb Lascoux
    « Les FRAC sont aujourd’hui 23. Ils accueillent 1,6 million de visiteurs et organisent entre 500 et 600 manifestations. Nous avons décidé de prendre cette réforme comme une chance, une occasion de nouveau départ, pour donner un nouvel élan à nos missions.
  • Nous essayons de réfléchir à la façon de réagir à cette réforme, pour que la nouvelle géographie soit une opportunité supplémentaire. Il ne faut pas recentraliser au niveau des grandes régions ce qui commence à être un vrai écosystème de création.
  • Nous avons une proximité géographique et humaine, et aujourd’hui la distance géographique dans ces grandes régions est un vrai problème. Il faut garder une proximité avec nos publics.
  • Il faut étudier sérieusement ce que nous allons faire. J’ai été atterré par la façon dont cette réforme n’a pas été préparée. Il faut se donner du temps, discuter.
  • Les missions doivent déterminer les structures, pas l’inverse.
  • Ainsi, les conséquences pratiques de cette réforme que l’on peut tirer sont :
    • La nécessité de travailler en réseau. Il faut que des règles soient fixées par l’État et les régions. Les FRAC doivent travailler entre eux, mais également avec les collectivités locales, les villes moyennes, les associations, l’Éducation nationale, mais aussi le secteur privé, à l’échelle nationale et internationale.
    • Le renforcement nécessaire de la mobilité des collections.
    • La démocratisation de l’art, notamment en matière d’éducation à la culture, où les FRAC peuvent jouer un rôle de médiateur ou de formateur important. »

      Bernard de Montferrand, président de Platform

« Les collectivités ont besoin d’un État garant, qui organise le débat à l’échelle nationale, et qui porte des logiques verticales et horizontales » (Fabien Robert)

  • Fabien Robert - ©  Seb Lascoux
    « La culture reste une compétence partagée, et peu de choses ont évolué de manière décisive dans l’organisation des politiques publiques. Mais nous voyons apparaître un certain nombre de changements concrets sur le territoire, liés à la raréfaction durable de l’argent public.
  • Quatre mutations ont été observées :
    • la raréfaction définitive des financements publics,
    • le numérique, qui permet aujourd’hui une consommation des produits culturels qui peut se faire sans rémunérer les artistes,
    • des tensions sociétales, avec des menaces et des attaques contre la culture,
    • des changements dans l’organisation territoriale française, avec des conséquences sur les politiques culturelles.
  • Les métropoles n’ont pas toutes une compétence culturelle en propre. Depuis la création de la métropole de Bordeaux en 1968, elle fonctionne en cogestion, et les maires ont souhaité conserver à l’échelle de leur commune la compétence culturelle. Mais, en même temps, une commune périphérique qui développe par exemple un salon du livre de poche sera contente que la métropole finance l’événement. Nous sommes dans un compromis, sans compétence culturelle, sans direction des affaires culturelles, mais avec des événements soutenus et des parcelles de compétences.
  • La loi Maptam Modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles  continue de faire de la culture une compétence partagée entre l’État, les collectivités territoriales, les intercommunalités. Il faut conserver cette caractéristique, puisque c’est la seule façon de passer d’une logique d’institution à une logique de territoire. Cette loi confirme ce sujet dans le respect des droits culturels.
  • Elle prévoit également que chaque métropole transfère des équipements qu’elle qualifierait d’intérêt métropolitain, qu’il s’agisse d’équipements culturels, socio-culturels ou sportifs. Il ne s’agit pas de transfert de la compétence culturelle à proprement parler.
  • Nous avons travaillé à définir l’intérêt métropolitain, pour transférer ces équipements avant le 31/12/2016. Nous parlons ici d’équipement, pas d’établissement. Les transferts s’opèrent sur des périmètres extrêmement techniques : des transferts de propriétés, de charges liées à des investissements et des travaux, mais pas de la politique culturelle. C’est une usine à gaz. Comment transférer des murs d’un théâtre, sans parler du type de production de ce théâtre ? De plus, une commune qui transfère des charges transfère également des recettes. Je pense qu’il n’y aura pas beaucoup de transferts, pour des raisons financières.
  • Il peut y avoir des transferts dans l’autre sens, du département à la métropole. Au moins trois transferts doivent avoir lieu. La logique du volontariat fait qu’il n’y aura pas de modification sensible sur l’organisation de la politique culturelle.
  • Nous constatons également que l’on sort d’une logique de partenariat vertical, qui ne fonctionne plus quand l’argent public vient à manquer. Cette logique n’est pas bonne, et se résume souvent pour les acteurs de la culture à un parcours du combattant, avec une logique de guichet et conduit à des politiques culturelles qui se ressemblent toutes. Il ne faut pas supprimer cette logique, mais aller vers des accords territoriaux, et une logique horizontale.
  • Il faut également sortir d’une logique pure d’aménagement culturel du territoire. Sur les 28 communes de la métropole bordelaise, on compte 28 salles de spectacle mais beaucoup de jours où elles sont vides. Il faut être moins dans une logique de murs que de publics.
  • Les collectivités ont besoin d’un État garant, qui organise le débat à l’échelle nationale, et qui porte des logiques verticales et horizontales. »

    Fabien Robert, maire adjoint en charge de la Culture et du Patrimoine à la mairie de Bordeaux

« Il faut modifier notre paradigme d’intervention public, ne pas se contenter d’une agrégation de financements publics » (Sylvie Robert)

  • « Nous organisons au Sénat le 14/11/2016 une journée à destination des élus, afin de travailler avec eux sur la traductions de la loi en termes de politiques publiques.
  • La loi n’oblige pas les collectivités à prendre telle ou telle compétence culturelle. Elles ont le choix de s’organiser librement.
  • Quand nous écrivons une loi, la façon de la traduire est liée à la volonté politique.
  • Il faut modifier notre paradigme d’intervention public, ne pas se contenter d’une agrégation de financements publics. Peut-être que l’on peut travailler sur une logique stratégique de territoire ? Ce sont des enjeux non pas d’accessibilité, mais de partage des ressources, des politiques publiques, de réseau, de projets et de territoires. »

    Sylvie Robert Vice-présidente @ Sénat • Sénatrice d’Ille-et-Vilaine (Bretagne) @ Sénat
    • Née le 28/08/1963 à Nantes (Loire-Atlantique) • Secrétaire nationale à la politique de la ville au Parti socialiste
    , sénatrice d’Ille-et-Vilaine

 

Anne Mistler


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Fiche n° 5567, créée le 26/08/2014 à 07:57 - MàJ le 06/07/2020 à 15:08

Bernard de Montferrand


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Fiche n° 3437, créée le 16/04/2014 à 09:57 - MàJ le 10/07/2020 à 17:28

©  Seb Lascoux
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