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« Il faut que les producteurs s’approprient ce nouvel outil qu’est l’U Arena » (Philippe Ventadour)

News Tank Culture - Paris - Entretien n°96222 - Publié le 22/06/2017 à 10:30
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©  D.R.
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« L’U Arena est un projet assez extraordinaire, très futuriste. Le site est davantage dans les dimensions d’un stade que ne peut l’être l’AccorHotels Arena, et même si les deux salles sont des structures polyvalentes, on n’est absolument plus dans les mêmes repères. L’U Arena nous oblige à inventer, rien que parce que sa dimension ne nous permet plus d’être dans des niveaux de scénographie normaux. C’est pour cela que nous avons inventé un système de projection permanent dans la salle, qui permet de scénographier de manière différente et de proposer aux organisateurs des solutions nouvelles », déclare Philippe Ventadour, directeur général de Lililo, société d’exploitation de l’U Arena (Nanterre, Hauts-de-Seine), dans un entretien à News Tank le 21/06/2017. L’U Arena, dont les travaux ont débuté en décembre 2013, sera inaugurée par les Rolling Stones les 19, 22 et 25/10/2017.

« L’U Arena organisera une quarantaine d’événements par an, dont 16 matches de rugby. Les 24 autres seront des spectacles, concerts, séances de “sport spectacle” ou conventions. C’est une salle modulable, on peut donc y organiser des événements pour 10 à 40 000 spectateurs, mais, raisonnablement, en dessous de 20 000 spectateurs, on n’est pas dans une jauge acceptable pour notre salle. Cela ne sert à rien d’essayer de nous positionner sur la configuration de l’AccorHotels Arena : ils sont très bien dans leur jauge, jusqu’à 15-17 000 spectateurs, et nous sommes bien au-delà de la leur », poursuit Philippe Ventadour, qui répond aux questions de News Tank.


Vous avez été directeur d’exploitation (2000-2009) puis directeur général (2009-2014) du POPB, devenu AccorHotels Arena en 2015. Diriger l’U Arena représentait-il une suite logique dans votre parcours ?

J’avais fait le tour du POPB, dont j’étais en train de terminer la rénovation et la réouverture lorsque j’en suis parti. Je n’ai pas réfléchi bien longtemps avant d’accepter le poste qu’on me proposait à l’U Arena : il y avait un besoin d’un côté, et une envie de l’autre. Ce projet a été monté à l’origine pour le rugby et il fallait l’aménager pour qu’il soit polyvalent. Nous avons fait au mieux des intérêts de tout le monde. L’U Arena est un projet assez extraordinaire, très futuriste.

Le site est davantage dans les dimensions d’un stade que ne peut l’être l’AccorHotels Arena, et même si les deux salles sont des structures polyvalentes, on n’est absolument plus dans les mêmes repères. L’U Arena nous oblige à inventer, rien que parce que sa dimension ne nous permet plus d’être dans des niveaux de scénographie normaux. C’est pour cela que nous avons inventé un système de projection permanent dans la salle, qui permet de scénographier de manière différente et de proposer aux organisateurs des solutions nouvelles.

Il faut que les producteurs, qui peuvent de prime abord être un peu assommés par la taille du lieu, la nouveauté et le nombre de paramètres à prendre en compte, s’approprient ce nouvel outil. Il y a possibilité d’en faire quelque chose d’incroyable, mais nous devons montrer la marche à suivre aux premiers. J’ai été, par le passé, dans la même situation à Bercy : nous avons mis le pied à l’étrier à de nombreux producteurs, nous avons monté des événements pour leur montrer ce qu’ils pouvaient faire. Cela a permis de libérer leur imagination.

Comment donner envie aux producteurs ?

Le mieux, pour les artistes et producteurs français, serait peut-être de créer des spectacles en résidence. Il faudrait arriver ici pour faire un spectacle unique, qui par définition ne pourrait pas bouger, dans la mesure où notre système de projection n’existe nulle part ailleurs. C’est la meilleure façon de donner envie de faire quelque chose d’original.

Vous inaugurez l’U Arena avec trois concerts des Rolling Stones, les 19, 22 et 25/10/2017. Est-ce une manière de donner le ton de ce que sera l’U Arena : une salle en premier lieu dédié aux concerts, et aux têtes d’affiches ?

En fait, il existe peu d’artistes qui peuvent raisonnablement prétendre réunir plusieurs dizaines de milliers de spectateurs le temps d’un soir et qui, donc, peuvent se produire à l’U Arena. Nous avons eu la chance de pouvoir détourner les Stones du Stade de France pour leur proposer de faire l’ouverture du lieu. Cela envoie un signal fort à la profession.

L’U Arena organisera une quarantaine d’événements par an, dont 16 matches de rugby. Les 24 autres seront des spectacles, concerts, séances de « sport spectacle » ou conventions. C’est une salle modulable, on peut donc y organiser des événements pour 10 à 40 000 spectateurs, mais, raisonnablement, en dessous de 20 000 spectateurs, on n’est pas dans une jauge acceptable pour notre salle. Cela ne sert à rien d’essayer de nous positionner sur la configuration de l’AccorHotels Arena : ils sont très bien dans leur jauge, jusqu’à 15-17 000, et nous sommes bien au-delà de la leur.

L’U Arena est le stade résident du Racing 92. Le lieu est-il amené à être occupé par l’équipe en dehors des 16 matches annuels qu’il y donnera, ce qui pourrait complexifier sa disponibilité pour les producteurs de spectacles ?

La gestion du lieu sera un peu complexe pour une seule raison : le calendrier des matches est édité par la ligue nationale de rugby en juillet. En ce moment, par exemple, je programme 2018 sans avoir ce calendrier sous les yeux. Je construis donc un calendrier fictif, en plaçant les matches comme je peux en fonction des spectacles qui se calent, calendrier dont je fais part à la ligue. Ceci dit, j’ai l’autorisation de Jacky Lorenzetti, propriétaire de l’arena et du club de rugby, de délocaliser un match si ce dernier tombe sur une date sur laquelle un spectacle est déjà calé. Ce qui serait dommage, dans la mesure où j’ai largement la place de rentrer tous les événements.

Il faut par ailleurs prendre en considération les périodes de tournées. Et entre le moment où j’ai quitté la direction du POPB et celui où j’ai commencé à l’U Arena, la manière de programmer les événements a quelque peu évolué. Il existe aujourd’hui chez les artistes une énorme appétence pour les festivals à la période de l’été, qui fait qu’ils tournent plus volontiers de mai à septembre, et moins hors de ces périodes. Ainsi, les mois de décembre à février sont encore pires qu’avant. On assiste à un changement de paradigme.

Concernant les entraînements du Racing 92, ils ne poseront aucun problème, puisque ceux-ci auront lieu dans le centre du club, au Plessis-Robinson. Si une plage se libère de temps à autre, peut-être les joueurs viendront-ils occasionnellement s’y entraîner, mais ce ne sera pas leur lieu d’entraînement premier.

Où en sont les travaux, qui ont pris du retard, la salle devant ouvrir initialement en décembre 2016 ?

Les travaux avancent. Nous avons rencontré un problème sur la toiture, mais qui a été solutionné. Dès que l’on nous a annoncé la nécessité d’allonger les travaux, nous avons imposé à Vinci Construction de travailler assez vite, en leur disant que 9 mois de décalage était un maximum. De toute façon, chaque mois de prolongement leur coûte suffisamment cher pour qu’ils essaient de minimiser la durée de travaux supplémentaire.

Le coût total de l’édifice s’élève à 350 M€, montant incluant également la construction du conseil départemental des Hauts-de-Seine, qui sera adossé à la salle. C’est un immeuble de 8 étages qui va accueillir 1 500 personnes.

L’U Arena a-t-elle vocation à changer de nom via une opération de naming ?

Notre objectif est effectivement d’amortir une partie du coût de construction par le biais d’un contrat de nanimg. Des discussions sont en cours. Mais en France, ce type de partenariats est plus difficile à concrétiser, dans la mesure où le marché du naming n’est pas très mature. Or, un vrai naming suppose de trouver un partenaire qui dispose d’une vraie connaissance et surtout d’une volonté d’utiliser pleinement cet outil, avec l’investissement qu’il demande en parallèle.

Les sociétés étrangères sont plus réceptives à ce type de partenariats, mais il faut que le produit soit cohérent avec notre contenu, et qu’il y ait une volonté de raconter une histoire. Néanmoins, il faut savoir être patients, nous ne sommes pas dans l’urgence quant à ce contrat de naming. C’est pour cela que nous avons choisi ce nom d’U Arena en attendant.

Le terme d’arena, qui désigne généralement des salles polyvalentes de 15 à 20 000 places, doit-il rester dans l’appellation finale du lieu ?

La définition que vous faites de l’arena est celle que l’ai longtemps défendue, du temps où je dirigeais le POPB. Au sein de l’European Arenas Association, que j’ai présidé pendant quelques années, nous avons essayé de définir un cadre afin d’éviter que tout le monde ne revendique cette appellation lors de la construction d’une salle. Mais cela est resté un vœu pieux, notamment parce qu’il aurait fallu déposer le nom.

Alors, effectivement, on considère qu’une arena est une salle polyvalente de 15 à 20 000 places. Mais j’avoue ne pas avoir trouvé mieux jusqu’ici pour nommer notre salle. Toutefois, rien n’oblige le futur « namer » à conserver cette appellation pour le nom du lieu. D’autant que je me rends compte, au fil de discussions que je peux avoir, que le terme d’arena est très peu identifié par le public français.

L’attentat perpétré à la Manchester Arena oblige-t-il à revoir vos dispositifs de sécurité ?

Nous tenons des réunions mensuelles avec la préfecture depuis un an, laquelle n’a pas attendu ce tragique événement à Manchester pour exiger de nous une sécurité draconienne. Nous allons nous mettre en position de rassurer les spectateurs en leur montrant que nous ferons tout ce qu’il faut pour assurer leur sécurité dans et en dehors de l’Arena. Même si cela reste préoccupant de voir qu’il faut déployer autant de monde pour faire de la démonstration plus que de la prévention.

Philippe Ventadour


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Accor Arena
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Fiche n° 3892, créée le 20/05/2014 à 11:39 - MàJ le 04/12/2020 à 16:20


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