
#IA : Lancer « une plateforme de contenus éducatifs avec l’aide de l’IA » (Emmanuel Ory, Universcience)
« Nous avons lancé une plateforme baptisée Ada, (…) via un appel à projets [qui] proposait de pitcher une idée de service pouvant être développé au sein d’un établissement, puis répliqué à l’échelle de l’État. Il permettait d’avoir accès à un dispositif d’aide, à des coachs, avec un mode de fonctionnement très proche de celui d’une start-up, mais aussi à un soutien technique. Dans ce cadre, nous avons proposé la création d’une plateforme de contenus éducatifs facilitée par l’IA
Intelligence artificielle
», déclare Emmanuel Ory, directeur adjoint du développement des publics et de la communication chez Universcience, à News Tank le 16/09/2025.
« En 2020, pendant le premier confinement, beaucoup d’enseignants se sont tournés vers nos sites Internet pour trouver des contenus en ligne (jeux interactifs, vidéos, images, etc.), afin d’alimenter leurs cours à distance. À ce moment-là, nos plateformes n’étaient pas vraiment faites pour, mais cela a permis de mettre en lumière un réflexe naturel et un usage intéressant (…) Nous avons pitché l’idée d’une plateforme permettant de récupérer tous les contenus d’Universcience pour les mettre sur une base de données et offrir un moteur de recherche dédié », ajoute Emmanuel Ory.
« En interne, nous cultivons une forte curiosité. Depuis deux ans, nous avons organisé de nombreux ateliers de sensibilisation aux usages de l’IA. Beaucoup d’équipes l’utilisent et nous avons eu, en décembre 2024 des ateliers en interne pour que chaque direction puisse parler de son usage réel de l’IA, présenter ses projets et réaliser un retour d’expérience sur ce qui a été utile, facile ou, au contraire, ce qui paraît risqué. Nous avons une logique d’usage assez scientifique, qui consiste à créer et gérer nous-même des projets pour pouvoir mieux connaître les outils et identifier les risques potentiels », poursuit Emmanuel Ory qui répond aux questions de News Tank dans le cadre des interviews #IA.
Les interviews #IA
L’Intelligence artificielle (IA) et son pendant l’Intelligence artificielle générative (IAG) connaissent un développement exponentiel dans tous les secteurs de l’économie et de la connaissance notamment. Le secteur de la culture y est évidemment confronté et la question de la souveraineté face à la puissance de cet outil s’y pose comme ailleurs. Au-delà de la nécessaire défense de la propriété intellectuelle des créateurs, des questions de droit d’auteur ou de partage de la valeur, comment les institutions et entreprises culturelles s’en saisissent-elles ? Dans quelle mesure, l’IA peut-elle être un outil d’accompagnement des missions des acteurs culturels ? une source d’inspiration ou de développement de celles-ci ? un moyen de facilitation du travail ou de la relation avec les publics ? C’est l’objet de ce cycle d’interviews #IA lancé par News Tank dans tous les champs de la culture.
Comment faites-vous appel à l’IA dans le cadre de vos activités et/ou pour améliorer le fonctionnement de votre structure ?
Nous utilisons l’IA sous différentes formes, la première étant bien sûr dans nos usages auprès de nos publics. Je vais toutefois me concentrer sur trois usages très liés au marketing et à la communication. Depuis 2024, nous avons réalisé des tests avec l’IA, et en l’occurrence Firefly d’Adobe
Entreprise informatique américaine spécialisée dans l’édition de logiciels graphiques, de montage vidéo et audio• Fondateurs : John Warnock, Charles Geschke• Date de création : Décembre 1982• Siège…
. Parmi les expérimentations que nous avons finalement choisi d’utiliser, je peux citer notre activité « Échecs & maths » (organisée dans le cadre de la Semaine mondiale des mathématiques), un visuel créé à 100 % avec de l’IA. Nous y avons eu également recours pour la Cité des enfants, avec une animation en motion design. Nous avons, par ailleurs, travaillé sur la manière d’intégrer l’IA dans les copyrights. Le recours à l’IA est systématiquement mentionné dans les contenus pour lesquels elle a été utilisée afin d’être vraiment transparents sur notre utilisation.
Le deuxième pilier concerne un volet parfois un peu méconnu de l’activité des publics : l’IA pour accélérer l’analyse de données. Chez Universcience, depuis 2023, nous disposons d’un entrepôt de données (un datawarehouse). L’étape suivante, sur laquelle nous travaillons, consiste à utiliser l’IA pour faciliter l’analyse de masses de données et affiner nos données prédictives. Ce ne sera jamais parfait, mais cela permettra de travailler sur les enjeux de saisonnalité et de répartition par espace.
Le troisième volet relève de l’IA pour réinventer les contenus éducatifs. Sur ce pilier, nous avons lancé une plateforme baptisée Ada, en hommage à Ada Lovelace (première programmatrice informatique). Nous avons répondu à un appel à projets du ministère de la Culture baptisé « Intrapreneur d’État », en lien avec l’incubateur beta.gouv. Cet appel à projets proposait de pitcher une idée de service pouvant être développé au sein d’un établissement, puis répliqué à l’échelle de l’État. Il permettait d’avoir accès à un dispositif d’aide, à des coachs, avec un mode de fonctionnement très proche de celui d’une start-up, mais aussi à un soutien technique. Dans ce cadre, nous avons proposé la création d’une plateforme de contenus éducatifs facilitée par l’IA.
En quoi consiste cette plateforme dédiée aux contenus éducatifs et quel était son point de départ ?
En 2020, pendant le premier confinement, beaucoup d’enseignants se sont tournés vers nos sites Internet pour trouver des contenus en ligne (jeux interactifs, vidéos, images, etc.), afin d’alimenter leurs cours à distance. À ce moment-là, nos plateformes n’étaient pas vraiment faites pour, mais cela a permis de mettre en lumière un réflexe naturel et un usage intéressant, alors que nous nous questionnions sur notre rôle dans cette crise et, de manière plus générale, sur notre positionnement en dehors de nos murs physiques. Nous avons pitché l’idée d’une plateforme permettant de récupérer tous les contenus d’Universcience pour les mettre sur une base de données et offrir un moteur de recherche sémantique qui saurait trouver nos contenus en les analysant, sans forcément se reposer sur les métadonnées. Concrètement, les vidéos ayant été sous-titrées par l’IA, et les images scannées, cela permettait des recherches beaucoup plus efficaces.
Éviter l’IA gadget pour en faire plutôt une véritable ressource »La recherche sémantique accélérée permet un gain de temps incroyable, d’autant que nous avons déversé 11 000 contenus sur la base de données, dont 6 000 vidéos. Les enseignants ont, par exemple, la capacité d’identifier, sur une conférence d’1h30, la séquence traitant spécifiquement du sujet qui les intéresse. 200 enseignants ont constitué notre communauté de bêtatesteurs. Pendant deux ans, ils ont utilisé la plateforme. L’une des fonctionnalités importantes pour eux, en plus de la recherche de contenus, était de pouvoir créer des vidéos interactives, par exemple en ajoutant un QCM Questionnaire à choix multiples ou en faisant des pauses définitionnelles dans les contenus produits par Universcience. Avec des professeurs de SVT Sciences de la Vie et de la Terre , nous avons aussi mis au point 19 cours types correspondants au programme scolaire du collège. L’objectif est d’éviter l’IA gadget et d’en faire plutôt une véritable ressource.
Aujourd’hui, la plateforme existe en ligne. Pour l’instant, elle est encore hébergée dans l’écosystème beta.gouv. Nous sommes toutefois en train de la rapatrier dans notre écosystème Universcience pour la rentrée. Nous avons également un accord avec le ministère de l’Éducation nationale pour la déployer sur les ENT Environnement numérique de travail des académies. À l’automne, nous serons donc présents dans 9 000 établissements scolaires en accès libre. Il s’agit d’un projet d’intérêt général, 100 % en open source Méthode d’ingénierie logicielle qui consiste à développer un logiciel, ou des composants logiciels, et de les laisser en libre accès . Toute institution publique souhaitant créer sa propre plateforme de contenus peut utiliser la brique technologique que nous avons développée.
Quels inconvénients, quels risques l’IA pourrait-elle également représenter ?
Nous avons voulu maintenir l’IA sur de l’usage pratique. Sur les fonctionnalités d’aide aux cours, notamment, il nous paraissait évident de l’utiliser. En revanche, sur Ada, nous n’avons pas voulu intégrer d’outil de génération automatique de contenus. Il s’agissait pour nous de la frontière, afin de travailler exclusivement avec des contenus validés scientifiquement. Ces derniers émanent éventuellement de médiateurs et de médiatrices, d’une exposition ou de nos ressources pédagogiques, mais ont, en tout cas, été revus. Cette frontière est aussi très liée à notre public d’enseignants, qui est un public particulier, très exigeant, d’où le besoin de border les choses.
Quelle est l’appréhension/le niveau de connaissance de vos équipes ? Avez-vous des dispositifs pour faciliter l’acculturation, la prise en main ?
En interne, nous cultivons une forte curiosité. Depuis deux ans, nous avons organisé de nombreux ateliers de sensibilisation aux usages de l’IA. Beaucoup d’équipes l’utilisent et nous avons eu, en décembre 2024 des ateliers en interne pour que chaque direction puisse parler de son usage réel de l’IA, présenter ses projets et réaliser un retour d’expérience sur ce qui a été utile, facile ou, au contraire, ce qui paraît risqué. Nous avons une logique d’usage assez scientifique, qui consiste à créer et gérer nous-même des projets pour pouvoir mieux connaître les outils et identifier les risques potentiels.
Pour comprendre l’IA, il faut tester son fonctionnement »Le bilan que nous effectuons, après deux ans d’utilisation, est que l’IA facilite, mais ne remplace pas. C’est la même chose pour la création visuelle, il s’agit d’aider à la déclinaison, mais pas de faire « à la place de ». En tout cas, pour comprendre l’IA, il faut tester son fonctionnement par soi-même, comprendre comment cela fonctionne. Plus on fait l’effort intellectuel de le faire, mieux on peut travailler avec et en parler.
Envisagez-vous de développer d’autres usages de l’IA ?
Cette logique de bêtatest, d’investigation est l’héritage du projet Ada. Il nous a poussés à vérifier si ce que nous faisions avait un sens et pour qui. Nous assumons le côté « bac à sable », le fait de réaliser des tests à petite échelle avant de développer les choses plus largement. Par ailleurs, que cela marche ou non, nous réalisons systématiquement des retours d’expérience.
Du travail en réseau du fait de la réplicabilité de nos modèles »Nous commençons aussi du travail en réseau du fait de la réplicabilité de nos modèles, afin que d’autres établissements puissent les utiliser. Il y a toujours dans les musées une profusion de contenus dormants. Il nous faut amplifier leur durée de vie. Il en va aussi des enjeux qui se posent en matière d’accessibilité, de numérique responsable.
Universcience est labellisé numérique responsable depuis deux ans. Nous proposons ainsi un design accessible, inclusif, tout en ayant une plateforme la plus légère possible. Il s’agit d’enjeux qui ont été intégrés dès le début du projet.
Emmanuel Ory
Directeur adjoint du développement des publics et de la communication @ Universcience
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Parcours
Directeur adjoint du développement des publics et de la communication
Chef du département marketing
Responsable du marketing digital
Chargé de marketing et développement d’audience
Chef de projet digital
Fiche n° 37406, créée le 18/12/2019 à 13:13 - MàJ le 15/09/2025 à 16:51
Universcience
• Établissement public
• Regroupe depuis le 01/01/2010 :
- la Cité des sciences et de l’industrie (ouverte en 1986 sur le site du Parc de la Villette)
- le Palais de la découverte (ouvert en 1937 sur le site du Grand Palais), fermé pour travaux depuis le 30/10/2020
- les Étincelles, structure éphémère ouverte le 09/06/2021, pendant les travaux du Palais de la découverte.
• Missions :
- diffusion de la culture scientifique, et technique et industrielle
- rendre les sciences accessibles à tous par une approche interactive et ludique, à travers des expositions temporaires ou permanentes, conçues en étroite relation avec la communauté éducative, scientifique et industrielle, des conférences, éditions, des espaces dédiés aux enfants, aux services ou à l’expérimentation d’outils innovants.
- partage de savoir-faire avec des partenaires qui portent, en France, en Europe et dans le reste du monde, des projets culturels ou d’éducation informelle.
• Chiffres 2024 :
- 1 888 533 visiteurs sur ses deux sites
- 1 774 802 visiteurs à la Cité des sciences et de l’industrie
- 113 731 visiteurs aux Étincelles du Palais de la découverte ((ouvert durant les travaux du Palais)
• Chiffres 2023 :
- 2 455 663 visiteurs sur ses deux sites :
- 2 333 716 visiteurs à la Cité des sciences et de l’industrie
- 121 947 visiteurs aux Étincelles du Palais de la découverte (ouvert durant les travaux du Palais)
• Chiffres 2022 :
- 2 100 675 visiteurs sur ses deux sites :
- 1 992 823 visiteurs à la Cité des Sciences et de l’Industrie
- 107 852 visiteurs aux Étincelles du Palais de la découverte (ouvert durant les travaux du Palais)
Chiffres 2021 :
- 1 035 249 visiteurs sur ses deux sites :
- 983 797 visiteurs à la Cité des Sciences et de l’Industrie
- 51 452 visiteurs aux Étincelles du Palais de la découverte (ouvert durant les travaux du Palais)
Chiffres 2020 :
- 793 007 entrées sur ses deux sites :
- 643 828 à la Cité des sciences et de l’industrie
- 149 179 au Palais de la découverte
Chiffres 2019 :
- 2 920 555 sur ses deux sites :
- 2 375 782 à la Cité des sciences et de l’industrie
- 544 773 au Palais de la découverte
Chiffres 2018 :
- 2 924 000 sur ses deux sites (2 680 000 hors Géode)
- 2 450 000 à la Cité des sciences et de l’industrie (2 206 000 hors Géode)
- 474 000 au Palais de la découverte
• Surface d’exposition : 30 000 m2
• Présidente par intérim : Delphine Samsoen (depuis le 12/06/2025)
• Directrice générale déléguée : Delphine Samsœn (depuis le 17/06/2024)
• Contact : Nancy Canoves Fuster, directrice du développement des publics et de la communication
• Tél. : 01 40 05 75 72
Catégorie : Musée
Adresse du siège
Avenue Franklin Roosevelt75008 Paris France
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Fiche n° 161, créée le 27/09/2013 à 13:23 - MàJ le 15/09/2025 à 16:51
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