Louvre-Lens : la Galerie du temps « totalement renouvelée, une promesse tenue » (Annabelle Ténèze)
La Galerie du temps, espace emblématique du Louvre-Lens (Pas-de-Calais) depuis sa création, a, pour la première fois, fait l’objet d’un renouvellement total de ses espaces, de septembre à décembre 2024. La nouvelle galerie, reposant sur une scénographie imaginée par l’agence AtoY, sera inaugurée le 04/12/2024 au soir. 250 œuvres retraçant « plus de 5 000 ans d’Histoire de l’humanité » y seront présentées. Le parcours se structure notamment autour d’un chantier de médiation mené « avec plus de 200 habitantes et habitants du territoire ».
Le projet de refonte de la Galerie du temps, initié sous Marie Lavandier
Présidente @ Centre des Monuments Nationaux (CMN)
Conservatrice générale du patrimoine
Membre du Conseil scientifique du musée du Louvre
Membre du comité d’acquisition du musée national des arts…
(qui a assuré la direction du musée de 2016 à 2023), s’est poursuivi depuis l’arrivée d’Annabelle Ténèze. Il a nécessité cinq ans de travail, puis deux mois et demi de montage. « L’idée était que, vu son importance pour le territoire, le musée ne fermerait pas complètement, même si ce renouvellement a constitué une vraie course contre la montre », indique Annabelle Ténèze, directrice du Louvre-Lens, lors d’une visite des espaces, le 02/12/2024.
« Nous avons conçu un parcours qui peut se consulter dans les deux sens, avec une scénographie recto-verso (…) Nous avons également disséminé des œuvres d’artistes contemporains qui regardent l’histoire, ont leur propre créativité, mais marquent aussi le fait que l’histoire est contemporaine en soi », déclare également Annabelle Ténèze, qui répond aux questions de News Tank.
La Galerie du temps a connu sa première refonte complète. Pourquoi ? Ces renouvellements sont-ils synonymes d’une remobilisation des publics ?
Ce renouvellement complet des collections constitue une promesse tenue. À la création du Louvre-Lens, l’idée était d’avoir un Louvre autrement et de le mettre en partage, et non pas de créer une sorte de collection permanente d’un musée des beaux-arts de Lens. Le principe de ce musée décentralisé est l’accès aux collections nationales, d’où l’importance de tenir notre promesse et de les partager le plus largement possible.
Les œuvres s’accompagnent d’un travail de laboratoire »Dans la Galerie du temps, nous exposons à la fois des œuvres d’une grande qualité, des chefs-d’œuvre (« Les Quatre Saisons » d’Arcimboldo, l’Allée des sphinx, ou la « Tête de Kaufmann »), mais aussi en lien avec les préoccupations des gens, avec de grandes questions d’actualité. Ces œuvres s’accompagnent également d’un travail de laboratoire (sur le plan muséal, sur la médiation, etc.). Les Arcimboldo, notamment, ont été restaurés avant d’êtres exposés et leurs repeints retirés. La stèle de Shilhak-Inshushinak, véritable puzzle, a également été remontée. Nous portons aussi une attention plus forte à la représentation des femmes dans les œuvres ou des artistes femmes au sein de la galerie.
« Environ 1/3 de visiteurs réguliers »
Le Louvre-Lens dénombre « environ :
• 1/3 de primo visiteurs,
• 1/3 de visiteurs qui sont déjà venus, mais qui ne viennent pas de manière régulière,
• et 1/3 de visiteurs réguliers, soit ceux qui viennent au moins deux à trois fois par an ».
La Galerie du temps renouvelée présente un parcours chronologique, mais qu’on peut aussi visiter à l’envers, en « remontant le temps ».
Nous avons beaucoup appris depuis l’inauguration du musée en 2012. Nous avons donc conçu un parcours qui peut se consulter dans les deux sens, avec une scénographie recto-verso. Nous avons également travaillé sur les reflets, avec des œuvres qui se reflètent sur les parois de la galerie et renvoient à un temps dilaté à l’infini. Nous avons beaucoup d’œuvres qui sont à la fois présentes par leur reflet et par elles-mêmes, dans une sorte de double présence.
Cette galerie propose des rencontres, nous avons notamment beaucoup travaillé sur les regards et les visages. Il s’agissait d’avoir à la fois des rencontres entre les visiteurs et les œuvres, mais aussi entre les civilisations, notamment grâce à des prêts du musée du Quai Branly
• Musée, centre d’enseignement et de recherche consacré aux arts d’Afrique, d’Océanie, d’Asie et d’Amérique.
• Établissement public national à caractère administratif, placé sous la tutelle…
et du musée Guimet
• Inauguré par Émile Guimet en 1889.
• Rattaché à la Direction des musées de France en 1927
• 5 500 m² de galeries permanentes• A pour annexe le musée d’Ennery depuis 1908.
• Mission …
. Nous avons créé des correspondances entre certains mondes qui ne se connaissaient pas, tout en coexistant sur le globe, comme cette statue de dieu indien du XIIe siècle qui côtoie une vierge à l’enfant sculptée puis peinte du XIIIe siècle.
Nous avons également disséminé des œuvres d’artistes contemporains qui regardent l’histoire, ont leur propre créativité, mais marquent aussi le fait que l’histoire est contemporaine en soi. Il s’agit de réaffirmer que les œuvres existent dans notre présent, quelle que soit leur époque d’origine. Dans la Galerie, ces œuvres contemporaines ne correspondent pas à la période de création des œuvres qui les entourent. Elles correspondent en revanche aux sujets de recherche des artistes qui en sont à l’origine. Cela permet de créer une drôle de dissonance, mais aussi des points communs.
Comment trouver cet équilibre entre l’accompagnement des visiteurs et le maintien de leur capacité à expérimenter les œuvres par eux-mêmes ?
Nous avons tissé beaucoup de fils. Ils sont parfois invisibles, liés à l’accrochage ou à des thématiques qui invitent à passer d’une œuvre à l’autre par des jeux de regards. Ce qui est important pour nous, c’est que les gens ne sont pas obligés de lire tout ce qu’on leur propose, mais que nous puissions leur offrir beaucoup d’axes de médiations possibles (médiation humaine, écrite, numérique, etc.). Nous avons notamment une web-application trilingue. Cette dernière fonctionne aussi en LSF Langue des Signes Française et propose, également, des contenus pour les enfants. Au total, elle comprend plus de 3h de commentaires téléchargeables.
Nous avons également travaillé soigneusement les textes de salle d’entrée. Ils contextualisent aussi bien d’où viennent les œuvres de la Galerie du temps, que le fonctionnement de cette galerie, ce qu’elle est. Nous avons, enfin, un espace “cartographie numérique”, réalisé par le géohistorien Christian Grataloup, qui, avec une carte pour chaque millénaire, nous permet de comprendre l’état du globe à un moment donné. Ce contenu a une visée pédagogique. Il sera beaucoup utilisé par les classes, mais pourra également l’être par le public individuel.
Travailler dans une dynamique très horizontale »Enfin, nous avons procédé à la coécriture de l’ensemble des cartels. On trouve deux types de cartels dans la Galerie du temps. D’abord, des cartels constituants des textes classiques qui sont très attentifs au langage utilisé et recontextualisent chaque œuvre, la décrivent. Ensuite, nous avons des cartels en images, parmi lesquels figurent des cartels dansés (réalisés en lien avec le chorégraphe Sylvain Groud
Directeur @ Ballet du Nord - CCN & Vous ! (CCN Roubaix)
• Diplômé du Conservatoire National Supérieur Musique et Danse de Paris, section danse contemporaine, en 1991
• A été interprète pour Gigi…
) ou des cartels plutôt orientés sur les émotions que peuvent susciter les œuvres. Ces cartels ont été réalisés avec 200 habitants du territoire de tous les âges (enfants, lycées techniques, occupants d’Ehpad
Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes
, etc.).
L’objectif était de travailler dans une dynamique très horizontale, que nous partagions notre expertise avec les habitants, mais qu’ils partagent aussi leur expertise avec nous. Un lycée professionnel a ainsi travaillé sur l’esthétisme et la beauté, un autre sur la métallurgie et la technique, tandis que l’association Femmes en avant a travaillé sur la représentation des femmes à travers l’histoire. Nous voulons proposer à nos publics de venir au musée tels qu’ils sont.
Parmi le jeune public, un public est particulièrement difficile à capter : les adolescents. Comment parvenir à les mobiliser ?
La médiation par les pairs »Je crois beaucoup à la médiation par les pairs. Nous avons notamment beaucoup de cartels écrits par des lycéens, ce qui est une manière de parler de choses qui les touchent plus directement. Parmi nos publications, figure aussi un manga, plutôt destiné aux adolescents. On peut trouver d’autres manières très créatives d’appréhender les œuvres d’art. Nous avons tous en nous une part de créativité. Il faut juste créer le rapport de confiance qui va permettre à chacun de l’exprimer.
Annabelle Ténèze
Directrice @ Musée du Louvre-Lens
• Diplômée de l’Institut national du Patrimoine et de l’École nationale des Chartes
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Parcours
Directrice
Directrice générale
Directrice
Responsable du cours « art du XXème siècle »
Responsable du Cabinet d’arts graphiques
Fiche n° 17728, créée le 27/05/2016 à 08:56 - MàJ le 02/12/2024 à 17:03
Musée du Louvre-Lens
• EPCC (établissement public de coopération culturelle) inauguré le 04/12/2012 par le Président de la République François Hollande.
• Ouverture au public : 12/12/2012
• Fréquentation :
- 555 607 visiteurs en 2023 (-2,7 %)
- 571 047 visiteurs en 2022 (+155 %)
- 223 931 visiteurs en 2021
- 212 353 visiteurs en 2020
- 533 171 visiteurs en 2019
- 482 759 visiteurs en 2018
- 450 000 visiteurs en 2017
- 444 602 visiteurs en 2016
• Budget de construction : 150 M€
• Budget 2023 :
- 18,73 M€ en dépenses
- 19,54 M€ en recettes
• Effectifs 2023 : 110 agents
- 60 fonctionnaires
- 38 contractuels
- 11 vacataires
- 1 apprenti
• Direction : Annabelle Ténèze (depuis septembre 2023)
• Administrateur général : Rémi Maillard
• Communication et relations extérieures : Camille Klein, chargée de relations médias
• Tél. : 03 21 18 62 13
Catégorie : Musée
Adresse du siège
6 Rue Charles Lecocq62301 Lens Cedex France
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Fiche n° 192, créée le 27/09/2013 à 13:23 - MàJ le 03/12/2024 à 09:10