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Musée Matisse au Cateau-Cambrésis : « Accompagner davantage le visiteur individuel » (S. Le Flamanc)

News Tank Culture - Paris - Interview n°324848 - Publié le 21/05/2024 à 11:00 - Mis à jour le 03/06/2024 à 12:25
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©  Desmoulins Architectures
Nouveau plateau muséographique du Musée Henri Matisse au Cateau-Cambrésis - ©  Desmoulins Architectures

Le Musée Henri Matisse du Cateau-Cambrésis (Nord) rouvrira au public, à la suite de travaux de restructuration et d’extension, le 28/09/2024. Le chantier, entamé en septembre 2022, a donné lieu à une fermeture complète des espaces à compter du 21/05/2023. L’établissement, qui a investi l’ancienne halle du marché couvert de la ville, rachetée par le Département en 2012, disposera ainsi de 1 000 m2 supplémentaires. « Plus de 900 œuvres » seront exposées dans sa collection permanente, contre « environ 800 » auparavant. L’exposition de réouverture sera consacrée aux livres illustrés par Henri Matisse et proposée jusqu’au 02/02/2025.

« Nous voulions faire en sorte que ce musée retrouve son aura au niveau national et international, puisqu’il a été le premier musée créé par Matisse. Il était important de rappeler où est né Matisse, de remettre en avant ses origines nordistes (…) Nous souhaitions aussi reconstruire le partenariat avec le musée Matisse de Nice, ce qui donnera lieu à la mise en place d’une convention », indique Martine Arlabosse, vice-présidente du Département du Nord en charge de la culture et de la communication événementielle, à News Tank.

« Nous avons noté que des visiteurs se perdaient dans le musée, malgré le soutien des gardiens et des agents d’accueil (…) Le visiteur individuel sera donc davantage accompagné dans son parcours, et ce, dès la cour où se trouvent plusieurs sculptures (…) Il y aura aussi, dans le nouveau musée, une dimension numérique qui n’existait pas auparavant. L’objectif était, sans en faire trop, de plonger le visiteur dans le XXIe siècle », ajoute Sophie Le Flamanc, directrice adjointe du Musée Matisse du Cateau-Cambrésis.

Martine Arlabosse et Sophie Le Flamanc répondent aux questions de News Tank.


L’un des objectifs de cette restructuration était de mieux accompagner les visiteurs dans leur visite. Comment avez-vous procédé ?

Sophie Le Flamanc - ©  Dominique Lampla

Sophie Le Flamanc : Nous avons noté que des visiteurs se perdaient dans le musée, malgré le soutien des gardiens et des agents d’accueil. Ils avaient tendance à hésiter entre les collections et manquaient parfois l’un des joyaux du musée : la salle à manger de Tériade, qui a été intégralement reconstituée et se situe derrière une salle. Nous trouvions dommage de faire la visite sans voir ce joyau. Le visiteur individuel sera donc davantage accompagné dans son parcours, et ce, dès la cour du musée où se trouvent plusieurs sculptures. Ces dernières, étant construites en bronze ou en pierre, se détachaient peu sur les pavés gris, et étaient peu vues. Nous allons les mettre en valeur par la signalétique et par un embellissement floral, végétal.

Nous aurons aussi une signalétique accrue dans les salles du musée qui permettra aux visiteurs de partir dans la bonne direction. Ils suivront ensuite le cheminement des salles, en débutant par la collection Matisse, afin de n’en manquer aucune. Nous insistons aussi beaucoup sur l’importance de la présence humaine dans les espaces. Nous avons des gardiens qui sont des agents polyvalents. Ils assurent bien sûr la surveillance du musée, mais connaissent aussi très bien l’établissement et seront à même d’orienter les visiteurs, comme de les renseigner sur les œuvres.

Il y aura enfin, dans le nouveau musée, une dimension numérique qui n’existait pas auparavant. L’objectif était, sans en faire trop, de plonger le visiteur dans le XXIe siècle. Nous proposerons notamment une visite en projection à 360° de la chapelle du Rosaire à Vence.

En quoi l’extension portant sur une ancienne halle renforce-t-elle la logique d’ancrage territorial de l’établissement ?

SLF : L’extension porte sur l’ancien marché couvert du Cateau-Cambrésis. Il s’agit d’un très joli bâtiment, datant de 1884, localisé sur la place centrale. Il dispose d’une belle façade, qui a été rénovée pour la réouverture du musée, et constituait un lieu de rendez-vous pour les Catésiens. Il s’agit d’un lieu de mémoire important qu’ils vont pouvoir se réapproprier, puisque le marché couvert a été racheté par le Département en 2012, mais était resté fermé depuis.

Conserver (…) ce lien avec l’histoire locale »

Nous sommes dans un territoire très fortement marqué par le textile, qui a vu l’effondrement de cette industrie dans les années 1980 et se bat depuis pour développer de nouvelles activités. Le Musée Henri Matisse constituera un élément important du développement de la ville. Il s’agit d’un facteur d’attraction majeur, qui conserve également ce lien avec l’histoire locale, le musée faisant partie d’un réseau, intitulé « La Route du textile », qui réunit plusieurs musées du secteur.

L’un des autres objets du chantier consistait à revoir les fonctions d’accueil. Pourquoi et comment ?

Martine Arlabosse - ©  Dominique Lampla

SLF : Nous avons un public scolaire très important, ce qui provoquait des embouteillages le matin, et s’avérait assez inconfortable pour les visiteurs individuels, surtout l’après-midi. Nous aurons un nouvel espace au sein de l’extension permise par le marché couvert, dédié exclusivement aux groupes. Il se situera à proximité de la gare routière, ce qui permettra aux autocars de le desservir assez facilement. Par ailleurs, nous aurons des sanitaires juste à côté, ce qui facilitera la gestion des groupes d’enfants, qui n’auront plus à traverser le musée pour se rendre aux toilettes à leur arrivée.

Martine Arlabosse : Les groupes de scolaires pourront aussi accéder directement aux ateliers dont nous allons doubler le nombre, puisqu’ils passeront de deux à quatre. Cela s’ancre dans la stratégie destinée à attirer le jeune public et à faire venir les visiteurs en famille.

Un plateau muséographique de 300 m2 a notamment été créé avec des cimaises mobiles. En quoi répond-il à vos besoins et quelle forme prendra-t-il exactement ?

SLF : Cela répondait à un manque puisque nous avions plus de 4 000 œuvres en réserve. Nous en aurons encore beaucoup après les travaux, mais nous souhaitions présenter d’autres œuvres de Matisse, notamment des dessins et des gravures. Nous devrons faire tourner ces pièces, pour des questions de fragilité, mais la nouvelle installation nous permettra de valoriser les grands formats. Ce plateau muséographique de 300 m2 se déploiera en longueur et comportera un plafond à plus de cinq mètres de hauteur. Il aura un effet spectaculaire pour le visiteur qui se retrouvera directement propulsé dans cet espace. Il s’agira à la fois d’un fond permanent et d’un espace où nous pourrons accrocher les tableaux qui nous seront prêtés. Pour la réouverture par exemple, le tableau « Fenêtre à Tahiti I » du Musée Matisse de Nice sera réuni avec « Fenêtre à Tahiti II » appartenant à notre établissement.

La convention avec le musée Matisse de Nice va notamment reposer sur des prêts d’œuvres. Impliquera-t-elle d’autres éléments de collaboration ?

MA : Nous avons réinventé, agrandi le musée. Nous voulions faire en sorte que ce musée retrouve son aura au niveau national et international, puisqu’il a été le premier musée créé par Matisse, sur la base d’un legs de 82 œuvres. Il était important de rappeler où est né Matisse, de remettre en avant ses origines nordistes, mais aussi d’aller à Nice pour recréer un lien entre les deux établissements.

Présenter Matisse de façon plus complète »

Il s’agissait aussi d’une volonté de la Ville de Nice et de son adjoint à la Culture, Robert Roux, et du directeur du musée de Nice, Aymeric Jeudy. Cela renvoie à cette idée de réunir le Nord et le Sud et de présenter Matisse de façon plus complète, plutôt que comme appartenant exclusivement à l’un ou à l’autre. Nous espérons aussi faire venir des gens du Sud au Nord et du Nord au Sud.

SLF : Grâce à cette convention, nous pourrions aussi appréhender davantage Matisse par la sculpture. Si l’on réunit les collections de sculpture de Nice et de notre musée, nous avons presque les 2/3 de l’œuvre de Matisse, qui n’ont par ailleurs jamais été rassemblées. Ce partenariat se déclinera en trois axes : des prêts d’œuvres, mais aussi de la coproduction d’expositions et une dimension scientifique. Sur ce dernier point, le Musée Matisse de Nice réalise actuellement un travail de numérisation de ses collections avec le Centre Pompidou • Établissement public culturel pluridisciplinaire ouvert en 1977.• Réunit le MNAM (Musée national d’art moderne), le CCI (Centre de création industrielle), le DCC (Département culture et création)… , auquel nous allons nous associer.

Comment s’est déclinée votre stratégie pour maintenir le lien avec le public pendant la période de fermeture ?

SLF : La priorité a été de continuer à assurer la présence du musée sur le territoire. Notre équipe de médiation a œuvré exclusivement hors les murs pendant un peu plus d’un an. Nous avons essentiellement travaillé avec des publics scolaires, mais aussi poursuivi les actions à destination des publics prioritaires du Département. Nous avons beaucoup d’interventions auprès de personnes en situation de handicap dans des établissements d’hébergement. Les équipes ont travaillé quotidiennement sur ces sujets au maximum de nos ressources.

Continuer à assurer la présence du musée sur le territoire »

Le deuxième aspect du maintien de cette présence résidait dans les prêts aux autres musées. Nous avons notamment organisé, pour la première fois, une exposition Herbin dans une ville moyenne du Nord (Saint-Amand-les-Eaux) qui possède un musée de France. Nous sommes intervenus en tant que prêteur unique de 14 œuvres. Cette exposition a permis à la population locale de découvrir Herbin, mais aussi de mettre en avant notre réouverture prochaine.

Enfin, nous avons également proposé une exposition itinérante en Chine. Nous sommes partis avec 281 œuvres de Matisse pour trois mois d’exposition à Pékin et trois mois à Shanghai à l’initiative de l’UCCA Ullens Center for Contemporary Art et par l’intermédiaire de l’agence Doors, qui est une agence spécialisée dans les échanges culturels entre la Chine et la France. L’exposition a remporté un vif succès, puisque dès l’ouverture de la billetterie à Pékin, près de 20 000 personnes se sont inscrites en une journée. Cela démontre bien l’aura que Matisse peut avoir à l’international.

Vues du nouveau Musée Henri Matisse

Musée Henri Matisse

Musée fondé en 1952 par l’artiste Henri Matisse (1869-1954) au Cateau-Cambrésis (Nord), sa ville de naissance
• 1982  : transfert des collections de l’Hôtel de Ville vers le Palais Fénelon
• 1992 : acquisition du musée par le Département du Nord
• 2002 : Rénovation et agrandissement par le Département
• 2022  : Début d’un nouveau chantier d’extension et de restructuration du musée. La réouverture au public est prévue pour le 28/09/2024.

• Collections : 2 555 œuvres, dont :
- 886 œuvres d’Henri Matisse,
- 94 œuvres du peintre Auguste Herbin,
- 590 œuvres de l’éditeur d’art Tériade

• Directeur  : Patrice Deparpe, depuis 2014
• Directrice adjointe  : Sophie Le Flamanc
• Contact  : Laetitia Messager, responsable de la communication et des partenariats

• Tél : 03 59 73 38 05


Catégorie : Musée


Adresse du siège

Palais Fénélon, 11 Place du Commandant Édouard Richez
59360 Bazuel France


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Fiche n° 1572, créée le 28/02/2014 à 03:42 - MàJ le 21/05/2024 à 16:51

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Nouveau plateau muséographique du Musée Henri Matisse au Cateau-Cambrésis - ©  Desmoulins Architectures