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Think 2022 : « Privilégier des œuvres géographiquement plus proches » (Julie Narbey, Centre Pompidou)

Paris - Actualité n°263083 - Publié le 08/09/2022 à 10:20
©  Seb Lascoux
Matthias Leullier, Jacques Renard, Anne-Florence Duliscouët, Julie Narbey - ©  Seb Lascoux

« Le Centre Pompidou • Établissement public culturel pluridisciplinaire ouvert en 1977.• Réunit le MNAM (Musée national d’art moderne), le CCI (Centre de création industrielle), le DCC (Département culture et création)… est l’un des plus grands prêteurs d'œuvres au monde, avec plus de 6 000 prêts par an. Nous empruntons également beaucoup pour concevoir nos expositions. (…) On peut faire moins ou faire autrement. On peut essayer de réduire des trajets et de mutualiser des convoiements. Ainsi, dans le cadre d’une exposition Picasso pour laquelle nous avons prêté des œuvres, ce n’est pas nous qui avons organisé le convoiement, mais le Musée Picasso, qui l’a coordonné pour l’ensemble des musées prêteurs parisiens. Par ailleurs, pour les expositions pour lesquelles nous cherchons des emprunts, nous essayons maintenant de privilégier des œuvres qui sont géographiquement plus proches de nous, à intérêt curatorial équivalent », déclare Julie Narbey Directrice générale @ Centre Pompidou
, directrice générale du Centre Pompidou, lors de la conférence « La diversité culturelle : quelle relocalisation ? », organisée dans le cadre de la 7e édition de Think Culture au Centre Pompidou (Paris 4e) le 06/09/2022.

Cette conférence, en format « duo », constituait le premier module de l’un des « grands thèmes » de la journée : « Circulation des artistes et des œuvres, et décarbonation : comment les concilier ? ».

« Dans nos métiers, il y a deux problématiques, qui en définitive ne font qu’une : celle des sites (festivals ou salles), et celle des tournées. Pour les tournées, rappelons que le modèle économique pour un artiste consiste à booker un maximum de dates en un minimum de temps. L’artiste doit donc être en capacité de parcourir un maximum de distance en un temps minimum. (…) La problématique du booking et du routing est essentielle : c’est elle qui permet de travailler sur le temps long, d’envisager l’utilisation de moyens de transports plus durables. Mais pour le moment, on s’y attaque à peine. (…) Toutes ces questions sont traitées au sein de notre programme “Green Nation” mais aussi au sein de la convention des entreprises pour le climat, dont la feuille de route sera publiée en septembre », poursuit Matthias Leullier Directeur général adjoint @ Live Nation France
, directeur général adjoint de Live Nation France Filiale de la société américaine de production de concerts et d’organisation de tournées, également spécialisée dans l’exploitation de lieux et dans la billetterie (via sa sociét…

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« On peut faire de très belles expositions malgré l’absence de certaines œuvres » (Julie Narbey)

  • « Le Centre Pompidou a engagé depuis un peu plus de deux ans une forte réflexion sur sa stratégie en matière de développement durable, et d'éco-responsabilité en particulier. Nous allons prochainement entreprendre de gros travaux sur notre bâtiment qui vont permettre d’améliorer sa performance énergétique, laquelle est catastrophique, puisqu’il date des années 70. Mais nous avons tenu à nous faire certifier sur les usages de ce bâtiment, sur la manière dont nous l’habitons. Nous sommes donc fiers de la certification “Haute qualité environnementale”, niveau “très bon”, obtenue à l’automne 2021.
  • En matière d’usages, il faut savoir que le Centre Pompidou est l’un des plus grands prêteurs d'œuvres au monde, avec plus de 6 000 prêts par an. Nous empruntons également beaucoup pour concevoir nos expositions. Et nous avons par ailleurs une activité de spectacle vivant. La réflexion sur l'éco-responsabilité est au cœur de notre stratégie. 
  • Nous pourrions, avec notre collection qui est la deuxième au monde en matière d’art contemporain, nous contenter de la faire tourner et de ne pas emprunter. Mais ce n’est pas le sens de notre métier, qui est de faire découvrir de nouvelles œuvres et de travailler avec de nouveaux artistes. Nous réfléchissons simplement à de nouvelles manières de faire, notamment en termes de transport. 
  • On peut faire moins ou faire autrement. On peut essayer de réduire des trajets et de mutualiser des convoiements. Ainsi, dans le cadre d’une exposition “Picasso” pour laquelle nous avons prêté des œuvres,  ce n’est pas nous qui avons organisé le convoiement, comme ç'aurait été le cas auparavant, mais le Musée Picasso, qui l’a coordonné pour l’ensemble des musées prêteurs parisiens. 
    Julie Narbey - ©  Seb Lascoux
  • Par ailleurs, pour les expositions pour lesquelles nous cherchons des emprunts, nous essayons maintenant de privilégier des œuvres qui sont géographiquement plus proches de nous, à intérêt curatorial équivalent. Cela a été le cas pour l’exposition Matisse, où nous avons privilégié les collections françaises, avec quelques seulement prêts provenant des États-Unis.
  • Sur une potentielle frustration du public qui ne pourrait admirer certaines œuvres dans le cadre d’une exposition temporaire, je crois qu’il faut distinguer le public très averti du grand public, lequel n’a pas toujours un niveau de connaissance et d’expertise à même de générer cette frustration. Et l’on peut faire de très belles expositions malgré l’absence de certaines œuvres. 
  • Par ailleurs, tant que possible, nous essayons de privilégier d’autres moyens de transports que l’avion pour les œuvres. Et puis nous travaillons aussi sur la possibilité d’avoir des caisses de transport plus écologiques, car elles sont normalement constituées à 80 % de plastique. Nous essayons d’innover avec Paris Saclay sur les matériaux à utiliser, pour qu’ils soient plus respectueux de l’environnement. 
  • Enfin, sur les spectacles, nous avons travaillé avec le chorégraphe très engagé Jérôme Bel, qui ne prend plus l’avion, ni lui ni ses équipes. Nous l’avons invité à travailler avec le Centre Pompidou Shanghai, ouvert en 2019. Il a travaillé à distance avec des danseurs chinois, qui ont recréé son spectacle “Gala“. Il a fait de même en France avec une jeune chorégraphe chinoise. Ce qui a donné un spectacle où il était seul sur scène et la chorégraphe, confinée en Chine, apparaissait sur l'écran géant, dans notre Grande Salle. C'était très innovant dans le format. 
  • Quant à la circulation des publics, je crois que le nôtre est assez spécifique : il est à 60 % français, avec une grande part de public francilien, qui ne vient pas chez nous en voiture. Quant au public international, les destinations très lointaines sont assez minoritaires ». 

    Julie Narbey

« L’impact lié à la circulation et l’accueil des publics est bien supérieur à celui de la circulation des productions » (Matthias Leullier)

  • « Live Nation Groupe américain spécialisé dans la production de spectacles, l’organisation de tournées, l’exploitation de lieux et la billetterie • Création : 2005 • Fusion avec le distributeur de billets… est le premier groupe d’entertainment au monde. Nous mettons sur la route entre 3 000 et 4 000 tournées par an, gérons 300 salles, comptons 170 festivals… En France, nous proposons environ 1 500 événements par an.
  • Nous avons entamé un cycle de réflexion en interne via une plateforme qui se nomme Green Nation. Il s’agit d’un programme mondial, calqué sur la charte de l'ONU Organisation des Nations Unies , qui prévoit une réduction des gaz à effet de serre d’ici 2030, une élimination des plastiques à usage unique, une meilleure gestion des déchets… Avec ce programme, nous pouvons partager nos retours d’expérience. Certains festivals du groupe sont, par exemple, très avancés en matière de restauration végétarienne.
  • Au niveau de la France, j’ai moi-même participé à la convention des entreprises pour le climat. Pendant laquelle il a fallu montrer comment nous arriverions à repenser nos modèles en obtenant un bilan positif. 
  • Dans nos métiers, il y a deux problématiques, qui en définitive ne font qu’une : celle des sites (festivals ou salles) et celle des tournées. Pour la partie qui nous intéresse, les tournées, rappelons que le modèle économique pour un artiste consiste à booker un maximum de dates en un minimum de temps. L’artiste doit donc être en capacité de parcourir un maximum de distance en un temps minimum. Pour la tournée de Coldplay, qui faisait partie de notre programme-pilote chez Live Nation, le groupe s’est engagé à passer plus de temps dans les villes où il s’arrêtait, afin de minimiser ses trajets. 
  • Matthias Leullier - ©  Seb Lascoux
    Le groupe a été critiqué ici et là. Peut-être a-t-il payé des déclarations trop hâtives sur les tournées ”0 émission”. Mais force est de constater que de véritables avancées ont été faites au travers de cette tournée : traitement des déchets, énergie, accueil du public… Sur bien des aspects, elle a été impactante. 
  • Sur le nombre de semi-remorques mobilisés lors des tournées internationales, sachez que pour une tournée donnée, il y a plusieurs kits dispersés partout dans le monde, avec autant de camions et de personnels, ce qui permet de commencer à monter le spectacle à Stockholm alors qu’il n’est pas terminé à Paris, par exemple. La problématique du booking et du routing est essentielle : c’est elle qui permet de travailler sur le temps long, d’envisager l’utilisation de moyens de transports plus durables. Mais pour le moment, on s’y attaque à peine. 
  • Il y a également beaucoup de travail à accomplir pour améliorer l’impact lié à la circulation et l’accueil des publics, qui est bien supérieur à celui de la circulation des productions. 
  • Toutes ces questions sont traitées au sein du programme Green Nation mais aussi au sein de la convention des entreprises pour le climat, dont la feuille de route sera publiée, ainsi que des propositions de loi, en septembre. La réflexion collective et une condition sine qua non de la décarbonation de notre secteur. Il existe une cellule au Prodiss Syndicat national du spectacle musical et de variété qui nous permet de travailler collectivement sur ce sujet, tandis que le CNM Centre national de la musique s’y attaque également. »

    Matthias Leullier

Julie Narbey


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Parcours

Centre Pompidou
Directrice générale
Palais de Tokyo
Directrice générale déléguée
Ministère de la Culture
Conseillère pour les affaires financières
Établissement public du musée du quai Branly - Jacques Chirac
Directrice de l’administration et des ressources humaines
Ministère de la Culture
Chef du bureau des affaires budgétaires et des opérateurs

Fiche n° 1131, créée le 02/01/2014 à 12:41 - MàJ le 08/09/2022 à 09:38

Matthias Leullier


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Parcours

Live Nation France
Directeur général adjoint
Nous Productions
Co-fondateur / Directeur associé
Modjo Music (SARL) / Control Freak (EURL)
Associé gérant

Fiche n° 46305, créée le 02/06/2022 à 18:17 - MàJ le 02/06/2022 à 18:22

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Matthias Leullier, Jacques Renard, Anne-Florence Duliscouët, Julie Narbey - ©  Seb Lascoux