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Think Culture 2022 : « L’innovation n’est pas là où l’on croit » (Marie-Anne Robert, Sony Music)

Paris - Actualité n°262902 - Publié le 06/09/2022 à 13:10
©  Seb Lascoux
Marie-Anne Robert - ©  Seb Lascoux

« Ma conviction est que l’innovation n’est pas là où l’on croit. Elle est souvent accolée à des noms tous plus savants les uns que les autres (NFT (Token non-fongible) Jeton numérique stocké sur une blockchain possédant des caractéristiques qui lui sont propres. Il est par nature unique et ne peut pas être remplacé par un autre. , blockchain Technologie de stockage et de transmission d’informations sans organe de contrôle. Base de données dont les informations, envoyées par les utilisateurs, sont vérifiées et groupées à intervalles de… , web3, expérience immersive, etc). L’innovation ne se situe pas en premier lieu dans les nouvelles technologies mais d’abord dans des choses beaucoup plus simples, sous nos yeux, et ne demandant pas d’investissement financier. L’innovation réside d’abord dans notre capacité à mieux regarder ce qui nous entoure et à sortir de notre entre-soi », déclare Marie-Anne Robert Présidente @ Sony Music Entertainment France
, présidente de Sony Music Entertainment France, lors d’une keynote en ouverture de Think Culture au Centre Pompidou (Paris 4e) le 06/09/2022. Cette 7e édition de l’événement professionnel annuel organisé par News Tank Culture a pour thème « Culture et écologie : vers la grande mutation ? ».

« J’appelle de tous mes vœux celles et ceux qui travaillent dans l’industrie musicale en France à innover en changeant leur état d’esprit, dans la façon de recruter, de détecter et de signer des artistes, de les promouvoir, de sortir de l’entre-soi pour être créatif. Par exemple, chez Sony, j’incite les équipes à déjeuner une fois par semaine avec quelqu’un qu’elles ne connaissent pas et de préférence d’une autre industrie. Nous nous employons aussi à recruter des gens issus d’autres industries pour apporter un meilleur équilibre. (…) Ne soyons pas une industrie snob, fermée, qui ne publie pas ses offres d’emploi et ne recrute que des gens “cool”, qui nous ressemblent », ajoute Marie-Anne Robert qui se dit optimiste car « en France, nous avons un environnement très favorable à la créativité et à l’innovation ».

« Les barrières à l’innovation sont omniprésentes mais elles peuvent être contournées » (Marie-Anne Robert)

  • Cela fait 20 ans que je travaille, avec un plaisir infini, dans l’industrie de la musique. Parce que cette industrie est sacrément innovante. Les artistes créent de nouveaux contenus chaque jour. Les industriels créent de nouvelles façons de diffuser la musique auprès du grand public. Le streaming, modèle que la musique a adopté plus tôt que le cinéma, a permis de renouer avec une croissance solide. Mais pour autant notre industrie est-elle suffisamment innovante ? Et place-t-elle l’innovation au bon endroit ?
  • Ma conviction est que l’innovation n’est pas là où l’on croit. Elle est souvent accolée à des noms tous plus savants les uns que les autres. En ce moment dans la musique, on parle NFT, blockchain, web3, expérience immersive, etc.
  • L’innovation ne se situe pas en premier lieu dans les nouvelles technologies mais d’abord dans des choses beaucoup plus simples, sous nos yeux, et ne demandant pas d’investissement financier.
  • L’innovation réside d’abord dans notre capacité à mieux regarder ce qui nous entoure et à sortir de notre entre-soi. Pour illustrer mes propos, je prends l’exemple du naufrage du Titanic. Vous la connaissez tous. En 1912, le navire percute un iceberg de plein fouet, 1 500 personnes trouvent la mort et seules 700 survivent, celles qui avaient trouvé des places dans les canots de sauvetage. On sait aujourd’hui qu’on aurait pu sauver tout le monde. Comment ? En se posant les bonnes questions. Dans la panique générale, tous les passagers se sont demandé comment monter sur un canot. S’ils s’étaient demandé comment survivre, ils auraient pu trouver d’autres réponses : en considérant l’iceberg non pas comme un obstacle ennemi mais comme un radeau géant, ou en considérant d’autres ressources comme les tables ou les portes en bois pour, là aussi, faire des radeaux. Nous avons tous des œillères, c’est un biais psychologique courant, étudié par des chercheurs et appelé « fixité fonctionnelle ». On envisage un objet uniquement de la façon dont il est amené à être utilisé : iceberg égale danger, et il est très difficile de le voir autrement.
Les barrières à l’innovation sont omniprésentes, mais elles peuvent être contournées »
  • Face aux objets du quotidien, on écarte souvent les caractéristiques secondaires. C’est pratique mais c’est aussi un obstacle à la créativité. Les chercheurs ont proposé comme solution la technique de la description générique : changer systématiquement la manière dont on décrit un objet pour ne pas le limiter sans le vouloir et s’ouvrir à de nouveaux usages possibles. Si on avait envisagé l’iceberg comme une surface flottante de 100 mètres de long, on aurait mieux perçu son potentiel salvateur.
  • J’y vois une métaphore de ce qui nous arrive quotidiennement dans le monde de la musique. Les barrières à l’innovation sont omniprésentes, mais elles peuvent être contournées, et avec des solutions qui sont sous nos yeux.
  • Par exemple, on a 70 000 nouveaux titres par jour sur les plateformes. Comment faire pour exister tous ces artistes ? Si on n’est pas créatif ou innovant, on est mort. L’intelligence artificielle, elle aussi, peut faire peur, des artistes ont peur d’être remplacés par une machine. Il faut regarder différemment ces « icebergs ». Ayons une réponse adaptée à chaque artiste.
Ne soyons pas une industrie snob et fermée »
  • J’appelle donc de tous mes vœux celles et ceux qui travaillent dans l’industrie musicale en France à innover en changeant leur état d’esprit, dans notre façon de recruter, de détecter et de signer des artistes, de les promouvoir, de sortir de l’entre-soi pour être créatif. Par exemple, chez Sony, j’incite les équipes à déjeuner une fois par semaine avec quelqu’un qu’elles ne connaissent pas et de préférence d’une autre industrie. Nous nous employons aussi à  recruter des gens issus d’autres industries pour apporter un meilleur équilibre (on a recruté une personne qui vient du sport, une de la publicité, une de l’industrie pornographique, etc). Ne soyons pas une industrie snob, fermée, qui ne publie pas ses offres d’emploi et ne recrute que des gens « cool », qui nous ressemblent.
  • En matière de recrutement et de diversité, un sujet m’est particulièrement cher : il y a encore seulement 23 % de femmes dans les labels de musique en France. C’est insuffisant. Mettre quelques personnes dans les canots de sauvetage ne suffira pas. On doit collectivement revoir notre façon de penser et apporter des solutions pérennes au manque de diversité dans notre industrie.
Notre industrie est loin de figurer parmi les plus polluantes »
  • Ce qui me rend particulièrement optimiste, c’est qu’en France, nous avons un environnement très favorable à la créativité et à l’innovation. Plus de 10 000 professionnels travaillent dans l’industrie, nous avons un marché très local, 83 % d’artistes locaux dans les charts. Il y a une manne créative et de plus en plus de musique écoutée (19h en 2022 contre 16h en 2020). Les consommateurs sont aussi prêts à dépenser plus pour la musique (la dernière étude de Goldman Sachs montre que les 18-34 ans dépensent plus pour la musique que leurs aînés). Il y a aussi des écoles spécialisées dans la musique, des pouvoirs publics engagés, tout un écosystème dynamique et prêt à innover.
  • En matière d’écologie, puisque c’est le thème du jour, notre industrie est loin de figurer parmi les plus polluantes. On peut se réjouir de quelques efforts récents : le streaming a réduit par six les émissions de gaz à effet de serre par rapport au CD, les grandes maisons comme Sony Music s’engagent en signant la Charte « Music Climate Impact » pour décarboner le secteur, en mettant en place des calculateurs carbone, des artistes comme Coldplay utilisent les mouvements de leur public pour générer de l’électricité pendant les concerts avec un sol cynétique, des vinyls écologiques ont été fabriqués à partir d’algues…
  • On sait que tout cela n’est pas suffisant. Donc posons-nous les bonnes questions ensemble, comme nous le faisons ici aujourd’hui, pour transformer tous ces dangers, tous ces icebergs, en opportunités.

    Marie-Anne Robert, présidente de Sony Music Entertainment France, au Centre Pompidou le 06/09/2022

 

 

 

Marie-Anne Robert


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Parcours

Believe
Directrice générale marketing et « artists services »
Tunecore
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Responsable de la vidéo pour la France et la région MENA
Believe
Directrice marketing
EMI Music France
Chef de projet senior
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Fiche n° 10492, créée le 21/04/2015 à 15:06 - MàJ le 25/08/2022 à 15:51

Sony Music Entertainment (SME)

Société multinationale active dans la production et la distribution de musique, appartenant à Sony Corporation of America
• Date de création : 1927 (création de Columbia Records)
• Présente dans 35 pays
• Directeur général : Rob Stringer

• Chiffre d’affaires en 2023 : 1 066,1 Md¥ (8,24 Md€)
- 2022 : 885,14 Md¥
- 2021 :
668,78 Md¥
- 2020 : 516,27 Md¥

- 2019 : 467,15 Md¥

• Parmi les labels du groupe :
- Arista
- Columbia
- Epic
- Legacy
- RCA
• Parmi les artistes en catalogue : Beyoncé, Harry Styles, SZA, Future, Bruce Springsteen, Michael Jackson, David Bowie, Calvin Harris, Foo Fighters, P !nk, One Direction, Mark Ronson, A$AP Rocky, Aerosmith, Patrick Bruel, Francis Cabrel, Bob Dylan…


Catégorie : Label / Production


Adresse du siège

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Fiche n° 4163, créée le 08/06/2016 à 04:03 - MàJ le 08/11/2024 à 17:03

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