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Think 2021 : « Le label est un outil de la décentralisation qui marche très bien » (Marie Didier)

Paris - Actualité n°227544 - Publié le 08/09/2021 à 15:00
©  Seb Lascoux
©  Seb Lascoux

« La liberté est assez bien protégée dans les scènes labellisées, mais, en termes d’égalité, je ne comprends pas que dans l’ensemble des indicateurs qui sont proposés par le ministère de la Culture (…) on soit encore si loin de l’égalité absolue entre les hommes et les femmes. Pourquoi est-ce que la parité n’est pas inscrite noir sur blanc dans les missions premières des scènes publiques ? La société est prête, les directions des CDN Centre dramatique national aussi. La plupart, d’ailleurs, le font déjà », déclare David Bobée, directeur du Théâtre du Nord, CDN Lille Tourcoing Hauts-de-France, lors du module « Les labels : des réformes, et si oui lesquelles ? » dans le cadre du Thème « Le ministère de la Culture et ses modalités d’intervention : un modèle à revoir ? » organisé lors de la 6e édition de Think Culture le 07/09/2021 au Centre Pompidou • Établissement public culturel pluridisciplinaire ouvert en 1977.• Réunit le MNAM (Musée national d’art moderne), le CCI (Centre de création industrielle), le DCC (Département culture et création)… (Paris 4e).

« En parallèle du développement de la transdisciplinarité, il reste des savoir-faire propres à chaque discipline, des apprentissages différents. L’expression artistique transdisciplinaire repose sur un certain nombre d’acquis, de compétences. Et pour cela la séparation des disciplines dans les labels reste pertinente. Cela ne veut pas dire qu’à l’intérieur des labels, cette évolution des arts de la scène (…) ne peut exister », indique pour sa part Marie Didier, directrice de La Rose des Vents - Scène nationale Lille Métropole Villeneuve d’Ascq, et future directrice du Festival de Marseille.

News Tank rend compte des échanges.

Intervenants
  • David Bobée, directeur du Théâtre du Nord, CDN Lille Tourcoing Hauts-de-France
  • Marie Didier, directrice de La Rose des Vents - Scène nationale Lille Métropole Villeneuve d’Ascq, future directrice du Festival de Marseille
  • Modération : Jacques Renard, Marion Miard, News Tank Culture

« Le label est un outil de la décentralisation qui marche très bien » (Marie Didier)

  • Avant de savoir s’il faut réformer, il faut se demander s’il y a d’éventuels dysfonctionnements, manquements, et en faire l’analyse. D’après mon expérience, - j’ai travaillé 20 ans dans le réseau des Scènes nationales - et d’après mes échanges avec différents collègues et partenaires des réseaux labellisés, j’observe que le label est un outil de la décentralisation qui marche très bien. À partir de là, la question est plus de se demander ce qu’on pourrait renforcer, comment donner plus d’élan à ce maillage et à ces outils que le monde entier nous envie. Que faudrait-il mettre en œuvre pour consolider ces réseaux et labels dans leurs missions, qui sont correctement posées et encadrées dès le départ ? Car avec les cahiers des charges et les contrats d’objectifs et de moyens, on dispose d’une architecture solide.
  • Marie Didier - ©  Seb Lascoux
    Concernant ce qui pourrait rendre plus fluide l’interaction entre ces réseaux, je vois trois points importants :
    • D’abord, la question des moyens. Nous traversons une séquence assez heureuse de ce point de vue, puisque le « quoi qu’il en coûte » a permis de traverser la crise sanitaire de manière somme toute assez sereine. Mais cette question des moyens était aigüe avant la crise sanitaire et l’accompagnement du réseau labellisé dans l’évolution de ses moyens demande à être ré-interrogé.
    • Par ailleurs, il y a sans doute à ré-impulser quelque chose autour du lien avec l’Éducation nationale, de l’action culturelle et artistique, soit in fine autour de la question de la diversité des publics.
    • Enfin, l’État pourrait, à travers ses labels, penser des choses un peu différentes dans l’articulation avec les collectivités territoriales. L’État pourrait dans certaines circonstances  être davantage garant de ce qu’il a lui-même édifié, et se poser parfois plus en tutelle (dans les marges juridiques qui sont les siennes).
  • Les Scènes conventionnées et les Scènes nationales ont pour mission de donner un panorama pluridisciplinaire. La plupart des Scènes nationales ont un regard attentif sur les productions des orchestres labellisés comme elles ont un regard sur les compagnies conventionnées de leur territoire. Il y a dans leur cahier des charges la prise en compte des forces vives de la création de leur territoire.

    Marie Didier, directrice de la Rose des Vents, SN Scène nationale , et future directrice du Festival de Marseille 

« Diriger un CDN donne du sens, du poids et des responsabilités publiques » (David Bobée)

  • « Le modèle CDN Centre dramatique national est un modèle qui me convient et me semble absolument important. Ce qui a présidé à leur création est encore extrêmement vivant aujourd’hui : ce besoin de réparer une population abîmée, de faire le pari de la culture et de l’art pour relier les personnes et essayer de construire l’idée de ce que peut être un peuple. Le pari de faire confiance à des artistes pour porter ces maisons est un pilier de la politique culturelle française. Cela continue à m’animer bien davantage que le simple fait de faire de la mise en scène, d’enchaîner les spectacles et de jouir de mon parcours artistique. Diriger un CDN donne du sens, du poids et des responsabilités publiques. J’y trouve un équilibre très fort.
  • Que la créativité soit un endroit qui puisse emmener des équipes, fédérer et diversifier un public, inventer une politique culturelle à l’endroit d’un territoire, en traduction concrète sur le terrain, tout cela me semble extrêmement joyeux.
  • Il existe 38 CDN en France. Chacun développe des vrais endroits d’innovation, qui peuvent être modélisés et donner à partager dans différentes régions sur l’ensemble du territoire national. Il reste évidemment des progrès à faire. Il y a d’énormes avancées que le ministère de la Culture devrait accompagner de façon sans doute bien plus engagée, notamment en matière d’égalité.
  • David Bobée - ©  D.R.
    La liberté est assez bien protégée dans ces maisons, mais, en termes d’égalité, je ne comprends pas que dans l’ensemble des indicateurs qui sont proposés par le MC Ministère de la Culture (dans les contrats de décentralisation et les différents CPOM Contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens ) on soit encore si loin de l’égalité absolue entre les hommes et les femmes. Pourquoi est-ce que la parité n’est pas inscrite noir sur blanc dans les missions premières des scènes publiques ? La société est prête, les directions des CDN aussi. La plupart, d’ailleurs, le font déjà.
  • L'égalité dans les programmations mais aussi le partage des moyens de production entre les hommes et les femmes, l’égalité parmi les artistes invités et produits, sont nécessaires. Elles pourraient aussi avoir un impact sur la fréquentation du public, et à l’endroit de la diversité, sociale, ethnique des artistes.
  • Pourquoi est-on est si prudents, si fragiles pour présenter la diversité de la population française qu’on est censés servir ? Il y là a un vrai chantier, même s’il a été mené il y a quelques années à certains endroits. Je pense aussi à l’égalité entre les personnes en situation de handicap et celles qui ne le sont pas. Il faudrait un grand plan d’accessibilité à tous les publics, à commencer peut-être par l’adaptation des propositions culturelles aux différents types de handicap.
  • Se pose aussi la question de l’égalité entre celles et ceux qui vivent aujourd’hui et celles et ceux qui vivront demain. Je veux bien entendu parler de développement durable. 
  • C’est ce que j’aimerais vraiment questionner s’il y avait une 2e étape de la décentralisation culturelle. Si on fait du théâtre pour toutes et tous, ce serait bien de s’assurer que tel est bien le cas.
  • Plus il y aura de moyens, plus on pourra en faire, plus on saura transformer le denier public en action publique. C’est évident. Peut-être que l’État pourrait harmoniser davantage la question des CPOM et des indicateurs. Les territoires ont pris plus de place dans ces indicateurs et dans les attendus - en tout cas du label CDN - et cette liste s’allonge au fur et à mesure qu’il y a des partenaires. Cela explique sans doute que certains artistes ne se positionnent pas pour diriger des CDN. Il y a peut-être quelque chose à recentrer autour des missions premières des Centres dramatiques nationaux. »

    David Bobée, directeur du Théâtre du Nord, CDN

  

« La séparation des disciplines dans les labels reste pertinente » (Marie Didier)

  • « En parallèle du développement de la transdisciplinarité, il reste des savoir-faire propres à chaque discipline, des apprentissages différents. L’expression artistique transdisciplinaire repose sur un certain nombre d’acquis, de compétences. Et pour cela la séparation des disciplines dans les labels reste pertinente.
  • Cela ne veut pas dire qu’à l’intérieur des labels, cette évolution des arts de la scène, qui est à l’image de la société à laquelle ils sont perméables, ne peut exister. Cette réalité dépasse d’ailleurs largement le spectacle vivant mais intègre aussi le cinéma, le documentaire, la littérature, la performance… Mais il ne faut pas pour autant revenir sur une identité forte de la danse dans les CCN et du théâtre dans les CDN. » 

    Marie Didier

 

« Les missions des CDN peuvent parfois être contradictoires » (David Bobée)

  • « Les missions données par les collectivités aux CDN sont assez copieuses et les indicateurs sont, il est vrai, parfois contradictoires : faire entrer les gens dans les théâtres et en même temps en sortir, etc. Toute la politique culturelle de l’État, des Régions, des Villes, des Départements et des métropoles s’additionnent à l’endroit des CDN.
  • Le but n’est pas de s’assurer qu’un théâtre soit rentable. Les recettes propres qui sont attendues s’envisagent plutôt en termes d’activité : on produit des spectacles afin qu’ils soient vus et tournent. C’est une bonne chose qu’on attende des spectacles qu’ils existent et ne soient pas montrés de façon très anonyme. Personne n’attend de bénéfices financiers du service public de la culture.
  • Le label est un outil et, en tant que tel, il n’est pas mauvais. Ce qui peut l’être, c’est la façon dont il est employé. Sans doute à certains endroits, il y a une certaine idée de la hiérarchie artistique et des lieux qui peuvent tourner le dos à la créativité locale. Cela existe, mais il y a d’autres façons de manier ces outils.
  • Au sein de l’ACDN • Association constituée par les directeurs et directrices des 38 CDN (Centres dramatiques nationaux) • Créée sous le nom d’ACID (Association pour la création et l’innovation dans la… , la discussion sur l’ouverture et le partage de l’outil est récurrente. Comment être aux bons endroits aux bons moments pour accompagner les énergies locales ? Pour ma part, je fais par exemple attention dans ma programmation à avoir la moitié constituée de compagnies nationales (car il est important que les gens puissent voir ce qui se crée de mieux dans leur propre pays), un quart d’international et un quart de productions régionales. Il est important que les CDN puissent être aussi des lieux ressources, capables d’accompagner et de mettre à disposition. Et tout l’accompagnement dépend de qui manie l’outil. »

    David Bobée

David Bobée


• Mises en scène :

- Ma couleur préférée de Ronan Chéneau (2021)

- Peer Gynt d’Henrik Ibsen (2020)

- Louées soient-elles, spectacle lyrique sur une musique de Georg Friedrich Haendel (mise en scène avec Corinne Meyniel) (2019)

- My Brazza de Ronan Chéneau (2019)

- Mesdames et Messieurs, et le reste du monde, feuilleton théâtral au Festival d’Avignon (2018)

- Lucrèce Borgia de Victor Hugo (2014)



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Parcours

Compagnie Rictus
Fondateur et directeur

Fiche n° 14258, créée le 17/11/2015 à 10:38 - MàJ le 19/01/2024 à 17:31

Marie Didier


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Parcours

Compagnie l’Entreprise
Administratrice et responsable du développement

Établissement & diplôme

Kedge Business School (Kedge Business School)
Diplôme d'études supérieures commerciales, administratives et financières

Fiche n° 13651, créée le 09/10/2015 à 16:28 - MàJ le 28/04/2022 à 09:38

News Tank Culture (NTC)

• Média d’information indépendant et innovant, spécialisé dans l’actualité de la musique, du spectacle vivant, et des musées, monuments et du patrimoine.
• Création : septembre 2012
• Proposant à la fois un fil d’actualités, des dossiers de fonds, des interviews et de grands entretiens, des data et un annuaire des professionnels et des organisations, News Tank Culture s’adresse aux dirigeants et acteurs de la culture. Il organise également chaque année Think Culture, une journée d'échange et de débat autour de l’innovation dans le pilotage de la culture, avec la volonté de décloisonner les secteurs culturels.

• Direction :
- Bertrand Dicale, directeur général
- Anne-Florence Duliscouët, directrice déléguée, en charge des contenus
- Jacques Renard, directeur délégué Think Culture
- Alexis Bouhelier, directeur du développement

• News Tank Culture est une filiale de News Tank Network, créée par Marc Guiraud et Frédéric Commandeur, qui a également développé :
- News Tank Sport,
- News Tank Éducation et Recherche,
- News Tank RH Management,
- News Tank Cities,
- News Tank Mobilités,
- News Tank Énergies.

Le groupe emploie une centaine de collaborateurs.


Catégorie : Média
Maison mère : News Tank (NTN)


Adresse du siège

48 rue de la Bienfaisance
75008 Paris France


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Fiche n° 6882, créée le 03/04/2018 à 03:02 - MàJ le 26/03/2024 à 18:08


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©  Seb Lascoux
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