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Entreprendre dans la culture : « L’innovation doit d’abord être une culture d’entreprise » (X. Costaz)

Paris - Actualité n°148118 - Publié le 24/05/2019 à 18:40
©  News Tank
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« Il y a une dichotomie importante entre l’innovation liée aux artistes avec lesquels nous discutons tous les jours, et l’innovation au sein de l’industrie musicale. Lorsqu’on regarde l’histoire de la musique, l’innovation technologique a toujours été le plus important vecteur de créativité : sampler, synthé, auto-tune… Cela a permis de bousculer les codes et même de créer de nouveaux courants musicaux. Parallèlement, l’industrie musicale a été chamboulée par les nouvelle technologies. Il a fallu évoluer. (…) La cellule innovation chez Sony Music est dédiée à la compréhension de l’évolution de technologies, à l’explication de ces évolutions, en interne et aux artistes. Mon rôle est de prototyper en fonction des usages et des besoins, de montrer que ça fonctionne et que c’est facile », déclare Michael Turbot, responsable innovation et nouveaux usages chez Sony Music Entertainment France Maison de disques française, filiale de Sony Music Entertainment • Regroupe « près de 200 collaborateurs »• P-DG : Marie-Anne Robert, depuis le 04/10/2021 • Labels et structures : - Columbia … , lors de la table ronde « Écosystème de l’innovation dans la musique : réseaux locaux et enjeux globaux », organisée dans le cadre du 5e Forum Entreprendre dans la culture, à l’ENSBA École nationale supérieure des beaux-arts (Paris 6e) le 22/05/2019.

« L’innovation, c’est le courage d’apporter une réponse nouvelle à une problématique, ancienne ou récente. Pour moi, l’innovation doit d’abord être une culture d’entreprise, dans laquelle chacun à son rôle à jouer. La Sacem Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique a survécu pendant 150 ans parce qu’elle a su innover au sein de ses métiers pour répondre aux défis technologiques qu’elle a traversés », indique Xavier Costaz, directeur de projets et de l’innovation à la Sacem.

News Tank rend compte des échanges.

« L’innovation doit répondre à un usage » (N. Birocheau)

  • « Chez Soundsgood, nous n’avons jamais parlé d’innovation en cinq ans d’existence. Quand nous nous sommes lancés, nous ne sommes pas partis avec l’idée de répondre à un besoin, mais en présupposant l’évolution du marché. C’est cela qui nous a fait avancer et nous a permis de nous distinguer d’autres structures.
  • Mais créer un marché, ce n’est pas facile à monétiser immédiatement. En cela, il aurait été plus facile de répondre à un besoin. Notre interprétation du marché de la musique au lancement, c’était qu’il y aurait un besoin de curation. Nous avions anticipé ce besoin et avons fait en sorte de créer une structure qui y réponde. Cinq ans après, la structure existe toujours et gagne de l’argent depuis 2018. »

    Josquin Farge

  • « Il y a une dichotomie importante entre l’innovation liée aux artistes avec lesquels nous discutons tous les jours, et l’innovation au sein de l’industrie musicale. Lorsqu’on regarde l’histoire de la musique, l’innovation technologique a toujours été le plus important vecteur de créativité : sampler, synthé, auto-tune… Cela permis de bousculer les codes et même de créer de nouveaux courants musicaux.
  • Parallèlement, l’industrie musicale a été chamboulée par les nouvelle technologies. Il a fallu évoluer. MTV a poussé l’industrie à passer de l’audio à l’audiovisuel. La musique doit sans cesse savoir se renouveler pour satisfaire la demande de ses artistes et, par conséquent, de leurs fans. Parfois, ces nouvelles technologies bousculent un peu trop l’industrie, comme cela a été le cas avec l’arrivée d’Internet et du MP3.
  • La celulle innovation chez Sony Music est dédiée à la compréhension de l’évolution des technologies, à l’explication de ces évolutions, en interne et aux artistes. Et mon rôle est de prototyper en fonction des usages et des besoins, de montrer que ça fonctionne et que c’est facile. »

    Michael Turbot
  • « L’innovation est un terme très utilisé mais c’est une notion intrinsèque à l'Ircam Institut de recherche et coordination acoustique/musique . Pierre Boulez disait que la création de musique serait forcément impactée par les ordinateurs. Son idée était donc de réunir en un même endroit des informaticiens, des mathématiciens et des artistes, pour créer de la musique électronique. Cela a donné lieu à la création de nouveaux métiers, au sein de l’Ircam.
  • Dans certains établissements, on a souvent tendance à créer des directions de l’innovation dont l’objet n’est en définitive pas très éloigné de celui d’une direction technique, en pensant qu’ainsi, on évacue le problème. À l’Ircam, avec la structure que je dirige, l’idée est de créer un levier d’innovation interne/externe. Il s’agit d’une société privée, donc autonome, avec une organisation agile et un modèle économique créé à partir d’une page blanche. Nous partons du principe que l’innovation doit répondre à un usage, car si ce n’est pas le cas, on aura beau avoir créé la meilleure technologie possible, elle n’aura aucun intéret. »

    Nathalie Birocheau

  • « L’innovation, c’est le courage d’apporter une réponse nouvelle à une problématique, ancienne ou récente. Pour moi, l’innovation doit d’abord être une culture d’entreprise, dans laquelle chacun à son rôle à jouer.
  • La Sacem a survécu pendant 150 ans parce qu’elle a su innover au sein de ses métiers pour répondre aux défis technologiques qu’elle a traversés. La direction de l’innovation à la Sacem se positionne sur des sujets un peu plus à coté des métiers traditionnels, qui vont demander à être creusés plus profondément. Sur des sujets peut-être plus prospectifs, ou encore difficiles à appréhender par certains métiers. »

    Xavier Costaz

  • « Il y a une différence, dans des organisations telle que la mienne, entre le service innovation et celui du digital. Pour ce dernier, le retour sur investissement est une condition sine qua non. Ce retour peut être financier mais aussi d’ordre promotionnel.
  • Une direction de l’innovation doit voir un peu plus loin, regarder à plus long terme, tout en faisant attention à ne pas s’isoler du reste de la structure. Chez Sony, ma cellule compte quatre personnes et tout le monde peut y entrer et voir ce que l’on fait. »

    Michael Turbot

  • « Idem à la Sacem. Le numérique est un produit à part entière, avec des personnes qui vont mettre très concrètement en production de nouveaux outils. Notre cellule, elle, est à la croisée des chemins, elle évalue des choses qui n’entrent pas directement dans les compétences du numérique. »

    Xavier Costaz

« Les artistes veulent manipuler les nouvelles technologies et les comprendre » (M. Turbot)

  • « Le streaming est un sujet important chez nous. Il s’agit d’un changement fondamental d’appréhender la musique : on est passé d’un modèle de propriété de l’œuvre à un modèle d’accessibilité. On est passé du disque à un système de playlist qui n’est même plus thématique. On n’écoute plus de la musique pour l’artiste mais parce qu’on est dans une situation donnée. Tous cela change notre appréhension de la promotion de la musique. Et je crois que l’arrivée des smart speakers va encore modifier les usages. Toutes ces évolutions ont un impact même sur la manière de sortir un titre, en maison de disques. On n’est plus dans des schémas préétablis avec des radios et des clips envoyés trois mois en amont et on ne peut plus travailler ainsi. »

    Michael Turbot

  • « L’un des gros enjeux en matière d’innovation et de technologie, dans le secteur, c’est la manière de mieux référencer les morceaux et de les indexer. À l’Ircam, ce type de technologies consistant à taguer les morceaux existe depuis une vingtaine d’années. Cela a petit à petit intéressé l’industrie de la musique et les majors, qui voulaient mieux connaître leurs catalogues. Et elles se sont rendu compte qu’elles avaient oublié une grande quantité de leurs morceaux.
  • Si l’on veut faire une bonne recommandation musicale, il faut être capable d’associer des morceaux par exemple à des émotions ou à des humeurs. Ces technologies existent depuis 15 à 20 ans mais elles trouvent aujourd’hui un point d’entrée dans l’industrie, avec de l’intelligence artificielle et du machine learning, pour passer à l’étape de la recommandation musicale. »

    Nathalie Birocheau

  • « Le premier impact du streaming, c’est la quantité de données traitées. La Sacem a traité plus de 4 000 milliards de contacts en 2018. L’enjeu est de savoir comment les traiter et la qualité inhérente de ces données. C’est ce à quoi nous essayons de répondre. Ensuite au-delà du streaming, c’est la notion de mash-ups Chansons créées à partir d’une ou deux autres chansons pré-enregistrées, habituellement en superposant la partie vocale d’une chanson sur la partie instrumentale d’une autre et de covers qui complexifie l’identification des œuvres. »

    Xavier Costaz

  • « L’innovation dans une maison comme Sony me permet d’échanger de manière très régulière avec le laboratoire de recherche fondamentale de Sony, dirigé depuis le Japon mais disposant d’une grosse antenne à Paris, avec une dizaine de chercheurs. Ces chercheurs sont là pour répondre aux demandes des artistes, et l’on n’est très éloigné d’une IA Intelligence artificielle qui compose un morceau toute seule. Nous menons donc un travail important pour que les artistes expriment leurs besoins réels à ces chercheurs. Et ces derniers essaient de simplfier des choses un peu compliquées dans le processus de création.
  • Je me suis rendu compte de l’importance de l’innnovation le jour où un artiste non signé chez nous m’a demandé s’il pouvait visiter ce labo. En fait, les artistes veulent manipuler ces nouvelles technologies et les comprendre. Et cela fait partie intégrante des nouveaux services à offrir lorsqu’on est une maison de disques. »

    Michael Turbot

  • « Je suis très proche d’un artiste qui se nomme Broken Back. Nous avons débuté nos projets respectifs ensemble. C’est un entrepreneur. Il se rendait dans le même incubateur que le mien, nous nous asseyions à la même table, mais lui travaillait son projet pendant que je créais ma structure. Nous créions quelque chose qui pouvait fondamentalement être différent, mais je le considère autant entrepreneur que je ne le suis. Je ne suis pas sûr que la tendance à l’artiste-entrepreneur soit la meilleure, car l’artiste doit avant tout se concentrer sur sa création. Mais avoir une connaissance des nouveaux usages et innover par d’autres leviers dans la musique me semble tout de même une démarche positive. »

    Josquin Farge

  • « L’innovation est toujours le fruit de partenariats. De la même manière, lorsque l’on parle de l’artiste entrepreneur, on sait qu’il n’est pas seul, isolé, pour gérer ses affaires. La désintermédiation est en fait une illusion. Le collectif reste une valeur chez les professionnels de la musique.
  • Chez nous, cela passe par des partenariats avec l’écosystème musical. Nous en avons mis un en place avec l’Ircam, sur l’identification des œuvres. Nous en menons un autre avec les OGC Organisme de gestion collective étrangers, PRS Performing Right Society et Ascap American Society of Composers, Authors, and Publishers , sur la blockchain Technologie de stockage et de transmission d’informations sans organe de contrôle. Base de données dont les informations, envoyées par les utilisateurs, sont vérifiées et groupées à intervalles de… . Mais nous en avons aussi avec des start-ups qui testent de nouveaux modèles.
  • Il existe de nombreuses normes dans l’industrie musicale, dont on se sert beaucoup. On ne pourrait pas travailler avec les plateformes sans ces normes, qu’il faut savoir faire évoluer. L’industrie se réunit en groupe très régulièrement pour essayer d’y remédier. On ne peut pas travailler chacun de son côté, sans quoi il serait impossible d’avancer. »

    Xavier Costaz

  • « En arrivant à mon poste il y moins de deux ans, je pensais passer 95 % de mon temps à me focaliser sur les technologies, mais je passe en réalité 95 % de mon temps à échanger avec l’équipe de Sony, pour essayer de comprendre s’il y a des besoins et leur expliquer ce que l’on peut faire. Mon écosystème est avant tout constitué des collaborateurs de Sony. Prendre du temps pour parler avec eux est nécessaire car la technologie et l’innovation peuvent parfois encore faire un peu peur. »

    Michal Turbot

Ministère de la Culture

• Création : 1959

• Missions :
- rendre accessibles au plus grand nombre les œuvres capitales de l’humanité et d’abord de la France,
- conduire la politique de sauvegarde, de protection et de mise en valeur du patrimoine culturel,
- favoriser la création des œuvres de l’art et de l’esprit et le développement des pratiques et des enseignements artistiques,
- définir, coordonner et évaluer la politique du Gouvernement relative aux arts du spectacle vivant et aux arts plastiques.

• Crédits de la mission Culture :

Projet de loi de finances 2025 : 3 725 M€
Loi de finances initiale 2024 : 3 711 M€ (avant l’annulation de crédits de 204 M€ annoncée en février 2024 ; LFI 2024 actualisée à 3 507 M€)
Loi de finances initiale 2023 : 3 513 M€
Loi de finances initiale 2022 : 3 271 M€
Loi de finances initiale 2021 : 3 015 M€
Loi de finances initiale 2020 : 2 877 M€
Loi de finances initiale 2019 : 2 930 M€
Loi de finances initiale 2018 : 2 937 M€
Loi de finances initiale 2017 : 2 901 M€
Loi de finances initiale 2016 : 2 739 M€
Loi de finances initiale 2015 : 2 595 M€
Loi de finances initiale 2014 : 2 579 M€
Loi de finances initiale 2013 : 2 627 M€

• Ministre de la Culture : Rachida Dati, depuis le 11/01/2024

• Christopher Miles
, directeur général de la création artistique
Florence Philbert, directrice générale des médias et des industries culturelles
Jean-François Hebert, directeur général des patrimoines et de l’architecture
Paul de Sinety, délégué général à la langue française et aux langues de France
Noël Corbin, délégué général à la transmission, aux territoires et à la démocratie culturelle
• Secrétariat général : Luc Allaire

• Tél. :
01 40 15 83 31 (service presse)


Catégorie : Etat
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