Présidentielle : « replacer la culture au cœur du débat » (collectif 10 générations pour la culture)
« Créons des passerelles entre la culture, l’économie, l’industrie, l’innovation, le digital, la santé et la justice. Promouvons, avec tous ceux qui le voudront, cette culture qui irrigue tous les domaines de la vie, toutes les appartenances sociales, tous les recoins de notre pays et au-delà. Que le ministère de la Culture, avec la société civile, devienne un laboratoire des possibles, où se côtoieraient, sans tabou ni frontière, innovation, intelligence collective, culture de l’expérimentation, souci du vivre-ensemble, humour et diversité » écrivent dans une « lettre ouverte aux candidats à l’élection présidentielle » de 2017 les membres d’un collectif intitulé « 10 générations pour la culture » qui rassemble « des jeunes professionnels engagés dans la transformation du secteur culturel ». News Tank publie cette tribune en avant-première, qui est relayée sur Change.org.
« Issus des dix dernières promotions de Sciences Po pour la plupart d’entre nous, nous souhaitons aujourd’hui interpeller les candidats à l’élection présidentielle pour replacer l’enjeu culturel au cœur du débat. Alors que le thème de la culture est totalement absent de la parole publique, nous porterons une série d’actions jusqu’au mois de mai 2017 afin de lui redonner la place qu’il mérite dans la campagne présidentielle, » déclare à News Tank la porte-parole du collectif, Marine Ulrich le 01/02/2017.
La lettre ouverte :
- Cher candidat,
- Prenez le temps de cette lettre pour souffler : l’avenir ne se résume pas seulement à la lutte contre le terrorisme, à la réduction du chômage ou à la résorption du trou de la Sécurité sociale. Loin de nous l’idée cependant d’en diminuer l’urgence ou la complexité.
- Ce dont nous voulons vous parler, c’est de culture. Jusqu’à quand restera-t-elle ignorée dans les débats ?
-
La culture, ressource inexploitée du développement durable de notre société »
Chaque période de doute s’accompagne de réflexes primaires vis-à-vis de la chose culturelle, trop élitiste ou pas assez nécessaire. Mise à l’écart aujourd’hui, en défaut dans le pire des cas. À l’heure du désarroi économique, de la méfiance politique, de la marginalisation sociale et du repli sur soi, la culture serait-elle aux portes de sa défaite ? Laissez-nous vous démontrer qu’elle est la ressource inexploitée du développement durable de notre société.
- Entendons-nous, nous ne parlons pas de cette culture « conservée » au sein d’un ministère qui étouffe entre académisme et protocoles en tous genres ; pas de cette culture qui se félicite d’avoir affilié les créateurs de notre pays à l’allocation chômage.
- Nous parlons d’une culture qui ne s’administre, ni ne se gère, qui se déploie au sein d’un écosystème libéré des impératifs autoritaires de « démocratisation », loin des caricatures de grèves d’intermittents.
-
Mille élans épars et non coordonnés »
Cher candidat, un mouvement est à l’œuvre. Il ne fait pas de bruit. Il prend racine dans le terreau d’initiatives locales qui font la vie de nos territoires, dans une tradition festive et populaire. Il se compose de mille élans épars et non coordonnés. Il n’est pas conscient de lui-même et n’en est que plus efficace. C’est une force invisible, remuante, créatrice, nomade et digitale. Ceux qui le composent, inventent des manières de vivre ensemble aujourd’hui, construisent les formes de demain, expérimentent les modes de vie, de travail, de financement et de création que récupèrent ensuite (et à raison) les entreprises, les start-up, les collectivités. Ils se financent à coup de crowdfunding et de débrouillardise. Ils questionnent et bousculent le droit et la propriété intellectuelle. Ils donnent un sens au collaboratif et à tous ces « co » que l’on voit fleurir et qui dépassent largement la seule sémantique des bobos.
-
À la croisée du créateur, de l’entrepreneur et du bénévole »
Ils sont à la croisée du créateur, de l’entrepreneur et du bénévole. Ils investissent des friches pour réinventer la culture dans des espaces oubliés des décideurs. Ils mêlent, sans a priori et sans états d’âme, l’art, le commerce, la recherche, l’éducation et le social.
- Alors, voilà, cher candidat, notre requête est simple. Réagissez !
- Faites sortir le ministère de la Culture de l’ornière dans laquelle il se trouve englué. Le champ des possibles excède largement ses prérogatives. Faites fi de cette logique qui « administre » et « gère ». Faites entrer la lumière et circuler l’air.
- Ensemble, transformons cette chose « molle » en instrument vivant de notre vision de la France.
-
Que le ministère de la culture devienne un laboratoire des possibles »
Créons des passerelles entre la culture, l’économie, l’industrie, l’innovation, le digital, la santé et la justice. Promouvons, avec tous ceux qui le voudront, cette culture qui irrigue tous les domaines de la vie, toutes les appartenances sociales, tous les recoins de notre pays et au-delà. Que le ministère de la Culture, avec la société civile, devienne un laboratoire des possibles, où se côtoieraient, sans tabou ni frontière, innovation, intelligence collective, culture de l’expérimentation, souci du vivre-ensemble, humour et diversité.
- Cher candidat, avant que le rythme effréné de la campagne ne vous happe de nouveau, nous vous laissons avec les mots du biologiste Jean Rostand qui éclairent l’enjeu de notre appel et celui de votre engagement politique : « Peu m’importe quels seront demain l’aspect des cités, la forme des maisons, la vitesse des véhicules … mais quel goût aura la vie ? Quelles seront pour l’homme les raisons de vouloir et d’agir ? Où puisera-t-il le courage d’être ? ».
- Il est temps de réintégrer l’essentiel dans votre vision d’avenir et de donner à la culture la place qui est la sienne. Ou elle la prendra sans vous.
10 Générations pour la culture, le 31/01/2017
Contact
Marine Ulrich
porte-parole
10 générations pour la culture
06 66 98 62 10
marine.u@artistikbazaar.com