« La diversité culturelle est un combat quotidien » (J.-C. Aplincourt, Nuits de l’Alligator/Le 106)
« Notre participation aux Nuits de l’Alligator, avec Stéphane Deschamps et Xavier Decleire, est une histoire d’amitié profonde et durable. (…) Il n’y a pas de hiérarchie entre nous, d’autant que la manifestation ne génère pas d’argent. C’est plutôt un festival de compères, que nous organisons par passion, tout comme les salles qui l’accueillent. Ces dernières savent que sur les dates du festival qu’elles programment, elles ne gagneront pas d’argent, elles en perdront peut-être même un peu », déclare Jean-Christophe Aplincourt, coprogrammateur des Nuits de l’Alligator, festival itinérant dont la 12e édition aura lieu dans 13 salles françaises du 09 au 18/02/2017. La manifestation accueille chaque année « l’équivalent d’un Zénith, soit environ 6 000 personnes ».
Directeur du Rock dans Tous Ses États de 1996 à 2006, festival se déroulant à Évreux et dont l’arrêt a été annoncé par son organisateur, l’Abordage, le 20/12/2016, Jean-Christophe Aplincourt réagit : « Je suis évidemment triste de voir disparaître ce festival. Il mobilisait une précieuse énergie de la part de la société civile. Et puis son contenu, notamment porté sur la découverte, devrait inspirer de nombreux autres festivals. (…) Il aurait certainement eu besoin d’être repensé. Mais ce n’est de toute façon pas la cause de son arrêt. Un choix a été fait au niveau local, celui de la municipalisation du festival ».
Jean-Christophe Aplincourt, par ailleurs directeur du 106, SMAC
Scène de musiques actuelles
de Rouen, répond aux questions de News Tank.
Comment définiriez-vous la ligne artistique des Nuits de l’Alligator, dont la 12e édition aura lieu du 09 au 18/02/2017 ?
Stéphane Deschamps, également coprogrammateur du festival, parle de « sueur » pour définir le fil conducteur du festival… En fait, l’artiste qui caractérise le mieux l’esprit de l’événement, c’est le bluesman américain RL Burnisde, décédé en 2005. Il définissait sa musique comme un « chaos roulant ». Une musique issue des collines du nord du Mississippi, une musique rurale, de transe, très éloignée du blues de Chicago qui est arrivé plus tard.
Comment se répartissent les rôles entre les trois programmateurs, dont vous faites partie aux côtés de Stéphane Deschamps (journaliste au Inrocks) et Xavier Decleire (programmateur à La Maroquinerie) ?
Nous avons établi des relations de confiance avec un certain nombre de lieux »En préambule, je dirais que notre participation aux Nuits de l’Alligator est une histoire d’amitié profonde et durable. Pour ce qui est de la répartition, disons que Stéphane Deschamps est le « talent scout » dénicheur de talents de l’équipe, celui qui est le plus à l’affût de nous tous. Xavier Decleire travaille en direction des agents, et moi en direction des salles qui accueillent le festival. Il n’y a pas de hiérarchie entre nous, d’autant que la manifestation ne génère pas d’argent. C’est plutôt un festival de compères, que nous organisons par passion, tout comme les salles qui l’accueillent. Ces dernières savent que sur les dates du festival qu’elles programment, elles ne gagneront pas d’argent, elles en perdront peut-être même un peu. Par contre, elles sont certaines que le show sera au rendez-vous. Nous avons établi des relations de confiance avec un certain nombre de lieux, dont les directeurs n’ont pas renoncé à prendre des risques artistiques dans leur programmation.
Comment évolue ce réseau de salles avec lequel vous travaillez ?
Nous constatons une forme de fidélité au festival, à la marque que nous avons construite »Chaque année, quelques-unes sortent et d’autres entrent, mais il y a un noyau dur. Toutefois, nous avons connu des périodes plus expansives, et sommes revenus à un format ainsi qu’à un nombre de salles et de dates un peu plus resserré. Quatre plateaux tourneront en 2017 ; nous avons été jusqu’à cinq certaines années. Nous avons voulu revenir à ces fameuses relations de confiance et de simplicité établies avec certaines salles car, une fois encore, nous ne vendons rien dans ce projet. Nous ne sommes pas dans l’économie de marché.
La programmation des Nuits de l’Alligator
Date | Plateau | Salle | Ville |
07/02/2017 | Luke Winslow-King, Theo Lawrence & The Hearts et King Biscuit | L’Echonova | Vannes |
08/02/2017 | Boss Hog, The Sore Losers, Guadalupe Plata | Le 106 | Rouen |
08/02/2017 | Bror Gunnar Jansson, Karl Blau et William Z. Villain | La Lune des Pirates | Amiens |
08/02/2017 | Luke Winslow-King, Theo Lawrence & The Hearts et King Biscuit | Le Krakatoa | Mérignac |
09/02/2017 | Boss Hog, The Sore Losers et Guadalupe Plata | La Maroquinerie | Paris |
09/02/2017 | Bror Gunnar Jansson, Karl Blau et William Z Villain | L’Autre Canal | Nancy |
09/02/2017 | Luke Winslow-King, Theo Lawrence & The Hearts et King Biscuit | La Nef | Angoulême |
10/02/2017 | Boss Hog, The Sore Losers et Guadalupe Plata | Stereolux | Nantes |
10/02/2017 | Luke Winslow-King, Theo Lawrence & The Hearts et King Biscuit | La Maroquinerie | Paris |
10/02/2017 | Bror Gunnar Jansson, Karl Blau et William Z Villain | Le Brise Glace | Annecy |
11/02/2017 | Luke Winslow-King, Theo Lawrence & The Hearts et King Biscuit | Le 106 | Rouen |
11/02/2017 | Boss Hog, The Sore Losers et Guadalupe Plata | La Sirène | La Rochelle |
11/02/2017 | Bror Gunnar Jansson, Karl Blau et William Z Villain | La Vapeur | Dijon |
12/02/2107 | Bror Gunnar Jansson, Karl Blau et William Z. Villain | La Maroquinerie | Paris |
14/02/2017 | Fantastic Negrito et Seratones | La Maroquinerie | Paris |
15/02/2017 | Seratones et Marta Ren & The Groovelvets | La Sirène | La Rochelle |
16/02/2017 | Fantastic Negrito et Seratones | Stereolux | Nantes |
17/02/2017 | Fantastic Negrito et Seratones | L’Épicerie Moderne | Feyzin |
18/02/2017 | Fantastic Negrito et Seratones | La Coopérative de Mai | Clermont-Ferrand |
Quelle est la fréquentation du festival sur l’ensemble des dates ?
C’est l’équivalent d’un Zénith, soit environ 6 000 personnes sur l’ensemble des concerts. Dans le noyau dur des salles qui accueillent chaque année le festival, nous constatons une forme de fidélité du public à la marque que nous avons construite, devenue gage de qualité. C’est une satisfaction.
Vous avez dirigé le festival Le Rock dans Tous Ses États (Évreux) de 1996 à 2006, manifestation qui s’arrête après la cessation de paiements déclarée par son organisateur, l’association l’Abordage, le 15/12/2016. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Lorsque le Rock Dans Tous Ses États est apparu dans le paysage, en 1983, il était en avance sur son époque »Je suis évidemment triste de voir disparaître ce festival. Il mobilisait une précieuse énergie de la part de la société civile. Et puis son contenu, notamment porté sur la découverte, devrait inspirer de nombreux autres festivals. Néanmoins, il faut prendre en considération le fait que le format du festival de musiques actuelles est aujourd’hui galvaudé. Lorsque le Rock Dans Tous Ses États est apparu dans le paysage, en 1983, il était en avance sur son époque. Aujourd’hui, il existe un nombre très important de festivals dans tout le pays, au point que cela crée des effets spéculatifs qui mettent en danger leur économie, laquelle devient parfois irrationnelle.
Le Rock dans Tous États aurait-il pu survivre dans ce contexte ?
Il aurait certainement eu besoin d’être repensé. Mais ce n’est de toute façon pas la cause de son arrêt. Un choix a été fait au niveau local, celui de la municipalisation du festival.
Vous dirigez le 106, scène de musiques actuelles de Rouen, depuis 2010. Comment se porte l’activité du lieu ?
Au 106, nous programmons davantage de clubs au printemps et plus de têtes d’affiche à l’automne »Il existe des phénomènes extérieurs qui ont un impact sur l’activité de lieux comme le 106. Nous parlions des festivals organisés à l’arrivée des beaux jours et de la spéculation sur les cachets artistiques qui en découle : cela rend notre activité plus difficile sur cette partie de l’année. Contrairement à l’automne, qui est très dense. Nous programmons donc davantage de clubs au printemps et plus de têtes d’affiche à l’automne.
Par ailleurs, je dirais que les plateformes de musique numériques jouent un rôle déterminant auprès du public. Et elles fabriquent des hits. Parfois, ces hits proviennent d’artistes pour partie inconnus, qui montent en flèche en quelques mois. Cette rapidité n’est pas forcément synonyme d’un savoir-faire sur scène. Ces artistes montent donc très vite mais peuvent aussi descendre très vite. Le grand rêve, l’utopie d’Internet, c’était une possibilité d’écoute et de découverte infinies, mais les usages ont mené à l’inverse. Le mainstream est resté la norme. La diversité culturelle est un combat quotidien.
La période est moins ouverte qu’il y a quelques années. L’intérêt du public pour la découverte et la diversité a été plus fort par le passé. Toutefois, je ne veux pas verser dans le pessimisme absolu : l’économie du spectacle vivant, comparé à d’autres, parvient à traverser les obstacles. Au 106, la fréquentation depuis six ans est tendanciellement à la hausse. Les concerts dans la grande salle fonctionnent bien. Pour les clubs, il faut parfois proposer des tarifs très attractifs pour mobiliser le public, c’est ainsi.
Comment accueillez-vous le rehaussement, de 75 000 € à 100 000 €, du plancher des subventions des SMAC Scène de musiques actuelles accordées par le MCC Ministère de la Culture et de la Communication , voté par amendement dans le cadre du PLF Projet de loi de finances 2017 en décembre 2016 ?
Qu’un certain nombre de députés se soient battus pour défendre les musiques actuelles, c’est assez exceptionnel »25 000 € de plus, sur un budget annuel de 3 M€ comme celui du 106, cela ne représente pas grand-chose. Chez nous, ce supplément sera affecté à l’artistique et à l’innovation. Toutefois, ce rehaussement, si petit soit-il, est un signe positif envoyé à nos musiques actuelles. Qu’un certain nombre de députés se soient battus pour les défendre, c’est assez exceptionnel et cela mérite d’être souligné. D’autres mouvements artistiques et culturels sont bien mieux organisés que nous en matière de lobbying : nous pouvons donc nous féliciter d’avoir gagné un peu de terrain.
Jean-Christophe Aplincourt
Directeur @ Le 106
Coprogrammateur @ Festival Les Nuits de l’Alligator
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Parcours
Directeur
Coprogrammateur
Co-président
Chef de projet SMAC
Directeur
Fiche n° 20866, créée le 12/01/2017 à 16:14 - MàJ le 30/03/2023 à 16:17
Les Nuits de l’Alligator
• Festival initinérant, dédiée au blues rural et à ses dérivés, créé en 2006
• Organisé à La Maroquinerie (Paris 20e) et dans différentes salles françaises
• Coprogrammateurs :
- Stéphane Deschamps (journaliste au Inrocks)
- Xavier Decleire (programmateur à La Maroquinerie)
- Jean-Christophe Aplincourt (directeur du 106, à Rouen)
• Accueille « environ 6 000 » spectateurs par an
• 12e édition du 07 au 18/02/2017
Contact : Isabelle Béranger, attachée de presse
Tél. : 06 08 60 14 17
Catégorie : Festival / Salon
Adresse du siège
La Maroquinerie23 Rue Boyer
75020 Paris France
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Fiche n° 4614, créée le 17/01/2017 à 12:15 - MàJ le 17/01/2017 à 12:25