La Culture à horizon 2030 : « Il faut que les scènes jouent le jeu de l’innovation » (Jérémy Pouilloux)
« Pour l’appel à projets “Expérience augmentée du spectacle vivant”, nous avons été sélectifs puisque 19 projets sur les 122 reçus ont été retenus (soit 15 %). Nous voulions des projets ambitieux et matures capables de créer tout de suite un impact sur la filière. (…) Deux ans après, une belle dynamique a été enclenchée : un nouvel appel à projets dédié aux pratiques de culture immersive et de métavers (150 M€), une compétition immersive au Festival de Cannes. (…) Mais il reste encore beaucoup à faire. Il faut à peu près 10 ans pour créer des systèmes d’innovation. 10 ans c’est long, et en même temps c’est très court au vu des enjeux. Nous en avons identifié quelques-uns, sur lesquels nous allons continuer à travailler avec les lauréats, notamment le “benchmark” à l’international ou le modèle économique », déclare Maud Franca
Directrice adjointe du PIA en charge des actions d’innovation et du développement de l’économie numérique @ Caisse des Dépôts
, directrice adjointe des mandats et investissements d’avenir de la Caisse des dépôts et consignations, en préambule de la table ronde « L’expérience augmentée du spectacle vivant : une extension et un renouvellement des formes de fréquentation du spectacle pour les publics ? » organisée par la Caisse des Dépôts, en collaboration avec News Tank Culture, à la MC2
Maison de la culture de Grenoble, Scène nationale
: Maison de la Culture de Grenoble (Isère) le 24/05/2024.
Dans le cadre de la table ronde, trois lauréats de l’appel à projets (MC2, Scènes augmentées, la Générale de Production) sont revenus sur leurs projets respectifs. « Les appels à projets France 2030
Plan d’investissement de 54 milliards d’euros sur 5 ans lancé par l’État et visant à accélérer la transformation des secteurs clés de l’économie par l’innovation.
sont très riches, mais ce sont des dispositifs momentanés. Les scènes sont nos relais pour que nous puissions poursuivre les innovations. (…) Il faut vraiment qu’elles jouent le jeu de cette innovation et y croient parce que cela va dans le sens des publics », indique Jérémy Pouilloux, codirecteur de la société de production La Générale de Production.
« Les propositions [de spectacle augmenté] ne sont pas tout à fait adaptées pour les salles (…). Avant d’arriver à la question d’un modèle économique complètement viable, nous avons besoin de tester, d’en passer par une forme d’émergence pour pouvoir juger sur pièce. Elles doivent être jugées sur leur intérêt artistique, sur le renouvellement des dramaturgies, sur le rapport au public. (…) Mettons en place un marché et voyons comment nous pouvons, ensuite, améliorer les coûts. C’est finalement sur la durée qu’il y aura un retour sur investissement. Il faut dépasser le temps court pour pouvoir se permettre d’expérimenter, de rencontrer les publics, d’aider les artistes à créer de nouvelles formes », déclare Nicolas Rosette
Coordinateur @ Consortium Scènes Augmentées • Directeur du développement et des communications @ Théâtre Nouvelle Génération - CDN de Lyon
, coordinateur du consortium Scènes augmentées.
Réactions des publics face aux formats de spectacle augmenté (VR
Virtual reality - Réalité virtuelle
, son binaural), adresse à la jeunesse et EAC
Éducation artistique et culturelle
, question de l’équipement technologique des salles, modèles économiques, News Tank rend compte des échanges.
« La Culture à horizon 2030 »
Après la période d’engagement des appels à projets de la Stratégie d’accélération des industries culturelles et créatives - France 2030 Plan d’investissement de 54 milliards d’euros sur 5 ans lancé par l’État et visant à accélérer la transformation des secteurs clés de l’économie par l’innovation. sur la période 2021-2023, la Caisse des Dépôts suit le déploiement des projets pour « évaluer leurs impacts et pour en identifier et partager les meilleures pratiques » dans le cadre d’un cycle de rencontres. Après une première rencontre autour de l’appel à projets « Numérisation du patrimoine et de l’architecture » qui a eu lieu à l’Hôtel de la Marine (Paris 8e), le 27/03/2024, cette deuxième rencontre porte cette fois sur l’appel à projets « Expérience augmentée du spectacle vivant ». Ces rencontres sont organisées par la Caisse des Dépôts, en collaboration avec News Tank Culture et en lien avec le Secrétariat général pour l’investissement, ainsi que le ministère de la Culture.
Quelles réactions du public face à des formats de spectacle augmenté ?
No reality Now
Il s’agit d’une expérience développée par Vincent Dupont et le designer d’expérience interactive et immersive Charles Ayats. Elle allie danse au plateau et réalité virtuelle. Deux versions simultanées du spectacle sont proposées, l’une sur scène et l’autre en virtuel que le spectateur peut découvrir grâce aux lunettes amovibles qui lui sont fournies. Tout au long de la représentation, le spectateur qui dispose ainsi de deux espaces différents de représentation, est libre de circuler entre ces deux versions, la copie virtuelle de la scène proposant « une double lecture de la pièce ».
Ce projet est né dans le cadre du programme Chimères du ministère de la Culture, opéré par le TNG et le Lieu Unique de 2018 à 2023. Son développement s’est poursuivi dans le cadre du consortium Scènes augmentées qui regroupe Le Lieu Unique - Scène nationale de Nantes, le Théâtre Nouvelle Génération - CDN Centre dramatique national de Lyon, l’agence de production d’expériences XR Toutes les réalités alternatives, virtuelles, augmentées, mixtes, etc. Dark Euphoria, et la compagnie chorégraphique J’y Pense Souvent (Vincent Dupont).
- « Ce que je peux dire de manière empirique sur la réaction des publics, c’est que face à ces dispositifs inédits de spectacle augmenté, on ne peut pas parler de “types” de publics - types qui relèveraient par exemple d’une catégorie d’âge ou d’une catégorie socio-professionnelle -, mais d’une “masse” de publics. Ces dispositifs amènent tous les publics sans distinction dans une disruption de la convention du spectateur. Les codes sociaux et les manières de se comporter au théâtre n’ont plus cours ; tout le monde est au même niveau. Les gens sont assis dans leur fauteuil comme s’ils allaient pour la première fois au spectacle.
- En revanche, on observe plusieurs types de réactions. L’appropriation des lunettes VR est plus ou moins simple, plus ou moins spontanée. J’ai vu des lycéens qui, sans doute, n’avaient jamais utilisé de jumelles de théâtre, mais qui ont tout de suite été à l’aise avec les jumelles VR. À l’inverse, j’ai vu des publics dits “traditionnels” ou des professionnels du théâtre complètement désemparés par ces jumelles VR.
- Ces observations montrent un déplacement de la convention de spectateur, ce qui renvoie ensuite à des questions d’accessibilité.
- Dans le cadre du consortium Scènes augmentées, nous avons un partenariat avec l’université Paris Dauphine PSL et l’Université Bordeaux Montaigne pour faire une étude comparée des publics dans la relation aux dispositifs technologiques dramaturgiques, autour de deux spectacles : “No reality Now” de Vincent Dupont et Charles Ayatz, et “La Germination” de Joris Mathieu
Directeur @ Théâtre Nouvelle Génération - CDN de Lyon
Metteur en scène . Ces deux spectacles ont deux dispositifs technologiques différents, ce qui permet de croiser les points de vue et les regards. Les résultats de cette étude seront présentés publiquement les 05 et 06/07/2024 à Avignon au Grenier à Sel dans le cadre des rencontres “Spectacle vivant, scènes numériques” organisées notamment par Dark Euphoria, qui fait partie du consortium Scènes augmentées. »
Nicolas Rosette
« To like or not to like » et « Crari or not »
Émilie-Anna Maillet, artiste associée à la MC2, a créé un projet transmédia autour de la question des réseaux sociaux et la manière dont les adolescents y sont confrontés.
Il est composé de deux volets :
• une pièce de théâtre, « To like or not to like », qui raconte l’histoire d’une fête entre adolescents qui a mal tourné, un des ados ayant posté une vidéo qu’il n’aurait pas dû sur les réseaux sociaux ;
• un parcours d’installations numériques avec performances en réalité virtuelle, « Crari or not », qui permet de déambuler dans la fête pour découvrir les personnages et plonger dans la soirée où tout a basculé. Cette déambulation, avec un casque VR, peut se faire avant ou après le spectacle et permet de se mettre à la place d’un des personnages de l’histoire. Les comédiens sont présents pour guider les publics pendant l’expérience.
Ce spectacle aura un volet supplémentaire, puisque les coulisses feront l’objet d’un live Instagram lors de la prochaine étape de création en novembre 2024 à la MC2. Le projet sera également visible au Théâtre de La Ville, puis en tournée.
- « La MC2 s’est placée depuis sa création comme une maison d’avant-garde. Quand j’ai candidaté à la direction, je me suis demandé ce qu’était le rôle d’une maison de la culture aujourd’hui et de quelle façon nous pouvions encore être à l’avant-garde. Trois maîtres-mots me sont venus : jeunesse, inclusion et innovation, avec l’idée qu’il y avait probablement des passerelles entre ces trois mots.
- J’avais déjà rencontré Émilie-Anna Maillet quand j’étais à la Comédie de Saint-Étienne et avais été bluffé par sa manière d’inventer un grand nombre de choses qui, à l’époque, ne coulaient pas de source : sa mise en scène de “Kant” de Jon Fosse où elle avait imaginé une chasse aux QR Quick Response codes dans le théâtre alors que les téléphones n’étaient pas équipés pour pouvoir les lire ; mais aussi une installation VR qui permettait à un spectateur d’entrer dans une chambre d’enfant. Émilie-Anna Maillet est artiste associée à la MC2 et c’est elle qui nous a présenté le dispositif du PIA Programme d’Investissements d’Avenir , avant que nous rencontrions les équipes de la Caisse des dépôts. Cela nous a donné envie d’ouvrir la porte et de réfléchir à la question de l’innovation.
- Dans ce cadre, nous nous sommes demandé comment le smartphone pouvait devenir un outil d’EAC Éducation artistique et culturelle . Le smartphone étant devenu une prolongation naturelle de notre bras, et en particulier celui des jeunes, l’idée était de voir, comme le dit Émilie-Anna Maillet, “comment est-ce qu’on amène les jeunes de la poche à la scène”. Il y a aujourd’hui beaucoup de débats dans l’Éducation nationale sur le fait de chasser le smartphone de l’école. Cela crée un fossé générationnel puissant puisque les jeunes actuellement n’imaginent pas pouvoir vivre sans cet objet.
- Lorsque nous avons présenté une première étape de création du projet il y a un an et demi devant des enseignants, une partie d’entre eux voulaient bien voir la pièce mais ne voulaient pas faire les installations, considérant qu’elles étaient “gadgets”. Puis ils se sont rendu compte que ces outils nouveaux (notamment les installations VR, mais aussi tout ce qu’il y a avant et après puisque chaque personnage de la pièce a un profil fictionnel sur Instagram avec lequel on peut interagir), peuvent être des entrées pour intéresser les jeunes à la création théâtrale. Il s’agit d’augmenter le spectacle mais en l’augmentant de portes d’entrée qui viennent créer des espaces de démocratisation et de dialogue entre les générations.
- Les jeunes ont, eux, été impressionnés par le fait que les 10 personnages étaient joués par cinq comédiens. Ils ne s’en sont rendu compte qu’au moment du salut en ne voyant que cinq comédiens sur le plateau. Il y a là, chez eux, un effet “découverte du théâtre”. Le spectacle arrive à mélanger la puissance fictionnelle et dramaturgique avec les nouvelles technologies. »
Arnaud Meunier
Les Oreilles en pointe
Ce projet autour du son binaural est porté par la Générale de Production, société de production de films et documentaires pour le cinéma, la TV, les plateformes numériques. Elle a précédemment initié des expériences immersives en salle de cinéma, qui l’ont conduit à utiliser le son binaural dans d’autres lieux, et donc dans les salles de théâtre. La démarche de la Générale de production est d’allier recherche artistique et technologique. Elle a fait appel à des compagnies de théâtre contemporain, qui vont se saisir du dispositif technologique, notamment le Birgit Ensemble (Julie Bertin et Jade Herbulot) ou Léo Cohen-Paperman
Co-fondateur @ Collectif Nouveau Théâtre Populaire • Fondateur et directeur @ Cie des animaux en paradis
• Auteur, metteur en scène.• Créations :- Le Ciel, la Nuit et la Fête (Le Tartuffe / Dom Juan…
. Une trentaine de représentations de la pièce du Birgit Ensemble avec la technologie de son binaural a eu lieu.
- « Pour la pièce du Birgitt Ensemble, j’ai pu voir chez les spectateurs le même plaisir que j’ai eu moi-même en découvrant la technologie du son binaural. Un jour, alors que nous montions un film interactif en son binaural, “Tantale”, je regardais les rushs et dans une scène quelqu’un frappait à la porte. Au moment où la personne a frappé, j’ai cru que cela se passait dans la réalité et que quelqu’un frappait vraiment à la porte derrière moi. Cette sensation d’immersion, nous la retrouvons et la voyons dans les yeux du public. Notre conviction est que dès lors que nous arrivons à faire vivre ces émotions au public, nous pouvons les emmener sur des territoires très diversifiés. »
Jérémy Pouilloux
La jeunesse, un public ciblé en particulier ?
- « Tous les 10 ans, le ministère de la Culture fait une enquête sur les pratiques culturelles des Français. La dernière a eu lieu en 2018
• « Une place croissante de la culture dans le quotidien des Français »,
• « L’essor considérable, en dix ans, des pratiques culturelles numériques »,
• « Des Français plus nombreux à fréquenter les… et donnait à voir la progression des pratiques en ligne avec le numérique, et ce dans toutes les catégories de la population. En revanche, de manière surprenante, les sociologues ont pu établir pour la première fois la pratique dite du “tout numérique” et qui touche 15 % de la population. C’est un chiffre très conséquent. Sachant que cette catégorie “tout numérique” concerne particulièrement les jeunes, elle aura probablement augmenté dans la prochaine enquête en 2028. La question de la jeunesse est inhérente à celle de l’évolution des futures pratiques culturelles puisque que ces dernières se construisent pendant la jeunesse - sinon, elles ne se développeront sans doute pas plus tard. De manière sous-jacente, on retrouve donc la question de la transmission de la culture. - Il faut que cette transmission tienne compte de la situation dans laquelle on vit, c’est-à-dire des environnements technologiques dans lesquels les jeunes se construisent. Quand Émilie-Anna Maillet choisit de démultiplier les entrées dans son spectacle, celui-ci devient presque un environnement. Dans son essai “The Game”, Alessandro Baricco explique que nous sommes dans une sorte de réalité où nous vivons en permanence entre le réel et le virtuel. On ne peut pas opposer réel et virtuel ; ils forment un continuum qu’il définit comme une “post-expérience” - et dans cette post-expérience les jeunes sont un peu à l’avant-garde. Si nous voulons parler de certaines expériences de la jeunesse, comment le faire, sinon en restituant leur post-expérience d’une certaine manière ?
- La question du spectateur est un peu différente de celle du public. Les trois propositions présentées ce matin renouvellent la relation entre la scène et la salle, entre l’acteur et le spectateur, elles renouvellent les formes de présence de l’acteur tout autant que les formes de présence du spectateur, lesquelles peuvent être aujourd’hui à distance, virtuelles ou hybrides.
- De la même manière que James Joyce disait avoir écrit “Ulysse” pour “inventer un nouveau type de lecteur”, les nouvelles formes de spectacle permettent d’inventer de nouveaux spectateurs, de nouvelles manières d’être spectateur. C’est absolument fondamental car cela permet de créer des formes de scènes élargies, de créer différentes manières de faire théâtre et donc d’élargir l’interface entre le spectacle vivant et la société. »
Franck Bauchard - « Le Théâtre Nouvelle Génération - CDN de Lyon
Fondé sous l’impulsion de Maurice Yendt et de sa compagnie du Théâtre des Jeunes Années (créée en 1960 et installée au nouveau Théâtre du Huitième à Lyon de 1968 à 1980).• Réunit le TNG-Vaise (9e…
s’appelait, dans les années 70, le théâtre des Jeunes Années, et nous avons opéré une continuation dans l’adresse des formes à l’enfance et la jeunesse, et qui se veut élargie à la toute petite enfance notamment à travers le dispositif “La Couveuse” (en partenariat avec le Théâtre Am Stram Gram (Genève), le Théâtre Paris-Villette
• Établissement culturel de la Ville de Paris• Scène contemporaine jeunesse depuis la saison 2013-2014
• Missions :
- refléter la jeunesse et la diversité du théâtre contemporain
- fédérer les…
et la Scène nationale de Sète
• Statut : Association loi 1901• Missions : propose chaque saison une programmation pluridisciplinaire d’une cinquantaine de spectacles au Théâtre Molière à Sète et sur les quatorze autres communes…
). Avec Joris Mathieu et Céline Le Roux
Co-présidente @ doMino, plateforme Jeune public Auvergne-Rhône-Alpes • Directrice adjointe @ Théâtre Nouvelle Génération - CDN de Lyon
(administratrice du TNG), nous avons imaginé un projet qui s’inscrit dans l’histoire de ce théâtre. Nous avons appréhendé l’expression “nouvelle génération” comme une nouvelle génération de publics, de formes artistiques et d’artistes. Nous sommes dans une approche affirmative d’une adresse à l’enfance et à la jeunesse, mais avec un travail qualitatif à la fois sur l’enjeu artistique et dans la contemporanéité des formes. - La question du spectacle augmenté ou de la présence du numérique est une réalité contemporaine. Le numérique fait partie de notre monde, de celui des jeunes évidemment, mais aussi de celui des adultes. Le numérique est activement présent depuis bientôt 50 ans et pourtant nous sommes toujours en train de parler de nouvelles technologies. Elles ne sont pas du tout nouvelles, elles s’incrémentent, elles s’augmentent, elles s’élargissent, elles s’affinent, elles nous envahissent ; en un mot, elles sont là ! La question qui se pose est de savoir comment elles sont intégrées dans toutes les formes culturelles. De quel registre du numérique parlons-nous ?
- Il y a des artistes qui n’utilisent pas le numérique au sens d’outil technologique pour augmenter le spectacle, mais qui en font le sujet de leur création. Traiter la contemporanéité numérique ne consiste pas simplement à utiliser les outils numérique sur scène. Marion Siefert, par exemple, parle depuis dix ans dans chacun de ses spectacles de notre rapport au numérique. Dans “2 ou 3 choses que je sais de vous”, elle s’intéressait aux traces que nous laissons de nous sur les réseaux sociaux. Ce spectacle est-il numérique ? Oui. Dans son dernier spectacle, “Daddy”, il n’y a pas forcément de technologies numériques autres que celles qui sont désormais banalisées dans le spectacle vivant (pour la régie, etc.), mais Marion Siefert parle encore de la contemporanéité numérique, à travers l’histoire d’une jeune fille qui se fait happer par un séducteur pervers via les réseaux sociaux, sur un jeu vidéo qui pourrait tout à fait être Fortnite. Ce spectacle est-il numérique ? Oui. Ce genre d’histoire peut très facilement parler à des adolescents, alors que cela peut être plus complexe à appréhender pour les parents, voire pour les grands-parents, qui passent leur temps à vouloir comprendre ce que font leurs enfants ou leurs petits-enfants sur les réseaux sociaux. Ce spectacle pourrait tout à fait être inscrit dans les récits de la tragédie antique ou classique. »
Nicolas Rosette - « La question fondamentale ici est celle des nouvelles dramaturgies. En quoi les outils du numérique sont-ils des outils pour raconter des histoires, et des histoires qui sont différentes ? En quoi ces outils permettent-ils d’ouvrir d’autres champs ? L’immersion, par exemple, permet de devenir un des personnages du récit, de se retrouver à l’intérieur du récit.
- Avec ces formes augmentées, nous nous adressons à la jeunesse, mais à travers elle nous touchons aussi leurs parents. C’est d’ailleurs souvent par les jeunes, par capillarité, que nous arrivons à faire venir aussi les familles et les plus grands.
- Le malaise de l’adolescence est un sujet universel ; toutes les générations l’ont traversé. Sauf que la génération actuelle le vit doublement d’une certaine manière. Elle doit trouver sa légitimité sociale (comme cela a toujours existé) mais elle doit aujourd’hui également trouver sa légitimité numérique, laquelle est très puissante : quel est mon statut numérique ? Comment suis-je perçu sur les réseaux sociaux ? Beaucoup de choses très violentes peuvent se passer à travers ses outils. C’est pourquoi l’éducation à ces médias est très importante.
- Le smartphone peut devenir un outil d’EAC. Dans “To like or not”, des outils technologiques sont donnés aux enseignants et permettent de faire des ponts avec la pièce à travers des citations d’œuvres littéraires et théâtrales. Une entrée dans la VR est également possible à travers un QCM Questionnaire à choix multiples qui permet de vous dire de quel personnage vous êtes le plus proche. À partir de là, il est proposé à la personne ayant rempli le QCM de vivre l’expérience du personnage duquel elle est le plus proche. Et nous remarquons souvent que les gens ont envie de faire l’expérience contraire, de passer de l’harceleur à l’harcelé. Il ont envie d’y retourner, et c’est cela qui est intéressant.
- Dans la prochaine étape de création du projet que nous présenterons en novembre, la coulisse va devenir un nouveau lieu d’interaction à travers un live Instagram. Les jeunes pourront donc s’intéresser au spectacle avant et après. Nous pouvons donc travailler en rhizome et mettre toutes nos forces en cohérence. »
Arnaud Meunier - « La question des réseaux sociaux est extrêmement importante. Nous parlons de numérique depuis presque 50 ans, mais la combinaison “smartphone-réseaux sociaux” a créé un effet d’accélération très puissant depuis 10 ans. Et avec l’IA Intelligence artificielle nous allons entrer dans une nouvelle phase d’accélération. C’est pourquoi les dispositifs comme France 2030 constituent un enjeu crucial pour notre secteur.
- L’autre chose par rapport aux réseaux sociaux, c’est que nous avons face à nous une génération qui a vécu la pandémie pendant sa jeunesse. Pendant la pandémie, les réseaux sociaux ont joué un rôle très important pour eux, mais également pour la culture.
- Aux États-Unis, le théâtre est très technophobe, il ne met pas de technologies sur scène car cela vient déplacer la question de l’acteur, dans un pays où les syndicats d’acteurs ont un impact très puissant sur la vie théâtrale. Dans le même temps, dans toutes les institutions culturelles aux États-Unis, la fonction marketing est une fonction pivot. Celle-ci se déploie avant tout sur les réseaux sociaux. Or pendant la pandémie, les institutions américaines ont complètement déplacé leur action sur les réseaux sociaux, faisant de TikTok
Application mobile de partage de vidéo et de réseautage social• Création : septembre 2016• Développée par l’entreprise chinoise ByteDance• Mission : permettre aux utilisateurs de visionner des clips…
, d’Instagram, de Facebook ou de Zoom des scènes à part entière. Les propositions artistiques déployées sur les réseaux sociaux ont été très suivies, venant créer un nouveau public et une nouvelle manière d’être spectateur. Elles ont eu un impact important et ont été relayées dans la presse comme s’il s’agissait de spectacles “traditionnels”. »
Franck Bauchard
De l’incubation à la réplicabilité
- « Nous avons paramétré le dispositif de telle sorte qu’il soit le plus simple et donc qu’il puisse correspondre à n’importe quelle salle en France, avec une jauge comprise entre 60 et 300 personnes, mais aussi que le plus grand nombre de compagnies puissent s’en saisir.
- Nous avons construit une chaîne technique qui fait que nous apportons au théâtre tout l’équipement technologique nécessaire. L’idée était vraiment de travailler avec “l’industrie traditionnelle” (c’est-à-dire le spectacle vivant), dans un modèle économique éprouvé, avec une proposition artistique qui puisse s’adresser à d’autres publics, mais pas que. La technologie peut donner l’impression que l’on s’adresse à une nouvelle catégorie de publics mais cela ne nous empêche pas d’aborder des œuvres très différentes et donc de ne pas nous adresser qu’à la jeunesse. »
Jérémy Pouilloux - « C’est une prouesse que de faire un spectacle avec 100 casques de VR synchronisés. Cela a été un de nos verrous technologiques. Mais, comme le rappelait Maud Franca en préambule, les processus d’innovation, ce sont des cycles de 10 ans. Pour notre part, nous avons eu une phase de recherche dans le cadre du programme “Chimères” qui a duré 5 ans. Ensuite, nous avons eu une aide à l’investissement fortement axée sur la réalisation de notre solution technologique, laquelle existe désormais et est partageable, tout ou partie, et selon différents modèles économiques.
- Le format de 100 casques VR est assez exceptionnel. Mais un spectacle pour 100 personnes dans l’économie du spectacle vivant, c’est très petit… Ces propositions restent des propositions qui ne sont pas tout à fait adaptées pour les salles et qui, sur le volet du modèle économique, sont assez complexes. Mais avant d’arriver à la question d’un modèle économique complètement viable, nous avons besoin de tester, d’en passer par une forme d’émergence pour pouvoir juger sur pièce. Elles doivent être “jugées” sur leur intérêt artistique, sur le renouvellement des dramaturgies, sur le rapport au public. Et si tout cela est valide, alors nous pourrons nous poser la question de la manière dont on produit ces solutions technologiques, dont on les amortit et dont on les partage - ce qui permettra de faire baisser les coûts de production - sans forcément les standardiser.
- Nous rêvons de pouvoir faire des séries longues. Au TNG, nous avons par exemple accueilli le spectacle “The roaming” de Mathieu Pradat sur deux semaines. Sachant que chaque représentation peut accueillir six personnes, on n’atteint pas une jauge globale très importante, même en faisant plusieurs représentations par jour. C’est un peu un gouffre financier, mais la série permet de laisser le bouche-à-oreille se faire. Au LU • Scène nationale • Association loi 1901 • Créée le 01/01/2000 au sein de l’ancienne usine LU • Revendique 100 000 spectateurs et 550 000 visiteurs par an • Salles et espaces : - Grand atelier… , nous avions fait une diffusion de la pièce “Les aveugles” du collectif Invivo, en partenariat avec Stereolux • Espace de création et de diffusion destiné aux musiques actuelles et aux arts numériques intégré à La Fabrique à Nantes• Inauguré en septembre 2011 • Géré par l’association Songo, rassemblant… , la SMAC Scène de musiques actuelles de Nantes. Nous nous étions mis ensemble pour avoir une durée de diffusion de trois semaines. La jauge totale n’est pas très grande non plus. Mais in fine, parce que nous étions complets tout le temps, le déficit a été à peu près celui d’un spectacle pas trop grand que nous aurions accueilli sur trois dates. En revanche, il y a eu un effet de bouche-à-oreille qui a fait que nous avons fait le plein sur toute la durée de la diffusion. Au cours de la première semaine, il y avait les “afficionados” des nouvelles technologies, puis le bouche-à-oreille faisant son effet, la typologie des publics s’est élargie.
- Si nous faisons le parallèle avec d’autres industries, il y a un nombre de produits qui sont lancés sur le marché sans viabilité économique et qui, d’ailleurs, disparaissent totalement. Les consoles de jeux vidéo, par exemple, sont vendues à perte, l’idée étant qu’une fois le marché “accroché”, les entreprises viennent l’alimenter avec les contenus. Dans le spectacle vivant, mettons en place un marché et voyons comment nous pouvons, ensuite, améliorer les coûts. Et c’est finalement sur la durée qu’il y aura un retour sur investissement. Il faut dépasser le temps court pour pouvoir se permettre d’expérimenter, de rencontrer les publics, d’aider les artistes à créer de nouvelles formes. »
Nicolas Rosette
- « Les appels à projets France 2030 sont très riches, mais ce sont des dispositifs momentanés. Les théâtres sont nos relais pour que nous puissions poursuivre les innovations. S’ils n’ont pas les moyens de pré-acheter ou de coproduire les œuvres sur lesquelles nous travaillons, nous ne pourrons pas continuer très longtemps, même si nous sommes très volontaires. Il faut qu’un plus grand nombre de scènes en prenne conscience. À part quelques rares scènes comme le LU, le TNG, la MC2 ou la Scène nationale de Montbéliard
Issue du rapprochement d’une scène nationale, d’une scène jeunes publics (l’Arche), d’un grand théâtre municipal (la MALS à Sochaux, 1100 places) et d’une structure de création et de production…
, par exemple, encore très peu de lieux acceptent de prendre des risques en valorisant des œuvres différentes. Nous espérons bien qu’avec les différents dispositifs de France 2030, les choses vont changer. Car pour l’instant, nous n’avons pas l’effet levier que nous aimerions avoir. Il faut vraiment que les scènes, qu’elles soient privées ou publiques, jouent le jeu de cette innovation et y croient parce que cela va dans le sens des publics.
Jérémy Pouilloux
- « Aujourd’hui, une maison de culture doit pouvoir être un incubateur pour les nouveaux projets de spectacle augmenté, car c’est un champ d’expérimentation pour les artistes. Ceux-ci sont en train d’inventer des manières de raconter de nouvelles histoires. La technologie n’est pas une fin en soi, mais bien un outil, un moyen pour raconter des histoires.
- Parler d’incubation, c’est aussi parler de recherche et développement. De temps en temps, Émilie-Anna Maillet est bloquée par des questions de technologie pure. Il faut donc chercher, essayer, prototyper… Nous avons à la MC2 la chance d’avoir sur notre territoire des entreprises et un champ universitaire puissant qui nous aident à prototyper, à développer et à inventer des solutions technologiques. Cette dynamique fait bouger nos propres compétences.
- Nous nous apprêtons à imaginer le lancement d’un service R&D
Recherche et développement
au sein de la MC2, parce que la question de l’innovation est transversale. Dans le consortium pour l’appel à projets France 2030, nous sommes avec Territoire de Sciences, qui est un EPCC
Établissement public de coopération culturelle
local, et avec Émilie-Anna Maillet, notre artiste associée. Elle a une envie par minute. Ensuite, nous devons traduire ses envies avec les équipes, avec les budgets, avec les publics. Il ne faut pas avoir peur de cela. Pour tous les moments d’avancée technologique, nous avons besoin de pionniers. Et c’est aussi à cet endroit qu’il faut que nous soyons en tant que scènes labellisées. Ce qui est formidable là-dedans, c’est que ce genre de projet met en réseau l’éducation nationale/l’enseignement supérieur, les sciences, le monde de l’entreprise et les institutions culturelles. Il y a un cercle vertueux de mise en réseau passionnant et qui, probablement, va induire d’autres choses, d’autres relations. Par exemple lorsqu’on parle de mécénat dans la culture, on résume cela à un gros chèque et à un cocktail organisé après un spectacle. Alors que ces mises en réseau pourraient conduire à imaginer d’autres formes de mécénat. »
Arnaud Meunier
- « Il n’y a pas un modèle économique, mais plusieurs modèles qui peuvent exister. Ces propositions artistiques mobilisent un écosystème qui est beaucoup plus large, en termes de compétences et de ressources. Il est très important de consolider ces écosystèmes. C’est exactement ce que la DGCA fait en ce moment en soutenant des écosystèmes territoriaux qui, justement, permettent de créer une coordination, un accompagnement et un soutien à ce type de projet. Je pense qu’à l’échelle des réseaux nationaux, des labels, des progrès restent à faire, mais les choses progressent, et France 2030 provoque une accélération. Par ailleurs, les technologies évoluent vers des solutions plus légères et s’adressant à plus de monde. »
Franck Bauchard
Interventions/questions de la salle
Standardisation, formatage : vers une uniformisation des œuvres ?
- « Avec 1 Md€ pour la culture dans le cadre du plan France 2030, on peut se dire qu’il y a de quoi prototyper, essayer et innover. Et en même temps, un des enjeux est de ne pas nous mettre en concurrence les uns avec les autres, mais plutôt de chercher à additionner nos forces. Il faut donc voir à quels endroits il y a des actrices et acteurs stratégiques qui se positionnent sur ces nouveaux formats, en ce qu’ils permettent de renouveler les publics, renouveler les dramaturgies et renouveler les formes artistiques. Et en même temps, il est vrai que les expressions telles que “verrous technologiques” ou “modèle économique” sont des vocables nouveaux dans le champ de la culture. »
Arnaud Meunier
- « Il faut que nous réussissions à trouver des outils relativement communs pour ne surtout pas que nous soyons, chacun, isolé à chercher et à faire quasiment la même chose. Ces outils en commun, je ne les qualifierais pas de “100 % souverains”, parce que ce que nous fabriquons ce sont des assemblages de briques. En revanche, nous avons de vraies questions sur certaines briques qui sont déjà standardisées. Pour les projets que nous développons au sein du consortium Scènes augmentées, nous utilisons à un moment donné du processus ce que nous appelons des moteurs de jeux vidéo. Pouvoir s’émanciper de ces moteurs de jeux vidéo, aussi géniaux et puissants soient-ils, pourrait être un enjeu.
- Sur la question tant du matériel que du logiciel, nous sommes confrontés à la concrétude dans la production même de l’œuvre. L’idée est de pouvoir penser une œuvre qui ne soit pas rapidement obsolète. En effet, il suffit d’une mise à jour pour que plus aucun casque ne fonctionne par rapport aux configurations qui sont les nôtres. La question de l’obsolescence du matériel est le sujet le plus problématique.
- Nous avons le rêve de pouvoir équiper toutes les salles de France, à commencer par les scènes labellisées, de dispositifs natifs, c’est-à-dire de casques. La réalité est que la diversité des projets pose aussi une diversité des technologies. Ce serait donc bête d’équiper toutes les salles de France avec les casque de marque “A”, alors qu’en fait une partie des spectacles commence à être sur des casques de marque “B”, “C”, “D” ou “E”. Puis soudain la marque “F” apparaît alors que tout est déjà équipé… Évitons ce problème.
- Les équipes artistiques arrivent dans les lieux avec leur propre matériel qui est configuré, spécialisé, et donc pas forcément partageable. Il y a donc cette idée d’équipes artistiques qui, à la manière des circassiens avec leur chapiteau, se déplacent avec leur parc de matériel.
- Je disais plus haut que la question des modèles économiques ne peut pas être déterminée tout de suite, mais que les projets artistiques doivent d’abord être éprouvés. Ce sont plutôt des conventions d’usage, qui se seront faits jour par la multiplication et la diversité des projets, qui vont dans la durée construire des effets de format.
- En revanche, il y a des enjeux de partage, voire de mutualisation, de schémas technologiques qu’il faut pouvoir adresser. Arnaud Meunier a annoncé l’ouverture prochaine d’un département R&D à la MC2. Mais tous les lieux, toutes les scènes labellisées et conventionnées n’ont pas forcément le temps, la disponibilité, les moyens ou le cahier des charges leur permettant de faire la même chose, ni même d’entamer un parcours pour travailler sur le spectacles et les technologies. J’aimerais toutefois que dans 3 à 5 ans au moins, nous ayons un nombre plus important de scènes, mais également de festivals, de centres d’art contemporain et d’autres autres lieux culturels, sensibilisés à ces nouveaux formats, mais aussi à la mutualisation sur les enjeux technologiques pour ne pas que nous dépendions de souverainetés. »
Nicolas Rosette
- « Je suis un entrepreneur du territoire alpin, cofondateur et CEO d’Alp Valley, et également membre du comité stratégique de la filière nationale des technologies immersives. Il existe une plateforme souveraine française, qui s’appelle Inversive . Elle est soutenue par la BPI et par la filière [des technologies immersives]. Elle a été retenue dernièrement pas le ministère de l’Éducation nationale pour remplacer une plateforme qui existait avant et qui s’appelait “Étincel”. Elle est la seule alternative que nous ayons aujourd’hui en France. Elle est le fruit de cinq ans de R&D et d’investissements qui ont été faits pour lutter contre les plateformes étrangères, et en l’occurrence sur tout ce qui est distribution de contenus et nouveaux formats. Sur l’ensemble des display disponibles, des casques et autres, l’alternative aujourd’hui est américaine et s’appelle ArborXR.
- Nous n’arriverons pas à faire émerger des géants français en capacité de rivaliser avec les Américains si nous ne faisons pas l’union sacrée. La filière nationale des technologies immersives est aussi là pour cela et reste à disposition des acteurs culturels pour pouvoir répondre à des demandes. Nous avons d’abord traité l’éducation nationale pour développer la formation professionnelle, qui est l’un des secteurs qui se développe le plus au niveau des technologies immersives. Nous allons maintenant nous intéresser à la culture.
- Je voulais également mentionner le fait qu’Alp Valley a lancé lors du salon Vivatech à Paris (du 22 au 25/05/2024) l’avatar de Simone Hérault, la voix de la SNCF depuis plus de 40 ans. Il s’agit d’un concept d’espace immersif connecté qui sera déployé en gare pour informer les voyageurs. L’idée est d’étendre ce concept pour accueillir en gare d’autres avatars, d’autres personnages qui pourraient s’adresser à la population pour leur faire découvrir les lieux publics du territoire, dont les lieux culturels. La SNCF a donc ainsi décidé d’investir sur les ponts qui pourraient être établis avec la culture. »
Cyril Laurent, cofondateur et CEO d’Alp Valley
Comment « faire réseau » et documenter ces projets dans une perspective de partage et de long terme ?
- « Cette question fait partie de notre projet, puisque nous avons inscrit dans celui-ci d’acclimater les autres lieux à ne pas avoir peur d’accueillir ces formes augmentées. L’idée est donc d’accompagner les services techniques, les services de médiation, les services de communication, etc. Par exemple dans le spectacle d’Émilie-Anna Maillet, la pièce peut accueillir environ 300 spectateurs en salle, tandis que les installations en VR peuvent se faire par groupe de six. Il y a donc tout une réflexion à avoir, puis à partager avec d’autres lieux, sur de nombreuses questions : comment peut-on inciter le plus de spectateurs à essayer les installations ? À partir de quand doit-on mettre en place les installations ? Sur quels créneaux ? Comment mobilise-t-on les RP
Relations publiques
? Il y a aussi des questions en termes de production et de prix de vente sur ce type de projets. Pour que les lieux aient envie d’accueillir ces formes chez eux, il faut qu’ils vivent l’expérience au moins une fois. Pour l’instant, tout cela est encore gourmand en argent, en temps, en mobilisation de personnes. Il faut motiver les équipes sur le fait d’expérimenter. »
Arnaud Meunier
- « Nous travaillons également ce volet du partage de connaissances au sein de Scènes augmentées. Nous avons tout un cycle d’accompagnement de projets artistiques à travers le dispositif “Onboarding Pass”. Nous accompagnons des projets, au moment de la recherche et jusqu’à la pré-production. Dans ce dispositif, il y a un double volet qui est celui d’un réseau de 12 lieux partenaires qui sont à dessein des lieux labellisés ou conventionnés. D’une part, ils participent au jury qui sélectionne les projets que nous accompagnons et, d’autre part, ils sont impliqués dans le processus d’accompagnement et associés, dans une extension, à une réflexion sur le projet artistique et numérique au sein de leurs propres structures. Nous pouvons donc accompagner le début d’une transformation ou une problématique qu’ils avaient déjà identifiée. Dans ce réseau de 12 partenaires, il y a des SN
Scène nationale
qui sont très aguerries à toutes ces questions. Dès que ces partenaires s’y mettent, ils ont envie d’être accompagnés en lien avec leur projet de direction et de territoire. Cela implique à chaque fois du sur-mesure car aucun territoire n’est le même. Autant un spectacle peut être diffusé dans chaque territoire, autant la manière dont il est accompagné et reçu sera toujours unique. »
Nicolas Rosette
Caisse des Dépôts
• Premier pôle financier public au service des Français, la Caisse des Dépôts et ses filiales constituent un groupe public, investisseur de long terme au service de l’intérêt général et du développement économique des territoires.
• Elle regroupe cinq domaines d’expertise : les politiques sociales, les gestions d’actifs, le suivi des filiales et des participations, le financement des entreprises (via Bpifrance) ainsi qu’à destination des territoires avec la Banque des Territoires.
• Réseau de 43 implantations en métropole et en outre-mer.
• Date de création : 1816
• Mission :
Déployer une politique de mécénat sur tout le territoire, dans trois domaines : la musique classique, la danse et l’architecture & paysage. « Près de 500 projets » soutenus sur l’ensemble du territoire français par an.
• Par ailleurs, la Banque des Territoires / Caisse des Dépôts est un opérateur historique du Programme d’Investissement d’Avenir (13 Md€ et 35 actions mises en œuvre) et « un des opérateurs majeurs de France 2030 dans le secteur des industries culturelles et créatives ».
• 6 M€ de soutiens octroyés dans le cadre de son action mécénat en 2023
• Directeur général : Éric Lombard
• Directrice du mécénat : Claire Visentini
• Contact : Nathalie Police, responsable des relations presse et des réseaux sociaux
• Tél. : 06 07 58 65 19
Catégorie : Divers Public
Adresse du siège
56 rue de Lille75007 Paris France
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Fiche n° 801, créée le 26/12/2013 à 12:50 - MàJ le 10/07/2024 à 10:14