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« Éternel Mucha » au Grand Palais Immersif : « Combiner immersion, interaction et narration » (Roei Amit)

News Tank Culture - Paris - Interview n°304584 - Publié le 08/11/2023 à 14:40
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©  GPI
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« Éternel Mucha », exposition co-produite par le Grand Palais Immersif (filiale de la RMN - Grand Palais) et la Fondation Mucha (République tchèque) a accueilli 162 000 visiteurs, pour 195 jours d’exposition, au sein de l’espace modulable de l’Opéra Bastille (Paris 12e) du 22/03 au 05/11/2023. Cela correspond à une fréquentation journalière moyenne de 831 visiteurs. L’exposition présente la vie, les œuvres et l’influence contemporaine de l’artiste, à travers un film immersif, projeté sur trois écrans disposés en triptyque, ainsi que des dispositifs tactiles, des contenus audiovisuels et des ambiances olfactives. 

« Les projections, animées, nous permettaient de montrer toute la dynamique des lignes de l’Art nouveau. C’est en cela que le numérique apporte une véritable valeur ajoutée par rapport aux expositions au format plus traditionnel. Il nous permet de faire des choses dont nous serions autrement incapables, comme reconstituer les fresques d’Alphonse Mucha pour l’Exposition universelle de Paris 1900 ou présenter son “Épopée Slave”, qui n’est sinon pas exposée au public », indique Roei Amit Directeur général de Grand Palais immersif @ GrandPalaisRmn (RMNGP)
, directeur général de Grand Palais immersif, à News Tank le 08/11/2023.

« Près de la moitié de nos visiteurs ont déclaré avoir déjà eu des expériences immersives, montrant que ce format fait désormais partie intégrante du paysage des sorties culturelles. En tant que producteur et diffuseur de ce type d’expositions, nous sommes satisfaits de l’évolution de l’écosystème créatif français, qui est en plein essor. Il était essentiel pour nous de contribuer à son développement et à son rayonnement en le mettant en avant durant l’exposition. Nous nous considérons comme une vitrine », ajoute Roei Amit qui répond aux questions de News Tank.


« Éternel Mucha », troisième exposition du Grand Palais Immersif, a été conçue en partenariat avec la Fondation Mucha. Pourriez-vous revenir sur sa genèse ?

La rencontre avec la Fondation Mucha a eu lieu à l’occasion de l’exposition « Alphonse Mucha » au Musée du Luxembourg • 1750 : 1er musée français ouvert au public • 2010 : le Sénat délègue la gestion du musée à la RMN-GP (Réunion des musées nationaux-Grand Palais), en privilégiant trois axes de programmation en… , organisée dans un format plus classique par la RMN-GP Réunion des Musées Nationaux - Grand Palais , du 12/09/2018 au 27/01/2019. Nous avons maintenu de bonnes relations avec la fondation, et lors de nos échanges, nous avons vite constaté que nous avions la même volonté d’explorer de nouveaux formats d’exposition.

Alphonse Mucha est un artiste incontournable de l’Art nouveau mais, si son langage visuel est connu de tous, son nom ne l’est pas toujours. Nous étions ainsi motivés par la nécessité de le mettre en lumière. Nous avons été rattrapés par l’histoire, avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Alphonse Mucha était un slavophile, et ses travaux, notamment « L’Épopée Slave », reflètent les relations complexes entre la Russie et le monde slave. Ce contexte géopolitique souligne bien l’importance de cette exposition qui va au-delà de la présentation de ses œuvres et aborde ses convictions pacifistes et œcuméniques.

La directrice de la Fondation Mucha, Tomoko Sato, assurait son commissariat. Nous avons travaillé main dans la main avec la fondation, coproductrice impliquée dans toutes les phases de conception et de production. Les coûts, qui se sont élevés à environ 800 000 euros, ainsi que les résultats, ont été répartis de manière équitable. Enfin, nous partageons également la propriété intellectuelle de l’exposition.

L’exposition a été conçue comme une expérience immersive, interactive et sensorielle. Pourriez-vous nous détailler comment ces éléments ont été intégrés à la scénographie ?

La scénographie, conçue par le cabinet ATTA - Atelier Tsuyoshi Tane Architects, s’inspirait de l’univers de l’opéra. Elle puisait son inspiration et faisait écho à l’Opéra Bastille, au sein duquel nous prenons place. Par exemple, le tapis rouge marquait le parcours de l’exposition, et l’écran permettait une immersion spectaculaire.

Les œuvres, projetées en très haute définition, étaient animées, ce qui nous permettait de montrer toute la dynamique des lignes de l’Art nouveau et offrait une expérience inédite au public. C’est en cela que le numérique apporte une véritable valeur ajoutée par rapport aux expositions au format plus traditionnel. Il nous permet de faire des choses dont nous serions autrement incapables. 

Frise décorant le pavillon de la Bosnie-Herzégovine (1900) - ©  Grand Palais Immersif

Par exemple, nous avons reconstitué le pavillon de la Bosnie-Herzégovine, créé pour l’Exposition universelle de Paris en 1900. À partir d’archives et de photographies, nous avons pu recréer les fresques qu’Alphonse Mucha avait peintes à cette occasion. Il nous a également permis de fédérer les 21 tableaux qui composent son « Épopée Slave », qui n’est pas actuellement exposée au public.

Enfin, notre démarche interactive découle de notre désir d’engager activement le public. Nous cherchons à susciter l’émerveillement, mais aussi à surprendre nos visiteurs. Nous proposions ainsi de créer sa propre « affiche Mucha ». Les publics pouvaient ainsi à la fois découvrir les œuvres et se les approprier, d’une manière ludique.

Comment se sont déroulés les partenariats conclus dans le cadre de cette exposition ? Quels étaient leurs objectifs ?

Près de la moitié de nos visiteurs ont déclaré avoir déjà eu des expériences immersives, montrant que ce format fait désormais partie intégrante du paysage des sorties culturelles. En tant que producteur et diffuseur de ce type d’expositions, nous sommes satisfaits de l’évolution de l’écosystème créatif français, qui est en plein essor. Il était essentiel pour nous de contribuer à son développement et à son rayonnement en le mettant en avant durant l’exposition. Nous nous considérons comme une vitrine. Nous avons par exemple développé des partenariats avec Artisans d’idées - Lundi8, société de conception audiovisuelle basée à Marseille, les studios Radio France • Groupe radiophonique français, constitué sous forme d’une société anonyme à capitaux publics dont l’État est l’unique l’actionnaire• Née en 1975 de l’éclatement de l’ORTF.• Abritée au sein de la… pour la conception sonore, ainsi que TechnicoFlor, entreprise française spécialisée dans les expériences olfactives.

Nous avons aussi accueilli une performance live de tatouage, qui a créé une pièce inspirée d’Alphonse Mucha sur un dos. Nous avons collaboré avec la société Ask Mona, qui a créé un chatbot robot logiciel - agent conversationnel à partir de son intelligence artificielle permettant aux visiteurs de dialoguer avec Sarah Bernhardt au sein de l’exposition, puis d’acheter des badges à notre boutique pour continuer à interagir avec elle. Enfin, avec La Collection, nous avons proposé un souvenir numérique sous la forme d’un NFT (Token non-fongible) Jeton numérique stocké sur une blockchain possédant des caractéristiques qui lui sont propres. Il est par nature unique et ne peut pas être remplacé par un autre. . Toutes ces propositions nous ont permis d’explorer divers leviers d’interaction avec nos publics, contribuant ainsi au succès de l’exposition.

Pourquoi avez-vous choisi d’inclure un espace dédié à la série d’animation Arcane (Riot Games et Fortiche Production, 2021) ?

Le début de notre travail de conception de l’exposition a coïncidé avec la sortie d’Arcane sur Netflix Netflix, Inc. est spécialisé dans les prestations de diffusion en ligne de films et de séries télévisées en flux continu sous abonnement. • 247.15 millions d’utilisateurs dans le monde (au… , qui a rencontré un succès considérable. Nous avons remarqué qu’elle s’inspirait de l’univers d’Alphonse Mucha, notamment au niveau des décors. Nous avons voulu les présenter pour sensibiliser notre public à l’influence de l’artiste, surtout les jeunes fans de cette série qui pourraient ne pas le connaître.

Plan de la série Arcane - ©  Studio Fortiche, Riot Games

Une partie de l’exposition lui est dédiée, présentant des extraits de la série sur des écrans, ainsi que les différentes étapes de sa composition. Cette section a été très appréciée par notre public et constitue une partie intégrante de ce que raconte « Éternel Mucha ». Elle se trouve par ailleurs dans l’espace mezzanine du GPI Grand Palais immersif , qui met en avant l’héritage graphique d’Alphonse Mucha avec des œuvres contemporaines s’en inspirant et des témoignages d’artistes.

Dans ce cadre, nous avons établi un partenariat avec Riot Games Riot Games, Inc. est un développeur de jeux vidéo, éditeur et organisateur de tournois d’esport américain. En 2011, Riot Games Inc. a été racheté par le conglomérat chinois Tencent.• Mission : Riot… et Fortiche Production, éditeur du jeu vidéo League of Legends dont est issue la série. Il a activement participé à la communication autour de l’exposition et a organisé un événement lié à Arcane au sein de notre espace.

Comment avez-vous intégré la proposition olfactive ?

L’expérience olfactive permet d’approfondir l’immersion sensorielle. Nous avons collaboré avec Marie-Caroline Symard, parfumeuse du studio TechnicoFlor, pour imaginer quatre ambiances distinctes. Notre inspiration provient en partie du parfum « Voilà pourquoi j’aimais Rosine », créé par Guerlain • Société spécialisée dans les parfums et cosmétiques • Création : 1828 à Paris• Rachetée en 1994, la société Guerlain est une marque de la branche Parfums et Cosmétiques du groupe LVMH. … en 1900 en hommage à Sarah Bernhardt, qui n’existe plus de nos jours.

L’expérience olfactive permet d’approfondir l’immersion sensorielle »

La première ambiance était diffusée dans une pièce reproduisant l’atmosphère de l’atelier de l’artiste, de manière environnementale, ce qui signifie que tous les visiteurs pouvaient la sentir. Nous présentions trois autres compositions olfactives évoquant des thèmes et des moments clés du travail d’Alphonse Mucha (« Les Fleurs », « La Moravie », et « Sarah Bernhardt »). Elles étaient proposées dans des bornes de diffusion individuelle, permettant ainsi de les découvrir à la demande.

Quel bilan pouvez-vous dresser en ce qui concerne la typologie des publics mobilisés par l’exposition ?

« Éternel Mucha » a accueilli un total de 162 000 personnes sur une période d’exploitation de 195 jours, ce qui représente un succès significatif de fréquentation. Au-delà de cette réussite quantitative, plusieurs indicateurs nous réjouissent. Tout d’abord, il est intéressant de noter que les deux tiers étaient de sexe féminin. Nous sommes également satisfaits de constater que 25 % de nos visiteurs se situent dans la tranche d’âge de 25 à 34 ans, une proportion plus importante que pour l’exposition précédente. Alphonse Mucha, en raison de son style graphique bien reconnu, semble attirer un public plus jeune, ce qui est enthousiasmant. De plus, nous avons observé qu’une part importante des visiteurs, 31 %, venaient de l’extérieur de la région Île-de-France et 9 % de l’étranger. Cela souligne l’attrait de l’exposition au-delà de la région parisienne.

Combiner immersion, interaction et narration pour susciter des émotions et le partage d’informations »

« Éternel Mucha » a reçu une note élevée : 84 % de satisfaction. Les visiteurs ont particulièrement apprécié la qualité de l’accueil, la beauté des œuvres et leur mise en valeur grâce à la projection. Ils ont également exprimé leur satisfaction quant aux connaissances acquises au cours de l’exposition. Ces résultats correspondent à nos objectifs, qui visent à combiner immersion, interaction et narration pour susciter à la fois des émotions et le partage d’informations.

Enfin, nous avons remarqué la présence de nombreux primo-visiteurs, ce qui représente un potentiel significatif. Étant donné que le GPI s’est installé à l’Opéra Bastille il y a seulement un an, des personnes ne sont pas encore familières avec le site et ses propositions. Cela nous offre des opportunités de développement et la possibilité d’attirer de nouveaux publics à l’avenir.

Comment la prise en compte de l’éco-responsabilité s’est-elle manifestée ?

L’éco-responsabilité représente l’un des piliers fondamentaux du GPI. Dans cette optique, nous avons mis en place plusieurs mesures. Tout d’abord, nous réutilisons l’ensemble de notre parc de matériel d’une exposition à l’autre. Notre structure est conçue pour être pérenne. De plus, nos projets sont planifiés sur des durées plus longues, ce qui permet d’amortir l’utilisation de la technologie. En ce qui concerne nos aménagements et nos contraintes, nous privilégions les matériaux recyclés, contribuant ainsi à réduire notre empreinte environnementale.

Envisagez-vous de faire tourner cette exposition ?

« Éternel Mucha » a une vocation d’itinérance. Nous sommes actuellement engagés dans des discussions avancées avec plusieurs sites à l’échelle mondiale pour la présenter. En France, nous avons prévu de l’inscrire dans le réseau Muse. Muse est un projet de la RMN-GP qui s’installe dans des villes de taille moyenne pour offrir nos manifestations dans un format condensé et accessible.

Il est implanté dans trois villes : Saint-Dizier (Haute-Marne), Maubeuge (Nord) et Barentin (Seine-Maritime). Il propose deux volets :

  • Muse Découverte, un parcours d’initiation à l’histoire de l’art,
  • Muse Immersive, qui présente nos expositions sur une surface de 200 m2.

Nous avons déjà eu l’occasion de montrer « La Joconde » en 2022, et en décembre 2023, nous lancerons « Venise Révélée ». « Éternel Mucha » sera également programmée dans ce format plus compact en 2024.

Quelles sont vos ambitions futures pour le GPI ?

Nous prévoyons de maintenir notre présence à l’Opéra Bastille au moins jusqu’à la saison 2023-2024. Notre prochaine exposition, intitulée « Loading, l’art urbain à l’ère numérique », ouvrira ses portes le 06/12/2023. Il s’agit d’une coproduction avec le studio de création Atlas V, sous le commissariat de Christian Omodeo.

Elle a pour originalité de retracer l’histoire de l’art urbain et d’explorer ses liens avec le numérique, à partir des années 80, avec l’apparition de la photographie, de la vidéo, des téléphones portables et des réseaux sociaux. Elle présente exclusivement des œuvres créées dans l’espace urbain, en dehors des galeries. Nous collaborons avec le studio Superbien pour le mapping vidéo technologie multimédia permettant de projeter de la lumière ou des vidéos sur des volumes, de recréer des images de grande taille sur des structures en relief ou de recréer des univers à 360° et les contenus interactifs, ainsi qu’avec l’Ircam • Institut de recherche et coordination acoustique/musique • Créé en 1969• Fondateur : Pierre Boulez • Missions :- élaborer des connaissances nouvelles, expérimenter et réaliser des… pour la conception, l’ingénierie et le design sonore.

Parcours

GrandPalaisRmn (RMNGP)
Directeur général de Grand Palais immersif
Bibliothèque nationale de France
Directeur délégué de BnF-Partenariats
GrandPalaisRmn (RMNGP)
Directeur en charge du numérique et du multimédia

Fiche n° 123, créée le 02/10/2013 à 16:07 - MàJ le 06/06/2024 à 11:09

GrandPalaisRmn (RMNGP)

• Établissement culturel public, placé sous la tutelle du ministère de la Culture, né en 2011 de la fusion de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais.

• Missions : organisation d’expositions, accueil (gestion de la billetterie, définition d’une politique tarifaire…) dans les musées, communication, édition, création d’objets culturels, diffusion dans ses 34 librairies-boutiques, acquisition d’œuvres d’art pour l’enrichissement des collections nationales, agence photographique.

• Fermé au public depuis mars 2021 pour travaux.
- Réouverture partielle à l’été 2024 pour l’accueil des JOP Paris 2024 (escrime, taekwendo, escrime fauteuil, para taekwendo).
- Réouverture complète « à la fin du printemps 2025 ».

• 2021 : création de la filiale Grand Palais Immersif spécialisée dans « la production, l’exploitation et la diffusion d’expositions numériques ».
- 21/09/2022 : inauguration d’un espace d’exposition modulable au sein de l’Opéra Bastille (Paris 12e).

• Fréquentation 2023 : 562 879 visiteurs
- 15 892 visiteurs pour les expositions produites au Grand Palais Éphémère
- 205 925 visiteurs pour les expositions produites par Grand Palais Immersif
- 201 885 visiteurs pour les expositions au musée du Luxembourg
-
109 692 visiteurs pour les expositions organisées dans des musées nationaux

• Président : Didier Fusillier, depuis le 01/09/2023
• Directeur général délégué :
Christophe Chauffour, depuis le 18/07/2022
• Communication : Florence Le Moing
• Tél. : 01 40 13 47 62


Catégorie : Musée


Adresse du siège

254-256, rue de Bercy
75577 Paris Cedex 12 France


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Fiche n° 76, créée le 27/09/2013 à 13:23 - MàJ le 28/10/2024 à 16:30

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