SV 2050 : « Le gros enjeu est celui du choix de l’accompagnement » (M. Poésy, Théâtre Dijon Bourgogne)
« Entre les CCN
Centre chorégraphique national
des années 1990 et ceux d’aujourd’hui, les missions se sont accumulées, en parallèle d’une baisse des aides en coproduction. En arrivant en tant qu’artiste à la tête d’un CCN, nous nous retrouvons à répondre à de nombreuses missions tout en étant les principaux co-producteurs de formats transdisciplinaires et sans disposer des moyens de diffusion qui vont avec », indique Olivia Grandville
Coprésidente @ Association des Centres Chorégraphiques Nationaux (ACCN) • Directrice @ Mille Plateaux - CCN de La Rochelle
• Née en 1964• Danseuse et chorégraphe• Créations :- Débandade (2021)- La…
, directrice de Mille Plateaux - CCN de La Rochelle
Issu de la compagnie chorégraphique du Théâtre du Silence dirigée par Jacques Garnier et Brigitte Lefèvre installée à La Rochelle.
• 1984 : le Théâtre du Silence devient Centre chorégraphique de…
(Charente-Maritime), lors du module intitulé « La fonction de recherche : quelles modalités d’association des artistes aux lieux ? », dans le cadre de l’événement « Quel spectacle vivant en 2050 ? » organisé par News Tank Culture et le Festival d’Avignon le 15/07/2022 à l’ISTS
Institut Supérieur des Techniques du Spectacle
. Le débat avait lieu dans le cadre de la première demi-journée d’échanges, « Quels lieux demain pour la recherche et la création artistiques ? ».
« Je voulais accueillir seulement cinq artistes pour mieux les doter. Or, cela signifie cinq sorties de résidence et donc peu d’activité pour le CCN. On se retrouve très vite poussé dans le sens du saupoudrage dont nous subissons gravement les conséquences depuis 30 ans », ajoute-t-elle.
« Le gros enjeu est celui du choix de l’accompagnement. Accompagner mieux, moins de personnes, veut aussi dire plus de frustration de la part des compagnies qui se sentent moins accueillies et soutenues. En même temps, il faut tenter de mettre en œuvre une dégression, plutôt que d’aller dans le sens d’une surenchère et d’un émiettement des aides et des options d’accompagnement », déclare Maëlle Poésy
Directrice @ Théâtre Dijon Bourgogne, Centre dramatique national
, directrice du Théâtre Dijon Bourgogne - CDN
Créé en 1955 sous l’impulsion de Jacques Fornier
• Centre dramatique national depuis 1968
• 1957 : installation du Théâtre de Bourgogne à Beaune, puis à Chalon-sur-Saône
• 1959 : réception du…
(Côte-d’Or).
News Tank rend compte des échanges.
Quel spectacle vivant en 2050 ? Prospective à l’échelle d’une génération
Initiées en 2021, ces deux journées de réflexion sur l’avenir du spectacle vivant sont organisées cette année les 15 et 16 juillet à l’ISTS par News Tank Culture et le Festival d’Avignon, avec le soutien du ministère de la Culture, de l’Association pour le soutien du théâtre privé et du Pass Culture. Cette 2e édition est consacrée à la question des lieux de spectacle et questionne les nouveaux modèles en devenir.
Éviter « une surenchère et un émiettement des aides et des options d’accompagnement » (Maëlle Poésy)
- « Dans le cadre d’une réunion de l'ACCN Association des Centres chorégraphiques nationaux , nous avons fait un constat commun : entre les CCN des années 1990 et ceux d’aujourd’hui, les missions se sont accumulées, en parallèle d’une baisse des aides en coproduction. En arrivant en tant qu’artiste à la tête d’un CCN, nous nous retrouvons à répondre à de nombreuses missions tout en étant les principaux co-producteurs de formats transdisciplinaires et sans disposer des moyens de diffusion qui vont avec, puisque nous sommes beaucoup moins dotés que les CDN.
- Nous sommes censés être des lieux de recherche et de création, mais les DRAC Direction régionale des affaires culturelles comme les collectivités locales ont besoin d’un CCN actif qui prenne sa place dans la ville. Lorsque l’on candidate à un lieu, ce n’est pas uniquement pour défendre son propre travail. Les CCN doivent être des espaces de diffusion de la culture chorégraphique, d’accompagnement des artistes. Lorsque nous arrivons seuls sans compagnie permanente, il est difficile de savoir où et quand nous aurons l’espace de travailler à nos créations, si nous pourrons bénéficier d’une marge artistique. Or, cette marge artistique permet de faire vivre le lieu, d’accueillir des artistes. Le seul moyen d’accéder à un endroit de diffusion passe par des partenariats.
- De l’extérieur, le fait d’accueillir 15 accueils studio, avec 55 000 euros par an, me choquait. Je voulais recevoir seulement cinq artistes pour mieux les doter. Or, cela signifie cinq sorties de résidence et donc peu d’activité pour le CCN. On se retrouve très vite poussé dans le sens du saupoudrage dont nous subissons gravement les conséquences depuis 30 ans. Pour ce qui est de la fédération entre structures, nous constatons vite que chacun garde son petit pré carré, ce qu’il faudrait changer. »
Olivia Grandville
- « Nous faisons le même constat. Le gros enjeu est celui du choix de l’accompagnement. Accompagner mieux, moins de personnes, veut aussi dire plus de frustration de la part des compagnies qui se sentent moins accueillies et soutenues. En même temps, il faut tenter de mettre en œuvre une dégression, plutôt que d’aller dans le sens d’une surenchère et d’un émiettement des aides et des options d’accompagnement. La grande question qui se posera pour nos maisons est celle de la possibilité pour les subventions publiques d’être indexées sur l’inflation. Ce n’est pas le cas et nous faisons donc des mécontents à l’intérieur des structures comme à l’extérieur. »
Maëlle Poésy
« Le lien entre résidence et travail en coproduction est parfois complètement absurde » (Olivia Grandville)
- « Étant donné que les coproductions via les CCN sont assujetties à un accueil en résidence, je me suis souvent retrouvée, en tant qu’artiste, à accepter des résidences dont je n’avais pas besoin. Le lien entre résidence et travail en coproduction est parfois complètement absurde. Dans le secteur de la danse, nous sommes vraiment privés de travail sur le temps long, ce qui implique la réalisation de petits objets. Il serait judicieux que les résidences puissent fonctionner de manière coordonnée entre plusieurs lieux.
- Je défends des formes interdisciplinaires. Les accueils studio et les artistes associés sont deux choses différentes. Il est aussi intéressant de s’associer avec des gens qui viennent d’un autre champ. Nous avons deux compagnies associées qui sont deux collectifs et avec des esthétiques extrêmement différentes. Les accueillir constituait un choix complètement intéressé de ma part parce que, encore une fois, lorsqu’on arrive seul à la tête d’un CCN, il est bon d’avoir des forces vives sur place.
- C’est l’expérience que j’ai vécue avec le Lieu Unique
• Scène nationale
• Association loi 1901
• Créée le 01/01/2000 au sein de l’ancienne usine LU
• Revendique 100 000 spectateurs et 550 000 visiteurs par an
• Salles et espaces :
- Grand atelier…
, à partir de 2017, qui m’a permis de trouver l’énergie de candidater à un lieu. Patrick Gyger
Directeur général @ Fondation Plateforme 10, pôle muséal du Canton de Vaud(Suisse)
Auteur et curateur - 2005 : publie Les voitures volantes, Souvenirs d’un futur rêvé… (éd. Favre) 2017 … , le directeur de l’époque, m’avait proposé une association assez informelle qui relevait plutôt de l’implication, en reposant sur des missions de programmation. Il était très important de pouvoir d’abord passer de l’autre côté. Le travail artistique implique d’être un peu centré sur son œuvre. En allant voir des spectacles, nous ne sommes pas forcément en capacité d’accueillir le travail de l’autre. Il est important que des artistes soient associés à des programmations. Cela permet aussi d’inventer des choses, d’autres dispositifs de rencontre avec le public qui ne relèvent pas non plus de la médiation culturelle, qui sont des projets enracinés dans le projet artistique et qui, pensés par des artistes, peuvent avoir beaucoup plus d’efficacité qu’une multiplicité d’actions qui entrent dans le cadre de l’éducation artistique et culturelle. »
Olivia Grandville
- « Kevin Keiss, est un auteur et dramaturge associé à la direction, avec qui je collabore depuis une dizaine d’années. Nous avons travaillé à partir des manques que nous avions pu rencontrer en tant qu’artistes associés dans différents CDN et lieux pour développer le projet du Théâtre Dijon Bourgogne. Nous avons fait le constat que le dialogue avec les équipes permanentes et avec le territoire prenait souvent la forme d’une commande et pas forcément d’un vrai temps long de résidence pour connaître le territoire et rencontrer ses habitants.
- Nous avons des artistes associés qui sont metteurs et metteuses en scène, mais aussi des auteurs et autrices associé(e)s. Cela me paraît extrêmement important dans les maisons de création que sont les CDN, pour développer la question des écritures contemporaines, de leur diffusion et de leur production. Nous avons mis en place trois dispositifs à partir de notre expérience :
- Un premier qui s’appelle »La Croisée des routes« et qui permet aux artistes associés d’avoir un temps de laboratoire de plateau, pour réinventer un peu nos méthodologies. Nous sommes dans un système de production un peu acharné ou, chaque année, il faut se lancer dans une nouvelle création, une nouvelle production. Le temps de recherche en tant qu’artiste, de réunions de collaborateurs et de financement de ce travail de recherche n’existe quasiment plus. Nous avons donc proposé un temps de résidence de quinze jours à trois semaines, durant lequel un artiste peut inviter les collaborateurs qu’il souhaite. Il peut s’agir de plasticiens, de scénographes, mais aussi de chercheurs, de penseurs, de personnes de la société civile, pour travailler à partir d’une thématique. Cela permet d’avoir des maisons de création qui sont aussi des maisons de recherche.
- Le deuxième aspect consiste à passer commande à des auteurs pour des troupes permanentes constituées d’acteurs sortant des écoles nationales, qui sont associées au CDN pendant un an. Les artistes associés ou ces auteurs associés écrivent pour ces jeunes acteurs, puis font tourner le spectacle dans la région, dans les lycées et dans des lieux non-théâtraux. Cela permet à la fois de travailler sur l’insertion professionnelle des jeunes acteurs, mais aussi, pour les artistes associés, de travailler en collaboration sur le territoire.
- Enfin, nous souhaitions proposer aux artistes et auteurs associés d’être présents en résidence sur le territoire à l’année. L’objectif était d’avoir comme fil rouge les habitants et le territoire, mais que la forme reste libre. Cela me semblait très important pour ne pas terminer dans des carcans, dans une logique de commande, mais avoir un vrai temps de résidence et un vrai temps de partage avec les habitants, pour inventer des formes provenant de ces rencontres. Ils peuvent produire un film documentaire, une performance, une écriture de scène, un podcast, etc. Il doit s’agir d’un temps de recherche à la fois artistique pour eux, sur de nouvelles méthodologies de travail ou des envies de création possibles, et en même temps d’un vrai temps long de résidence sur le territoire. »
Maëlle Poésy
« Permettre aux artistes qui utiliseront cette chapelle de la configurer comme ils veulent » (Olivia Grandville)
- « Ces lieux et ces temporalités d’expériences d’incubation et de rencontres entre artistes hors des injonctions de production manquent quand même énormément. Nous ne sommes même plus sur la question de l’insertion professionnelle des danseurs. Ils sont formés, mais n’ont pas de compagnie, puisque les compagnies et les projets se réduisent à deux ou trois personnes. Face aux difficultés à entrevoir un avenir professionnel, ils produisent des pièces. Cela implique un encombrement absolument monstrueux, dont profitent largement les programmateurs. Cela ne coûte pas cher et permet de remplir ses plaquettes avec 60 projets différents à l’année. Je ne sais pas ce qui se passera en 2050, mais je sais ce que j’ai essayé de proposer dans le cadre de Mille Plateaux. Inventer d’autres modes d’adresse »
- Le lieu du CCN est une chapelle de 400 mètres carrés construite dans cette magnifique pierre blanche caractéristique de La Rochelle. Elle était intégralement pendrillonnée en noir, avec le transept occulté pour mettre des latéraux. Elle était éclairée toute la journée, malgré des vitraux de huit mètres de haut. Pour commencer, j’ai déshabillé la chapelle. Les boîtes noires sont de formidables boîtes à projection d’imaginaires, mais cela induit un rapport un peu vertical avec des gens en hauteur ou sur un plateau, debout, devant un public assis. Les théâtres font peur à beaucoup de gens ou en tout cas ne parlent pas à tout le monde, d’où l’importance d’inventer un autre rapport au public, d’autres modes d’adresse.
- Outre le fait de déshabiller cette chapelle, j’ai proposé de concevoir trois tribunes mobiles pour que les artistes qui utiliseront cette chapelle puissent la configurer comme ils veulent et que le public puisse avoir un autre rapport à l’espace traditionnel de monstration.
- J’ai aussi pensé un projet qui s’appelle l’Unité mobile d’action artistique. L’idée n’est pas de réinventer la roulotte ou le chapiteau, mais de proposer une structure gonflable pour penser des circuits courts de création et des temps longs sur les territoires. La région Nouvelle-Aquitaine est énorme avec des endroits ruraux qui ne sont pas des déserts culturels, mais qui n’ont pas d’outil institutionnel. En revanche, il y a des tentatives très intéressantes de tiers-lieux de festivals, des scènes de territoire qui produisent des efforts surhumains pour faire des choses. L’objectif est d’amener cette unité, comme une unité mobile hospitalière (le dispositif a été pensé pendant la crise du Covid), des moyens supplémentaires et de s’adosser à des structures pour étayer les projets. Il s’agit aussi de permettre aux gens, à travers un bel objet, de transformer leur regard sur leur habitat. »
Olivia Grandville
Olivia Grandville
Coprésidente @ Association des Centres Chorégraphiques Nationaux (ACCN)
Directrice @ Mille Plateaux - CCN de La Rochelle
• Née en 1964
• Danseuse et chorégraphe
• Créations :
- Débandade (2021)
- La Guerre des pauvres (2019)
- À l’Ouest (2018)
- Combat de Carnaval et Carême (2016)
- Le grand jeu (2014)
- Cinq Ryoanji (2012)
- Ci-Giselle (2010)
- Une semaine d’art (2010)
• Prix Nouveau talent de la SACD en 1996.
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Parcours
Directrice
Fondatrice et directrice
Artiste associée
Danseuse
Sujet
Danseuse
Fiche n° 43395, créée le 02/04/2021 à 12:00 - MàJ le 13/07/2023 à 10:37
Maëlle Poésy
Directrice @ Théâtre Dijon Bourgogne, Centre dramatique national
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Parcours
Directrice
Fondatrice
Artiste associée
Artiste associée
Fiche n° 44043, créée le 12/07/2021 à 11:21 - MàJ le 12/07/2021 à 14:16
Festival d’Avignon
• Festival dédié au spectacle vivant contemporain
• Créé en 1947 par Jean Vilar
• Dispose depuis 2013 d’un lieu permanent de résidence et de création avec la FabricA
• 79e édition : du 05 au 26/07/2025 (mêmes dates que le festival Off d’Avignon)
• 78e édition : du 29/06 au 21/07/2024 (dates avancées pour correspondre à la situation liée à l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024)
• 77e édition : du 05 au 25/07/2023
- 114 600 billets délivrés pour les spectacles payants
- 44 spectacles et 1 exposition, pour 258 représentations
• 76e édition (du 07 au 26/07/2022)
- 105 260 billets délivrés pour les représentations payantes
- 29 000 billets entrées aux manifestations gratuites
- 47 spectacles présentés pour 270 représentations jouées
• 75 édition du 05 au 25/07/2021
- Fréquentation totale : 123 912 entrées
• 74e édition prévue du 03 au 23/07/2020 annulée
• « Un Rêve d’Avignon » du 03 au 25/07/2020 : programme numérique et audiovisuel
• « Une Semaine d’art en Avignon » du 23 au 29/10/2020 (écourtée en raison du reconfinement) : 7 spectacles (5 créations et 2 premières en France) pour 35 représentations
• Directeur : Tiago Rodrigues (depuis le 01/09/2022)
• Directeur délégué : Pierre Gendronneau (depuis février 2023)
• Contact : 04 90 27 66 50
Catégorie : Festival / Salon
Adresse du siège
20 Rue du Portail Boquier84000 Avignon France
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Fiche n° 488, créée le 27/09/2013 à 13:23 - MàJ le 25/11/2024 à 10:19
News Tank Culture (NTC)
• Média d’information indépendant et innovant, spécialisé dans l’actualité de la musique, du spectacle vivant, des musées, monuments et du patrimoine et, depuis 2023, des nouvelles images.
• Création : septembre 2012
• Proposant à la fois un fil d’actualités, des dossiers de fonds, des interviews et de grands entretiens, des data et un annuaire des professionnels et des organisations, News Tank Culture s’adresse aux dirigeants et acteurs de la culture. Il organise également chaque année Think Culture, une journée d’échange et de débat autour de l’innovation dans le pilotage de la culture, avec la volonté de décloisonner les secteurs culturels.
• Direction :
- Bertrand Dicale, directeur général
- Anne-Florence Duliscouët, directrice de la rédaction
- Jacques Renard, directeur délégué Think Culture
- Alexis Bouhelier, directeur du développement
• News Tank Culture est une filiale de News Tank Network, créée par Marc Guiraud et Frédéric Commandeur, qui a également développé :
- News Tank Sport,
- News Tank Éducation et Recherche,
- News Tank RH Management,
- News Tank Cities,
- News Tank Mobilités,
- News Tank Énergies,
- News Tank Agro.
Le groupe emploie une centaine de collaborateurs.
Catégorie : Média
Maison mère : News Tank (NTN)
Adresse du siège
48 rue de la Bienfaisance75008 Paris France
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Fiche n° 6882, créée le 03/04/2018 à 03:02 - MàJ le 17/09/2024 à 17:06