Demandez votre abonnement gratuit d'un mois !

« On ne pouvait pas se permettre de jouer le Printemps de Bourges à pile ou face » (Boris Vedel)

News Tank Culture - Paris - Entretien n°202368 - Publié le 11/12/2020 à 10:20
- +
©  J-Y Le Grand-Bréban
©  J-Y Le Grand-Bréban

« Le W est la salle du Printemps de Bourges qui mobilise le plus de ressources, le plus d’artistes et le plus de personnel. Décider de la conserver conditionnait tout le reste, en termes de ressources, de moyens et d’attention. Or, vu le contexte et les incertitudes qui demeurent, on ne pouvait pas se permettre de jouer le Printemps à pile ou face. Nous savons qu’en mai 2021, il y a de fortes probabilités pour que nous n’ayons pas encore la main sur ce type de jauge. Et nous nous ne voulions pas conditionner la tenue du festival aux concerts du W, estimant que le Printemps existe aussi au travers d’autres formats », déclare Boris Vedel Directeur général @ Le Printemps de Bourges
, directeur du Printemps de Bourges (Cher), à News Tank le 11/12/2020.

Il évoque la 45e édition du festival, qui se tiendra du 04 au 09/05/2021 sous un « un nouveau format (…) compatible avec toutes les situations possibles ». Les concerts seront proposés dans un format assis, « modulable en fonction de la situation sanitaire ». « Le Printemps va en réalité beaucoup ressembler aux précédents. Nous allons produire des concerts dans toutes les salles habituelles, de la Cathédrale au Théâtre Jacques Cœur, en passant par l’Auditorium et la Halle au Blé (…). Nous faisons attention à aborder l’ensemble des esthétiques, y compris le rap, le rock et l'électro, qui pourraient être les plus impactées par ces contraintes. (…) De toute façon, le Printemps n’a jamais été un festival mono-format : son sens ne disparaît pas avec la suppression des concerts debout », indique-t-il.

Boris Vedel aborde également la complexité du financement de cette édition : « Nous manquons de visibilité, sur nos partenaires publics, institutionnels, professionnels et privés. Côté professionnels, les perspectives offertes par les sociétés civiles sont peu réjouissantes, notamment après l’arrêt de la CJUE Cour de justice de l’Union européenne du 08/09/2020, qui peut potentiellement avoir des conséquences très importantes sur leurs capacités à financer les festivals. (…) Les partenaires privés et mécènes du Printemps n’ont, à date, pas été recontactés, car ils traversent eux mêmes une période difficile, pendant laquelle il serait malvenu de les solliciter ».

Boris Vedel répond aux questions de News Tank.


Le Printemps de Bourges 2021 se déroulera dans un nouveau format, « compatible avec toutes les exigences sanitaires requises », mais sans les concerts sous le chapiteau W, soit la plus grosse jauge du festival. La décision a-t-elle été difficile à prendre ? 

Je suis avant soulagé de l’avoir prise, cela m’a permis de retrouver une certaine liberté d’action. Certes, le W est l’un des poumons économiques du Printemps, et le lieu où il y a la plus grande expression populaire du festival. La fréquentation, pendant les soirées jumelées avec le Palais d’Auron, peut monter jusqu'à 12 000 personnes. Le W est, logiquement, la salle qui mobilise le plus de ressources, le plus d’artistes et le plus de personnel. Décider de la conserver conditionnait tout le reste, en termes de ressources, de moyens et d’attention.

Or, vu le contexte et les incertitudes qui demeurent, on ne pouvait pas se permettre de jouer le Printemps à pile ou face. Nous savons qu’en mai 2021, il y a de fortes probabilités pour que nous n’ayons pas encore la main sur ce type de jauge. Et nous nous ne voulions pas conditionner la tenue du festival aux concerts du W, estimant que le Printemps existe aussi au travers d’autres formats. Il nous fallait donc partir d’une formule intégrant les contraintes sanitaires de ces derniers mois, ce qui nous a incité à privilégier des concerts en format assis, formule qui pourra évoluer en fonction de l’amélioration de la situation sanitaire.

À quoi ressemblera le Printemps dans son nouveau format, tel que vous le travaillez actuellement ?

Il va en réalité beaucoup ressembler aux précédents. Nous allons produire des concerts dans toutes les salles habituelles du Printemps, de la Cathédrale au Théâtre Jacques Cœur, en passant par l’Auditorium et la Halle au Blé, dans laquelle nous maintenons les deux concerts « Rap2dayZ ». Les Inouïs sont eux aussi maintenus, même si nous n’avons pas encore arbitré sur la salle qui les accueillera. Le Printemps dans la ville, soit toute l’offre proposée en libre accès dans les rues de Bourges, est également conservé, mais ne nous ne savons pas encore dans quelles conditions nous y accueillerons le public.

On dit d’habitude que c’est au Printemps que tout commence. Mais l’an prochain, c’est là que tout va renaître »

La programmation sera, elle, dévoilée le 09/02/2021. Nous avons évidemment déjà une idée de ce nous voulons faire. Nous travaillons sur des formats orignaux avec les artistes, notamment ceux qui ont été annulés et/ou reportés. Il sont enthousiastes et ont envie de remonter sur scène, qui plus est au Printemps, le festival qui traditionnellement ouvre la saison. Sa symbolique aura une vraie signification en 2021. On dit d’habitude que c’est au Printemps que tout commence. Mais l’an prochain, c’est là que tout va renaître.

Recentrer le Printemps dans les salles de la ville, devant un public assis, vous donne-t-il moins de latitude d’un point de vue artistique ?

Nous faisons attention à aborder l’ensemble des esthétiques, y compris le rap, le rock et l'électro, qui pourraient être les plus impactées par ces contraintes. Nous travaillons sur des jauges assises et restreintes, mais, je le répète, rien ne nous empêche d’évoluer sur les conditions d’accueil si l'étau se desserre. De toute façon, le Printemps n’a jamais été un festival mono-format : son sens ne disparaît pas avec la suppression des concerts debout. Et à ce titre, on a vu que le Printemps Inouïs, manifestation à destination des professionnels organisée à Bourges en septembre dernier en configuration assise, a très bien fonctionné malgré son format singulier. C’est avant tout une question d'état d’esprit.

Une formule évolutive telle que vous la prévoyez ne risque-t-elle pas de rendre la commercialisation des billets trop compliquée ?

Nous commercialiserons la billetterie en fonction des conditions qui nous serons offertes le 09/02/2021, lorsque nous communiquerons la programmation. Si à cette date la règle est de jouer assis et avec une distanciation physique, alors nous vendrons les billets en tenant compte de ces contraintes. Toutefois, étant donné la programmation que nous proposerons, je crois que les salles afficheront complet très vite. Nous serons donc sur le qui-vive pour augmenter nos jauges quand les conditions s’amélioreront, et répercuter cette augmentation sur la billetterie mise en vente.

Y a-t-il un modèle économique pour cette édition 2021 un peu singulière ?

Les collectivités et l’État ont été exemplaires en 2020. Ils sont pour l’heure rassurants quant à 2021 ; il faudra s’assurer que cela se concrétise »

Il va falloir financer ce Printemps, et cela n’est pas simple. Nous manquons de visibilité, sur nos partenaires publics, institutionnels, professionnels et privés. Côté professionnels, les perspectives offertes par les sociétés civiles sont peu réjouissantes, notamment après l’arrêt de la CJUE Cour de justice de l’Union européenne du 08/09/2020, qui peut potentiellement avoir des conséquences très importantes sur leurs capacités à financer les festivals. La Sacem Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique a, elle, indiqué qu’elle ne pourrait allouer des ressources dans des niveaux similaires aux années précédentes. Toute cette partie du financement du festival va donc être compliquée. Les partenaires privés et mécènes du Printemps n’ont, à date, pas été recontactés, car ils traversent eux mêmes une période difficile, pendant laquelle il serait malvenu de les solliciter. Les collectivités et l’État ont été, en 2020, exemplaires, nous permettant de ne pas chavirer. Ils sont pour l’heure rassurants quant à 2021; il faudra s’assurer que cela se concrétise. Une fois la programmation annoncée, il va bien falloir financer cette édition 2021, qui sera toutefois construite sur un budget moins important que les années précédentes, car il y aura des ressources et des dépenses en moins.

Le remboursement des billets des spectacles reportés du W participent-ils à rendre cette année 2021 compliquée ?

Le remboursement des billets du W est une contrainte supplémentaire sur cette édition 2021, mais elle fait partie du calcul et elle est surmontable.

Après une édition 2020 annulée et une édition 2021 chamboulée, le Printemps va-t-il être impacté durablement par la crise ?

Un retour à la normale d’un point de vue économique pas avant l'édition 2023 »

L’année 2020 a été annulée mais l’État et le collectivités, ainsi que certains partenaires privés comme le Crédit Mutuel, ont été au rendez-vous. En 2021, nous ferons tout pour atteindre l'équilibre évidemment, même s’il est probable que cela ne soit pas le cas en bout de course étant donné les zones d’incertitudes qui subsistent encore. Le retour à la normale d’un point de vue économique pour le Printemps de Bourges ne se fera pas avant l'édition 2023. Car 2022 risque probablement d'être encore pénalisée par 2021 et 2020.

Boris Vedel


Consulter la fiche dans l‘annuaire

Parcours

Le Printemps de Bourges
Directeur général
Morgane Groupe
Directeur général Morgane Events
Naïve
Label Manager
EMI Music France
Chef de projet

Fiche n° 11987, créée le 15/06/2015 à 13:27 - MàJ le 25/05/2021 à 12:04

Le Printemps de Bourges

Festival de musiques actuelles se déroulant à Bouges (Cher)
Création : 1977
• Fondateurs : Daniel Colling, Alain Meilland, et Maurice Frot
Racheté par C2G, filiale commune de Morgane Groupe et du Groupe Télégramme, le 22/12/2013

• 48e édition, du 23 au 28/04/2024

• 47e édition, du 18 au 23/04/2023,
« plus de 250 000 festivaliers » tous sites confondus et « près de 5 000 professionnels accrédités »
• 46e édition, du 19 au 24/04/2022 : « près de 200 000 festivaliers » tous sites confondus et 4 000 professionnels accrédités
• 45e édition, du 22 au 27/06/2021 : « environ 15 000 personnes » dans les salles
• 44e édition, du 21 au 26/04/2020 : annulée
• 43e édition du 16 au 21/04/2019 : 200 000 festivaliers « dans ses salles et les rues de la ville »

• Directeur général : Boris Vedel, depuis 2015
Directrice générale adjointe : Pauline Curel, depuis 2023
• Directeur artistique : Jean-Michel Dupas, depuis 2013

• Contact :
Cécile Legros, relations presse
Tél. : 06 25 94 62 04


Catégorie : Festival / Salon


Adresse du siège

6 Rue Escudier
92100 Boulogne-Billancourt France


Consulter la fiche dans l‘annuaire

Fiche n° 50, créée le 27/09/2013 à 13:23 - MàJ le 29/02/2024 à 10:43

©  J-Y Le Grand-Bréban
©  J-Y Le Grand-Bréban