« Une production par an pensée dans une démarche d’éco-conception » (A. Chamboredon, La Monnaie)
« Le secteur culturel a évidemment un rôle à jouer et une contribution à apporter dans la démarche de transition écologique. Une politique réelle et visible en faveur de l’écologie peut avoir des effets positifs sur les publics accueillis, qu’ils soient jeunes, adultes, chefs d’entreprises… On ne peut plus mettre en œuvre des mesures à la marge de notre activité. La stratégie en matière de développement durable doit être intégrée au cœur de notre activité », déclare Agathe Chamboredon, gestionnaire financière du Théâtre de la Monnaie de Bruxelles (Belgique), à l’occasion de la table-ronde « Culture et RSE
Responsabilité sociétale des entreprises
: se parler pour agir » organisée par le Théâtre du Châtelet
• Théâtre musical de Paris.• Bâtiment construit par Gabriel Davioud, également architecte du Théâtre-Lyrique (aujourd’hui Théâtre de la Ville) sur la place du Châtelet.• Inauguration le…
(Paris 1er) le 05/12/2019. La maison d’opéra belge a décidé de « “labelliser” chaque année une production “green”, pour laquelle un cahier des charges précis est donné aux artistes pour penser l’œuvre dans une démarche d’éco-conception ».
« Le Carreau du Temple
Équipement polyvalent de la Ville de Paris (géré par une société publique locale)
• Réouverture après rénovation en avril 2014 après quatre ans de travaux (60 M€).
• Espace de 6 500 m…
reçoit des événements de toute nature. Nous avons inclus dans les contrats de cession des spectacles accueillis, une clause interdisant l’usage des bouteilles en plastique. Les artistes et compagnies réagissent plutôt très bien à cette clause. Notre objectif est désormais de l’inclure dans les contrats de location avec les entreprises souhaitant louer nos espaces. C’est plus complexe car les enjeux économiques et financiers sont plus importants », indique pour sa part Guillaume Perez, adjoint à la directrice du Carreau du Temple (Paris 3e).
News Tank rend compte des échanges.
« Labelliser une production “green” par an » (Agathe Chamboredon)
- « La Monnaie a démarré une approche d’éco-gestion dès 2002 en recrutant un salarié à mi-temps sur cette question.
- La première approche a été de mettre en place des mesures pour agir sur la consommation énergétique, le tri des déchets et les déplacement des salariés par exemple.
- Entre 2015 et 2017, le bâtiment de La Monnaie a fait l’objet d’une rénovation importante. Dans ce contexte, nous avons essayé d’inclure un volet énergétique : isolation, toiture verte, nouvelle chaufferie centralisée. Autant d’éléments qui contribuent à réduire notre consommation d’énergie.
- La Monnaie a parallèlement dû prendre la décision de détruire beaucoup de décors qui n’étaient plus réutilisables en l’état. Cette réalité nous a poussés à poursuivre et renforcer notre réflexion, laquelle a trouvé un écho auprès des équipes chez qui nous observons depuis la saison dernière une mobilisation plus forte sur ce sujet.
- On ne peut plus mettre en œuvre des mesures à la marge de notre activité. La stratégie en matière de développement durable doit être intégrée au cœur de notre activité. Le secteur culturel a évidemment un rôle à jouer et une contribution à apporter dans la démarche de transition écologique.
- La Monnaie est l’institution fédérale de la Belgique installée à Bruxelles. À ce titre, elle est un acteur important de la Ville et a un rôle de prescripteur à endosser. C’est pourquoi, une politique réelle et visible en faveur de l’écologie peut avoir des effets positifs sur les publics accueillis, qu’ils soient jeunes, adultes, chefs d’entreprises…
- Nous avons aussi mobilisé les artistes auxquels nous faisons des commandes pour qu’ils imaginent des créations qui intègrent la question environnementale.
- Notre politique de développement durable est ambitieuse. Mais nous devons aussi rester très pragmatiques en construisant des plans d’action très précis. Nous nous concentrons donc sur deux points en particulier :
- Le bâtiment et son fonctionnement général (suppression des bouteilles en plastique, mise en place du tri…)
- Le processus de production. On ne peut pas révolutionner la production artistique, la scénographie ou la confection des costumes. C’est pourquoi nous avons décidé de “labelliser” chaque année une production pour que celle-ci soit la plus “green” possible. Les artistes ont un cahier des charges précis pour penser la production dans une démarche d’éco-conception. Nous nous engageons aussi à tout faire pour assurer une mobilité plus durable, réduire la toxicité des produits que nous utilisons, étendre au maximum l’usage de matériaux écologiquement responsables et prolonger le cycle de vie des matériaux existants en les réutilisant.
- Il faut aussi que les établissement puissent s’équiper d’un outil de mesure du bilan carbone. Nous sommes en train de finaliser le nôtre qui mesurera à la fois les activités générales du lieu mais également les effets liés aux productions. Cet outil nous aidera à améliorer d’une année sur l’autre le cahier des charges des productions labellisées éco-responsables. »
Agathe Chamboredon
« 99 % de la consommation d’énergie du musée du Louvre sont liés aux visiteurs » (Maxime Caussanel)
- « Le musée du Louvre est engagé en faveur du développement durable depuis presque 10 ans mais on parle de RSO Responsabilité sociétale des organismes seulement depuis fin 2015. Avant cette date, on se basait plus sur la démarche “État exemplaire” (mise en œuvre en 2008 et visant à intégrer les objectifs de développement durable dans le fonctionnement des administrations, NDLR) mais sans véritable coordination ni stratégie.
- À partir de 2015 et l’intégration d’un objectif de RSO dans le contrat de performance du musée, nous avons pu structurer l’ensemble de nos actions. Cela a donné lieu à la mise en œuvre de deux stratégies : la première sur la période 2015-2017 et la deuxième, en cours, sur la période 2018-2020.
- La stratégie en cours se décline selon trois missions :
- Le volet sociétal-culturel : l’ouverture du musée à tous les publics
- Le volet social : les politiques de ressources humaines (intégration de personnes en situation de handicap, égalité femmes-hommes, prévention des discriminations, qualité de vie au travail…)
- Le volet environnemental (économies d’énergie, gestion des déchets, mobilité durable, action pour la biodiversité)
- Le musée a réalisé un bilan carbone en 2010 à partir duquel a été mis en place un plan visant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre (déchets, climatisation, électricité, énergie et chauffage).
- Le bilan des émissions de gaz à effet de serre et le bilan carbone sont réalisés tous les 3-4 ans. Ils nous permettent d’identifier les plus grosses sources d’émission de CO2.
- Aujourd’hui, 99 % de la consommation d’énergie du musée sont liés aux visiteurs. Notre matériel de climatisation-chauffage est changé régulièrement, mais nous ne savons pas encore résoudre cette équation complexe qui est d’ouvrir le musée à un maximum de visiteurs tout en diminuant l’empreinte carbone globale du musée.
- Nous avons une bonne gestion des déchets au sein du musée avec un tri de l’ensemble des déchets générés par nos activités. Nous sommes à peu près à 1 200 tonnes de déchets par an tous déchets confondus (déchets des expositions, déchets des chantiers, déchets générés par le public et le personnel), ce qui correspond au volume d’une ville de 20 000 ou 30 000 habitants.
- Nous nous intéressons par ailleurs de plus en plus à l’économie circulaire dans le cadre des expositions, des déménagements ou des changements de mobilier qui génèrent un important volume de déchets. Nous réfléchissons notamment à l’éco-conception des expositions. Nous ne sommes pas encore très performants sur ce point car il y a beaucoup d’acteurs et de contraintes scénographiques, mais la réflexion est posée. »
Maxime Caussanel
« Une clause dans les contrats de cession interdisant l’usage des bouteilles en plastique » (Guillaume Perez)
- « Sandrina Martins
Directrice générale @ Le Carreau du Temple
, directrice du Carreau du Temple, a souhaité, dès son arrivée, initier une démarche de réduction des déchets. Il a donc été décidé de supprimer les bonbonnes d’eau, d’installer des poubelles de tri dans chaque bureau et d’utiliser du papier recyclé. - Nous avons aussi engagé un partenariat avec l’opérateur public Eau de Paris - avec qui nous avons par ailleurs travaillé dans le cadre de notre programme de résidences en entreprise PACTe. Ce partenariat comprend l’installation de deux fontaines à eau en accès libre dans nos espaces. Cette initiative a trouvé un écho favorable auprès de nos publics.
- Parallèlement, nous avons décidé de ne plus vendre de bouteilles en plastique au bar. Nous les avons remplacées par des emballages écologiques Tetra Pak.
- Plus largement, nous essayons de proposer le plus possible des produits bio au bar. Le Carreau du Temple travaille aussi avec Linkee, solution solidaire au gaspillage alimentaire, dans le cadre du festival Food Temple dédié à la gastronomie, que nous accueillons chaque année en septembre.
- Le Carreau du Temple reçoit des événements de toute nature. Nous avons inclus dans les contrats de cession des spectacles accueillis, une clause interdisant l’usage des bouteilles en plastique. Les artistes et compagnies réagissent plutôt très bien à cette clause. Notre objectif est désormais de l’inclure dans les contrats de location avec les entreprises souhaitant louer nos espaces. C’est plus complexe car les enjeux économiques et financiers sont plus importants.
- Enfin, nous dédions cette saison notre cycle de rencontres et de débats à l’urgence climatique avec la participation, chaque mois, du climatologue Jean Jouzel. C’est une manière de sensibiliser nos publics à ce sujet. »
Guillaume Perez
« La révolution digitale est une goutte d’eau en comparaison de la révolution durable qui se profile » (Arnaud Herrmann)
- « On vit une période sans précédent d’accélération de la prise en compte des questions liées au développement durable. En l’espace d’un an, les choses ont changé d’une manière incroyable. C’est une excellente nouvelle mais c’est un peu tardif. Il aurait été préférable que cette prise de conscience intervienne cinq ou dix ans plus tôt. Néanmoins, nous ne sommes aujourd’hui plus dans la contrainte de devoir justifier pourquoi il faut changer les choses. Par ailleurs, toutes les forces de pression de la société (citoyens, pouvoirs publics, entreprises) ont compris que nous étions face à une urgence climatique.
- Le mouvement en cours n’est pas un effet de mode. Plus tôt la problématique de réchauffement climatique sera intégrée par nos dirigeants, plus tôt nous pourrons nous projeter dans une évolution à moyen terme.
- Le modèle capitalistique qui s’est développé depuis la révolution industrielle est à bout de souffle parce que les ressources planétaires ne sont plus en capacité de supporter le rythme de développement et les activités économiques mises en place au niveau mondial. Ce modèle a aussi généré des tensions extrêmement fortes qui se traduisent en termes d’inégalités.
- On vient à peine d’effleurer les questions que soulève la nécessité d’intégrer les considérations environnementales et sociales dans nos sociétés, nos organisations et nos entreprises. Dans le monde de l’entreprise, on a beaucoup parlé de la révolution digitale qui a eu des impacts considérables. Mais cette révolution digitale est une goutte d’eau en comparaison de la révolution durable qui se profile devant nous. La révolution durable est une révolution en profondeur, systémique qui va changer absolument toutes les composantes de l’entreprise et de la société.
- Je suis convaincu que le monde de la culture et des arts a un rôle à jouer dans cette transition. Car, au-delà du problème économique que cela génère, c’est à un vrai problème de modèle de société que nous sommes confrontés. La question n’est plus de savoir s’il faut réduire nos émissions de gaz à effet de serre ou être attentif au plastique - bien sûr il le faut. La priorité est aujourd’hui de définir le modèle de société que nous voulons.
- Le monde des arts et de la culture, qui a un rôle d’instruction, de témoignage, d’interpellation et de sensibilisation, peut accompagner cette transition et rendre désirable le nouveau modèle de société qui se profile et ce qu’il peut apporter.
- Le problème qui se pose aujourd’hui est de faire en sorte que nos activités ne portent pas de pression sur la planète.
- Notre responsabilité en tant qu’entreprise n’est aujourd’hui plus seulement de neutraliser la pression que l’on fait porter à la planète mais également d’apporter une contribution au bien commun et à l’intérêt général. Pour Accor par exemple, nous savons que le comportement de nos hôtes est très proche de celui qu’ils ont dans la vie de tous les jours. C’est pourquoi, nous avons la responsabilité d’éduquer et d’accompagner nos clients pour qu’ils acquièrent de bons réflexes en matière de consommation d’eau et d’énergie ou de consommation alimentaire par exemple.
- Au sein d’une entreprise, les leviers d’action sont multiples. Il n’y a pas de solution magique. La première chose à faire est de se donner un cap et de définir à quels endroits on porte une pression sur la planète. On ne peut pas agir sur tous les sujets en même temps. Il est donc important de définir des priorités. »
Arnaud Herrmann
Théâtre du Châtelet
• Théâtre musical de Paris.
• Bâtiment construit par Gabriel Davioud, également architecte du Théâtre-Lyrique (aujourd’hui Théâtre de la Ville) sur la place du Châtelet.
• Inauguration le 19/08/1862.
• Fermeture pour travaux de rénovation entre 2017 et 2019 (31,5 M€ : 26,5 M€ financés par la Ville de Paris et 5 M€ de mécénat). Réouverture les 13, 14 et 15/09/2019.
• Présidente du conseil d’administration : Natalie Rastoin (depuis le 03/07/2024)
• Directeur : Olivier Py (depuis le 01/02/2023)
• Contact : Édouard Dagher, responsable du service presse et secrétaire général adjoint
• Tél. : 01 40 28 29 30
Catégorie : Théâtre
Adresse du siège
2 rue Edouard Colonne75001 Paris France
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Fiche n° 169, créée le 27/09/2013 à 13:23 - MàJ le 19/11/2024 à 13:30