MaMA 2018 : « Le Brexit impactera tous les petits artistes mais pas Ed Sheeran » (Michael Dugher)
« UK Music a déjà formulé des propositions pour garantir la libre-circulation des artistes entre notre pays et l’UE
Union européenne
. Parmi elles, la mise en place d’un visa spécial pour les artistes et interprètes qui leur permettra un déplacement facile entre le Royaume-Uni et les pays de l’Union européenne. Le Brexit n’aura sans doute pas d’impact pour Ed Sheeran ou Adele. Mais nous devons penser à tous ces artistes qui ont besoin de performer en dehors du Royaume-Uni pour construire leur carrière. Si l’on commence à fermer les frontières, il est certain que le Royaume-Uni ne sera plus en capacité de générer les talents de demain », déclare Michael Dugher, PDG
Président-directeur général
de UK Music qui fédère l’ensemble des professionnels de la musique britanniques, lors de la table ronde « Brexit : qu’est-ce que cela signifie ? », organisée dans le cadre du MaMA, le 18/10/2018.
« Aujourd’hui les artistes britanniques ressentent déjà les impacts du Brexit, alors même qu’aucun accord n’a été signé. La réalité est qu’ils sont beaucoup moins bookés par les salles européennes. (…). Alors que les tournées ne sont déjà pas rentables pour ces petits artistes, les coûts supplémentaires engendrés par l’obtention des visas et les taxes douanières les empêcheront définitivement de performer en Europe », indique pour sa part Annabella Coldrick, directrice générale de Music Managers Forum.
News Tank rend compte des échanges.
« Le Royaume-Uni ne sera plus en capacité de générer les talents de demain » (Michael Dugher)
- « Si les négociations se jouent actuellement entre Theresa May, Premier ministre britannique, et Michel Barnier, négociateur en chef de l'UE Union européenne pour le Brexit, Theresa May a par ailleurs fort à faire au sein du pays pour arriver à un relatif consensus. Il faut bien comprendre que le Parlement est très divisé sur ce sujet. C’est également le cas du propre parti de Theresa May (Parti conservateur).
- Ce qui se profile aujourd’hui, c’est la prolongation de la période de transition au-delà des 18 mois initialement prévus après la sortie réelle du Royaume-Uni de l’UE en mars 2019. Cela devrait permettre, selon les observateurs, la négociation d’un accord le meilleur possible, et pour le Royaume-Uni et pour l’UE. Ce que l’on constate aujourd’hui, c’est la difficulté à trouver des solutions politiques viables pour tout le monde. Mais nous devons garder à l’esprit que les Britanniques ont voté à 52 % pour le Brexit lors du référundum. Et pour Theresa May, il s’agit avant tout aujourd’hui de ne pas trahir ce vote.
- Évidemment, l’ensemble du secteur de la musique est inquiet quant aux impacts du Brexit, et ce quelle que soit l’opinion des uns et des autres. Personne ne peut dire aujourd’hui ce qui va arriver. Tout est encore très incertain.
- UK Music a déjà formulé des propositions pour garantir la libre-circulation des artistes entre notre pays et l’UE. Parmi elles, la mise en place d’un visa spécial pour les artistes et interprètes. Ce visa leur permettra un déplacement facile entre le Royaume-Uni et les pays de l’UE. Le Brexit n’aura sans doute pas d’impact pour Ed Sheeran ou Adele. Mais nous devons penser à tous ces artistes britanniques qui ont besoin de performer en dehors du Royaume-Uni pour construire leur carrière. Si l’on commence à fermer les frontières, il est certain que le Royaume-Uni ne sera plus en capacité de générer les talents de demain. Les échanges culturels participent de la vitalité de nos propres formes artistiques.
- La réponse qui nous a été donnée pour le moment est la création d’un passeport sur la base des compétences plutôt que sur la nationalité. Pour les artistes, ces compétences pourraient être les données de streaming, les concerts déjà réalisés… Mais les petits artistes peu connus qui veulent performer hors de nos frontières ne peuvent justifier de ces compétences, justement parce qu’ils ne sont pas connus. Nous avons donc encore des montagnes à gravir pour que tout cela soit acceptable. La possibilité d’un accord commercial avec les États-Unis est un aspect positif du Brexit pour la musique, mais l’approche protectionniste du président Trump rend cette tâche difficile à réaliser.
- Concernant la législation sur les droits d’auteurs à l’œuvre en Europe, le Gouvernement britannique nous a garanti qu’elle serait retranscrite à l’identique dans la législation britannique. Nous sommes donc plutôt rassurés sur ce point mais restons tout de même très vigilants. Notre inquiétude reste vive quant à la force de lobbying des GAFAN
Google, Apple, Facebook, Amazon, Netflix
sur nos politiques. »
Michael Dugher
« Les artistes de renommée mondiale s’en sortiront toujours mais pour tous les autres il deviendra vraiment compliqué de tourner hors du Royaume-Uni » (Annabella Coldrick)
- « Aujourd’hui les artistes britanniques ressentent déjà les impacts du Brexit, alors même qu’aucun accord n’a été signé. La réalité est qu’ils sont beaucoup moins bookés par les salles européennes. Le Brexit a déjà un impact sur la réputation même du Royaume-Uni à l’international.
- La principale préoccupation des managers britanniques concerne notre capacité à accéder au marché européen pour les tournées de nos artistes. Les artistes de renommée mondiale s’en sortiront toujours mais pour tous les autres il deviendra vraiment compliqué de tourner hors du Royaume-Uni. Alors que les tournées ne sont déjà pas rentables pour ces petits artistes, les coûts supplémentaires engendrés par l’obtention des visas et les taxes douanières les empêcheront définitivement de performer en Europe.
- Avec la fin de la libre-circulation des biens, les artistes qui souhaitent se produire en Europe devront déclarer tout leur matériel - jusqu’aux baguettes de batterie… - sur le “Carnet” qui régit le transport transfrontalier des équipements. Si tout le matériel n’est pas présent au retour, les artistes devront s’acquitter d’une taxe. »
Annabella Coldrick
« Le Brexit sera un obstacle majeur dans la venue des artistes africains au Royaume-Uni » (Clémentine Bunel)
- « Je travaille beaucoup avec des artistes africains. Le Brexit sera un obstacle majeur dans leur venue au Royaume-Uni. Pour venir, ils devront s’engager dans un processus très complexe :
- être sponsorisés par des agences britanniques,
- avoir un visa de travail d’un coût de 234 £,
- fournir des tests médicaux s’ils viennent plus de six mois et payer un forfait pour leur sécurité sociale.
- Très souvent un spectacle africain demande la venue d’une dizaine de personnes. Imaginez-donc le budget qu’ils devront avoir pour quelques dates au Royaume-Uni…
- Par ailleurs l’obtention du visa de travail est un processus long et compliqué. À cela s’ajoute le fait que tous les pays africains n’ont pas de consulat britannique, ce qui oblige par exemple les artistes maliens à se rendre au Sénégal pour obtenir leur visa. »
Clémentine Bunel
« Le marché connaît déjà des répercussions » (Isla Angus)
- « Alors qu’aucun accord n’est encore signé, le marché connaît déjà des répercussions. On ne peut pas faire de planning de tournées pour les artistes étrangers avec qui nous travaillons.
- Et même si les artistes acceptaient de faire toutes les démarches pour venir au Royaume-Uni, les festivals dans lesquels ils pourraient se produire ne seront plus concurrentiels en raison de la dépréciation de la livre sterling qu’entraînera nécessairement le Brexit. Les festivals, qui attirent pourtant chaque année 500 000 festivaliers, risquent très certainement d’être désertés par les artistes internationaux. L’impact sur le tourisme sera important.
- Lors des premières réunions que nous avons pu avoir avec les parlementaires, on comprend que des choses seront menées pour faciliter la circulation des grands ensembles et orchestres britanniques en Europe. Mais qu’en est-il des petits groupes et artistes moins connus ? Ce sont eux qui seront les plus touchés par le Brexit.
- C’est aussi l’économie même du secteur qui sera impactée. Les entreprises spécialisées dans la production ou la scénographie pourraient relocaliser leur activité dans des pays européens. »
Isla Angus
« L’imposition des revenus et la sécurité sociale sont les grands enjeux du Brexit pour les artistes » (Dick Molenaar)
- « Le Brexit pose deux grands enjeux pour les artistes :
- La situation fiscale et l’imposition des revenus. Il faudra sans doute négocier avec l’ensemble des États membres pour permettre aux artistes britanniques de rester concurrentiels.
- La sécurité sociale. Le Brexit pourrait remettre en cause les dispositions de coordination prévues par les règlements qui s’appliquent actuellement entre le Royaume-Uni et ses partenaires européens.
- Quand je lis les différents médias européens, il me semble que le Brexit ne fait pas la Une de l’actualité, comme si les citoyens européens n’étaient pas véritablement concernés… C’est pourtant important. Lorsque l’accord entre le Royaume-Uni et l’UE entrera en vigueur, les choses changeront très certainement. »
Dick Molenaar
MaMA
• Marché des musiques actuelles (convention et festival)
• Convention organisée au Trianon, à l’Elysée Montmartre, au Centre FGO Barbara et au lycée Jacques Decour.
• Concerts organisés à La Cigale, à La Boule Noire, aux Trois Baudets, à la Machine du Moulin Rouge, au Backstage by the Mill…
• Production assurée par la société Vox’Pop Collective depuis 2024
• Fréquentation 2024 : 6 755 participants
• 2023 : 7 125 participants
• 2022 : 6 823 participants
• 2021 : 6 589 participants
• 2020 : édition annulée
• 2019 : 6 398 participants
• 2018 : 5 925 participants
• 2017 : 5 620 participants
• 2016 : 5 345 participants
• 2015 : 4 625 participants
• 2014 : 4 372 participants
• 2013 : 3 800 participants
• 2012 : 3 256 participants
• 2011 : 2 448 participants
• Directeur général : Fernando Ladeiro-Marques
• Secrétaire générale : Bénédicte Froidure
• Contact : Cécile Legros, attachée de presse
Tél. : 06 25 94 62 04
Catégorie : Agence
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Fiche n° 53, créée le 27/09/2013 à 13:23 - MàJ le 18/10/2024 à 18:37