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Think Culture 2018 : « La culture est un facteur de cohésion des territoires  » (Myriam Picot)

Paris - Actualité n°127727 - Publié le 07/09/2018 à 13:20
©  Seb Lascoux
©  Seb Lascoux

« Quand la métropole de Lyon a été créée le 01/01/2015, sa lettre de mission demandait de diminuer les subventions de 6 %, alors que les acteurs culturels attendaient un guichet supplémentaire de subventions. Malgré cela, la culture était reconnue comme un facteur de cohésion des territoires, et donc comme un élément à développer. Après avoir été à la rencontre des 59 communes de la métropole pour établir leurs besoins en matière culturelle, nous construisons actuellement la politique culturelle à venir, avec des premières délibérations fin 2018 et début 2019. Nos nouvelles actions consisteront notamment à subventionner de nouveaux événements qui ont acquis une légitimité nationale et internationale, mais aussi à faire pénétrer le secteur de la solidarité par la culture », déclare Myriam Picot, vice-présidente déléguée à la culture de la métropole de Lyon, lors de l’atelier « Les métropoles et la culture : quelles avancées, quelles coopérations ? », organisé dans le cadre de la 3e édition de Think Culture à l’université Paris-Dauphine le 04/09/2018. 

« La question du rôle d’une métropole se pose : est-il d’aménager le territoire ou d'être un échelon administratif supplémentaire ? Quoi qu’il en soit, il faut qu’il existe une vision partagée du territoire », ajoute Michel Roussel, directeur de la DRAC Direction régionale des affaires culturelles Bretagne.

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« Une métropole renvoie d’abord une notion de géographie urbaine qui désigne une très grande ville, un lieu d’articulation entre le niveau global et le niveau local, un lieu de concentration, de flux d’activité et de pouvoir, mais aussi un nouvel espace accueillant des formes de développement économiques singuliers. En France, depuis 2010, c’est également une entité politico-insitutionnelle dans l’organisation territoriale, renforcée par la loi Maptam en 2014, qui concerne des territoires de plus de 400 000 habitants. Depuis le 01/01/2018, dix-neuf métropoles de droit commun ont été créées, auxquelles s’ajoutent trois métropoles à statut particulier : Grand Paris, Aix-Marseille-Provence et la métropole de Lyon, seule à constituer non pas un EPCI mais une collectivité territoriale dotée des compétences de métropole et de département.

Cependant, la loi Maptam reste assez floue sur les devoirs et pouvoirs des métropoles en matière culturelle. Une première indication leur donne la possibilité d'élaborer un projet d’aménagement et de développement économique, écologique, éducatif, culturel et social sur leur territoire et une deuxième indication précise qu’elles disposent de compétences de construction, d’aménagement, d’entretien, de fonctionnement d'équipements culturels et socio-culturels. En conséquence, il n’y a pas de modélisation possible ; chaque métropole est un cas particulier, dans lequel les configurations politiques et territoriales pèsent fortement. Pour autant, sont-elles un lieu d’innovation de politique culturelle ? »

Vincent Guillon, directeur adjoint de l’Observatoire des politiques culturelles

« L’intégralité du territoire doit bénéficier des grands équipements et événements de la ville-centre » (Myriam Picot)

  • Myriam Picot - ©  Seb Lascoux
    « La Métropole de Lyon est un cas particulier, qui va sans doute préfigurer la construction d’autres métropoles. La métropole, qui comporte 59 communes d’une grande variété de taille et de population, se trouve à l’extérieur du département du Rhône. Elle a hérité à la fois des compétences obligatoires du Département sur son territoire et englobé les réalisations de la communauté urbaine de Lyon. Cette situation nous a contraints dès sa création le 01/01/2015 à constituer un service Culture.
  • Gérard Collomb, qui était à l’initiative de la construction de cette métropole, avait pensé qu’en mettant dans une même main les deux pôles que sont l’attractivité économique et la solidarité, une synergie allait se créer, qui permettrait de rendre le secteur économique plus humain et d’enrichir les compétences humaines des richesses du développement économique.
  • Le problème est qu’elle est née dans un contexte financier très contraint, marqué par un mouvement de diminution des dotations de l’État. Nous nous sommes lancés avec une lettre de mission qui demandait de diminuer les subventions de 6 %, alors que les acteurs culturels attendaient un guichet supplémentaire de subventions. Malgré cela, la culture était reconnue comme un facteur de cohésion des territoires, et donc comme un élément à développer.
  • Nous avons établi un plan de mandat en deux parties : la première, achevée aujourd’hui, consistait à aller à la rencontre des 59 communes pour établir leurs besoins en matière culturelle. La deuxième, en cours, consiste à construire la politique culturelle de demain, avec des premières délibérations fin 2018 et 2019, qui vont voir naître de nouvelles actions qui consisteront notamment à subventionner de nouveaux événements qui ont acquis une légitimité nationale et internationale, mais aussi à faire pénétrer le secteur de la solidarité par la culture.
  • Nous allons bientôt voter un appel à projet “Culture et solidarité”, qui va permettre aux acteurs culturels qui veulent s’inscrire dans les territoires difficiles, plus éloignés de la culture, de réaliser des projets. Par ailleurs, comme nous avons maintenu une capacité d’investissement, nous allons proposer une aide à l’investissement pour les acteurs culturels et créatifs.
  • Nous avons aussi reçu, par la fusion avec le département, des équipements à rayonnement régional voire international, comme le musée des Confluences • Créé en 1688 sous le nom d’Académie royale de musique de Lyon.• Il a connu plusieurs lieux (théâtre de l’Hôtel du Gouvernement, jeu de paume de la Raquette royale, théâtre de Soufflot…) jusqu'… , Lugdunum (musée et théâtre romain), l'opéra, qui n’ont pas été transférés à la métropole mais pour lesquels nous sommes restés partenaires de l'État, de la Région ou de la commune.
  • Nous avons préféré créer un mouvement de circulation des créations, de diffusion des spectacles au sein de la métropole. Nous veillons à ce que l’intégralité du territoire bénéficie des grands équipements et événements de la ville-centre, afin de construire un territoire harmonieux.
  • Au niveau régional, il faut travailler de concert avec les autres grandes villes. Saint-Étienne, qui n’est pas une capitale régionale, a une histoire et une antériorité très fortes sur le design avec sa Biennale. Il peut y avoir plusieurs métropoles dans une même région et chacune doit garder sa spécificité. »

    Myriam Picot, vice-présidente déléguée à la culture, métropole de Lyon

Myriam Picot


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Parcours

Mairie de Lyon
Maire du 7e arrondissement
Métropole de Lyon
Vice-présidente déléguée à la culture
Musée des Confluences
Vice-présidente
Indépendante
Avocate
Barreau de Lyon
Bâtonnière

Fiche n° 12107, créée le 19/06/2015 à 15:34 - MàJ le 31/12/2020 à 11:37

« La lecture publique est apparue comme un sujet fédérateur » (Francis Grass)

  • Francis Grass - ©  Seb Lascoux
    « La Toulouse d’aujourd’hui a été amorcée par la décentralisation de la fabrication d’avions actée par l'État en 1917. Elle était à l'époque au centre d’une région agricole, entourée de villages et de champs, y compris dans la ville. La ville-centre était le seul lieu de culture, situation qui a perduré durant le développement économique et démographique d’après-guerre. La métropole toulousaine comprend aujourd’hui 37 communes et 760 000 habitants, dont 470 000 à Toulouse.
  • La première salle de spectacle, Odyssud, située à Blagnac (commune de l’aéroport), a été ouverte en 1988 seulement, suivie par l’ouverture de structures à Tournefeuille, Coulomiers et quelques autres communes. L’intercommunalité quant à elle, commence à exister dans les transports dans les années 1970. La communauté urbaine est créée en 2009.
  • À titre indicatif, le budget de Toulouse pour la culture est d’environ 100-150 M€, et celui de la métropole est de 2 à 3 M€. À mon arrivée, j’ai proposé que la commission métropolitaine, qui était jusqu’alors très administrative, devienne un lieu d’animation sur le projet culturel, ce qui a emporté l’adhésion des élus.
  • Au fur et à mesure, nous avons commencé à examiner ensemble certains sujets, et celui de la lecture publique et des bibliothèques est apparu comme un sujet commun. Nous avons créé un groupe de travail, d’où est née une charte de lecture publique, travaillée pendant presque un an. Elle a été adoptée à l’unanimité au Conseil métropolitain et signée par les 37 maires des communes, quelle que soit leur sensibilité politique et la taille de leur commune.
  • Pour la première fois, nous avions la capacité de regarder un sujet en commun, et ce travail nous a amenés à élaborer ensemble plus largement un projet et une politique culturels. Nous avons fait une centaine de réunions par petits groupes et nous avons élaboré un document de cadrage qui donne un certain nombre d’orientation, en raisonnant non pas en termes de contenu mais d’aménagement du territoire, à la fois pour les communes et de manière intercommunale.
  • Nous avons confirmé, renforcé les grands axes de politique culturelle. Mais plutôt que de faire venir les habitants dans ces équipements, nous avons choisi de faire rayonner les équipements et leur programmation sur les communes. Cette dimension est d’autant plus importante que nous prenons en compte le bassin économique, plus large que la métropole, qui recouvre plus d’une centaine de communes et 1,2 M d’habitants. »

    Francis Grass, maire adjoint à la Culture de Toulouse

Francis Grass


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Parcours

Toulouse Métropole
Président de la commission culture
Mairie de Toulouse
Maire adjoint à la culture
AÏDA, Association des entreprises mécènes de l’ONC Toulouse
Président
Transdev
Directeur délégué
Veolia transports
Directeur général France

Fiche n° 10564, créée le 23/04/2015 à 07:20 - MàJ le 06/07/2020 à 16:14

« Les métropoles doivent rayonner sur leur région » (Jean-Philippe Lefèvre)

  • Jean-Philippe Lefèvre - ©  Seb Lascoux
    « Les métropoles relèvent d’un statut, qui les a également déclarées “capitales régionales”. Mais il y a celles qui le sont et celles qui doivent le fabriquer. Les premières en ont l’histoire, la taille, la puissance, et peuvent se considérer les égales des métropoles régionales européennes comme Barcelone par exemple, qui reflète l’identité de toute la Catalogne, ce qui fait d’elle une métropole rayonnante.
  • Aujourd’hui nous assistons davantage à une construction de métropoles monopolisantes, qui se renforcent sur leur seul territoire. Dans le contexte général d’aménagement du territoire national, une relation tendue s'établit entre les élus des territoires périphériques et ceux des métropoles. Pour la FNCC, les métropoles doivent rayonner sur leur région, faire osmose avec l’identité d’un très large territoire, en relation avec les conseils régionaux.
  • Il ne faut pas reproduire le schéma qui oppose Paris et la province entre les métropoles et un désert régional. Des actions s'étaient inventées avant la métropolisation, qui prouvent qu’il existe beaucoup d’autres systèmes que la fusion. Dans le Jura, qui a une forte tradition coopératrice, Les Scènes du Jura se déplacent et organisent aussi la venue des personnes isolées. Les métropoles doivent prendre conscience que leur mission dépasse leur territoire administratif. »

    Jean-Philippe Lefèvre, vice-président de la FNCC Fédération nationale des collectivités territoriales pour la culture

Jean-Philippe Lefèvre


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Parcours

Agglomération du Grand Dole
Vice-président à la culture
Dole (Jura)
Maire adjoint chargé de l’action culturelle, de l'événementiel et des relations internationales
Fédération Nationale des Collectivités pour la Culture (FNCC)
Responsable formation des élus à la culture
Dole (Jura)
Maire adjoint à la Culture
Dole (Jura)
Conseiller municipal au théâtre

Fiche n° 3529, créée le 25/04/2014 à 15:25 - MàJ le 09/02/2021 à 09:25

« Notre travail consiste à accompagner l'égalité territoriale » (Michel Roussel)

  • Michel Roussel - ©  Seb Lascoux
    « En ce qui concerne les EPCI Établissements publics de coopération intercommunale , nous avons pour l’instant affaire à des exemples, d’où il est difficile de dégager des synthèses. La Bretagne, qui couvre des territoires vastes, divers, où se posent les questions de centralité et de déplacement, est marquée par une très grande tradition de coopération entre les collectivités.

  • Le Conseil des collectivités pour la culture en Bretagne regroupe ainsi une trentaine de collectivités, dont l'État, la Région, les quatre départements, l’association des maires, les métropoles… Elles se retrouvent une fois par trimestre pour échanger sur leurs pratiques et expériences, sur des thèmes comme les droits culturels ou l'égalité entre les femmes et les hommes. C’est un lieu d'échange, dont il ne résulte pas de partage de responsabilités.

  • La Bretagne est soumise à des fractures et attirances territoriales, notamment entre l’intérieur et le littoral, l’Est et l’Ouest, contexte dans lequel s’inscrivent les deux métropoles, Rennes et Brest, qui sont toutes les deux différentes. Brest est particulière, car ses 8 communes regroupent seulement 215 000 habitants, mais la CU Communauté urbaine s’est formée dès 1974.

  • Pour la DRAC Direction régionale des affaires culturelles , les sujets d’intervention auprès des métropoles et des EPCI ne se posent en aucun cas sur les questions patrimoniales, les monuments appartenant à chaque commune. Toutes les villes de taille moyenne disposent de structures culturelles de diffusion. Notre travail consiste à accompagner au plus proche l'égalité territoriale. Concernant les équipements, notamment les bibliothèques et les conservatoires, la question est plutôt d’organiser leur mise en réseau, la circulation des livres… Cela relève de l'EAC Éducation artistique et culturelle . La question du rôle de la métropole se pose : est-il d’aménager le territoire ou d'être un échelon administratif supplémentaire, subsidiaire ?

  • Quoi qu’il en soit, il faut qu’il existe le sentiment d’une vision partagée du territoire, le sens d’un récit commun. Comment faire territoire ensemble ? Il faut privilégier une approche multipolaire, dans laquelle la culture peut être un véritable levier de métropolisation. »

    Michel Roussel, DRAC Bretagne

Michel Roussel


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Parcours

DRAC Occitanie
Directeur
Conseil national des œuvres dans l’espace public dans le domaine des arts plastiques
Membre
DRAC Bretagne
Directeur
DRAC Hauts-de-France
Directeur adjoint
Ville de Grenoble
Directeur des Affaires culturelles
DRAC Auvergne - Rhône-Alpes
Conseiller pour le théâtre
DRAC Normandie
Conseiller pour le théâtre
Conseil départemental de la Moselle (CD 57)
Directeur des Affaires culturelles
Théâtre des Quartiers d’Ivry - Compagnie Catherine Dasté
Administrateur
Imagerie Pellerin d'Épinal
Chargé de mission
Compagnie Dominique Houdart - Théâtre d'Épinal
Chargé des relations publiques

Fiche n° 5781, créée le 05/09/2014 à 11:24 - MàJ le 18/05/2021 à 12:57

©  Seb Lascoux
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