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Think Culture 2017 : « Rendre obligatoire la culture dans la RSE des entreprises » (J.-L. Choplin)

Paris - Actualité n°100792 - Publié le 08/09/2017 à 11:30
©  Seb Lascoux
“Grands projets culturels” du secteur privé - ©  Seb Lascoux

« La décision du Département des Hauts-de-Seine de confier la conception, la construction, l’exploitation et la maintenance de la Seine musicale à un groupement privé dans le cadre d’un PPP Partenariat Public-Privé global était pionnière dans le secteur culturel. Aujourd’hui, tous les projets que je présente doivent être complètement autofinancés entre la billetterie, les partenariats et le mécénat. L’objectif est d’utiliser les profits réalisés via les spectacles de divertissement populaires proposés dans la grande salle pour financer des projets plus audacieux et expérimentaux dans l’auditorium. Il faut davantage inciter les sociétés privées à investir dans la culture, par exemple en rendant obligatoire la culture dans la RSE Responsabilité sociétale des entreprises des entreprises ou en développant les SOSE Société à objet social étendu  », déclare Jean-Luc Choplin, président du comité de programmation et de direction artistique de la Seine Musicale, lors de l’atelier « “Grands projets culturels” du secteur privé : quelle place dans le paysage culturel ? », organisé dans le cadre de Think Culture Événement dédié à l’innovation dans le pilotage de la culture, organisé par News Tank Culture 2017 à l’université Paris-Dauphine le 05/09/2017.

« Il n’y a pas de politique culturelle qui ne soit aussi une politique territoriale. Notre projet a émergé au moment où naissait celui du Grand Paris avec une Ville, Gonesse, qui a choisi d’urbaniser une dent creuse agricole pour désenclaver les habitants de son territoire. Nous sommes donc également dans une situation de partenariat public-privé, qui n’est pas de nature juridique, mais qui consiste à collaborer avec la puissance publique dans un objectif commun. Les lieux physiques doivent dorénavant reproduire les codes qui normeront la société de demain pour exister. L’enjeu d’EuropaCity est de reproduire dans une unité de lieu et de temps l’attractivité d’un Smartphone qui permet en quelques instants d’apprendre, se divertir, acheter et avoir des relations sociales », indique David Lebon, directeur du développement d’EuropaCity.

« Notre volonté n’est pas d'être en concurrence avec l’offre culturelle existante. Notre programmation sera conçue en écho et en complémentarité avec le Paris patrimonial, notamment avec une offre nocturne importante. Nous souhaitons être ouverts 20 heures sur 24. La programmation de notre grande halle d’expositions est conçue en partenariat avec la RMN-GP Réunion des Musées Nationaux - Grand Palais depuis 2015. Celle du centre culturel pour enfants en lien avec Universcience. À terme, nous pourrions confier ces espaces à des opérateurs publics permanents qui restent encore à définir », précise Mathilde Curdel, chargée de la programmation culturelle d’EuropaCity.

News Tank rend compte des échanges modérés par Léa Lootgieter, rédactrice chez News Tank Culture.

« Envisager l’entreprise comme un acteur qui a une responsabilité sociale et culturelle en développant le statut de SOSE Société à objet social étendu  » (Jean-Luc Choplin)

  • Jean-Luc Choplin - ©  Seb Lascoux
    « La Seine musicale s’inscrit dans l’aménagement global de l'île Seguin à Boulogne-Billancourt, voulu par la Ville et le Département des Hauts-de-Seine. L’idée était de créer un équipement scénique d’envergure hors Paris intra-muros et dans un territoire - l’Ouest de l'Île-de-France - qui en était dépourvu. 
  • La Ville a cédé les 2,35 hectares de terrain de la pointe aval de l'île pour un euro symbolique au Département. Ce dernier a lancé un appel d’offres dans le cadre d’un PPP Partenariat Public-Privé global qui comportait 4 lots : 
    • la conception 
    • la construction 
    • l’exploitation 
    • la maintenance
  • L'équipe victorieuse, appelée groupement Tempo île Seguin, est constituée de Bouygues Bâtiment Île-de-France, Infravia, Sodexo et STS Société TFI Sodexo Événement, société créée spécialement pour l’exploitation et appartenant à 55 % à TF1 et à 45 % à Sodexo. Le groupement s’est engagé à restituer au Département, dans 30 ans, la Seine Musicale qui reste donc un bâtiment public.
  • Cette décision était audacieuse puisqu’il s’agit du premier PPP dans le secteur culturel qui, de plus, associe des entreprises qui n’avaient a priori pas de liens avec ce milieu.
  • Ce schéma a été choisi par le Département pour des garanties de bonne fin et la maîtrise du budget. Inclure la maintenance dès le départ était également original, car dans la plupart des projets culturels cette question se pose a posteriori avec des surprises financières souvent désagréables.
  • Le financement du projet - d’un coût total de 170 M€ -  a été possible grâce à un montage financier innovant impliquant Infravia et le Département, en liaison avec des compagnies d’assurance et en recourant aux obligations. Le budget n’a pas été dépassé d’un euro. 
  • Aujourd’hui, le Département reverse un loyer à Tempo île Seguin qui, à son tour, reverse une royaltie redevance d’exploitation avec un minimum garanti de 150 M€ sur 27 ans (temps du chantier et montage déduits). Il y a un double flux financier.
  • Pour la programmation, tous les projets que je présente doivent être complètement autofinancés entre la billetterie, les partenariats et le mécénat - qui doit passer par une structure tiers puisque STS Événement n’est pas habilité à en recevoir.
  • L’objectif est d’utiliser les profits réalisés via les spectacles de divertissement proposés dans la grande salle pour financer des projets plus audacieux et expérimentaux dans l’auditorium. C’est ce qui nous différencie de la Philharmonie de Paris : une programmation qui fait le lien entre les spectacles populaires et les concerts d’excellence et une absence de subventions. 
  • Nous n’entrerons pas ou peu en concurrence avec la Philharmonie de Paris, de par notre situation géographique mais également par notre inscription dans une nouvelle destination culturelle et de loisirs sur l'île Seguin, entièrement gérée par des entreprises privées - avec le projet S17/S18 de la Fondation Emerige sur la pointe amont et les futurs équipements du milieu de l'île qui n’ont pas encore été attribués.
  • Mon but est d’inciter les sociétés privées à investir davantage d’argent dans la culture et je compte le faire non pas de l’extérieur, mais de l’intérieur. Je vois plusieurs pistes à explorer : 
    • inclure, voire rendre obligatoire, la culture dans la RSE Responsabilité sociétale des entreprises des entreprises : ce serait une merveilleuse façon de réconcilier le public avec le monde de l’entreprise
    • développer les SOSE : sur le modèle des flexible purpose corporation de la Silicon Valley à San Francisco (États-Unis) qui consiste à envisager l’entreprise non plus uniquement comme un lieu où on fait du profit mais un acteur qui a une responsabilité sociale et culturelle. »

Jean-Luc Choplin, président du comité de programmation et de direction artistique de la Seine Musicale

« Reproduire dans une unité de lieu et de temps l’attractivité d’un Smartphone avec EuropaCity » (David Lebon)

  • David Lebon - ©  Seb Lascoux
    « Le projet EuropaCity n’est pas - comme on peut souvent l’entendre dans les médias - celui d’un centre commercial. Bien au contraire, il est né du constat que les hypermarchés en Europe occidentale sont menacés par la révolution digitale et l'évolution des modes de vie et de consommation et que, si le groupe Auchan ne veut pas disparaître dans 30 ans, il doit explorer de nouveaux horizons. 
  • Les lieux physiques doivent dorénavant reproduire les codes qui normeront la société de demain pour exister. L’enjeu d’EuropaCity est de reproduire dans une unité de lieu et de temps l’attractivité d’un Smartphone qui permet en quelques instants d’apprendre, se divertir, acheter et avoir des relations sociales.
  • C’est de là qu’est partie l’idée de mixer un parc d’attractions de 150 000 m², des structures culturelles sur 50 000 m², une ferme urbaine de sept hectares, un parc urbain de 10 hectares, 230 000 m² de retails, hôtels et restaurants et 20 000 m² d’espaces de congrès. Il n’y aura pas de droit d’entrée pour accéder à ce nouveau quartier. 
  • Il n’y a pas de politique culturelle qui ne soit aussi une politique territoriale au même titre que les politiques de transports ou de logements. Notre projet a émergé au moment où naissait celui du Grand Paris avec une Ville, Gonesse, qui a choisi d’urbaniser une dent creuse agricole pour désenclaver les habitants de son territoire. Cette ville accueillera la seule gare du Val d’Oise du Grand Paris Express. 
  • Nous sommes donc également dans une situation de partenariat public-privé qui n’est pas, comme pour la Seine musicale, de nature juridique, mais qui consiste à collaborer avec la puissance publique pour participer à cette volonté de transformer le territoire.
  • Dans la responsabilité sociale du projet, il y a des engagements très forts vis-à-vis de la puissance publique : la création de 10 000 emplois, la formation de 3 500 personnes dans les deux années précédant l’ouverture, des dispositifs de médiation culturelle importants, la mise en valeur des projets culturels locaux ou encore la plantation de 6 000 arbres.
  • Au total 300 M€ - sur les 3,1 Md€ du projet - seront d’ailleurs consacrés au volet environnemental permettant de créer la première Smart City Ville qui utilise les technologies d’informations et de communication ainsi que des technologies qui économisent les ressources naturelles, pour aller sur la voie d’une société post-fossile  à la française.
  • La question de la destruction des terres agricoles soulevée par le commissaire-enquêteur du Val d’Oise nous a bien sûr interrogés. Nous ne représentons que 80 hectares des 300 hectares qui sont ouverts à l’urbanisation - sur décision de la Ville et non de notre société. 
  • Le modèle économique d’EuropaCity reste en partie à définir mais les 3,1 Md€ proviendront uniquement d’investissements privés. L’axe principal est de penser que les activités qui génèrent des revenus (commerces, parc d’attraction, expositions payantes) vont financer les activités qui génèrent des flux (concerts gratuits).
  • Sur le volet culturel, une des pistes de partenariat financier “gagnant-gagnant” serait de mettre à disposition nos espaces pour exposer les œuvres de certains établissements publics qui sont aujourd’hui conservées dans des hangars près du boulevard périphérique, loués à des prix exorbitants. » 

David Lebon, directeur du développement d’EuropaCity

« Notre programmation sera conçue en complémentarité avec le Paris patrimonial grâce à une offre nocturne importante » (Mathilde Curdel)

  • Mathilde Curdel - ©  Seb Lascoux
    « La programmation culturelle d’EuropaCity s’articulera autour de trois adjectifs-clés :
    • participative : car co-construite avec des opérateurs publics, privés, les créateurs mais aussi le public qui pourra interagir avec les œuvres d’art,
    • décloisonnée : les frontières tomberont entre culture et divertissement mais aussi entre les différentes disciplines artistiques, 
    • vivante : il s’agit de créer un quartier festif au sein du Triangle de Gonesse où les événements culturels surprendront les visiteurs et où la programmation s’adaptera à leurs demandes.
  • Les 50 000 m² de dispositifs culturels se diviseront en sept secteurs : 
    • une grande halle d’expositions qui a vocation à accueillir des expositions internationales de beaux-arts et d’art contemporain. Nous travaillons en partenariat avec la RMN-GP Réunion des Musées Nationaux - Grand Palais pour co-construire la programmation de cette halle depuis 2015. À terme, elle pourrait être confiée à un opérateur public permanent qui reste encore à définir. 
    • un centre culturel pour enfants : il sera dédié au numérique et à la gastronomie. Là encore, nous travaillons au contenu avec un opérateur public en la personne d’Universcience.
    • un centre dédié au 7e Art : davantage qu’une salle de projection classique, ce sera une série d’expériences autour du cinéma. 
    • un Fab Lab : dédié à l’art digital il permettra aux visiteurs - via un système d’abonnement - de fabriquer des objets et de les expérimenter ensuite dans un show-room.
    • une résidence de créateurs : il s’agit de l'équipement où notre réflexion est la moins avancée mais l’idée serait de fonctionner sur le modèle de la Fabrica Benetton en s’associant avec une marque pour lancer un incubateur de jeunes créateurs des métiers d’art.
    • une salle de concert 
    • une salle de cirque
  • Notre volonté n’est pas d'être en concurrence avec l’offre culturelle existante. Notre programmation sera conçue en écho et en complémentarité avec le Paris patrimonial, notamment avec une offre nocturne importante. Nous souhaitons être ouverts 20 heures sur 24.
  • Le plan d’exposition au bruit sur le Triangle de Gonesse - lié à l’aéroport de Paris-Le Bourget (Seine-Saint-Denis) - ne permet pas de construire des logements sur le Triangle de Gonesse et constitue donc une formidable opportunité pour nous de combler un manque dans la capitale.
  • De même, nous travaillons déjà en lien étroit avec les acteurs locaux, notamment le Musée de l’air et de l’espace au Bourget, dans un souci de créer des synergies pour mailler le territoire. » 

Mathilde Curdel, chargée de la programmation culturelle d’EuropaCity

Jean-Luc Choplin


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Parcours

Lido2Paris
Président et directeur artistique
Théâtre Marigny
Directeur général
Collection Lambert
Président du conseil d’administration
La Seine Musicale
Président du comité de programmation
Théâtre du Châtelet
Directeur général
Théâtre du Châtelet
Directeur désigné
Sadler’s Wells Londres
CEO
Groupe Galeries Lafayette
Consultant artistique
Disneyland Paris / Walt Disney Company Los Angeles
Vice president Creative Development
Opéra national de Paris
Administrateur général de la danse
Région Sud - Provence-Alpes-Côte d‘Azur
Directeur de l’Office régional de la Culture
Ballet national de Marseille - Centre chorégraphique national (CCN)
Directeur du Ballet national de Marseille
Orchestre National de Metz
Administrateur général
Fêtes musicales de la Sainte Baume (Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, Var)
Directeur

Fiche n° 139, créée le 02/10/2013 à 18:41 - MàJ le 25/11/2022 à 18:26

David Lebon


• Titulaire d’une maîtrise de sciences politiques de l’université Paris - Sorbonne

• Titulaire d’une maîtrise d’histoire de l’Université de Tours

• Titulaire d’un master 2 RH-RSE de l’IAE de l’Université Paris 1


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Parcours

Plaine Commune
Directeur de cabinet du président (Mathieu Hanotin)
Alliages et Territoires
Consultant en stratégies
Ceetrus
Directeur du développement d’Alliages & Territoires
Ministère de l'Économie, du Redressement productif et du Numérique
Chef de cabinet
Ministère du Redressement productif
Conseiller parlementaire - Chef de cabinet adjoint
Ville de Chartres
Conseiller municipal
Assemblée nationale (AN)
Conseiller parlementaire du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg
Parti Socialiste (PS)
Directeur adjoint du cabinet de Martine Aubry
Communauté d’Agglomération du Plateau de Saclay
Conseiller technique au Cabinet de François Lamy, Président de la CAPS
Parti Socialiste (PS)
Délégué national du Parti socialiste à l’insertion des jeunes auprès de la secrétaire nationale aux affaires sociales et à l’emploi
Mouvement des jeunes socialistes
Président

Fiche n° 3377, créée le 10/04/2014 à 07:43 - MàJ le 30/10/2020 à 13:01

Mathilde Curdel


• Diplômée du master Sciences et techniques de l’exposition de l’Université Paris 1 - Panthéon Sorbonne

• Diplômée du master Arts Plastiques de l’Université Paris 8


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Parcours

Département des Yvelines
Cheffe du service de développement culturel
Alliages et Territoires
Responsable de la programmation culturelle d’EuropaCity
Immochan
Chargée de mission
Arter
Assistante de projet
Les Rencontres de la Photo d’Arles
Chargée de coordination

Établissement & diplôme

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Métiers des Arts et de la Culture

Fiche n° 2041, créée le 17/02/2014 à 17:25 - MàJ le 03/12/2020 à 18:33

©  Seb Lascoux
“Grands projets culturels” du secteur privé - ©  Seb Lascoux